Bonjour Marco, merci d'avance de répondre à ces questions ! Vous avez fêté avec Treponem Pal vos trente années de sévices voici deux ans (2017). Quel regard global portes-tu sur cette incroyable carrière ?
Ça a été oui une incroyable aventure .. Nous avons eu beaucoup de chance des 1989 année ou nous avons signé avec road runner … Je me suis retrouvé dans un avion pour New York pour faire des interview .. et puis a travers l'Europe : promo album à Londres, Berlin, Amsterdam …Nous étions distribué dans le monde entier et nous avons fait de très bonnes tournées a travers l'Europe avec Prong Godflesh, Nine Inch Nails, Young Gods, Pitch Shifter etc … En 1992 moi et michel bassin guitariste nous sommes partis jouer aux usa avec Ministry sur la tournée Loolapalooza .. En 2001 on est chez mercury apres avoir sorti l'album Higher on projeté de faire ELEPHANT SYSTEM et la encore le label nous donne les moyens et nous partons enregistrer avec Adrian Sherwood a Londres super expérience ….
Quand vous débarquez en 1986 vous êtes les pionniers du Metal Industriel français. Vous êtes aussi influencés par le Punk Hardcore. Peux tu nous dire justement quelles étaient vos différentes influences à l'époque et comment le groupe s'est formé ?
Le groupe s'est formé en 1986 on étais une petite bande de punks et on s'intéressais a tout ce qui envoyait fort quelque soit le style mais avec un gout prononcé pour la musique industrielle comme Laibach einsturzende neubauten swans etc …. mais on kiffait autant le reggae et que le rap comme Public Enemy, Epmd, Afrika Bambaata etc …et aussi donc le punk hardcore qui déferlait sur l'Europe comme Big black, Black flag, Germs, Bad brains etc ..
Nous nous sommes imprégnés de tout cela : chaque titre devait être un condensé de toutes ces vibes ….
En 1989 vient le temps du premier album. Il est produit par Franz des Young Gods, groupe dont vous étiez proches, et sort (s'il vous plait) chez Roadrunner ! A l'époque c'est un sacré label ! Comment avez vous « réussi votre coup » ?
Ça a été un coup de chance incroyable . Nous connaissions un journaliste Phil Pestilence qui travaillais pour hard rock mag. Nous lui avons donné une demi il nous a dit qu'il partais faire écouter plusieurs groupes français a Amsterdam au label road runner … Une semaine plus tard il m'appel et m'annonce que sur les différents groupes présentés c'est nous qui étions retenus pour un contrat. On a pas paniqué on a vu un avocat et on a signé le mois suivant.
Arrêtons nous un instant sur ce premier album. Vous y jouez un Rock/Metal Indus hypnotique déjà caractéristique de votre style, avec, je trouve, une relation avec le style de Young Gods. Etait ce une inspiration pour vous ? Quel regard portes-tu aujourd’hui sur ce premier méfait ?
Je trouve que ce premier album n'a pas vieilli . Les Young Gods n'ont pas été une influence on a évolué en même temps .Eux avec une approche plus psychédélique et nous un peu plus métallique …
Très rapidement vous vous faites un nom pour vos prestations scéniques, spectaculaires. Peux tu nous parler de votre relation à la scène ?
La scène pour moi est ce qu'il y a de plus important . Déferlantes de décibels sur le public : c'est vraiment quelque chose de jouissif.
Je vous ai découvert pour ma part à la sortie d' Aggravation votre fameux deuxième album. J'écoutais des groupes « alternatifs » à l' époque comme La Muerte ou, plus loin de chez nous, Faith No More. Cet album m'a scotché et je l'ai trouvé vraiment effrayant de par son atmosphère sombre qui m'a rappelé les premiers Voivod (avec ces dissonances en plus!) et qui, j'en suis convaincu, à influencé une myriade de groupes, dont un que j'admire beaucoup dans un autre style, Blut Aus Nord. Cet album est immense et n'a pas vieilli de mon point de vue. Et toi, qu'en penses tu ?
Si je pige bien tu parles d'aggravation ….pour moi c'est un album de mutation je préfère de loin Excess and Overdrive qui est très abouti ….
Vous vous retrouvez alors à partager la scène avec Ministry, KMFDM, Prong, Nine Inch Nails, Pitchshifter ou Godflesh. Vous boxiez dans la même catégorie au début des années 90. Quel est ton regard sur cette période ?
Ça a été la plus belle et fructueuse période on étais vraiment en liens d'amitié avec ces groupes …Ce sont eux qui sont venus nous brancher pour tourner avec eux et ils nous ont mis tout a disposition le son les lights le tour management etc ...
Excess and overdrive va suivre en 1993, sur lequel vous concurrencez directement Ministry, avec un son qui se métallise encore un peu plus et s'alourdit. Les excès et la distortion de cette époque sont ils encore de bons souvenirs ? Et cet album alors ?
Excess and overdrive reste un album culte pour tous les fans je pense … Ce sont de très bons souvenirs, surtout en live, on avait la rage et étions rodés aux tournées donc on avait un super controle sur scène : tout s’enchaînait a la perfection …Aujourd'hui on joue encore pas mal de titres de cet album ...
Comment vous positionnez vous alors dans la scène rock française ? Vous deviez vous sentir un peu « à part », non ?
OUI et NON … Il est clair que nos influences ne sont jamais venus de france mais de groupes uk et usa principalement. On est passé pour des ovnis je pense de la vision qu'avait la scène française a notre égard. Nous écoutions beaucoup de genres différents et très extrêmes que la france ne connaissait pas comme SWANS HEAD OF DAVID ou encore GODFLESH et bien sur MINISTRY a leurs débuts .
CONSÉCRATION ET PROVOCATION TOUS AZIMUTS !
Après l'EP Pushing You Too Far sorti en 1993, vous allez connaître une véritable tornade médiatique à l'époque de l'album Higher dans lequel vous dévoilez une nouvelle facette, plus Dub, du groupe, même si l'indus/metal y est toujours bien présent. En 97, année de sortie de l'album, vous faites votre fameuse apparition à Nulle Part Ailleurs et l'épisode dit de la « stouquette ». Je peux vous dire qu'à l'époque j'ai fait partie des réjouis ! Quel moment de télé ! Comment vois tu cette époque aujourd'hui, et cette prestation hallucinante et punk à l'extrême ?
Punk a l’extrême oui c'est bien le mot ….Mais je ne tire aucune fierté de cet acte c'était un coup de poing violent et on a vite tourné la page. La presse a été énorme et ça a boosté nos ventes….
On ne pourrait plus faire ça aujourd'hui, non ?
Pas sûr ! tout est toujours possible …..
L'album Higher sort en pleine vague « fusion » (rap metal, funk rock...). Vous sentiez vous partie prenante de ce mouvement avec FFF, Lofofora et autres ?
Non pas du tout... nous étions encore une fois en avance sur le temps . Nous écoutions énormément de DUB anglais qui émergeait comme EARTHQUAKE ALPHA AND OMEGA DISCIPLES et puis depuis très longtemps tout ce que produisait ADRIAN SHERWOOD sur son label ONU SOUND. C'est lui qui a produit l'album d'ELEPHANT SYSTEM .
Toujours sur Higher, votre goût pour le Dub était-il déjà ancien ou émerge t'il à cette époque ?
On a toujours écouté du reggae dub. Dès les premières tournées on écoutait du reggae dans le camion pour se reposer les oreilles et mettre d'autant plus le feu le soir venu sur scène …. Pour info le punk et le reggae ont toujours fonctionné en parallèle.
MORT ET RÉSURRECTION DE TREPONEM PAL
Vous vous séparez en 2001 et tu pars former avec Didier Breard, Elephant System. Etait ce du uniquement à une envie de jouer autre chose ou y'a t'il d'autres raisons à ce hiatus de TP ?
Elephant system a été une superbe expérience produite par le king du reggae dub anglais ADRIAN SHERWOOD qui a produit autant de rock que de reggae comme NIN, TACKHEAD, MINISTRY ou encore LEE PERRY ET LE DUB SYNDICATE. Il nous a mis tout son crew a disposition … Les cuivres de UB 40 et LINTON KWESI JOHNSON ..L'harmoniciste Alan Glenn des YARDBIRDS … Et BROTHER CULTURE chanteur jamaïcain de haut vol…
Nous étions a ce moment là saturés des guitares et du son industriel nous voulions vivre une expérience complètement différente… Quelque chose de vraiment nouveau. Un break pour TREPONEM PAL qui nous a fait du bien.
Elephant System pour toi et Didier, avec lequel vous sortez un album en 2001, dans une veine Reggae/Dub, tandis que Didier Serbourdin, votre batteur de TP forme un groupe de Techno Metal, Fast Forward. Goran, votre ancien bassiste, part dans le Dub « bruitiste » avec Lab. Quel est ton regard sur ces différents projets, et les apprécies tu toujours ?
Chacun fais ce qu'il lui plait et c'était très bien comme ça.
Si c'était à refaire, splitteriez vous à cette époque ?
Oui très certainement.
Treponem Pal se reforme donc en 2006. Qu'est ce qui amène ce retour ?
C'est la rage qui nous animait le retour au rock'n roll, la furie punk nous manquait . Nous avons sélectionné POLAK a la guitare sur une dizaine d'auditions assez désastreuses. Il jouait nos anciens titres a la perfection et a su s'adapter a ce que nous projetions de faire.
L'expérience Elephant System a t'elle beneficié à Treponem Pal ?
Non pas du tout : les fans de TREPONEM PAL ont détesté cet album pour la plupart… 2 publics totalement différents.
Weird Machine qui voit le jour en 2008, est votre album du « come back ». Vous êtes alors signé chez Listenable qui va devenir un label de référence. L'album marque une inflexion par rapport à votre style d'origine, comme poussant plus loin les expériences de Higher. Si je te dis que j'y ai trouvé des couleurs qui m'ont fait penser à Faith No More ou Mister Bungle, ça te surprend ?
Ah ben je ne sais pas, pourquoi pas ? Les ambiances sont toujours aussi sombres et le groove assez industrial .
Retour très réussi en tous cas ! Qu'en penses tu dix ans après ? Quel fut l'accueil du public ?
L'accueil a été assez mitigé mais je kiffe cet album. C'est le plus rock'n roll que nous ayons fait.
Vous nommez votre style actuel sur votre bandcamp « Heavy Mental & lysergic Punk Blues ». L'industriel est-il encore un des composants de votre son ? Et si oui comment ?
On s'est trouvé plusieurs appellations comme ça pour nous définir comme goth rock, industrial rock, death punk etc..
Le coté INDUSTRIAL est toujours là de part les rythmes répétitifs que nous développons et les sons que produit Didier Breard qui sont toujours hallucinants et entêtants ...