Composé d'anciens Eibon, Heaume Mortal fait partie de ces groupes de Black Metal atmosphériques dont les créateurs sont issus de la scène Hardcore et Post-Hardcore. Une musique riche et complexe que nous décortiquons avec Guillaume, son géniteur...
Bonjour Messieurs, pouvez vous nous présenter le groupe, vos
influences, vos objectifs et le parcours des membres ?
Salut,
Heaume
Mortal est mon projet perso, né des cendres d’Eibon. Et n’a pas
spécialement vocation à se projeter dans l’avenir.
Si je résume en disant qu'à la base c'est le projet Black/Doom des
membres de Cowards (excellent groupe de Hardcore au passage!) et
Eibon (qui, déjà, se dirigeait vers le côté Black/Doom de la
force) ?
Ce
n’est pas tout à fait vrai, avant de contacter Jordan et Julien
j’avais essayé de concrétiser ces morceaux avec d’autres amis.
Ça correspond vraiment à un disque qu’on aurait pu enregistrer
avec Stéphane et Jérôme d’Eibon en 2015 si les étoiles
s’étaient alignées plus tôt.
Vous devez apprécier le parcours d'un groupe comme Kickback
j'imagine (et moi donc ! ) ? Avec aussi sa prolongation
Black dans Diapsiquir ?
J’aime
bien Kickback même si je n’ai quasiment écouté que No Surrender.
Mais j’ai eu ma période Hardcore avec des groupes comme Neglect,
Negative Approach ou Gehenna. Arkangel un peu plus récemment.
Je
n’ai jamais vraiment pris le temps de m’attarder sur Diapsiquir
par contre, même si j’ai beaucoup d’affection pour le personnage
de Pascal. J’avais juste écouté et apprécié la chanson « Fais
le » sur myspace à l’époque. J’avoue ne pas vraiment
capter ce qui te fait comparer Heaume Mortal à Kickback ou
Diapsiquir.
Votre premier album qui vient de sortir, solstices,
demande du temps pour se faire aimer, et les écoutes successives
sont bénéfiques. Est ce une chose dont vous êtes conscients ?
Pas
vraiment, j’avoue qu’il est rare que je m’attarde sur un disque
si je ne l’apprécie pas dès la première écoute. Mais bon comme
c’est mon projet et que j’ai la tête dans le guidon, c’est
difficile pour moi de me mettre à la place de l’auditeur. Ça me
fait penser à un des types de Pink Floyd qui disait que s’il
devait avoir un souhait ce serait de pouvoir écouter ses chansons
sans les connaître. Pour pouvoir vivre ce que les gens ont ressenti
à travers ses chansons. Pour lui ce ne sont hélas que quelques
notes de guitare et de voix par dessus une rythmique.
Après
peut-être que la longueur des morceaux donne un côté un peu lourd
à digérer mais j’aime bien l’idée qu’il faut un peu le
mériter pour atteindre la résolution mélodique de fin de morceau.
Lors
de la sortie de Valhalla Rising au cinoche, les gens pensaient voir
un espèce de remake de Conan le Barbare et pendant le passage pesant
et contemplatif d’une demie heure au milieu du film quand les
vikings sont perdus en mer, les trois quarts de la salle sont partis.
La noirceur urbaine de votre album, vos sonorités proches du Mayhem
période Ordo Ab Chao et votre amour revendiqué de Burzum, un petit
mot là dessus ?
Je
dois avouer que je n’ai jamais écouté Mayhem à part le morceau
Freezing Moon. Je crois que Julien aime bien par contre.
Burzum
est clairement un groupe qui m’influence, et pas seulement au
niveau musical. Le concept même de one man band qui permet de ne pas
avoir à faire de concessions, quitte à sacrifier un côté spontané
et improvisé qui permet de belles choses aussi (le côté
Anekdoten/Pink FLoyd qu’on avait réussi à toucher du doigt juste
avant d’exploser en vol avec Eibon) m’attire pas mal. Et puis le
côté holistique qui fait que t’es obligé de tout faire et donc
que la musique ne peut pas être distinguée de son créateur.
Comment s'est fait le contact avec Ladlo ?
Tout
bêtement, une fois les morceaux terminés je me suis mis en quête
d’un label qui serait ok pour le presser. Ladlo étaient intéressés
et semblaient sérieux. Ils ne semblaient pas très emballés par le
fait que je ne voulais pas faire de concerts car ils permettent une
meilleure diffusion des disques mais au final ils ont bien voulu
qu’on travaille ensemble quand même. Gérald a une sacrée équipe
derrière lui qui fait tout pour que chaque sortie se déroule à
merveille. J’avais envoyé le disque à d’autres labels mais la
reprise de Burzum en a refroidi plus d’un.
Pouvez vous nous donner votre vision de votre musique ? Quelles
intentions voulez vous faire passer ? Un message ?
Je
vais faire mien une pensée de Stanley Kubrick qui reflète
parfaitement ce que je pense :
« Je
ne pense pas que les écrivains, les peintres ou les cinéastes
œuvrent parce qu’il y a quelque chose qu’ils désirent
particulièrement dire ; il y a quelque chose qu’ils ressentent. Et
ils aiment la forme artistique : ils aiment les mots ; ou bien ils
aiment l’odeur de la peinture ; ou encore ils aiment le celluloïd,
les images photographiques et le travail avec les acteurs. Je ne
pense pas qu’aucun artiste véritable n’ait jamais été orienté
par quelque point de vue didactique, même quand il pensait que
c’était le cas »
Votre son est très torturé et noir, de même que le chant de
Julien, empli de douleur...Y'a t'il une forme de catharsis derrière
cela ?
Absolument
pas. On n’a pas besoin de la musique pour régler nos problèmes
quotidiens. C’est juste une esthétique qu’on aime bien, un peu
une solution de facilité aussi car on joue cette musique depuis
qu’on est ados, donc on commence à en connaître un peu les codes,
c’est ce qui vient automatiquement quand on a une guitare à la
main. J’arrive pas vraiment à comprendre cette histoire de
catharsis que tout le monde cherche à placer dès qu’un type crie
dans un micro. J’ai de l’amour, du confort, un boulot que
j’adore, tout va bien merci.
Plus j'écoute l'album plus je l'apprécie...Les paysages dévastés
que les longs morceaux décrivent sont vraiment convaincants...Peut
on y voir la bande son d'un monde qui s'effondre ?
Il
y a quelques passages qui sont consciemment collapsoïdes mais
j’assume aussi un côté lumineux presque positif. Positif n’est
probablement pas le meilleur terme, disons au moins naïf et béa.
Mais effectivement, la même naïveté infantile qui permet de
s’émerveiller de tout peut facilement faire succomber à la tabula
rasa. Je ne sais pas si j’ai très envie que le monde s’écroule
si c’est pour me retrouver devant le paysage de fin dans
« L’Aldila », à moins que ce soit pour mieux y voir la
forêt reprendre le dessus, un peu comme les paysages de « Stalker »
de Tarkovsky.
Vos 20 albums préférés de tous les temps dans tous les styles ?
Difficile.
Peut-être quelque chose comme ça, dans l’ordre alphabétique :
Abyssic
Hate (à bicyclette)– Suicidal Emotions
Alain
Bashung – Blue Petrole
Future
Islands – Singles
Basil
Poledouris – Conan The Barbarian OST
Björk
- Homogenic
Burzum
– Belus
Burzum
– Hvis Lyset Tar Oss
Celtic
Frost – Monotheist
The
Cure – Seventeen Seconds
Daemonia
Nymphe – Krataia Asterope
Danzig
- III How The Gods Kill
Danzig
- 4
Dernière
Volonté – Les Blessures de l’Ombre
Esbjorn
Svenson Trio – Seven Days of Falling
The
Gathering – Mandylion
Iron
Maiden – Brave New World
Lurker
of Chalice – Lurker of Chalice
Rory
Gallagher – Deuce
Seven
Pines – Garden of Fand
Tears
For Fears – Rule the world (Best of)
Ulver
– Perdition City
La scène ?
Ce
n’est pas au programme pour l’instant, je préfère garder le peu
de temps que j’ai à côté de mon boulot et de ma famille pour
composer de nouvelles chansons. On à quelques dates de prévu avec
Cowards cependant. La prochaine est à Chelles le 4 Avril 2019.
Si Heaume Mortal devait être un proverbe ou une citation ?
« Je
n’ai jamais animé de skyblog désolé ! »
D'ailleurs, ce nom, étonnant, mélange de français et d'anglais, de
médiéval et de modernité, que signifie t'il ?
C’est
simplement une partie de l’etymologie de mon prénom et un mélange
des noms de famille de mes parents, rien de bien occulte.
Le mot de la fin est à vous :
Merci.
Merci
Heaume Mortal:)