Éloge de la diversité, éloge de la différence...des titres qui semblent banals à première vue mais sont brûlants d'actualité tant, malheureusement, chacun semble camper sur ses positions, avec une pression sociale accrue qui devient une obligation de choisir son camp dans le champ des idées... Ainsi de l'engagement politique, revenu en force dans notre pauvre musique "rock et associés" qui n'en demandait pas tant. Ainsi des engagements "sociétaux" qui envahissent la moindre conversation et tournent vite au pugilat verbal sur les réseaux dits sociaux. Étrange époque de paradoxes : la lâcheté et l'hypocrisie y sont accompagnées d'une agressivité (bien au chaud derrière son clavier) qu'il nous faut dénoncer. Et si, être rebelle en 2019 c'était de prôner la paix plutôt que la guerre ? En attendant, le Scribe continue sa route de défrichage des musiques actuelles, faisant fi des querelles de clochers, fort peu intéressantes...Bienvenue dans cette 22ème édition des Crocs du Scribe ! Bises Le Scribe
DISOWNING HUMAN CATTLE (2019 XENOKORP)
Death Metal - A paraître le 12 Juillet 2019
Les poitevins de Disowning, récemment formés, viennent avec ce premier album nous prouver que le Death Metal n'a pas fini d'avoir des choses à nous dire, hors des circuits des sous-genres balisés (blackened death, brutal death tech et compagnie). Il est vrai que Xenokorp, label artisan de qualité, nous a habitué a des productions de grande qualité en matière de Death (Ad Patres, Skinned) ou de Grind (Defecal Of Gerbe, Inhume). Ce Human Cattle est donc un vrai bonheur pour ceux qui cherchent des groupes capables de sonner "à leur façon" sans trop de références dans un genre qui, comme le Black Metal, a trop tendance à réputer les mêmes poncifs. Quid du contenu ? Nous avons affaire ici à un chant growlé profond et puissant, guttural a souhait, sur une base musicale à la fois mélodique et extrêmement lourde et puissante. Les compos sont sophistiquées (deux membres de Disowning jouent du Prog dans Hyskal, ceci explique cela) sans être démonstratives, et les tempi sont variés (rarement trés rapides, appuyant davantage sur la lourdeur de l'ensemble). La prod de Sylvain Biguet (déjà à l'oeuvre sur les merveilles d'Ataraxie et Trepalium) ne fait que renforcer l'impact : pas trop claire tout en étant puissante, elle renforce le propos sans jamais le lisser.
La basse ronronne, groovant à souhait, tandis que les guitares nous entraînent dans de savants riffings pleins d'arabesques ("Another piece in my collection" excellent !). Un pur album pour nous donner notre pain quotidien de metal de la mort, pour mieux oublier le virage mou du genou des stars du genre comme Amon Amarth.
Chez Disowning ça bastonne à souhait, mais juste ce qu'il faut, et jamais aux dépends de la musicalité de l'ensemble, pour un album dont on n'a qu'une envie lorsqu'il se termine : le repasser !
La Note : 9,5/10
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BETHLEHEM LEBE DICH LEER (2019, Prophecy Productions)
Dark Metal - Paru le 17 Mai
Un album des allemands de Bethlehem est toujours un événement en soi. Ces féroces pourvoyeurs d'un Black Metal très libre et avant-gardiste depuis 1991 (eh oui !) ont toujours déjoué les pronostics en brisant les frontières des genres, mâtinant leur base BM avec des éléments rock, indus, post-punk, doom, electro, expérimentaux pour créer ce "Dark Metal" dont ils se sont autoproclamés (afin de se distinguer du Black, un genre qui a pour eux des codes précis et ne correspond pas à leur univers). Grosse influence du milieu DSBM, qui a largement pioché dans leurs sonorités dépressives et mélancoliques, le combo a tout du groupe "culte" par excellence. Ce huitième album, Lebe dich deer est un véritable retour aux sonorités originelles du groupe, bonifié par la présence de l'incroyable Onielar, screameuse flippante chez Darkened Nocturn Slaughtercult, véritable sorcière des cordes vocales ! Déjà présente sur l'album précédent et éponyme, Onielar colle a merveille à l'univers morbide et ténébreux de Bethlehem.
Ce Lebe dich Leer fait froid dans le dos, a n'en point douter mais a pour lui toute la qualité mélodique et musicale du travail de Bethlehem, qui ne se contentent jamais de faire frissonner ou de désespérer l'auditeur. Un album old-school et expérimental à la fois, comme seuls les grands peuvent le proposer : immanquable !
LA NOTE : 9/10
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FULL OF HELL Weeping Choir (2019, Relapse records)
Grindcore/Harsh Noise Extrême et plus ! - Sorti le 17 mai
Full of Hell ou une nouvelle leçon de violence musicale ? Oui, c'est sûr ! A déconseiller aux âmes sensibles, ce nouveau méfait des kings du Grind/Harsh Noise est par contre a conseiller a toutes celles et ceux qui cherchent des sensations fortes et pensent que l'on peut encore reculer les barrières de l'extrême musicale. Pourtant, dans les faits, FOH ne font que reprendre des éléments pré-existants (à savoir, en gros, le Grind de Napalm Death et la Harsh Noise façon Merzbow) et sont plus audibles que, par exemple, Whtehouse. Mais c'est dans l'intensité de leur interprétation que se trouve la clé de leur hyper-violence et du ressenti glaçant qu'elle provoque.
Après des splits en déplaisante compagnie (Merzbow, Nails et autres apôtres de la méchanceté gratuite), ce 3ème album en dix ans d'existence distille les cartouches : du grind furibard (Burning Myrrh) a la Harsh Noise expérimentale (Rainbow Coil et ses relents de...Merzbow) et des choses plus dures à identifier mais qui provoquent une perte soudaine des dents (Aria of Jeweled Tears) : Full of Hell, plein d'enfer n'a rien inventé, peut-être, mais la haine les habite de long en large, et leurs capacités à traduire cela en une musique inventive, moderne et personnelle sont absolument prodigieuses !
Ce "choeur des pleureuses" de toute beauté nous prend à la gorge et pousse la perversité jusqu'à nous laisser penser que l'accalmie est possible (le très Sunn O))) Armory of Obsidian Glass, du moins la majestueuse intro toute de drones) pour mieux nous pilonner par la suite. Car le groupe a cette science qui leur permet de doser leurs coups, pour en renforcer l'efficacité, tout en ayant l'intelligence de ne pas saborder leur grande originalité et musicalité sous des couches de larsens pendant 35 minutes. Cet album est une merveille, et Full of Hell un putain de grand groupe !
La Note : 10/10
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RAMMSTEIN RAMMSTEIN (2019, Nuclear Blast)
Electro Tanz Metal - Paru le 17 Mai
Qu'attendre d'un nouvel album de Rammstein en 2019 ? Autant nos amis pyromanes tordus ont fait du bruit à leurs débuts avec des albums vraiment originaux (même si bien influencés par Oomph ! et Laibach) et une mixture electro-metal martiale purement efficace jusqu'à "Mutter" (inclus), autant la recette s'est vite trouvée épuisée, le groupe ayant une fâcheuse tendance à exploiter le filon de sa recette, il faut le dire, très populaire et lucrative. Alors, bien sûr, Till, Richard et les autres ont gardé un savoir-faire indéniable, et la voix de Till a toujours été un vrai atour dans le jeu des germains, de même que la raideur de leur rythmique, les sujets tendancieux qu'ils ont pu exploiter et un goût pour la provoc qui leur a parfois joué des tours mais leur a aussi rameuté du public en masse.
Ne nous méprenons pas : le groupe a toujours la science de la pop song musclée aux hormones ("Radio" est un tube en puissance, "Zeig Dich" est épique a souhait) mais ce goût de déjà entendu (plusieurs fois) ne nous quitte pas tout au long de l'écoute (allant jusqu'aux premiers mots de "Deutschland" et son "Du hast..." quasi-embarrassant. Alors, dix ans d'attente pour un album en mode "décalque" c'est un peu juste, non ? Le groupe va continuer d'enflammer les scènes du monde avec ses tubes incendiaires (lol) mais de nouveauté il ne faudra pas escompter de leur part. En bons Ac/dc du Metal electro, ils reproduisent un schéma déjà rebattu (en mieux) sur leurs trois premiers albums. Pourquoi pas ? me direz vous, si c'est ce que veut le public (et surtout Nuclear Blast ?) mais il faudra se tourner vers les clips pour espérer quelque chose du nouveau Rammstein. En effet, les clips de "Deutschland" et "Radio" sont magnifiques, rien à dire de ce côté là. Sinon, musicalement parlant, je retourne perso réecouter "Sehnsucht" et "Mutter".
La Note : 6/10
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PROCHAINS CROCS DU SCRIBE :
SEULES LES MORTES
KARV DU
STROMPTHA
CRASHTIME
M8L8TH
ET DES SURPRISES !