Echoes of Ancestral Battles by GALLIC HAMMER Salut katurix ! Ton one man band Gallic Hammer est basé en Suisse. Peux tu nous en dire un peu plus sur la genèse du projet ? Salut Pierre, Tout d'abord, je tiens à te remercier pour cette interview. je me réjouis de répondre à tes questions. Ayant officié longtemps dans divers groupes et projets underground, en tant que batteur, cela faisait longtemps que j'avais envie de créer mon propre projet solo, que je puisse diriger comme bon me semble, au rythme qui me convient . J'aime composer de la musique donc c'était naturel que ça se fasse un jours ou l'autre. Cela a débuté en 2019, sous le nom de Tales Of Invasions. Mon idée initiale était de partir sur un projet viking-epic BM à la Bathory. J'ai donc composé et enregistré une première démo dans la foulée, qui contenait 5 morceaux, dont les pistes "Taïga" et "Fall of The Warrior King()" *qui apparaissent également sur le premier EP de Gallic Hammer...
30 ANS DE MISANTHROPIE ! Interview Avec SAS de L'argilière (MISANTHROPE/ARGILE)
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30 ANS QUE MISANTHROPE DISTILLE SON METAL A LA FRANÇAISE !
Bonjour votre Altesse sérénissime
de l’Argilière ! Vous célébrez en ce moment les trente ans de
Misanthrope ! Qu’est-ce que ça fait ?
Bonjour Pierre, merci de m'avoir proposé
cette interview, c'est la première interview que je rédige depuis la sortie de
"ΑXΩ (Alpha X Omega : Le Magistère de l'Abnégation)". Effectivement
nous avons célébré les 30 ans du groupe le 27 octobre 2018 à Rennes et nous
venons de lancer à Rouen et à Lille il y a quelques semaines, la tournée du
"Show des 30 ans" que nous produirons sur toute l'année 2019.
Qu’est-ce que ça fait ? C'était quelque chose d'inenvisageable pour moi,
il y a encore quelques années, donc je suis plus surpris qu'autre chose. Je
suis surtout heureux pour les fans qui peuvent "enfin" réentendre en
Live des morceaux incroyablement ambitieux qui sont tirés de la jeunesse du
groupe comme "Hater of Mankind", "And Also the Lotus",
"Maudit sois-tu Soleil !" ou "Le Roman Noir".
J'avais aussi été très touché par la
sortie de notre 10ème album "ΑXΩ (Alpha X Omega : Le Magistère de
l'Abnégation)" en octobre 2017. C’est vraiment après ces journées auprès
des fans, lors des dates de Rouen et Lille, sur le chemin du retour que tu
prends conscience de la situation et que les émotions te submergent. Encore une
fois c'est le contact avec le public de Misanthrope, par ses attentions
touchantes, qui me fait réaliser que Misanthrope a 30 ans et que nous avons
grandi, vécu et vieilli ensemble.
A titre personnel je vous ai
découverts à l’époque de votre deuxième album, 1666 theatre bizarre en 1995 et
quel album ! J’étais en pleine effervescence avec le black norvégien et je
tombe là-dessus : quelle révélation ! Cela entraîne ma prochaine
question : comment t’es venu tout le concept autour de Molière, d’Alceste
(le misanthrope) et ce côté « XVIIème siècle » qui, à l’époque était
totalement nouveau ?
C'est la force du chiffre 666 qui m'a
poussé à me plonger dans cette brèche du "descendant de Molière" et à
créer notre personnage "Alceste de Haine". Même si j'ai choisi le mot
"Misanthrope" comme nom pour notre formation en devenir fin 1988, ce
n'est que sur ce second album "1666... Theatre Bizarre" que le
concept (tel que nous le connaissons aujourd'hui) prend vie. Oui il y a déjà
des allusions à l'œuvre de Molière sur notre première démo de 1989 et sur
"Miracles : Totem Taboo" en 1994, mais l’allusion à la date de 1666
est apparue comme une évidence (comme tout le monde le sait, ou pas, Molière a
écrit sa pièce “Le Misanthrope” en 1666 sous le règne de Louis XIV). Pour
rebondir sur le Black Metal, j'ai vu récemment un site BM valider notre titre
de 1994 "L'Érotique Courtoise" comme un titre précurseur du Post
Black romantique à la Française... cela m'a fait sourire. Pour le côté
« XVIIème siècle »... c'est une inspiration intime et spécifique. Mes
mots et notre style ne sont réellement pas de notre siècle ni de la fin de
cette République que l'immense force des réseaux sociaux va faire sombrer. Nos
Politiques Putes n'ont toujours pas compris que c'est "toujours" le
peuple qui gagne. Marie-Antoinette en sait quelque chose.
Avais tu conscience de faire
partie d’un groupe complètement à part ?
Certainement, j'ai très vite compris que
nous ne serions pas des artistes "lisses" qui deviendraient copains
avec tout le monde, aimés par tous, comme ces groupes intouchables qui n'ont
pas de défauts. En fait, nous aimons ne pas être irréprochables, nous mettons
nos défauts en avant car nous ne voulons pas tricher, notre morceau
"Irrévérencieux" en parlait déjà en 1997. J'ai artistiquement très
vite été "décalé" avec la scène car je déteste plus que tout
l'uniformisation de la musique Metal et de ses thématiques. C'est tellement
attristant de voir tous ces métalleux n'écouter que Mass Hysteria, Gojira,
Dagoba et Ultra Vomit... il y a tellement d'autres bons groupes et tellement de
richesse partout ailleurs. Trop de gens ne sont plus curieux, trop de gens se
laissent porter, se laissent aveugler et manipuler par les "Professionnels
du Milieu". Mais la vérité est ailleurs, vraiment.
Quelles ont été les premières
réactions des critiques et du public à votre œuvre ?
Nous avons tendu le bâton pour nous faire
battre les premières années. Nous avions déjà ressenti que le Death Metal à la
Morrisound Studio terminait son premier cycle fin 1992. Alors nous avons
enregistré un premier album en avril 1993 "Variation On Inductive
Theories" à l'opposé de ce style, ne gardant que l'énergie du Thrash mais
flirtant directement avec l’Avant-Garde Doom Death et les climats émotionnels.
J'ai immédiatement chanté en Français sur quelques titres avec une voix Black
Death et du chant plaintif/pleuré. Personne n'était prêt et encore moins en
France... mais l'accueil à l'étranger fût bon. Nous avons encore creusé les
écarts avec la compilation de 1994 "Miracles : Totem Taboo". Ce n'est
qu'en 1995 avec notre second album, "1666... Theatre Bizarre", que
les premières portes se sont ouvertes sur les créations artistiques du groupe.
Cette difficulté à trouver notre public et les changements de line-up nous ont
complètement vidés et je voulais vraiment arrêter la musique en 1996. Puis nous
avons composé "Futile Future" en connaissance de cause et avons
quitté la France pour enregistrer à Göteborg en Suède au Fredman Studio.
Puis le vent a tourné pour nous.
Au croisement du death , du
doom, du black, avec du chant en anglais, en français, de la poésie ! Vous
étiez des précurseurs ! Comment avez-vous reçu la nouvelle génération de
groupes qui se sont mis à chanter en français et à développer des univers
médiévaux, théâtraux et poétiques après vous ?
Je les regarde avec chagrin car je savais
à l'avance que 90% des démos que je recevais ne déboucheraient jamais sur une
carrière. J'aime beaucoup de groupes qui n'ont quasiment jamais marché. J'aime
tellement la musique Extrême française, encore plus quand elle touche mes
univers de prédilection, que le constat est difficile pour moi. J'espère juste
qu'ils vont moins souffrir que nous. C'est vraiment très compliqué d'exister
dans cette Europe (les jeunes générations sont perdues avec leur zapping constant)
surtout si tu es "précurseur". Regarde Amon Amarth ou Alestorm : il
n'y a rien d'original et ça marche. Les complications et les difficultés
propulsent Misanthrope, c'est indéniable.
La première fois que je vous ai
entendus, je crois que j’ai encore plus pensé au Marquis de Sade (dont je suis
un grand fan) qu’à Molière, cela vous surprend-il ?
Non cela ne me surprend pas. Mis à part
les mots Misanthrope, Alceste, Célimène, l'univers XVIIème et la farce,
il y a une inspiration circonstanciée à Molière chez Misanthrope. Je suis
infiniment plus attiré par le côté obscur de Charles Baudelaire, Robert E.
Howard, Victor Hugo et Arthur Rimbaud... et de milliers d'autres artistes. Je
suis très curieux, j'aime apprendre et enrichir mes connaissances à tous les
instants.
Vous symbolisez un lyrisme et
une excentricité puissants, a-t-il été parfois difficile de faire accepter cela
aux critiques, au public, et, si oui, comment l’avez-vous
« géré » ?
J'entendais souvent ce terme
"excentrique". Ce n'est pas qu'il me déplaît car même les termes
"original" et "progressif" sont perçus de façon négative.
Nous devons et voulons juste avancer dans un monde qui recule, mais pour moi
c'est un atout. Je cherche constamment à trouver de nouvelles choses, de
nouvelles musiques, de nouvelles sonorités, de nouveaux rythmes, de nouveaux
mots pour Misanthrope. Je ne me satisferai pas de composer des titres avec les
mots "Kill, Honey, Fuck, Babe, Die, Down". Il n'y a rien à gérer car
je me suis habitué à en prendre plein la gueule en 30 ans de carrière ! Et
c’est parce que je ne suis pas un acteur "neutre" de la scène Metal
Française. Nous ne faisons de la musique que pour Misanthrope. Si cela plaît au
public, et bien tant mieux, mais si ce n'est pas le cas nous n'en avons rien à
branler pour parler vulgairement. Il y a mille autres groupes plus faciles
d'accès derrière nous. Je ne recherche ni l'amour de masse, ni l'intérêt
financier (et autre) maximal, nos motivations sont ailleurs. Nous sommes à la
recherche d’une certaine vision artistique qui vise le dépassement de soi dans
la création.
La première fois que j’ai
entendu « courtisane syphilitique » j’ai pensé à Celtic Frost période
Into The Pandemonium (notamment le titre « mesmerized »)
peux-tu nous dire quels sont les groupes qui ont le plus inspiré
Misanthrope ?
Whaou, c'est formidable! Je suis un
inconditionnel de Celtic Frost. Si nous avons réussi à provoquer ce genre de
ressenti en 1995, c'est une véritable réussite artistique personnelle. Je viens
de retrouver une chronique de 1995 d'un fanzine américain où toute la chronique
de "1666... Theatre Bizarre" est une théorie selon laquelle cet album
serait l'incarnation version 1995 de "Into the Pandemonium".
Pour l'anecdote sur le titre
"Mesmerized", nous l’avons repris sur le second album d'ARGILE,
"Monumental Monolith". J'ai même remis ce CD de la main à la main à
Tom G. Warrior dans les backstage du Summer Breeze 2010. C'était un moment
inoubliable.
Comment as-tu réussi à porter à
la fois Misanthrope, tes autres projets (Argile, par exemple) et Holy Records
aussi longtemps ?
C'est une question très complexe à
laquelle je n'ai pas de réponse précise. Il y a plusieurs leviers qui dirigent
ma vie. Avec le recul, je pense que l'union fait la force. Ma rencontre avec
Séverine Foujanet qui a mené à la fondation de Holy Records a été un événement
majeur. La mobilisation de Jean-Jacques Moréac au sein de Misanthrope début
1993, puis l'intégration de Gaël Féret et Anthony Scemama il y a 17 ans ont
considérablement développé, arrimé et stabilisé le groupe. J'aime à le préciser
: même si j'insuffle la vie et le style à Misanthrope et Argile, sans Séverine,
Jean-Jacques, Gaël et Anthony, la qualité des constructions serait bien
différente... voire même inexistante. Je ne suis pas seul à bord, nous sommes
une petite équipe qui réalise une partie de mes "visions" en
apportant une certaine clairvoyance. Notre secret c'est la passion, l'amour, la
fraternité et la complémentarité. Je l'ai très souvent dit, nous sommes une
entité, une sorte d'iceberg avec une importante partie invisible. Si j'étais
seul, il n'y aurait ni groupe, ni label, ni réalisations. Le secret de la
réussite de Misanthrope c'est la fidélité, l'entraide, la bienveillance, le
discernement et savoir desceller le talent de ceux qui t'entourent. Il n'y a
pas de locomotive sans braises. Si un groupe reste uni, il ne peut avoir
d'embûches insurmontables.
Trente ans, dix albums aussi
singuliers que réussis, tu as de quoi être fier. Quels conseils donnerais tu à
un jeune groupe qui se lancerait dans une démarche aussi unique que la vôtre,
avec le recul ?
Je ne sais pas si je suis fier, mais je
ressens un sentiment de plénitude artistique. Si tout devait s'arrêter demain,
en regardant derrière moi je ne pourrais qu'être ravi de l'aboutissement de
l'œuvre de Misanthrope. Il n'y a pas que 10 albums, il y a aussi 3 coffrets de
compilation d'inédits, un split CD et deux albums d'Argile... c'est abondant
eheheh. Et je n'ai aucun regret.
Mon conseil pour les jeunes groupes :
croyez en vos rêves, travaillez dur à l'école et étudiez (cela sert même si
vous donnez votre vie pour le Metal Extreme). Apprenez les langues étrangères,
ne copiez pas sur votre voisin, concentrez-vous, ne perdez pas votre temps avec
les réseaux sociaux et les jeux chronophages, apprenez à communiquer, lisez des
livres et n'oubliez pas le passé de la culture française car il y a tellement à
y puiser. Travaillez votre instrument, votre style, votre créativité, vos
connaissances... et préparez-vous à en prendre plein la gueule car il n'y
a pas de place pour vous. Personne ne vous attend, même dans la scène
underground.
Quel est ton « bébé »
préféré de Misanthrope ? Et pourquoi ?
Je ne peux pas choisir, ils représentent
tous un moment intense de ma vie. Il y a eu des albums chaotiques, voire
presque impossibles à boucler comme "1666... Theatre Bizarre" et
"Sadistic Sex Daemon". Des albums enregistrés avec plénitude et
satisfaction : "Misanthrope Immortel" et "ΑXΩ (Alpha X Omega :
Le Magistère de l'Abnégation)". Mais surtout, ils sont tous tellement différents
les uns des autres... c'est à chaque fois une véritable envie de dépassement.
J'ai beaucoup d'affection pour "Visionnaire" : je n'avais que 27 ans,
je pensais que ma carrière de musicien était derrière moi, c'était notre
première production internationale en Suède au Fredman Studio, Jean-Jacques
Moréac s'est transformé en quelques mois en un redoutable directeur
artistique... et il y a notre morceau emblématique "Bâtisseur de
Cathédrales".
Beaucoup de membres sont passés
par Misanthrope, pourtant la fidelité de ton duo avec Jean Jacques Moréac est
incroyable, depuis Variation on inductive theories, votre premier album. Est-ce
le secret de votre longévité ?
Beaucoup de musiciens sont passés dans le
groupe, oui. Mais en réalité, nous avons le même line-up depuis 17 ans. Il
fallait juste trouver les bonnes personnes et ce n'est pas simple d'allier
talent, patience et compréhension autour d'un projet artistique aussi dense.
Cela demande énormément de sacrifices pour jouer dans un groupe comme
Misanthrope où les exigences sont grandes.
En 1992 j'ai eu plusieurs fois
Jean-Jacques Moréac au téléphone à l'époque de la première démo de Krakkbrain.
Il avait choppé le numéro de téléphone de chez mes parents via Didier Chesneau,
le gérant du Melody Studio de Dreux. Je l'ai rencontré à un concert de Thrash à
l'Élysée Montmartre fin 1992. A l’époque, nous n'étions pas du tout sur la même
longueur d'onde : il était à fond Techno Thrash européen alors que moi j'étais
déjà au-delà de la scène Death Metal de Floride. En Janvier 1993, je l'ai vu
sur scène cette fois avec Krakkbrain et je ne pouvais plus éviter la
confrontation. J'ai tellement été bluffé par son jeu que je suis monté sur
scène à la fin du show (dans un club obscur de Pigalle) pour lui demander de
rejoindre Misanthrope et de me rappeler le lendemain. 4 mois plus tard nous
enregistrions " Variation on Inductive Theories" chez Didier Chesneau
au Melody Studio. Il m'a dit bien plus tard qu'il avait accroché sur le fait
que je réalisais mes projets et que je n'étais pas un "mytho" comme
la plupart des zicos de la scène underground de l'époque. Avec du recul, le
secret de notre longévité c'est certainement la complémentarité et la
fraternité qui nous lie. Nous sommes tous les deux des gamins de banlieue
parisienne, moi le 93 et lui le 78. Nous venons tous les deux d'une famille
nombreuse avec 2 grands frères et grandes sœurs. Nous avons appris dès notre
plus jeune âge les valeurs que sont le partage, l'équité et le travail. Nous
savons rester à notre place tout en faisant toujours le "job". Entre
nous il y a ni jalousie, ni compétition... c'est même l'inverse : nous nous
épaulons toujours pour trouver une solution aux problématiques du groupe.
Aujourd'hui avec Gaël, Anthony et Jean-Jacques nous avons une véritable
solidarité intelligente. Je sais que cela ne se voit pas beaucoup de
l'extérieur, mais la fraternité est ce qu'il y a de plus important dans
Misanthrope... une fois le résultat artistique atteint bien sûr.
En tant qu’auteur, je suis
forcément fasciné par les groupes « littéraires ». Quels conseils de
lecture, récents ou pas, pourrais-tu donner à nos lecteurs ? Et quels
auteurs t’ont le plus influencé ?
Ahahah j'aime cette appellation de groupe
"littéraire", c'est pour moi le compliment ultime. Au niveau lecture
je suis enraciné dans les vieilleries d'un autre siècle. Les auteurs
contemporains sont tellement pénibles et hors de mes sujets. Même le roman
"Sérotinine" de Michel Houellebecq bien que correct est véritablement
surcôté. J'aime principalement la poésie de Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé,
André Breton, Tristan Corbière, Victor Hugo et les maîtres : Charles Baudelaire
et Arthur Rimbaud. Et les récits épiques bourrés de descriptions d'auteurs
comme Stendhal, Honoré de Balzac, Robert E. Howard, Guy de Maupassant,
Joris-Karl Huysmans, Boris Vian, Jules Barbey d'Aurevilly, Howard Phillips
Lovecraft, Théophile Gautier, François-René Chateaubriand, John Steinbeck,
Marcel Proust, Frank Herbert, Michel Tournier, Georges Bataille, Franz Kafka,
Gérard de Nerval et Louis-Ferdinand Céline. Je suis d'un hyper classicisme,
c'est effrayant.
Vous êtes, avec Loudblast, le
plus grand groupe de Metal encore en activité en France. Quel est ton regard
sur la génération suivante, celle de Gojira par exemple ?
Il y a eu plusieurs générations dans le
Metal, celle des années '80 avec Trust, ADX, Sortilège, Vulcain, Killers,
Blasphème, Morsüre, Warning et une ribambelle d'autres chef-d'œuvres du même
genre. Je suis fan et pour te faire la confidence, je collectionne même les
vinyles de Hard Français des années 80 ce qui est un vilain défaut. Puis la
claque est arrivée entre 1986 et 1989 avec le Thrash à la Française : Agressor,
Massacra, Loudblast, Nomed, Mulitator… C'était jouissif et ils ont ouvert une
voie royale pour Misanthrope de 1995 à 2000. Puis Anorexia Nervosa est arrivé,
les Mass Hysteria, les Gojira etc... et ces jeunes artistes nous ont dépassés à
partir des années 2003-2004. La roue tourne, et même si contrairement à l'adage
"il n'y a vraiment pas de place pour tout le monde", l'écrémage se
fait avec le temps, les efforts, la motivation, les financements, le lobbying
et surtout l'inspiration et le talent (du moins j'ose encore l'espérer).
Question « ritual »
du Scribe du Rock : tes 10 albums essentiels, tous styles confondus ?
En date d'aujourd'hui le mercredi 23
janvier 2019 car je change souvent d'avis en voici 18 :
CELTIC FROST Into
the Pandemonium
KREATOR Endless
Pain
MYLENE FARMER
Anamorphosée
BATHORY Under the
Sign of the Black Mark
IRON MAIDEN Live
After Death
AC/DC Highway To
Hell
MORBID ANGEL
Blessed are the Sick
PARADISE LOST
Gothic
METALLICA Master
of Puppets
HELLOWEEN Walls of
Jericho
SLAYER Show No
Mercy
DARKTHRONE A Blaze
in the Northern Sky
DEATH Scream
Bloody Gore
VOIVOD Killing
Technology
KING DIAMOND
Abigail
OBITUARY Slowly We
Rot
CANDLEMASS Epicus Doomicus Metallicus
THE GATHERING Always
Comment vois-tu la scène Metal
française actuelle ? Quels groupes ont retenu ton attention
récemment ?
J'aime la scène dans sa globalité, il y a
de très bons artistes un peu partout dans le monde. J'ai bien accroché sur
cette nouvelle scène avec Sólstafir,
Alcest et Tribulation ainsi que les derniers albums d'Orphaned Land, Deicide,
Anaal Nathrakh et Septicflesh... mais il y a tellement de richesse que nous
sommes tous déboussolés par l'incontrôlable production musicale de ces
dernières années. Honnêtement tout ce foutoir ne rime plus à grand-chose. Je
plains énormément les nouvelles générations élevées avec YouTube, le streaming
et la musique compressée comme une boite de conserve incrustée dans un
smartphone. J'ai peur que cet accès illimité à la musique soit plus nuisible
qu'autre chose. Survoler sans approfondir n'est pas connaître.
Attention je ne suis pas passéiste et je
ne vis pas dans le passé. J'ai un smartphone, un Ipod, une tablette, un laptop
mais j'écoute des vinyles, des CDs et parfois des cassettes. Avec ces supports
l'approche d'un album et de la musique n'a rien à voir avec le support dématérialisé.
Autre
« Ritual » : la carte blanche : ceci n’est pas une question
c’est un espace libre : exprimes toi aussi longuement et librement que tu
le veux auprès des lecteurs du Scribe du Rock :
Avec trente ans de carrière au compteur
pour Misanthrope, je m'aperçois dorénavant de beaucoup de choses. Finalement
cette vie passée dans, et pour la musique extrême a été plus enrichissante que
prévu. Cette musique qu’est le Metal Extreme n'est pas une sous-culture ! Notre
carrière en dents de scie aurait brisée plus d'une formation. Mais nous sommes
toujours là, debout, vivants et hyper créatifs. Pour être honnête cela me pose
énormément de questions. C'est seulement aujourd'hui que je peux regarder
derrière moi, avec un sourire, et que j'ai plus que jamais une effrayante envie
d'avancer. Une fureur de partager sur scène des titres de Misanthrope composés
durant 30 années troublées. Ce qui est frappant lors de nos "shows des 30
ans", c'est que les morceaux qui s'enchaînent sont très différents dans le
style et l'approche... mais putain, il se passe vraiment quelque chose ! C'est
cela pour moi l'Avant-Garde Black Thrash Death. Parfois, je suis là à me
demander si nous avons composé toutes ces chansons, tous ces albums et
coffrets, pour le public et les fans… Alors oui, bien sûr. Mais aussi
secrètement, pour nous, poussés par une force tyrannique invulnérable. Nous
avons cette ferveur de l'obsession de l'effort, du dépassement de soi-même.
Misanthrope est une force incroyable qui dirige ma vie depuis 30 ans. Misanthrope
est mon carburant, sa survie est un réflexe morbide... la musique et les textes
de Misanthrope sont mes bourreaux.
Je ne peux que remercier les fans qui ont
soutenu le groupe et permis d'alimenter cet effort perpétuel. Je ne
remercierais jamais assez Jean-Jacques Moréac, Gaël Féret, Anthony Scemama et
Séverine Foujanet pour leur audace, leur confiance, leur folie, leur talent et
la pureté de nos relations artistiques. Je voudrais aussi remercier dans ces
dernières lignes la vie et vous, les auditeurs et amis pour vos encouragements,
pour votre énergie, votre vitalité et pour l'essence de vie que vous nous
insufflez depuis 1988. Même si nous avons mis en oeuvre tous les efforts
possibles pour ne jamais vous décevoir, même si nous ne sommes pas grand-chose,
nous existons et c'est quand même bien ça le plus important. Avec passion en
2019, cette route ininterrompue continue pour Misanthrope... MERCI.
S.A.S de l'Argilière, Angers, le mercredi
23 janvier 2019
INTERVIEW VINDSVAL OCT 2019 "Je ne peux pas me contenter du hasard ou du non-sens, mon esprit refuse complètement cette idée dont beaucoup semblent aujourd'hui s’accommoder" (Vindsval) William Sheller chante qu'il veut être un homme heureux...je ne sais pas si c'est possible, mais en tout cas, pour moi, avoir le privilège de cette interview est une des choses qui se rapprochent le plus du bonheur. C'est la deuxième fois que le maestro se confie a moi, et cette fois encore plus longuement. C'est sans doute son interview la plus intime, la plus personnelle, et, selon ses mots, probablement la dernière qu'il donnera, l'homme préférant la solitude du créateur. Une dernière fois donc, et ceci nous a permis d'aborder l'enfance de Vindsval, son rapport a l'art, a l'esthétique, au showbiz, la philosophie, la poésie, la lumière, l'histoire...et le black metal, bien sûr. Bref, sans doute la meilleure interview que j'ai eu l'oppor...
Olivier Déhenne Premières Fois Nouvelles 2019 L'Age d'Homme - Collection Contemporains Olivier Déhenne ? si, comme moi, vous possédez quelque bagage culturel en termes de musiques sombres et underground, vous devez connaître l'oeuvre d'Eros Necropsique, entité étrange et noire, dont les textes poétiques dévoilent depuis plusieurs décennies un romantisme macabre réunissant comme il se doit les pulsions de vie et de mort d'Eros et de Thanatos, conjugués dans un écrin musical gothique. Ce n'est pas d'Eros Necropsique que je vais ici vous entretenir, ni même d'ailleurs de musique, puisqu'il se trouve qu'Olivier Déhenne est également écrivain. Après un premier roman sous forme de journal intime - Les Miasmes de La Claustration - c'est ici sous la forme du recueil de nouvelles que la plume d'Olivier est venue se plonger dans le sang et les liquides corporels les plus divers. Cela va de soi, ces nouvelles ne sont pas destinées aux âmes sen...
Nicolas Claux : Put The Fun In Funeral, une/an interview avec/with Le Scribe Du Rock "Peuple de France, le gouvernement te ment. Si j’ai appris une chose dans les morgues, c’est que ton espérance de vie se raccourcit à vue d’œil. Cancers, AVC, diabète, et désormais virus de plus en plus virulent, ton compte à rebours est déclenché. Achète un Bundyldo avant qu’il ne soit trop tard" (Nicolas Claux) S'il est vrai que Nicolas Claux (ou Castelaux comme nom de plume selon les cas) a commencé sa carrière à la rubrique faits divers (profanations de sépultures, cannibalisme, utilisation du sang comme "drink" et finalement meutre) il a commencé une deuxième vie après des années d'incarcération. Se découvrant une passion assez logique pour le metier d'agent mortuaire, qu'il a pratiqué de nombreuses années, il est aujourd'hui directeur de collection chez Camion Noir (le pendant "macabre" du Camion Blanc), mais aussi patron du site de murderabilia...
WINTERMOON Cold Sky Rising 2023 Black Metal Epique Oui, "winter moon" est bien le titre d'un morceau d'Immortal, et cela n'est pas un hasard. Cet album aux tonalités glaciaires impose Wintermoon comme digne successeur de l'Immortal le plus épique et du Bathory de l'ère Blood, Fire, Death. Il serait pourtant trop simple de limiter la description de ce premier album (après deux Eps) à du name-dropping. J'avoue avoir été soufflé par la qualité des compostions de Cold Sky Rising ! Les neuf titres qui composent cet album sont le fruit inspiré du travail de Gryp, musicien accompli. Ainsi, loin du salmigondis infâme que peuvent générer certains groupes "underground" nous nous retrouvons ici face à un disque très abouti, porté par un black metal épique et majestueux, habité de riffs inspirés aux colorations heavy/black et créant une envie irrépressible de l'écouter encore et encore. Les soli aussi, chose rare de nos jours, nous entrainent et...
ATTENTION ! Groupe avec humour ! Quand j'ai décroché l'interview qui suit avec l'ami Albatard (le bassiste, vous savez, le mec qui accompagne les musiciens partout 😂 ) je n'avais qu'une inquiétude : qu'il déconne tellement qu'il ne réponde pas à mes questions. Alors, rassurez-vous, en ces jours gris, l'humour de l'ami est bien là, et ça fait vraiment du bien, mais il a eu la gentillesse de jouer vraiment le jeu de cette interview rétrospective où nous revenons en détail sur 20 ans de Gronibard ! Et puis ne vous inquiétez pas, on rendra aussi un bel hommage à Corbier...Et en plus il y a du scoop dans l'air, comme disent les journalisses, Gronibard attendraient un nouveau bébé !! Vous êtes devenus un des groupes les plus importants du grindcore en France, et les fondateurs d’un grind «rigolo » et potache, très axé sur les histoires de fesses. Pouvez-vous nous rappeler un peu les conditions de la naissance du groupe et pourquoi ...