Déjà 19 épisodes pour les Crocs du Scribe ! Cette fois, nous allons tremper dans la mélancolie sinistre de Triste Terre, le Black/Crust inspiré de Nuisible, le War Metal sans guitares (si, si !) de Thecodontion, le Black Metal mixé à du Krautrock de Maquerelle, le Black/Death fatal de Necrocult et le Post-Black Atmosphérique d'Haenesy ET Moondweller. Cinq nouvelles raisons de croire en la santé de notre musique, en cette année 2019 où nous célébrons les 50 ans du Heavy Metal (le 1er Black Sabbath, table de loi, bien que sorti début 1970 a été totalement finalisé en 1969) il est toujours plaisant de constater que cette musique O combien contestée survit mieux que bien d'autres incarnations du Rock. Notre cher vieux pays s'inscrivant comme un moteur du renouveau du Black Metal Underground, il est logique que ces chroniques soient à nouveau composées à 60 % de groupes français sans que cela fusse jamais la preuve de quelque chauvinisme. Alors, bonne lecture, et, surtout, bonne écoute ! Bises Le Scribe
1 Black/Death Metal de Toulouse avec Necrocult
NECROCULT
For Thine Is The Kingdom, And The Power, And The Glory (2015, Sathanath Records/Ira Militias)
Nous nous commençons pas avec une nouveauté puisque cet album de Necrocult est sorti voici déjà plus de trois ans. Pour ma part, j'ai fait la connaissance du groupe fort récemment puisqu'au travers de la trés bonne compilation de Triumph Ov Death, We Are French Fuck You Volume 2 (chroniquée dans les Crocs du Scribe, je vous laisse fouiner !).
Les gars de Necrocult ne sont pas ce que l'on appelle des débutants puisque le groupe oeuvre déjà depuis 1994, après avoir connu une première vie sous le nom de Crucifix en pratiquant du Death/Thrash Metal.
L'oeuvre ici présente est la dernière en date du groupe, qui propose une synthèse parfaite de Black et de Death Metal froid, noir et profondément rapide et techniquement irréprochable.
On connait les qualités "métalliques" du Sud-Ouest, et l'on ne sera donc pas surpris par la qualité du résultat. A mi-chemin d'un Black Metal noir comme la mort et un Death brutal et prêt à l'assaut, le culte de la mort ici présent est parfaitement incarné par cette bande de sauvages toutefois fort compétents en matière de musicalité.
Au travers de 6 morceaux (dont le plus court dépasse les cinq minutes) le groupe fait preuve d'une science du riff à toute épreuve, tandis que le batteur nous lamine ce qui nous reste de cervicales arthrosées (eh oui l'âge) au service de puissances ténébreuses qui doivent encore en sourire sardoniquement. Ce qui est vraiment intéressant avec ce disque c'est le fait que Necrocult propose une mixture de Black/Death qui s'éloigne des canons du sous-genre en mettant en valeur chacun des deux styles tout en restant homogène. Bref, on n'est ni dans un "blackened Death Metal" ou un "Deathened Black Metal" (ça se dit ? Pas Sûr !) mais bien chez Necrocult, un groupe dont le but est clairement de dévisser quelques têtes en bottant des culs en simultané (ce qui demande une vraie science de la synchronisation) et , bougre de vain dieu, ils y arrivent à la perfection ! Une lesson de violence comme dirait Exodus !
ET ON ECOUTE NECROCULT JUSTE EN DESSOUS :
2 POST BLACK METAL DE BUDAPEST AVEC HAENESY/ ATMOSPHERIC BLACK METAL RUSSE AVEC MOONDWELLER
HAENESY/MOONDWELLER
Earth and Space (2019, independant)
C'est donc avec un Split entre deux nouvelles entités d'Europe de l'est que se poursuit notre chemin. Une Europe de l'Est dont on connait les qualités en matière de Black Metal. Ici, c'est toutefois une nouvelle génération qui s'exprime, avec un son Post-Black Metal pour l'un (Haenesy, le hongrois) et un Black Metal Atmosphérique pour l'autre (Moondweller, le russe). Deux morceaux chacun, cela peut sembler peu, mais lorsque l'on connait la propension des groupes de ces courants "nouveaux" du BM à faire s'étirer leurs morceaux pour créer une atmosphère et emporter l'auditeur, on ne sera pas étonné d'apprendre que le morceau le plus court de cet assemblage fasse 6 minutes et 30 secondes. Pour ce qui est des deux titres d'Haenesy, nous avons affaire à un Post-Black Vaporeux et éthéré, avec de fortes influences Shoegaze que ne renierait pas un Alcest, et un mix intéressant entre un chant bien écorché, plutôt "raw" et des guitares cristallines, plus proches des Cocteau Twins que de Mayhem. A l'arrivér, il faut plusieurs écoutes pour s'imprégner de l'univers onirique des hongrois, qui se trouve ensuite être des plus réussi, avec cette mélancolie (slave ?) palpable.
Les russes de Moondweller se distinguent par un son de guitare nettement plus crasseux et conforme aux canons Black Metal. Coupables d'un sens de la mélodie addictif, ces derniers proposent un chant noyé dans le mix et sursaturé, sur des tempi parfois lents, parfois blastés (avec ce fameux blast du Metal Extrême moderne où l'on n'a pas l'impression que ça joue si vite que cela). Leurs ambiances sont soigneusement travaillées, et gagneraient encore à être magnifiés par un son plus clair et plus puissant. Les ingrédients habituels du Black Atmos sont là : samples de voix, ambiances cinématiques, claviers, longues intros, tendance épique, mais force est de constater que Moondweller, sans réinventer la roue, s'exécute parfaitement dans son créneau. Un split fort agréable pour deux formations prometteuses, dont on attend la suite avec intérêt.
ECOUTER HAENESY :
3 BLACK METAL KRAUTROCK INDUSTRIEL AVEC MAQUERELLE
MAQUERELLE Betty
(2018 Indépendant)
Ah ! Maquerelle ! Déjà, il y a un nom qui intrigue forcément. Comment une dame de vertu moyenne faisant travailler de jeunes femmes dont la vertu ne durera pas longtemps (pauvre Justine) s'est elle retrouvée à proposer un étrange mélange de Black Metal et de Krautrock, à mi-chemin entre Blut Aus Nord, Godflesh, les Swans, Killing Joke mais aussi les allemands de Cluster, Kraftwerk et Tangerine Dream, le jeune homme que voici a choisi d'ancrer sa musique dans une expérimentation qui pourrait sembler hasardeuse au premier abord mais qui s'avère dangereusement passionnante à l'arrivée. Pour peu que votre esprit soit encore ouvert, après un missile exocet envoyé par Blasphamagoatachrist, il faut accepter de se perdre dans les méandres de cette musique unique, d'une richesse étonnante, et aux capacités psychotropes indéniables. Ce "Betty" (bonjour Betty) nous donne en sus notre pain quotidien en matière de poésie, ce qui n'est point pour me déplaire mes scribounards, vous connaissez mon coeur d'artichaut !
"laisse-moi le reste de ta lumière fondue sur ma joue dans l'absence des jours
Dis-moi pourquoi passèrent-ils
dans l'impasse des regards
Pardon, pardon.
Ecrase la route, et écrase-moi
Pour ce que j'en fais, bordel
pour la claque d'une grosse coulée d'épave"
Heurtée, chaotique, à la fois violente et belle, la musique de ce one man band que je découvre (bien qu'il existe depuis 2014) avec grand plaisir ! Si vous cherchez de nouvelles sonorités sans pour autant tomber dans le piège du "neuf pour faire neuf" cet assemblage inédit saura vous convaincre de passer un temps avec Maquerelle, et de vous laisser embarquer dans ses paysages décatis, lumières blafardes d'un monde mourant. Décidément, le temps où les groupes français étaient taxés d'être des suiveurs est bien loin derrière nous, et Maquerelle nous le prouve encore une fois. Alors, à ranger à côté du premier Yeruselem dans votre discothèque, après l'avoir écouté des dizaines de fois.
ECOUTER MAQUERELLE TOUT DE SUITE ? JUSTE EN DESSOUS !
4 DU WAR METAL SANS GUITARES AVEC THECODONTION !
THECODONTION Jurassic
(2019, Indépendant)
Les italiens ont souvent, par le passé, donné au Metal des groupes étonnants, qui ne sonnaient pas comme les autres (Opera IX, Cultus Sanguine). Avec Thecodontion, nous atteignons toutefois un niveau largement supérieur. Voici donc un duo qui produit un War Metal tout ce qu'il y a de plus bestial et ravageur sans guitare (eh oui !) mais avec une basse distordue qui fait le boulot sans problème. Et ça ne s'arrête pas là, puisque les romains complètent cette charge musicale hyper-violente et singulière par un univers thématique tout aussi original : le groupe traite de préhistoire, et plus particulièrement de dinosaures. Ici plongés en pleine époque jurassique, on est loin de Satan, Belzebuth, Mephistopheles et leurs sbires du Pandemonium, ou encore d'un autre thème cher aux groupes sauvages de cette scène : la guerre. Encore que, à mesure que l'on s'instruit sur les ptérosaures (le ptérodactyle en particulier, ce drôle de dinosaure volant) ou encore le Barosaurus, on peut sentir les batailles qu'ont du se livrer ces grands sauriens. Thecodontion nous livre ici une oeuvre vraiment détonnante, que ce soit sur un plan sonore, où s'entrechoquent influences Black Metal, Death Metal et Grindcore dans leurs atours les plus sanguinolents et primitifs, comme sur le plan thématique.
N'en déplaise aux puristes, la guitare ne manque pas ici, puisque parfaitement remplacée par une basse tour à tour rythmique et mélodique. Si vous aimez vous laisser surprendre, sortir de la routine, essayez Thecodontion entre un Blasphemy et un Revenge, ça passera tout seul !
5 CRUST PUNK METAL HARDCORE BLACK METAL AVEC NUISIBLE
NUISIBLE Slaves & Snakes (2018 Deadlight Records)
Votre maman a eu beau bien vous élever, faisant de vous une fille ou un garçon bien poli(e), respectueux(se) des autres et tutti quanti, vous avez toujours ressenti cette sourde et diabolique attirance pour la musique violente, brutale, en un mot MÉCHANTE !
C'est au travers de ces groupes de musique extrême particulièrement vindicatifs que vous avez réussi à vous épanouir, tout en restant bien comme il faut dans la société, en consommant et en fermant votre gueule.
Gare au jour où vous allez rencontrer Nuisible ! Car ce groupe est authentiquement dangereux, sa musique rassemblant les moments les plus haineux du Punk Crust, du Hardcore, du Sludge et du Black Metal. Ce Slaves and Snakes semble littéralement habité par la haine et une envie de casser des mâchoires des plus intenses. Cette sensation de se retrouver dans un épisode inédit de Mad Max où les Punks ont kidnappé Max en l'obligeant à subir leurs décibels infernaux est prégnante.
On retrouve ici par moments l'influence de ces vieux rockers du Metal de la mort d'Entombed, mais aussi du Discharge. Un peu comme si une bonne de vieux skins Oï étaient tombés dans un chaudron méphitique et en étaient sortis avec un sortilège venu de Darkthrone !
Tour à tour lourd, rapide, bestial, puissant, noir comme le corbeau, Nuisible séduira ceux qui aiment le Metal de Hooligan ou qui pensent encore, comme votre Scribe, que "punk is not dead when it's bien fait" !
Allez vous prendre votre mandale, ça fait du bien !
6 BLACK METAL ATMOSPHERIQUE & OCCULTE AVEC TRISTE TERRE
TRISTE TERRE Grand Oeuvre
(2019 Les Acteurs de l'ombre productions)
Ce qui est agréable quand on reçoit une prod de LADLO, c'est que l'on sait que le digipack va être magnifique (c'est encore le cas ici) et que la musique sera aussi qualitative, tant le label choisit soigneusement ses groupes. Bien sûr, Triste Terre ne fait pas exception à la règle, et fait même mieux que ça, puisque leur Black Metal atmosphérique influencé par Bach (si, si) nous trimbale dans une atmosphère glaciale et sombre, majestueuse, où résonnent guitares plaintives, orgues solennels et vocaux déchirés et désabusés. Un Black Metal de l'après fin du monde, porteur de traités alchimiques centenaires ici dévoilés.
"the three main principles are the philosophical mercury sulphur and salt. the philosophical mercury is a liquid and a spirit which dissolves and refines the sun.
the philosophical sulphur is fire and a spirit which destroys and colors the fire." (extrait de "oeuvre au noir")
Les longs morceaux du groupe (en fait le projet de Naal, ici assisté d'un batteur et de "guests" musiciens) se déploient sans ennui, saisissants de cette beauté mélancolique et nostalgique que l'on aime à retrouver, symbole d'un Black Metal occulte, empreint de néoclassique et de rythmiques Doom bien lourdes (on pense sur certains passages au côté le plus sombre de My Dying Bride).
Naal, parfait alchimiste, démontre aussi de grandes qualités vocales, avec ces moments en chant clair empli de tristesse (et d'une grande mélodicité, pas si loin d'un Devin Townsend). Bref, mon enthousiasme est difficile à contenir, tant cet album m'a séduit, depuis son artwork magnifique jusqu'à sa musique si prenante qu'on arrive plus à la quitter. Addictif et ténébreux, Triste Terre se pose d'emblée ici comme un de ces groupes majeurs émergeant des méandres de cette sombre année de Satan 2019. INDISPENSABLE, que vous soyez de vieux guerriers des batailles BM des 90's ou amateur de sonorités plus modernes, ici le temps s'est arrêté.
Voici pour cette nouvelle livraison des crocs du scribe...je vous laisse vous éclater en écoutant les groupes (et en achetant leurs disques). Pour ma part, je vous donne rendez vous pour de nouvelles chroniques très bientôt, alors que se préparent des Hors-Séries sur les labels que j'aime (ils se reconnaîtront)... Une fois n'est pas coutume, je fais un peu d'autopromotion en vous laissant les liens vers mes livres au Camion Blanc. Allez, bisous sanglants. Le Scribe
4ème DE COUVERTURE :
Le punk fut-il un mouvement urbain bannissant les limites ? Oui. Pourtant, un white trash du New Hampshire allait encore dépasser les limites du no future : Jésus Christ Allin. Cela ne s'invente pas. Connu pour ses excès en tous genres, ceux-ci l'ont mené plus d'une fois en prison avant de causer sa mort. Mais Allin n'est-il que cela ? 2018 marque le 25e anniversaire de son départ pour un monde meilleur et GG Allin reste un sujet inépuisable. Fut-il un clown suivi par un public masochiste ? Un authentique détenteur de la flamme rock'n'roll en mission de sauvetage ? Un artiste ou une attraction foraine ? Et si, au fond, Jesus Christ Allin avait été tout cela à la fois ? Et si son influence était bien plus importante et artistique et ne se résumait pas à des faits divers? Adeline Wall et Pierre Avril partent sur les traces de ce kid du New Hampshire qui se rêvait en nouvel Alice Cooper et finit par croire sérieusement à sa vocation de prophète. Ses chansons? “Suck My Ass It Smells”, “I Wanna Fuck Myself”, “Bite It You Scum”. Ses groupes ? Les Texas Nazis, les Murder Junkies, les scumfucs. Délestez-vous des oripeaux du politiquement correct, ils n'ont pas leur place ici. Les auteurs exposent aussi pourquoi il est pertinent de voir en GG Allin un authentique performer de l'extrême, évoquant des artistes aussi (voire plus) dangereux que lui. Manger sa merde et la jeter sur le public et cependant réaliser une oeuvre d'art ? Oui. Il l'a fait. Chez les performers de l'art contemporain, ce fut le cas aussi. Le parallèle méritait donc d'être fait. Enfin, ce livre évoquera l'influence de GG sur d'autres artistes, avec un champ qui va du punk au black metal en passant par le grindcore - avec Anal Cunt, Watain, The Mentors... Il ne fut également pas seul à mener sa mission d'authentique terroriste du rock. Extrême, il le fut dans tous les compartiments de sa vie et de son art. Mais une chose est certaine : son oeuvre mérite d'être réévaluée à la hausse. Bienvenue dans le premier ouvrage biographique en français consacré à GG Allin.
4ème de couverture :
Quarante ans que ça dure, quarante ans que les guerriers du Punk et du Metal nous montrent leur détermination à ferrailler avec leur public et même, parfois, entre eux. « Nous étions les premiers Punks » déclare Ozzy Osbourne à propos des débuts de Black Sabbath. Malgré les apparences, les frontières entre les deux genres sont parfois trompeuses et plus fines que ce que l'on croit. Ce livre va vous donner à lire les exploits de Black Sabbath, Motörhead, Discharge, GG Allin, Bathory et de tous ces acteurs qui ont tant contribué à la naissance du Rock « extrême ». Le propos de l'auteur est bien de démontrer que les objectifs communs aux deux genres sont nombreux, et que la révolte, la frustration et la colère y ont trouvé différentes formes d'exutoires. Embarquez donc pour un voyage qui va démarrer dans les années 50 et la naissance du Rock'n'Roll pour vous emmener, par étapes, à découvrir tous les paliers franchis dans l'extrême et la provocation, que ce soit chez les Punks anglais de The Exploited, le malade mental du Grindcore Seth Putnam ou les étonnants artistes qui composent Diapsiquir. Punk, Hardcore, Thrash, Black, Death, Grind, Indus, Heavy ou Speed y trouveront toute leur place, pour aboutir à un questionnement autour de l'impact de ces fous furieux du Rock sur notre monde et l'avenir potentiel de ces mouvances. Embarquez à bord pour faire monter les décibels !