Sauvages et libres : tels sont les héros du Rock belge La Muerte. Inclassables depuis toujours et pour toujours, ils restent en dehors des clivages : trop Metal pour les rockeurs, trop Rock pour les métalleux, trop Psyché pour les fans d'indus...Bref, un groupe qui vit depuis 35 ans au fil de son inspiration...Longue vie LA MUERTE !
Votre première incarnation remonte à l'an de grâce 1983. Comment le groupe s'est-il formé, et comment en êtes-vous arrivés à ce nom emblématique La Muerte ?
Marc du Marais : J'étais à fond dans la scène Australienne avec en haut de la pyramide Birthday Party et Radio Birdman pas loin. J'achetais tout ce qui venais de là-bas, via Jean Louis Gozet vendeur chez Caroline music Import sans lui j'en serai resté à MC5 et les Stooges...
J'étais fasciné par la vision UrbanSwampBlues de cette scène, qui était produite sur des labels indépendants obscurs, il y avait ce son très particulier à la fois blues et très psychotique...Je ne voyais aucun équivalent en Europe et peut être No NY pour les
USA, Lydia Lunch,Controtions...
Je reçois une claque quand Birthday Party passe au Plan K en 1983 et là je me dis voilà le groupe parfait, c'est cela que je veux faire je m'en souviens comme c'était hier, chaque membre de ce groupe avait sa personnalité et plutôt forte. Il y a un autre truc qui m'a fait rigoler à l'époque...les 3/4 du public avait détesté ces mecs, tu peux chercher les critiques papier de l’époque, Birthday Party ne faisait pas l'unanimité et maintenant Nick Cave est au pinacle... Bref juste pour te dire que le public en général est très conventionnel même dans l'underground et surtout dans le rock...Si ce n’était pas Iggy Pop, Les Cramps, ou les Meteors, ce n’était pas bon, tu vois le genre.
Plus tard sur notre Label Soundwork, nous avons signé The Scientists pour un Maxi
DEMOLITION DERBY la parenthèse Australienne peux se refermer. Je pars à la recherche d'un groupe plutôt d'un guitariste et après une tentative avortée avec les anciens Melody Massacre, Je rencontre D.J dans un bar...2 jours après nous sommes en Test/répétition ; D.J trouve un batteur qui s'enfuit après 2 morceaux. Par contre pour D.J et moi l'affaire était conclue... pour la vie, non pour la mort !
Dee-J. : Nous partagions sans nous connaître, les mêmes goûts musicaux, et le même disquaire. Même goût pour la scène australienne, et pour ma part tout ce qui sortait
des sentiers battus. Bien qu’adorant Jimmy Page, ce ne sont pas les virtuoses mais ceux qui sortaient des choses simples et très efficaces qui m’ont inspiré à jouer comme je le fais... Andy Gill, Daniel Ash, Rowland s Howard, Geordie... J’ai un souvenir très vivace de cette première répétition. Si on peut appeler ça comme ça...
Une répétition à deux avec un batteur d’emprunt, et nous étions conquis par la formule. Le batteur nous a dit que nous a traité de fous. La Muerte est pour moi, le résultat d’une frustration musicale par rapport à la scène belge qui manquait je trouvais de personnalité(s) et de tranchant. Lorsqu’il a fallu choisir un nom, La Muerte est venu très facilement. Choisir un nom hors du commun, qui collait avec notre slogan d’introduction « le chaînon manquant entre Dali et les Stooges », pouvant ne pas être de consonance British. Une liste a été faite. On trouvait que LM sonnait. Une référence à Garcia Lorca. Ce n’est pas notre bassiste indépendantiste basque espagnol de l’époque, qui allait nous contredire !
Vos grandes influences d'alors étaient The Birthday Party (avec Nick Cave), Les Stooges, Motörhead... Who else ?
Dj : Toute la scène australienne. Scientists, Boys Next Door etc... évidemment. Mais une scène européenne underground s’est développée avec les mêmes racines... Inca Babies en UK, etc. Je considère perso que tout est une influence, consciente ou inconsciente. Tout passe par ton cerveau et laisse une trace marquante ou pas. Ce n’est pas non plus que de la musique, c’est une attitude, un état d’esprit créatif et rebelle.
Marc : Le Delta Blues, Original Soundtracks,Damned, Pop group,PIL, les films d'Horreurs et Gore,Salvador Dali, Cassius Clay,Rick Griffin,Stanley Mouse,Russ Meyer,Kenneth Anger,Peter Lore,SHe devil on wheels,200 Maniacs,Lee Van Cleef,Blue Cheer,Syd Barrett,Fandria record 5,John Willie, Witkin... à l'époque et toujours maintenant nous étions influencés autant par de la musique que des personnalités que par des objets que par des peintures de carrosseries de bagnole, que par une tronçonneuse...Nous étions comme des éponges ,tout était bon à nous sculpté notre personnalité musicale, .Et pareil que Birthday Party, personne à l'époque était intéressé par la Kustom Kulture (Georges Barris,Rat Fink... Hélas tout cela a été récupéré) ou Psychotronic .C'était rare de rencontrer quelqu'un pour discuter de nos pôles d'intérêts que cela soit musical ou autre...en 1984
Vous êtes Bruxellois et je dois avouer une certaine fascination pour le rock belge, qui me paraît plus libre que son homologue français. Est-ce de ma part une erreur ?
Marc : Je pense que tu fais erreur...Libre !? comme je l'ai dit plus haut le gens sont plutôt frileux et conventionnel en tout cas ici à BXL. La premier Maxi de La Muerte a été reçu à coup de pierres même mes meilleurs potes détestaient, c'était vraiment un chemin de croix, Nous avons D.J et moi envisagé partir vivre à Londres pour cause d'incompréhension. Quand la presse locale te descend et que le public ne veut pas te suivre...Tu dois créer un réseau international pour survivre Le premier Maxi a été signé chez Red Rhino(GB) ,Le deuxième Maxi a été très bien reçu en Angleterre , nous avonsfait les premières partie de Jesus And Mary Chain, ils nous adoraient puis Single of the Week dans le NME et ensuite invité par John Peel pour une Session et à partir de là les choses se sont améliorées en Belgique et encore...c'est surtout l'Europe (Tournée) et les USA/Japon ( disque sorti chez Caroline Records ,on passait beaucoup sur les radios universitaires et Alfa Records label Japonais qui nous a sauvé. Pas la Belgique ...parmi nos fans de l'époque un certains Brian Hugh Warner(Marilyn Manson).Et je n'étale pas des trophées ni d'amertume j'explique des faits, la Belgique n'y est pour rien en tout cas au début après les choses ont changée progressivement mais vraiment plus tard et à force d'enfoncer le clou...
DJ : Il y a effectivement une personnalité et une indépendance qui s’exprime assez fort chez nous. En France, c’est différent. Je me rappelle qu’à l’époque Bérurier Noir, tous les groupes voulaient faire du Béru. Plus tard à l’époque new metal, tout le monde voulait être Pleymo ou Watcha. Il n’y a que ces dernières années que certains groupes avec une identité plus propre voient le jour : Gojira, Hangman’s Chair, Perturbator... exception faite de treponem pal sans doute.
Pour le reste la Belgique est un petit marché comparé à l’Allemagne ou la France...
De plus il est scindé en deux linguistiquement. Nous sommes de Bxl, ni flamands ni
wallons... Autant un avantage qu’un inconvénient. Mais il ne faut pas avoir une
fausse idée. Ok il y a une certaine liberté qui émane peut-être de Bxl, pour certains
groupes comme nous, mais on paye cette indépendance ou cette liberté de
personnalité. J’insiste c’est un fait, je ne m’en plains pas ! Il suffisait d’arrondir les angles, polir, et faire quelques concessions musicales et nous serions ailleurs...mais nous serions plus entiers.
Ce qui est génial chez vous c'est que l'on s'arrache les cheveux pour vous « ranger » dans une case, Metal Alternatif, Rock’n’roll extraterrestre macabre. C'est une chance d'être aussi hors-normes. Avez-vous aussi l'impression d'en avoir parfois payé le prix ?
Dj : Bien sûr ! Pour les métalleux, nous ne reproduisons pas les clichés du genre, pour les rockers, nous sommes trop agressifs, pour les new wave, nous sommes trop lourd, etc... L’histoire de ma vie !
Ça a du bon, sans doute, mais du mauvais... Nous ne faisons partie d’aucune « famille » ... Encore aujourd’hui cela reste un combat... Encore aujourd’hui nous en payons le prix...
Marc : Oui tu peux le dire inclassable, cela nous a joué des tours on se retrouvait parfois dans les bacs New Beat de chez PIAS chez les disquaires incultes, on devenait dingues, Pas assez métal pour les métalleux, pas assez garage pour les Sixties, pas assez Indus pour les industriels, pas assez psycho pour les psychobilly pas assez blues pour les bluesmen, pas assez punk pour les punks... aaah les Eglises, nous ont les brulait pour Créer notre propre chapelle/secte et ce qui est paradoxal notre public était composé par ce même public mais la crème curieuse... par contre les strip-teaseuses nous aimaient bien y en a une qui nous a accompagné en 1994,héhéhé.Voilà c'était notre choix on a dû se battre et on se bat toujours.
Votre premier Ep The Surrealist Mystery est sorti en 1984. Il y a donc 35 ans. Quel regard rétrospectif portez-vous sur le jeune groupe que vous étiez alors ?
DJ : Il s’est passé moins de six mois entre notre première rencontre et cette sortie. Je me rappelle qu’on ne voulait pas tergiverser. Inutile d’attendre une hypothétique signature sur un chèque de label. J’ai emprunté de l’argent et on l’a fait. Je ne pense pas que quelqu’un à l’époque aurait investit un centime en nous ! C’était relativement couillu de proposer ça à l’époque. On ne s’était pas trop posé la question !
Marc : Nous étions jeunes, naïfs, plein d'espoir, aventureux, hargneux, créatifs, entrepreneurs, plein de défauts aussi. C’est ce qui faisait notre force et notre style, nous détestions les virtuoses, nous avions une faiblesse pour les petits maîtres inconnus, nous ne regardions jamais derrière nous, nous tissions notre toile et nous n'attendions rien de personne, nous étions des O.V.N.I mais pour terminer nous sommes toujours les mêmes nous raisonnons toujours de cette façon, dans ma cervelle je n’ai pas changé j'ai toujours l'impression d'être un gamin.
En 87 surgit votre premier album, Every soul by Sin oppressed et son Rock Garage sinistre et hypnotique. A l'époque, hormis effectivement The Birthday Party, vous n'aviez pas beaucoup d'équivalents ?
Dj : Non effectivement. Ou c’était très underground... Je pense que chaque pays devait avoir son mouton noir. The Leather Nun en suède, etc...
Marc : Il faut le constater il n'y avait aucun équivalent en Europe, peut-être en Angleterre avec Bomb Party ou Inca Babies...Bon il y avait toujours les Australiens, mais ils se faisaient rare a part The Scientists.et bien plus tard White Zombie (le premier album était proche de notre style) ; nous étions sur le même Label aux USA.
Je vous ai découverts pour ma part avec l'album Experiment in Terror que j'ai écouté en boucle en 1990. Album plus lourd et Metal que ce que vous faisiez à vos débuts, même si la touche Garage est toujours là (enrichie d'une couleur country/blues/folk) J'ai été fasciné par ce son unique, je vous découvrais en même temps que nos frenchies de Treponem Pal, et, même si vous ne jouez pas le même style de musique, vous êtes associés dans mon cœur. Comment parler de ce disque hallucinant à nos lecteurs d'aujourd'hui ?
DJ : perso cela reste un de mes favoris. Parce que cet exercice de style périlleux que sont les reprises, m’a permis de repousser mes limites, et d’évoluer techniquement.
Un album qui a demandé énormément de travail. Entre la liste de 35 titres sur papier, et la sélection finale de 10, il y a eu énormément d’exploration et d’essais ratés. Des versions inachevées ou avortées car elle ne correspondait pas à notre vision. J’avais même proposé Les Oiseaux de Passage de Brassens à l’époque ! Je trouvais que le texte nous collait bien. « Regardez les passer, eux ce sont les sauvages... » On m’a dit que je poussais trop loin ! C’est quand même le seul album que nous avons entièrement enregistré, et mixé pendant des jours, pour finalement tout jeter et le recommencer une seconde fois parce que le résultat n’était absolument pas ce qu’on en attendait !
A l’époque je me rappelle que tout le monde ne comprenait pas comment on pouvait s’intéresser à ce « has been » de Cash... C’était longtemps avant que Rick Rubin ne le remette à la mode !
Marc : C’est un album qui résume bien qui nous sommes, et d'où viennent une partie de nos influences.
1 -Experiment in terror est notre Hommage au film noir et aux des nombreux maîtres de la musique de film ici Henri Mancini, mais cela aurait pu être Lalo Shiffrin, Dominic Frontière et j'en passe, ce morceau est hypnotique et enivrant, il me donne toujours des frissons et je suis plutôt fière de cette version
2-Crazy Hoses du pure Bubble-gum rock par une fratrie les Osmond façon Boys band 70's qui prouve qu'on peut aussi adorer la musique de Juke box.
3- San Quentin : pièce déglinguée du Maestro Johnny Cash
4- Marie Jeanne : la version française de ODE TO BILLIE JOE de Bobbie Gentry,
Nous en avons fait un truc vraiment glauque et angoissant je dois l’avouer ! nous avons transposé le Sud de la Louisiane dans les zones industrielles abandonnées du Hainaut.
5-Blues For Findlay : Une reprise du morceau de GonG qui était le support sonore d'un documentaire/Fiction sur le Continental Circus et en particulier sur un outsider
Jack Findlay, un gars sans sous qui fait tout pour battre Giacomo Agostini le Campionissimo le Playboy. Film Fabuleux et le morceau aussi !
6-Kung Fu Fighting/ prouve que l'on peut avoir de l'humour...noir et que l’on riz Jaune.
7-Summertime blues/ nous en avons fait une version hard psychédélique façon Blue Cheer On casse tout On détruit tout et on s'approprie tout.
Dans vos influences vous citez Johnny Cash et Laibach. C'est carrément ça ! J'adore les deux et vous ressemblez parfois à une synthèse de cette country dark et swamp et de sonorités plus urbaines et indutrielles. On connait aussi votre goût pour le cinéma d'horreur
(Massacre a la tronçonneuse, Roger Corman, Boris Karloff et les films de serial killers). Pourriez vous nous parler de vos influences littéraires ?
Marc : Le Spectre de mes références littéraires sont très larges et dans tous styles cela passent d'un manuel d'entretien du V8 Chevy, en passant par les cartoons de Tex Avery, les dialogues de film d'horreur, les faits d'hivers glauque de la presse quotidienne. Mais aussi la littérature fantastique de l'écrivain Gantois Jean RAY, les polars de James Ellroy, le monde décadent et grotesque d'Harry Crew, les romans photos de Satanik...et les paperbags populaires Sudistes.
Dans l'interview que tu viens, Marc, de donner à New Noise, tu parles de ton goût pour le Black Metal, le Drone et le Doom. Peux tu nous en parler plus en détails ?
Marc : Ce sont les seuls genres musicaux actuellement qui m’emmène ailleurs, c'est du domaine de la transe, de l'expérience physique, psychique et sonique, je parle de la musique live en l'occurrence il faut avoir vu au moins 1 fois Steven O Malley pour comprendre cette expérience physique. Bon je parle du plus connu mais le reste est souvent énorme et obscur à la fois. C’est toujours tendu et extrêmement violent et j'aime ça. Il y a un event très important à Bruxelles, le A Thousand Lost Civilizations début Mars à ne pas rater !
Qu'est ce qui vous a fait « débander » (lol) en 1994 ?
Dj : Nous étions physiquement et créativement au bout du rouleau ! Le régime qu’on s’était imposé était très élevé. A partir de nos années PIAS (88), nous avons pratiquement tourné à un album/ une tournée pour 15 mois. Cela voulait dire composition – studio – mixage – tournée – composition... Il faut se rendre compte que nous touchions à tous les processus : enregistrement, mixage, production, pochette, videos, lay out, graphisme, management... Se lever avec LM et se coucher avec LM en tête. En 93 nous avions aussi prévenu PIAS qu’il faudrait passer à l’étape supérieure : travailler avec un producteur, investir beaucoup plus, viser plus haut... Ils n’étaient pas très réceptifs à l’idée. Faire du sur-place ne servait à rien. On a préféré tirer notre révérence plutôt que de faire du surplace. On l’a fait en beauté, je trouve, en balançant des centaines de vinyls dans le public, de notre concert d’adieux, et avec par la suite, un très beau coffret live avec booklet de 24 pages réalisé par Denis Grrr.
Marc tu reviens en 2015 avec un nouvel équipage pour ressusciter La Muerte. Quel était l'objectif premier de cette résurrection ?
Marc : Franchement la résurrection ce n’était pas prévue c'est un concourt de
circonstances et de rencontres, c’était au départ juste un one Shot de 5 tracks dans un Loft Gantois façon Factory de Warhol pour un event, les choses ont évoluer d'une façon imprévue, il n'y avait pas de vrai plan de route, nous avons travaillé au coup par coup, faut savoir quelle nouvelle section rythmique joue tous dans leur projet personnel (Length Of Time, Arkangel, Wolvennest, Channel Zero) donc agenda compliqué.
D.J, Moi et le nouveau Gang, nous avons fusionné très vite, Kirby, Cris Z, et Tino sont vraiment balaises...Pour s’apprivoiser nous avons décidé de sortir 2 Maxi avant l'Album comme en 84.
DJ : Pour moi une reformation était loin d’être à mon ordre du jour ! On avait fait un excellent one shot en 97 devant 15000 personnes au festival de Dour. J’en gardais un très bon souvenir. Moins des répétitions. J’étais passé de l’autre côté après LM. Production, label manager de WattsOnRecords, pas mal de tournées comme mixeur live... Je ne voyais pas trop l’utilité d’une reformation. Marc le savait. De plus sur 10 reformations, 9 sont souvent décevantes. Quand il est revenu vers moi avec les noms qu’il avait en tête, ma curiosité était éveillée. Cela devenait plus intéressant. Puis étant un groupe très physique sur scène, mon gros souci était de savoir si physiquement ce serait toujours ok. Comme Ali, avant et après sa pose forcée !
Tout ça ne devait être qu’un one-shot pour l’ouverture de ce loft. Puis on nous a directement offert l’Ancienne Belgique, salle mythique, sur un plateau. Un label s’est proposé pour le live... Et tout s’est enchaîné de façon naturelle et d’autres concerts ont suivi très vite...
Murder Machine votre Ep, concrétise ce retour en 2016. Peux tu nous en dire un peu plus ?
Marc : Pochette fabuleuse réalisée par Dave Decat qui vient de sortit un bouquin à acheter d'urgence VOYOUCRATIE. Un maxi fait pour un soundtrack de Slasher de 1984, un opéra trash et cruel...
Dj : comme en 84, l’envie y était. Faisons-le. L’occasion de voir si ce nouveau line-up pouvait composer ensemble... Nous ne pouvions pas tourner sans cesse avec le back catalogue ! Un chouette clip en 360° pour Wack this Guy. Il faut quand même aussi souligner que Mottow Soundz, le label était 100% derrière nous, et ouvert à toutes nos propositions. Nous avons embrayé l’année suivante avec nos potes de FRONT 242 pour un "Headhunter" historique, produit par Zeuss, le producteur de Rob Zombie.
Mort, meurtre, douleur, souffrance, noirceur, addictions, image horribles sont les mamelles de votre inspiration. Marc, d'où ça te vient tout ça ?
Marc : Au plus loin de mes souvenirs, je pense que cela vient de "l'interdit", pourquoi sommes nous autant attiré par ce qui est interdit sans doute parce qu'on veut savoir pourquoi on ne nous autorise pas à voir ou lire certaines choses. c'est l'inspiration derrière tout mon travail.
J'ai toujours été attiré par ce qui était sombre, mystérieux, érotique, obscur, loin des sentiers battus...je ne sais pas d'où vient cette curiosité, ce voyeurisme. Ce qui est absurde c'est qu’on me laissait regarder des cartoons (Tex Avery) on peut dire ce qu'on veut c'est extrêmement cruel, violent...et drôle.
Mes premiers LUI et poils pubiens c'était interdit et je ne comprenais pas pourquoi on me l'interdisait je trouvais cela cool et beau une femme nue cela me faisait beaucoup d'effet.
Ensuite je tombe sur les premiers Metal Hurlant qui me dirige vers des auteurs improbables je découvrais plein de choses et de nouvelles images, de nouveaux univers ensuite Midi Minuit Fantastique et le mouvement Punk qui va au-delà de la musique, bref tout cela m'a ciselé et me suis diriger vers ma préférence littéraire, j'aime les livres Insoumis, excentriques, sauvages, fauchés fait de sexe de violences et de débauche...Restons transgressifs : voilà le mot d'ordre.
Votre nouvel album, La Muerte, vient de sortir. Encore une fois, vous restez des inclassables, avec ce mélange de Heavy Metal et de pur rock'n'roll dans une ambiance noire et poisseuse. Entre Motörhead et Voivod, quoi ? J'ai été fasciné par l'énergie qui se dégage de ce putain de disque ! On dirait un nouveau « Never Mind the Bollocks » ! Comment as tu, avec tes petits amis, gardé autant la patate ?
Marc : Merci je prends cela comme un compliment, je ne sais pas d'où cela sort cette énergie hélas je n'ai pas réponse à tout.
Mais ce qui est clair c'est que Tino, Kirby, Chris Z, et D.J me transmettent la leur et
c'est déjà énorme !
DJ : “Anger is an energy” disait John Lydon. C’est assez ma philosophie. Le plus gros du travail a été effectué par Kirby, Chris et moi-même. Juste une question d’emploi du temps. L’enthousiasme et l’énergie de ces deux-là était très contagieuse.
Je pense que musicalement, c’est un melting pot de nos différentes racines. Et puis il y a le plaisir... Ça aide beaucoup !
Vous êtes un groupe précieux, car unique. Trouves tu l'équivalent chez certains groupes de la nouvelle génération ?
Marc :...Comme cela de mémoire, pas vraiment. Parfois je retrouve l'esprit mais de loin dans certains groupes de Black Metal...mais c'est tout.
Dj : j’ai travaillé comme producteur sur certains groupes que je trouvais précieux.
Cela reste rare.
Dans les nouveaux, Death Grips est quand même bien décalé par rapport au système.
Mettre ses albums gratos on line, refuser une tournée avec NIN,... J’aime bien cette philosophie...
Tes 20 albums préférés de tous les temps, dans tous les styles (si tu veux en mettre 25 sens toi libre)
Marc :
Exercice impossible cela va à l’infini...Je ne sais plus m'arrêter.
Burzum Burzum
Cult of Erinyes Aestvation
Arkangel Is your Enemy
Excuse Reinstaurer la peur
Deha 4.5.6
Damned Damned
Suicide Suicide
Pop Group Y
Bobbie Gentry Ode to Billie Joe
Lee Hazelwood Love and other Crimes et le reste...
Lalo Shifrin Dirty Harry
Carnivore Carnivore
Jimmy Smith The Incredible Jimmy Smith
Ennio Morricone Crime and Dissonance- Vergogna Schifosi- Indagine su un
cittadino al di sopra di ogni sospetto
Gong Continental Circus
Bo Diddley Black Gladiators
Pierre Henri Variations pour une porte et un soupir
Aesoth IV
Body Rice and friends Music , Martinis and Mysanthropy
Doctor Mix and the remix
Stooges Stooges
Birthday party Junkyard
Mc5
John Barry You only live twice
Cyclone Total Destruction
Dj : Que rajouter ? J’ai eu mon premier tourne disque à 6 ans, et donc mes premiers disques aussi ! Nous avons Marc et moi partagé le même appartement pendant pas mal d’années durant la période Lm, et donc pas mal de disques en commun! Je ne vais pas recopier les 3⁄4 de sa liste
Je vais en rajouter quelques-uns : Killing Joke (1er lp), PIL – Metal Box, Scraping Foetus of
The Wheel -Hole, Gang of Four – Entertainment, Alice Cooper – Billion dollar babies, Laibach – Opus dei, Swans – love of life, Spacemen 3 – sound of confusion,
the young gods – l’eau rouge, pas mal de musique de films..., Peter Gabriel, John
Lee Hooker, Suicide, Death Grip, Kraftwerk – autobahn, Barry Adamson, Puscifer –
V is for Vagina, je m’arrête là...
Si La Muerte delivrait un message quel serait-il ?
You sweat but you don't dare move
You want to scream but you can't
Terror eclipses every nerve in your body
And you heart is beating so fast
you swallow hard
and you realise there's is nothing
you can't do but wait...The Ultimate terror
L.A M.U.E.R.T.E
The legends continues
Si vous étiez un proverbe ou une citation ?
Là où ils passent l'herbe ne repousse plus...
Dj : Keeping it real.
Ton personnage de tueur de slasher/giallo ganté et portant une cagoule de jute ajoute encore au côté malsain du truc. Comment t'es venue l'idée ?
Marc : L'idée m'est venue en tournant une scène de kidnapping sur mon Long-Métrage DOUBELPLUSUNGOOD https://www.facebook.com/DagoCassandra/, J'avais glissé un sac de pomme de terre sur le visage de l'acteur Philippe Genion, Ancien A-GRUMPH https://www.discogs.com/artist/32631-àGRUMH.( jouant le rôle du banquier à la solde du Système) Cela m'avait fasciné, j'avais trouvé cela extrêmement mystérieux, l'idée m'est revenue quand nous avons préparé notre premier concert , je voulais revenir sous une autre forme comme dans certains Slasher des années 80 ...je pense à Dark night of the Scarecrow ou le personnage disparaît de manière violente et revient sous une autre forme pour se venger, Histoire de fantôme et de hantise, nous sommes dans le pur cinéma fantastique: les limites entre le réel et irréel,l’identité demeure floue et inquiète, cela donne une poésie surréaliste .Les Surréalistes étaient obsédés par le personnages de Fantômas et si tu te souviens du titre de notre premier maxi The Surreallist Mystery...Voilà la boucle est bouclée.
C'est quoi la suite ? Un Split album avec un groupe de Black Metal ? Un album commun avec Sunn (((o))) ?
Marc/dj : Nous vivons au jour le jour, les idées et les projets tombent spontanément, tout est possible...
Espace vierge et autonome : exprimes toi librement :
Dj : Je rajouterai simplement notre page Facebook et Instagram ! haha !. On s’est déjà fait supprimer une fois par le passé...Nous ne sommes pas les kings des réseaux sociaux !
Merci La Muerte !!