Echoes of Ancestral Battles by GALLIC HAMMER Salut katurix ! Ton one man band Gallic Hammer est basé en Suisse. Peux tu nous en dire un peu plus sur la genèse du projet ? Salut Pierre, Tout d'abord, je tiens à te remercier pour cette interview. je me réjouis de répondre à tes questions. Ayant officié longtemps dans divers groupes et projets underground, en tant que batteur, cela faisait longtemps que j'avais envie de créer mon propre projet solo, que je puisse diriger comme bon me semble, au rythme qui me convient . J'aime composer de la musique donc c'était naturel que ça se fasse un jours ou l'autre. Cela a débuté en 2019, sous le nom de Tales Of Invasions. Mon idée initiale était de partir sur un projet viking-epic BM à la Bathory. J'ai donc composé et enregistré une première démo dans la foulée, qui contenait 5 morceaux, dont les pistes "Taïga" et "Fall of The Warrior King()" *qui apparaissent également sur le premier EP de Gallic Hammer...
Ils ont créé Imperial en 92 : ils sont toujours impériaux !!
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C'est dans la tourmente de l'été sudiste que je pars à la rencontre de deux figures du Black/Thrash metal français des années 90 : Imperial.
Vous les avez peut-être connus à l'époque de "Thrasheurs 13", titre qui fut publié sur le sampler du défunt Hard Rock magazine. Qojau et Skrow ont eu l'immense mérite d'être de vrais pionniers à une époque où le black/thrash était loin d'être une spécialité en France. Ils ont tenu bon contre vents et marées, délivrant d'excellents albums malgré les nombreux aléas. Vous allez donc (re)découvrir dans cette interview deux musiciens foncièrement honnêtes, dédiés à leur art. Bonne lecture !
Salut Imperial, la
première question va être simple : vous existez depuis 92 ?
SKROW (SK): oui
Moi : si je ne dis
pas de bêtises
QOJAU l (QO) : Juste avant on s'est connu au lycée, lui il séchait son lycée et me rejoignait
dans le mien, on allait chez lui on écoutait du metal. Et puis à cette période
là on commençait chacun de notre coté à apprendre nos instruments.
SK : on avait envie de faire notre propre groupe, quoi...
QO : alors que moi de mon côté j'avais monté un groupe sur
le village juste à côté et j'avais du mal à trouver des batteurs compétents. Ca
m'énervait. Et un jour je l'ai amené (Skrow) voir une répète, et je savais
qu'il jouait un peu de batterie. Et l'autre batteur m'a tellement gonflé que je
lui ai dit : "sors du siège, Skrow, montre lui" et on a enregistré
deux titres qui se retrouvent depuis sur la...(coupé par skrow)
SK : j'avais le bras dans le plâtre ! Je faisais la batterie
avec le bras dans le plâtre ! J'ai jamais aussi bien joué (rires)
QO : ouais, il a jamais aussi bien joué de sa vie (rires).
De ce jour là, donc, le groupe a été terminé, et puis on s'est lancés tous les
deux
SK : après moi je suis passé à la guitare, on a pris une
boite à rythmes, on a fait une série de morceaux à deux guitares et après je ne
suis resté qu'au chant
MOI : c'était quoi
vos influences à l'époque, c'était quoi les groupes qui vous ont donné envie ?
SK : j'essaie de me rappeler à l'époque... y'avait un peu le
début du death metal, à ce moment là on écoutait des trucs comme Atheist,
Death, Obituary
QO : Morbid Angel, Napalm Death, on s'échangeait des albums
SK : Entombed...on
découvrait à peine la scène underground avec des compiles comme Morbid Noise,
les démos de Merciless, des groupes comme Rotting Christ, on découvrait les
débuts de tous ces groupes là, quoi...
QO : Après, quand on commencé Imperial, on a été partagé
entre notre immense passion pour Godflesh et une immense passion pour les prémices
du black metal, on savait pas trop au tout début. Du coup c'était un gros mix,
c'était un petit peu du Godflesh mélangé à du black metal, c'était trop
bizarre. Le côté boit à rythmes était bien pour le côté Godflesh, puis au
niveau du jeu de guitare c'était plus ce qu'on voulait. A un moment il a fallu
trancher c'était plus soit l'un soit l'autre.
au niveau influences, pour en revenir à ta question, surtout
Impaled Nazarene, Immortal, Darkthrone, Beherit, les prémices quoi
SK : oui, puis il y avait les restes de ce qu'on écoutait
avant, le thrash metal.
MOI : j'en parlais un peu tout à l'heure, en 1997 vous
signez chez Osmose pour "aux crépuscules" l'album. Est-ce que vous
pouvez nous parler un peu de cette collaboration avec Osmose, Hervé donc j'imagine,
les bons et mauvais côtés. Quand même, Osmose !
QO : c'est moi qui étais en direct avec Hervé. A partir de
la troisième démo, en 1996, moi perso j'en pouvais plus du black metal. C'était
les Dimmu Borgir, tous ces groupes suédois pleins de synthé, un son très
propre, tous les groupes étaient comme ça, y'avait plus un seul groupe crade et
je supportais plus. Tous ces gens qui s'y intéressaient, qui portaient aux nues
le black metal...
SK : trois milliards de groupes...
QO : c'était tout pourri ! Alors qu'à l'époque ce que nous
on écoutait personne aimait. J'ai eu un rejet. J'ai eu envie de changer notre
style et de mélanger avec du thrash pour donner plus d'agressivité. Je trouve
que ce qu'on jouait à l'époque ce n’était pas assez agressif, et pour s'opposer
avec tout ce miel qui sortait de partout...on a sorti cette 3ème démo avec les
premiers titres en français pour Skrow, et on a eu des réponses un peu de
partout, assez opposées. Soit les gens détestaient, ou alors trouvaient ça
génial. Ca nous confortait dans notre connerie et on a perduré
SK : on s'est dit on va enregistrer un dernier truc
QO : ça décollait pas, on n'arrivait pas à se faire signer. Au
bout de la 3ème démo ça commençait à devenir déprimant. Moi j'avais terminé les
études, j'en étais sorti, pas de boulot, déception amoureuse. Je me suis un peu
enfermé chez mes parents dans ma chambre et je me suis mis à jouer de la
guitare huit heures par jour, à composer pour Impérial. Quatre, cinq titres en
quelques mois. Je voulais vraiment atteindre mon maximum. Et on a enregistré la
promo tape 97…
SK : j'ai repris la basse pour mettre de la couleur
SK : allez vas-y on l'envoie à Osmose ! Au niveau de
l'ambiance c'était ça : dans une piaule on jouait, et on sortait des démos, on
a fait trois concerts dans le coin mais on n'avait pas de contact avec la
réalité c'est à dire la scène véritablement. On avait aucune idée de ce que ça
impliquait de se lancer là dedans, c'était juste, on l'envoie à Osmose !
(rires)
QO : ben oui mais c'était un rêve. 3 démos on a envoyé :
Osmose, Adipocere et Nuclear Blast.
MOI : Ca va ! (rires)
SK : y sont humbles les mecs quand même ! (rires)
QO : Attend, Nuclear Blast à l'époque ils étaient en
difficultés...C'était la fin de la période Death Metal, ils n'avaient pas réussi
à enchainer sur le Black...Ils étaient dans un trip gothique un peu foireux...A
l'époque c'était Osmose les plus gros, et Nuclear Blast était un peu derrière
quand même ! Première réponse, c'était Nuclear Blast, qui nous a envoyé une
gentille lettre qui nous dit "ouais votre groupe il est super chouette
j'aime beaucoup sauf qu'en ce moment on n’a pas de sous, on a quelques sorties
de prévues, on n'a pas les moyens. Recontactez nous d'ici un an".
MOI : Quand on voit
ce que c'est devenu maintenant !
QO : ouais ! Après Christian Bivel (Adipocere) je sais plus
si je l'ai eu par courrier ou par téléphone...je crois que c'était par
téléphone il m'a dit "ce n’est pas notre style, voyez avec Hervé de Osmose
". Tout ça en très peu de temps. Quelques jours. Un matin Hervé qui
appelle qui dit "putain ! J’adore ce que vous faites ! Faut que vous
signez chez moi". Là tu lui dis pas » t'es le seul à vouloir »
(rires)
SK : Ouais, je vais réfléchir (rires)
QO : et voila comment ça s'est passé ! Sur le coup j'ai cru
à une blague ! Je ne croyais pas que c'était lui ! Voila comment les choses se
sont faites pour la signature déjà...Après, les rapports...ce qui s'est passé
pour nous c'est ce qui s'est passé pour tous les groupes d'après ce que j'ai
entendu... C'est comme ça ! Au début ils te disent ouais, Hervé il te dit
"ouais on va faire ça et ça et ça" on va presser à tant
d'exemplaires, ça va être distribué dans le monde entier. On était des gamins
on se faisait illuminer par les paillettes des magazines. A l'époque on croyait
que quand tu étais dans Hard Rock Magazine, tu vivais de la musique, que tout
le monde te connaissait, que tu devenais musicien professionnel, que si tu
signais sur un label et que le label se chargeait de tout, t'avais plus qu'à
prendre tes instruments et à jouer, enregistrer...
SK : et d'un coup on a commencé à réaliser tout ce que ça
impliquait d'être sur un label, d'avoir
dans un groupe, prendre des musiciens pour faire des concerts
QO : on n'avait ni management, ni rien, on n'était que tous
les deux
On n'avait pas
d'argent ! De toutes façons c'est un truc qu'il faut savoir dans Impérial c'est
qu'il n'y a jamais eu d'argent. Il avait pas d'argent, je n’avais pas
d'argent...On ne pouvait pas partir en Suède pour enregistrer. On n'avait pas
les parents non plus...Après le son du 1er album n'est pas si dégueu, c'est
notre identité.
MOI : vous deviez
avoir des rêves plein la tête quand même
QO : voila...on commence à distribuer, on reçoit des
interviews de partout dans le monde. Tu fais dix interviews par jour, en anglais.
On était des pines en anglais (rires). C'est assez impressionnant, ça arrive
trés rapidement, en six mois maximum. Après osmose commence à voir que les
distributeurs du monde entier ils ne prennent pas énormément d'albums...Sur un
pressage de 5000 au départ, osmose commençait à voir que les 5000 ils ne
partaient pas...rapidement. Déjà ça commence à coincer un poil
SK : ca coinçait aussi parce qu'on faisait pas de tournées,
de concerts
MOI : et c'est quoi
pour vous qui fait que, à ce moment là, ça part pas suffisamment les albums ?
QO : parce que tout le monde est dans le black metal ! En
98, tout le monde est dans le black metal. Tout le monde est à fond sur Cradle
of Filth et Dimmu Borgir. Ils faisaient la une des magazines. C’étaient des
stars ! Toi, t'arrives, t'es un ovni.
MOI : inclassables...
SK : ouais
QO : ce qui fait qu'on ne s'intéresse pas à toi c'est parce
que tu ne fais pas partie d'une scène globale. C'est à dire, on s'intéresse au
death metal parce que, dans la même année, y'a 100 groupes de death metal qui
sont sortis. Death metal suédois, t'as 50 groupes ! death metal américain t'as
50 groupes. Là les magazines commencent à se dire, putain, on va regarder.
En black metal, entre
la Norvège et la Finlande, y'a plein de groupes ! Regardons ce qui se passe,
y'a une nouvelle scène qui sort, c'est super ! … Sauf que nous : français,
black/thrash...
MOI : à l'époque où
ça n'existait pas, ou plus (nda référence à Bathory et Venom)
QO : pas plus que ça, il y a une petite scène qui émergeait
en Australie avec Atomizer et Gospel of Thorns, Abigail au Japon, y'avait un
petit peu des groupes aux USA, un petit peu en Suède. Y'avait une scène qui
était en train de se créer, mais dispatchée de partout.
SK : inferno, gehennah
QO : y'avait Guillotine, etc... Les groupes émergeaient un
peu de partout, et ça ne permettait pas aux journalistes de se focaliser sur un
endroit. Ils ne peuvent pas faire monter la chose en sauce. Du coup, pas trop
de publicité sur le genre, sur le style, sur l'émergence, du coup le style est
passé un peu inaperçu pourtant y'a de belles bêtes ! Atomizer ! Abigail est
encore en train de se bagarrer, il fait tournée sur tournée partout dans le
monde. Ca monte pas plus en sauce parce que les magazines ne les soutiennent
pas.
MOI : c'était qui vos
potes à l'époque ?
QO : Sabbat, Abigail parce que j'ai toujours été fan du
premier Abigail. Atomizer...On a des enregistrements collectors ! Vu que j'étais un peu "raciste"
envers les suédois qui faisaient de la daube, du coup les suédois je les
contactais pas trop.
SK : en France on n'avait pas beaucoup de potes...
MOI : ben ouais,
j'allais dire, vous ne parlez pas de groupes français ? Tous les Agressor,
Massacra ?
SK : non, on n'était pas en contact. Uniquement en tant que
fans.
MOI: c'est vrai que
vous parliez de fric tout à l'heure. J'ai relu récemment des trucs sur
l'histoire d'Agressor, d'Alex. C'est vrai que quand tu lis que le mec était en
contact avec les norvégiens, il allait en Norvège et tout...Tu sentais qu'il y
avait des gens qui avaient aussi les moyens quoi. C'est le problème en France,
il faut toujours avoir un peu de fric au départ pour arriver à quelque chose.
QO : après c'est peut être comme ça dans le monde entier...A
partir de là, donc, le ton avec Osmose s'est durci un peu, de moins en moins de
contacts. Avant on s'appelait, avec Hervé. Après c'était plutôt que moi, tu
vois ce que je veux dire… Hervé avait
prévu une tournée pour nous avec Immortal et Cannibal Corpse. On devait être
calés en 1ere partie.
MOI : mais qu'est-ce
qui s'est passé ?
QO : on était quatre à ce moment là. Tu peux les voir sur
Youtube. On avait répété comme des fous. On devait partir en tournée. Deux
semaines avant de partir, il y'en a un qui me dit "j'ai les études, je ne
peux pas partir." Peut être que papa et maman n’ont pas voulu… Après, ils a surement appelé le batteur...etc.
Donc plus personne ne veut partir. Problèmes de logistique. La tournée tombe à
l'eau. Et là c'est le trés grand froid. Osmose avait tout organisé pour ça. Et
payé !
SK : et puis QO a voulu sortir "thrasheurs 13"
QO : c'est là où je veux en venir. "Thrasheurs 13"
c'est moi qui avais fait la proposition. Je commençais à cogiter. Qu'est ce
qu'on peut faire pour relancer le truc ? Améliorer les critiques. On embauche
un batteur, Francky Costanza (futur Dagoba, nda). Améliorer le son. Je voulais
faire quelque chose, je ne voulais pas rester planter là. J'ai appelé Hervé je
lui ai dit, j'aimerai bien sortir un mini-album avec un batteur. Hervé pas trés
chaud, ça commençait déjà à lui coûter. Il m'a dit, envois moi ça par écrit. On
fait une nouvelle version de thrasheurs 13, avec des morceaux du prochain
album, des inédits. L'idée de départ était bonne quand même. Même si refaire
Thrasheurs 13...
SK : non, non...
QO : tu te dis les meilleurs blagues sont les plus
courtes...Hervé accepte...pas à contre cœur, mais presque. Du genre
"pourquoi pas". Quand il a mis sur sampler "thrasheurs 13"
il avait observé une bonne réaction. On s'est dit on va peut être remonter la
pente avec ça, sauf que c'est l'inverse qui s'est passé en fait. En plus Hervé
n'avait pas aimé le jeu de batterie de Francky…
Et puis j’ai fait une
erreur à la fin de l'enregistrement. Le gars du studio nous dit vous revenez
pour le mastering, il faut que je gonfle le son. Moi je lui ai dit, ce n’est
pas la peine, je le file comme ça à Osmose, ils le fileront à un autre studio
pour le faire. Sauf qu'Osmose ont pris le cd, et l'ont pressé comme ça, d'où le
son...
MOI : sans mastering
?
QO : oui, sans mastering...un son tout mou, manquant de
dynamique. Et la pochette ! C'est ça la pochette ? Une pochette vite fait mal fait.
MOI : et ton frère
Skrow ? (son frère est le graphiste André Reina, particulièrement excellent !)
SK : j'ai encore la toile sur laquelle il bossait. On voyait
un match de l'OM sauf que, à la place du ballon il y avait une tête coupée...
MOI : excellent !
SK : il n’a jamais eu le temps de la finir !
QO : en fait y'a rien de fini sur cet album (rires) Il est
sorti pas fini. Du coup Hervé l'a lancé et il ne s'est jamais vendu. Dans les
interviews il le dit, d'ailleurs, que son regret c'est de l'avoir sorti !
SK : c'est le pire truc qu'il a sorti chez Osmose (rires).
C'est cool, on a sorti le pire truc sur Osmose ! (rires)
MOI : j'ai entendu
des trucs pires que ça sur Osmose, quand même...
QO : le moral commence à s'écrouler. Pas de ventes, pas de
chroniques... et merde ! Déjà que les rapports étaient en baisse. Après
Thrasheurs 13 de temps en temps j'appelais pour maintenir le contact. Mais bon.
Je recommence à composer pour le deuxième album. Je compose des morceaux assez
moyens. Quelques bons riffs. On va l'enregistrer dans le même studio. Osmose
paye le studio. Au moment où on était prêts j'appelle le studio : le gars me
répond là je vais partir aux USA pendant deux semaines.
SK : en fait il est parti aux Etats-Unis avec le fric
d'Osmose. Il nous disait, non, mais on fera ça à mon retour...On le connaissait
bien pourtant. Il nous a entubés !
QO : j'ai largué les plombs...
SK : non, on aurait du lui casser la gueule !
QO : après j'appelle Osmose, je leur explique...Osmose a
appelé le studio, je ne sais pas ce qu'ils se sont dit. Mais Osmose n'a pas
spécialement cherché à récupérer son pognon. Ils ne nous ont pas non plus
spécialement soutenus.
SK : si, quand même ! Ils nous ont lâchés de la thune en
urgence pour qu'on puisse enregistrer vite fait dans un autre studio...
QO : tu commençais à avoir des problèmes à la gorge, donc a
utilisé une disto sur la voix. On a prix un prof de batterie qui tue pour les
parties de batterie ! Le mastering en studio
sonnait super bien. Mais en fait, sortit du studio c'était une grosse daube!
SK : quelle déception en écoutant le résultat final
QO : quel son de merde
MOI : là, vous perdez
le contact avec Hervé ?
SK : oui...complètement. Quand j'ai reçu le cd, la pochette
est atroce, le layout…
MOI : du coup, on
arrive à "Chaos". 2011 ?
SK : oui
MOI : si on reprend
un peu les épisodes précédents : pas mal de désillusions, pas mal de claques,
pas mal de trucs difficiles à vivre, malgré tout vous avez la volonté de
revenir malgré tout avec ce disque ?
QO : Non (rires sonores)
SK : en fait c'est en 2008 qu'on s'est dit on va revenir avec
une démo, qui s'appelle "noir". On a commencé à l'envoyer à des
labels, personne n'en voulait, bien sûr, on s'est dit on va la balancer en
téléchargement libre. On l'a distribué gratos à quelques fans qui en voulaient.
Après, y'a Thomas de Forgotten Wisdom Prods qui a bien voulu la sortir en k7.
Ca c'était cool.
QO : il l'a surtout fait parce qu'il est fan...
SK : oui, c'est ça, il est fan. Ca lui faisait plaisir de la
sortir en belle édition k7.
MOI : du coup,
Triumph ov death derrière en 2014.
SK : oui, Seb je le connais bien depuis les années 90. IL
bossait chez un disquaire à Aix où j'allais souvent quand j'habitais là bas et
lui à l'époque il distribuait déjà les premières démos d'Imperial chez ce
disquaire. Donc il nous connaissait bien. Seb un jour il me recontacte sur Internet.
On se revoit lors d'un concert. Ca faisait 15 ans que je l'avais pas vu. Je lui
parle d'Imperial.
QO : on lui envoie le cd. On lui explique l'histoire. IL
voulait savoir ce qu'on devenait. On lui dit que cet album personne n'en veut.
SK : du coup lui il veut le sortir. J'ai beau lui dire tu
vas flinguer ton label, surtout que tu commences juste...
MOI : vous dites ça à
chaque fois ! (rires)
SK : ben oui on les prévient pourtant les mecs (rires) y'a
une malédiction...Il n'en n'a pas vendu beaucoup, mais il s'en fout. IL le fait
pour le cœur.
MOI : J'avais une
question précise, moi sur le français. Ca pour moi c'est vachement important. Vous
n’avez pas toujours chanté en français, au début vous chantiez en anglais. Pour
moi c'est une des particularités d'Imperial et c'est une des forces du groupe.
Le chant en français, la qualité des textes, avec le côté sarcastique,
ironique, l'humour noir, merci les gars ! On comprend vos paroles ! Je sais si
y'a en a d'autres en France. Pour moi ça vous a sorti du lot. Quand j'écoute
"j'ai mangé ta mère" je me dis les mecs ils se prennent pas au
sérieux mais leur musique est sérieuse.
QO : on le fait sérieusement en tous cas
SK : très sérieusement !
MOI : donc moi je me
dis les gars ils ont tout compris au schmilblick ! Donc, le français. ON sait
que pour, certains groupes ça les a emmerdés. Je prends l'exemple de
Misanthrope. Moi c'est un groupe que j'aime bien parce qu'ils sont barrés ! Et
ils ont des chansons comme "courtisane syphilitique" ! Dingos ! Ils
chantent en français depuis longtemps. Sauf qu'il y a des gens qui les ont hais
pour ça. Du coup je me demande, est-ce que les français ne supportent pa
d'entendre du français dans des groupes de metal ?
QO : c'est complètement ça ! De la même façon que les
métalleux, dans leur grande globalité vont te dire il ne peut pas y avoir
d'humour dans le metal.
SK : il faut rester sérieux à tout prix !
QO : on ne peut pas chanter autrement qu'en anglais. De même
que pour beaucoup il ne peut pas y avoir autre chose que des blancs aux cheveux
longs qui jouent du metal. C'est des tabous !
SK : ça me gave tout ça
QO : comme tu ne peux jamais avoir de boite à rythmes.
SK : Plus on m'a dit "dommage qu'il y ait la boite à
ryhtmes" plus je me disais, tant mieux, ça te plaît pas, ben tant mieux !
MOI : alors que tous
les groupes de brutal death à la mode ont tous des boites à rythmes...
QO : des triggers, des séquenceurs...
SK : Même Judas Priest sur "Ram it down" c'est de
la boite à rythmes, faut pas déconner !
MOI : vous parlez de
réalité sociale, de sordide, moi ça me parle parce que c'est du réel !
SK : et c'est plus noir que Satan !
MOI : pour en revenir
au français. Dans votre public ça a provoqué une scission non ? entre ceux qui
vous adorent...et les autres ? On sent qu'il y a des regrets dans votre
histoire, et c'est normal. Mais vous avez quand même réussi un truc : vous
n'avez pas laissé les gens indifférents...
SK : Imperial, soit on aime soit on déteste.
MOI : pour finir,
j'ai bien envie de parler de vos autres projets et du futur. The end 666 pour
Qojau, les projets éléctro pour Skrow, et si, aujourd'hui, il y a projet,
qu'est-ce que ça peut être ? Et demain ? Impérial ou autre chose ?
QO : je reprends le début...The End 666...Tu as déjà écouté
The End ?
MOI : oui un peu
QO : The end c'est venu après Malmort. Déjà à l'époque de
Malmort je lui avais proposé de chanter avec une disto. Dans Impérial y'a toujours eu un côté précurseur. Et puis
quand j'ai vu que tout le monde se mettait à faire du Black/thrash, je me suis
dit qu'il fallait rajouter quelque chose. Faire quelque chose de nouveau. Skrow
n’était pas chaud. Il y en a un peu sur Malmort.
SK : du coup il y a deux démos ou j'ai participé en tant que
bassiste, et Qojau chantait. Mais je n’ai pas participé aux albums.
Musicalement c'est du Impérial avec Qojau au chant
Qojau : avec une disto à fond sur la voix ! En général les
gens qui aiment Impérial aiment The End 666. Donc on a fait deux démos, après
moi j'ai voulu aller dans la provocation. Vraiment, la provoc extrême. Je
voulais faire réagir les gens. Le problème étant que le metal est très fermé,
carré. Je me suis fais très vite cataloguer dans le nazisme. Je voulais dire que tout le monde est naturellement
homophobe, raciste, misogyne. ..
SK : même, t'habites dans un village de 3 habitants tu vas
être raciste avec ton voisin...
QO : même, t'es au volant de ta voiture, tu vois une femme
au volant : "casses toi connasse ! "(rires). C'est dans la nature, et
c'est ce que j'ai voulu montrer avec The End. Dans le metal, quand ils ont vu
ça...entendu ça...j'ai commencé à être contacté par des fans de black metal
nazi, à qui je répondais : mon gars, je t'emmerde ! (rires)
MOI : c'est punk, ça
! (rires)
QO : complètement ! C'est comme quand Gogol chantait
"Adolf mon amour". C'était ça mon idée, c'était Gogol 1er ! Ce sont
des choses qui se sont perdues ! On le voyait dans les années 80, il y avait
cette liberté...Coluche et "le crs arabe"...c'est notre culture.
Aujourd'hui on peut plus rien dire sans passer pour...Du coup j'ai fini par
laisser tomber ! J'ai lâché l'affaire.
MOI : Les gens n'ont
pas compris...
QO : voila l'histoire de The End, deux démos deux albums, un
3ème qui était déjà tout prêt mais personne n'en n'a voulu...
MOI : T'as pas
envisagé l'autoprod à ce moment là ?
QO : non, par contre je l'ai mis sur Youtube. Si ça
intéresse quelqu'un tant mieux, si ça n’intéresse pas...
MOI : Ca intéresse
toujours quelqu'un !
QO : je ne sais pas...
MOI : pour moi il y a
des liens entre le français et la provoc. Pourquoi ? Parce qu'en français on
comprend ce que tu dis, dans Imperial. Et la provoc, comme disait Desproges, on
peut rire de tout mais pas avec tout le monde...Y'a des cons partout...Et puis
vous en tant qu'artiste vous essayez d'amener votre musique plus loin, et pas
en faisant du vintage comme c'est la mode en ce moment, en faisant du
sous-venom, et donc, vous prenez des risques...merci de les prendre pour ceux
qui espèrent ça.
QO : tu sais, avant c'était difficile. Aujourd'hui c'est
impossible ! Tout le monde veut entendre une imitation de quelque chose de déjà
connu.
MOI : ce qui nous
amène à la question des styles ! SKROW, tu nous parlais tout à l'heure, je veux
bien que tu nous dises un petit mot de ton travail en électro, en ambient. Peut
être que tu t'es dit à un moment "le metal, y'a plus grand chose de
possible" ?
SK : complètement ! Déjà par rapport à la scène, l'état
d'esprit me gavait. Musicalement ça n'évoluait plus, vers la fin des années 90.
Plus d'évolution. En découvrant la musique électronique, j'ai découvert que tu
pouvais avoir une liberté de créer, avec des machines, tu pouvais créer des
ambiances sombres, tu pouvais explorer d'autres univers, qui ne sont pas
finalement si loin du metal, ou de ce que tu voulais exprimer dans le metal.
C'est à force d'écouter d'autres musiques, tu te rends compte que la musique ce
n’est pas forcément une affaire de style mais plutôt une affaire d'individus,
dans chaque musique. A partir du moment où
pour moi les étiquettes ont commencé à sauter, dans ma tête, je me suis dit, la
musique électro, même si c'est un peu réducteur. Avec des machines tu peux
faire une guitare, une flute...Du coup j'ai eu plusieurs groupes. Aujourd'hui
je continue, je navigue.
MOI : et tu t'occupes
des machines ?
SK : là j'ai un groupe d'electro rock, Velvetine, ou je joue des percus électroniques, grosse caisse
et caisse claire à la main avec des samples, avec deux guitaristes dont un
chanteur. Un projet purement machines plutôt indus distordu. Y'a pas longtemps
un projet de dark ambient, plus calme. J'ai refait une démo de metal tout seul
à la basse. C'est que des compos, basse distordue, pas de chant, un peu doom
quoi
QO : un peu ce que faisait Scorn sur Vae Solis...
SK : c'est un mélange black metal indus, avec des sons de
clavier indus. Instrumental. Je l'ai envoyé à des labels de metal, aucune
réponse. A tous les gens que je le faisais écouter, tout le monde me disait
"tu devrais mettre du chant". Ca m'a tellement gonflé que finalement
le truc je l'ai sorti sans le chant. Tout le monde s'en bat les couilles
(rires). J'ai sorti 20 cassettes. Je l'ai même partagé sur la page d'Imperial.
MOI : bon du coup,
Imperial ? On en est ou ? Vous avez jamais splitté ?
QO : on se fait encore traquer par les gens à chaque fois
qu'on va au Bandidos M.C. (Salle de
concert à Avignon, siégeant dans un club de bikers)
SK : toujours plein de gens qui nous demandent de faire des
concerts...
on a du mal à s'y
remettre
QO : on va réessayer, il veut faire la basse et le chant en
même temps !
SK : Mais je suis pas sûr de faire ni l'un ni l'autre
(rires)
QO : c'est beaucoup de travail de chanter et jouer en même
temps. On fera peut être un concert avec un bassiste si on arrive à répéter. Il
faut que les automatismes reviennent vite !
MOI : vu les sujets
que vous abordez, l'époque d'aujourd'hui y'aurait de quoi dire ? On attend ceux
qui vont niquer le système (rires)
QO : mais on n'est plus jeunes, c'est des jeunes qui doivent
faire ça
SK : avant j'avais un cahier, je notais ce qui venait, et je
gardais la moitié pour Imperial. J'ai plus d'idées.
MOI : j'ai mangé ta
mère c'est un tube !
SK : oui mais ça c'est venu spontanément !
MOI : je trouve que
"cyberanus" résume la critique de la société digitale mieux que tous
les bouquins de sociologie sur le sujet !
SK : c'est cool (rires). Et par rapport au ton humoristique,
plus on a dit que c'était absurde que...les groupes qui faisaient des textes
humoristiques c'était de la merde plus ça m'a conforté dans l'idée ! Je vais
vous en faire encore !
MOI : un petit mot
pour la fin ? L'avenir vous voyez ça comment ?
QO : noir...
SK : moi j'attends la nouvelle étincelle
MOI : le nouveau punk
QO : moi j'ai envie de dire ça fait 25 ans qu'on vous
dit d'écouter Imperial et vous le faites pas. Maintenant je dis "n'écoutez
pas Imperial" et peut-être que vous le ferez ?
Le premier à gauche c'est moi (Pierre Avril) après y'a Skrow et Qojau...
INTERVIEW VINDSVAL OCT 2019 "Je ne peux pas me contenter du hasard ou du non-sens, mon esprit refuse complètement cette idée dont beaucoup semblent aujourd'hui s’accommoder" (Vindsval) William Sheller chante qu'il veut être un homme heureux...je ne sais pas si c'est possible, mais en tout cas, pour moi, avoir le privilège de cette interview est une des choses qui se rapprochent le plus du bonheur. C'est la deuxième fois que le maestro se confie a moi, et cette fois encore plus longuement. C'est sans doute son interview la plus intime, la plus personnelle, et, selon ses mots, probablement la dernière qu'il donnera, l'homme préférant la solitude du créateur. Une dernière fois donc, et ceci nous a permis d'aborder l'enfance de Vindsval, son rapport a l'art, a l'esthétique, au showbiz, la philosophie, la poésie, la lumière, l'histoire...et le black metal, bien sûr. Bref, sans doute la meilleure interview que j'ai eu l'oppor...
Olivier Déhenne Premières Fois Nouvelles 2019 L'Age d'Homme - Collection Contemporains Olivier Déhenne ? si, comme moi, vous possédez quelque bagage culturel en termes de musiques sombres et underground, vous devez connaître l'oeuvre d'Eros Necropsique, entité étrange et noire, dont les textes poétiques dévoilent depuis plusieurs décennies un romantisme macabre réunissant comme il se doit les pulsions de vie et de mort d'Eros et de Thanatos, conjugués dans un écrin musical gothique. Ce n'est pas d'Eros Necropsique que je vais ici vous entretenir, ni même d'ailleurs de musique, puisqu'il se trouve qu'Olivier Déhenne est également écrivain. Après un premier roman sous forme de journal intime - Les Miasmes de La Claustration - c'est ici sous la forme du recueil de nouvelles que la plume d'Olivier est venue se plonger dans le sang et les liquides corporels les plus divers. Cela va de soi, ces nouvelles ne sont pas destinées aux âmes sen...
Nicolas Claux : Put The Fun In Funeral, une/an interview avec/with Le Scribe Du Rock "Peuple de France, le gouvernement te ment. Si j’ai appris une chose dans les morgues, c’est que ton espérance de vie se raccourcit à vue d’œil. Cancers, AVC, diabète, et désormais virus de plus en plus virulent, ton compte à rebours est déclenché. Achète un Bundyldo avant qu’il ne soit trop tard" (Nicolas Claux) S'il est vrai que Nicolas Claux (ou Castelaux comme nom de plume selon les cas) a commencé sa carrière à la rubrique faits divers (profanations de sépultures, cannibalisme, utilisation du sang comme "drink" et finalement meutre) il a commencé une deuxième vie après des années d'incarcération. Se découvrant une passion assez logique pour le metier d'agent mortuaire, qu'il a pratiqué de nombreuses années, il est aujourd'hui directeur de collection chez Camion Noir (le pendant "macabre" du Camion Blanc), mais aussi patron du site de murderabilia...
WINTERMOON Cold Sky Rising 2023 Black Metal Epique Oui, "winter moon" est bien le titre d'un morceau d'Immortal, et cela n'est pas un hasard. Cet album aux tonalités glaciaires impose Wintermoon comme digne successeur de l'Immortal le plus épique et du Bathory de l'ère Blood, Fire, Death. Il serait pourtant trop simple de limiter la description de ce premier album (après deux Eps) à du name-dropping. J'avoue avoir été soufflé par la qualité des compostions de Cold Sky Rising ! Les neuf titres qui composent cet album sont le fruit inspiré du travail de Gryp, musicien accompli. Ainsi, loin du salmigondis infâme que peuvent générer certains groupes "underground" nous nous retrouvons ici face à un disque très abouti, porté par un black metal épique et majestueux, habité de riffs inspirés aux colorations heavy/black et créant une envie irrépressible de l'écouter encore et encore. Les soli aussi, chose rare de nos jours, nous entrainent et...
ATTENTION ! Groupe avec humour ! Quand j'ai décroché l'interview qui suit avec l'ami Albatard (le bassiste, vous savez, le mec qui accompagne les musiciens partout 😂 ) je n'avais qu'une inquiétude : qu'il déconne tellement qu'il ne réponde pas à mes questions. Alors, rassurez-vous, en ces jours gris, l'humour de l'ami est bien là, et ça fait vraiment du bien, mais il a eu la gentillesse de jouer vraiment le jeu de cette interview rétrospective où nous revenons en détail sur 20 ans de Gronibard ! Et puis ne vous inquiétez pas, on rendra aussi un bel hommage à Corbier...Et en plus il y a du scoop dans l'air, comme disent les journalisses, Gronibard attendraient un nouveau bébé !! Vous êtes devenus un des groupes les plus importants du grindcore en France, et les fondateurs d’un grind «rigolo » et potache, très axé sur les histoires de fesses. Pouvez-vous nous rappeler un peu les conditions de la naissance du groupe et pourquoi ...
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