Rencontre avec le spectre du Luberon, Baron Borie pour nous narrer les aventures de sa bande de démons lugubres nés sous le soleil écrasant des garrigues. La Provence noire nous est dévoilée au travers de cette entité de Black Metal unique en son genre...Mystères, tragédies et (peut être) un homicide tracent en rouge sang la route de ces vrais de vrai, depuis 1993, en toute discrétion, le pain bouillis taille le chemin du chaos...
BLACK METAL DE PROVENCE AVEC LOUPOBULI
Salut Cher Baron,
peux-tu nous relater l’histoire mystérieuse de Loupobuli, sachant qu’il n’est
pas aisé de faire la part des choses entre le vrai et le faux ?
Salutations Scribe, merci a
toi d'avoir su braver les mille périples des garrigues hallucinées afin de nous
accorder cette interview.
En effet, Loupobuli, plus
qu'un groupe, est une entité propre dont la composante est difficilement
discernable pour les non initiés.
Je vais donc faire de mon mieux pour éclaircir les mystères entourant le
groupe.
Loupobuli est né aux
environs de 1993 dans les terres aptésiennes, bien que le temps soit une donnée
relative, cette date me semble exacte (si tant est qu'elle puisse changer quoi
que ce soit aux points fondamentaux du groupe). Lord Tarascoun possédait un
local adapté aux répétitions, c'est donc lui qui est venu nous brancher pour
monter un groupe, nous étions à l'époque de jeunes minots, fans de metal
extrême, comme beaucoup, nous avons formé un groupe et commencer à faire nos
propres morceaux.
À la base il y avait donc
Lord Tarascoun, moi (Dead Kabanoun, devenu "Baron Borie") et Butcher
Garrigoun (devenu "Sa Malfaisance Des Garrigues"). Nous formions une
communauté de Chaotes plutôt soudée, nos objectifs étaient clairs:
Utiliser l’énergie provençale afin de transcender nos créations musicales et la
retransmettre de façon audible et personnelle à l'auditeur, tel un Sigil sonore
envoyé à la vitesse du son qui traverserait les éons. Nous avons de ce fait
choisit le nom "Loupobuli", qui signifie "le Pain
Bouillis", spécialité provençale du village de Villar-d'Arêne.
La légende raconte qu'il
serait salé par la sueur de celui qui le prépare, ce qui nous semblait
correspondre à nos idées:
Créer un metal extrême qui soit à la fois artisanal, sans concessions, libre et
surtout personnel, spontané, quelque chose de sauvage, insaisissable, qui nous
corresponde et qui exprime ce chaos et cette folie propre à la Provence et nos
racines latines.
Par la suite, nous a
rejoints Maniac Matagoun, que Lord Tarascoun a rencontré à la suite d'un
concert de No Return à Cavaillon, si je me souviens bien, il a composé
l'instrumental "Destrousimen Chaparié" et fait quelques arrangements
sur nos chansons, rien de plus, il gravitait simplement autour du groupe par
intermittence à cette époque.
Nous avons donc entre 1995
et 96 composés "Provencum Maleficarum", sans grandes ambitions, juste
dans l'idée de sortir une démo. On avait un contact qui pouvait nous aider à
enregistrer, mais comme trop souvent, rien ne s'est passé comme prévu, Maniac
et Lord on eut, à maintes reprises, de gros différents.
Maniac était plus intéressé
par la provocation puérile et stérile, c'était son truc, pas le nôtre.
Il a, dans son coin, fait quelques copies de tapes qu'on utilisait comme
brouillon pour enregistrer nos compositions dans la cave de Lord Tarascoun, et
les a distribuées à droite à gauche en essayant de nous faire passer pour un de
ces groupes de Black Metal à la mode à l'époque, Mayhem et consorts, toute
cette vague qui nous semblait, déjà à l'époque, être plus une bande de fils à
papa sur le tard que des musiciens avec quelque chose de transcendant à dire,
le peut qu'on entendait d'eux ne nous intéressait pas plus que ça, et leurs
discours nous semblaient risibles.
Venant tous d'un milieu majoritairement
prolétaire et connaissant la galère au jour le jour, il nous fallait plus que
quelques tournures de phrases kitsch d'ado en crise pour nous impressionner.
En tant que Chaotes, nous
répudions à prendre le chemin de la facilité, la destruction simpliste et le
manque d'esprit.
La haine gratuite et la provocation ne sont que des bassesses égotiques
masturbatoires, dignes du premier chimpanzé venu, tandis que le chaos ne
détruit pas, il déconstruit, et par là même, prend malin plaisir à construire
un nouvel état, une nouvelle étape
L'histoire provençale s'est
faite dans le chaos, on n'oublie souvent que, bien que terre papale, nos
contrées ont abrité les "hérétiques" vaudois et Cathare, qui pourtant
prêchaient un mode de vie propre aux dogmes catholiques originels, à savoir la
pauvreté et l'entraide fraternelle, sans classe sociale établie.
Il n'en fallut pas plus à
l'inquisition pour décréter qu'ont les extermineraient tous par le feu et
l'épée jusqu'aux derniers.
La persécution des cathares
et des vaudois, cautionnée par certains évêques, fut si violente qu’elle est aujourd’hui désapprouvée par l’Église catholique romaine dans sa présentation
de l’histoire de l'église. Les vestiges autour d'Avignon et dans le Vaucluse
portent encore les stigmates de cette répression sanguinaire (et il faudrait
qu'on plaigne ces pauvres scandinaves? Il était surement mieux loti que nous!
Ont leurs à au moins laisser le luxe d'avoir le choix de se convertir).
C'est dire si notre région
est pleine d'histoires complètement folles, entre les différents dialectes et
cultures qui surent se brasser et se mélanger de façon homogène tout en gardant
leurs caractères et coutumes propres à chacun.
Tout ceci exprime, selon
moi, le chaos rampant à travers les terres provençales, encore aujourd'hui,
d'un bout à l'autre de la Provence les opposés se côtoient et se brassent dans
un ensemble homogène qui façonne notre identité.
Notre histoire s'est écrite
et s'écrit encore dans le chaos, la dualité et la folie, entre la beauté du
paysage, ses légendes et coutumes, et les remparts d'Avignon, encore noircis
par les bûchers de l'inquisition.
Il nous fallait faire de
même pour condenser l’énergie de la Provence et la retranscrire de façon
sonore.
Une force chaotique et
indicible.
Musicalement, nos
influences étaient plus portées vers Hellhammer, Venom, les premiers Sodom,
Kreator, Celtic Frost, Báthory, Immortal, Sepultura, tous ces groupes qui
créaient ces riffs démoniaques, les vibrations sales et torturées, ce feeling
punk cradingue nous inspirait beaucoup plus que les provocations élitistes et
infantiles que Maniac voulait intégrer au groupe (notre but étant de propager
notre musique, notre Sigil, le plus loin possible afin de maximiser son effet,
vouloir réduire notre auditoire était contre-productif et tout à fait
incohérent à notre vision du groupe).
Forcément, en arrivant
comme un touriste et en essayant de faire dévier le groupe de ses rails, Lord
qui n'était pas un ange non plus, sortit de ses gonds, et les séances
d'enregistrement ont étés annulées, ça devenait ingérable, une guerre d'ego
contre-productive.
Pour ma part et pour Sa
Malfaisance', on n'a jamais trop eu d’affinités avec Maniac Matagoun. C'était
plus un tocard qui venait nous siffler nos bières une répète sur deux qu'un
membre à part entière de Loupobuli.
On se disait juste, "tant mieux, on aura une bonne raison de s'en
débarrasser".
Quelque temps plus tard on
a appris la mort de Lord Tarascoun, Maniac a été entendu par la police, étant
le dernier à avoir vu Lord Tarascoun, on ne l'a plus revu, et beaucoup
d'histoires entourent sa mort, mais on y reviendra.
Moi et Sa malfaisance,
avons été dégoûtés de la tournure des événements et, bien qu'affligés par la
perte physique de notre ami, continuions de nous voir régulièrement afin de
poursuivre nos séances d’évocations d’énergies chaotiques, la musique ne nous
intéressait plus beaucoup, au vu du merdier qu'on avait traversé, ça nous a
calmés.
On a continué nos vies,
chacun de notre côté, en gardant un contact amical, mais forcément, concrétiser
Loupobuli était plus un souvenir qu'un but à atteindre à cette époque.
Vers 2015 cependant, nous
traversions un passage à vide, les aléas personnels de la vie comme tout un
chacun peut en connaitre, pas besoin d'un dessin. Au cours de diverses sessions
de gnoses chaotiques, nous sentions l'énergie de Loupobuli nous appeler, comme
un retour aux sources, quelque chose de lointain qui réclamait un retour fracassant.
Était-ce un délire
intoxiqué? Une révélation? Une mauvaise blague que notre esprit malade se
serait faite à eux-mêmes?
Peut-être, toujours est-il qu'en tant que Chaotes, nous refusons de croire au
hasard, puisque le chaos prévaut, rien n’étant vrai, tout est donc permis, cela
inclut forcément les possibilités d'un message traversant avec fracas le voile
de la réalité.
Pour nous, il s'agissait
simplement d'un message de Lord, nous incitant à poursuivre notre travail sur
Loupobuli.
Est-ce vrai? Est-ce faux?
Je ne saurais dire.
Toujours est-il que sans
ça, je ne serais pas ici à te répondre aujourd'hui. D'après moi c'est encore
une preuve que le grand chaos, dans sa neutralité toute puissante, fait bien
les choses.
De ce fait, nous avons
retourné nos greniers, retrouvé nos vieilles tablatures, repris nos
instruments, retravaillé nos compositions, la maturité aidant à les peaufiner
de façon plus subtile, bien qu'encore rouillés par des années de non pratique
musicale.
Il nous fallait un exutoire à cette détresse psychique, trop de forces
agissaient sur nous et en nous pour pouvoir revenir en arrière, c'est ainsi que
nous avons enregistré l'album "Provencum Maleficarum" que vous
entendez aujourd'hui, toujours soumis aux même critères qu'à l'époque (et les
morceaux Provencum Maleficarum et Coupo Santo ont été exhumés des bribes
d'enregistrements que nous avions pu retrouver et retravailler afin de sonner
de façon convaincante, ce qui explique la différence de qualité audio entre ces
pistes et le reste de l'album). Nous avions au début, simplement mis ces deux
titres disponibles, et à la suite de nombreux commentaires positifs, nous
sommes motivés à donner vie à Provencum Maleficarum en début 2018, après avoir
longtemps travaillé pour retrouver l’énergie qui nous animait.
Loupobuli était devenu notre Chaosphère, tout convergeait en son centre, comme
si Lord Tarascoun nous guidait à travers notre inconscient.
Afin de maximiser la portée
de notre Chaosphère, nous avons ainsi placer de nombreuses évocations
Chaotiques parmi l'album, de façons subtiles et discrètes (sur Lou Besti Dou
Sant Savournin, par exemple), notre but étant toujours de projeter cette
énergie, cette folie et se ressentit indescriptible et pourtant facilement
perceptible, que la provence a sur nos sens.
De là, nous décidions qu'il
était temps d'immanentiser l'Eschaton, le temps était venu, la Chaosphère, ou
plus précisément Loupobuli, était chargée à bloc et n'attendait plus qu'à
distordre la réalité à sa convenance. Nous commencions à travailler sur le
nouvel album quand le chaos frappa encore, "Sa malfaisance" du se
retirer temporairement de Loupobuli afin de gérer des histoires personnelles
(mais comme toujours, le chaos y trouvera son compte, à n'en pas douter).
N'ayant plus le temps
disponible pour participer à Loupobuli, je me retrouvais alors seul, et c'est
en suivant les énergies qui me guidaient, que j'ai terminé de composer
"les Garrigues Hallucinées", de façon spontanée, d'une seule traite,
comme si je n'étais plus maitre de moi, mais simplement un véhicule servant à
mettre en forme ce chaos sonore, le transformant en matière concrète et
tangible.
"Les Garrigues
Hallucinées" étaient nées, et les retours furent excellents, alors que
comme depuis le début, Loupobuli n'est en fait qu'une entité qui nous dépasse
et a presque pris vie d'elle-même, "Les Garrigues Hallucinées" est un
album dont je suis très fier, et quand bien même il aurait ses défauts, cet
album est selon moi une belle mise en forme de l'essence de Loupobuli, par sa
folie et son caractère insaisissable.
Les profanes pourront
ricaner, ou penser ce qu'ils veulent, mais vous tenez ici la preuve que la
magie chaotique marche bel et bien, ainsi soit il.
Voilà l'histoire de
Loupobuli jusqu’à présent, effectivement, elle baigne dans le mystère, et les
zones d'ombre sont nombreuses, mais elles le son tout autant pour nous,
Loupobuli n'est que Loupobuli, une émanation chaotique de la folie provençale,
cette Provence-là qui comporte de nombreuses facettes, ces contradictions et
incohérences, elles se doivent donc d'être retrouvées dans Loupobuli, l'inverse
aurait été impossible.
Y’a-t-il vraiment eu des meurtres au
sein du groupe ?
Lord Tarascoun est officiellement mort,
certaines rumeurs parlent d'overdose, d'autres d'homicide, même pour nous tout
ceci n'a jamais été clair et la famille de Lord Tarascoun n'a pas voulu qu'on
les ennuie avec ça, ce qui peut être compréhensible au vu de l'escalade
improbable qui s'est créée entre Maniac Matagoun et lui. Nous les avons laissé
en paix à la suite de ces funestes événements et ne cherchons pas à les
troubler davantage.
Maintenant, en tant que
Chaotes, il nous semble évident que Lord Tarascoun est officieusement passé à
un autre état de conscience, en rejoignant le chaos primaire et qu'il influe
directement sur la destinée de Loupobuli depuis sa borie cosmique. Mort ou
vivant, ce ne sont au final que des adjectifs qui ne peuvent affirmer ou
infirmer la présence ou l'existence pure et simple d'une force vitale comme la
sienne. Force, qui par bien des chemins, arrive sans mal à transcender le voile
de la réalité. Les hasards sont trop nombreux pour que nous puissions douter du
contraire, à vous de vous faire votre propre avis, le nôtre est fait, à chacun sa
vision des choses. Nous ne chercherons pas à convaincre les plus pragmatiques
ou réfractaires d'entre vous, c'est simplement un fait.
Si cela vous semble fou,
laissez-vous bercer par le son des cigales une nuit de pleine Lune, il est
probable qu'à travers leurs chants dissonant vous l'entendiez vous parler à
vous aussi.
Traitez-moi de dément, je
vous dirais que vous avez surement raison, mais cela ne veut pas dire que j'ai
tort pour autant. Accepter le chaos et l'irrationnel est nécessaire pour
comprendre notre démarche, l'inverse ne fera que vous perdre davantage, à vos
risques et périls. Rien n'est vrai, tout est permis.
Vous êtes originaires du
Luberon. Pourquoi ce choix de créer du BM « provençal » ?
Nous venons effectivement
du Luberon (et non "Lubéron" comme j'ai pu l'entendre parfois),
élevés au grain dans la garrigue Aptésienne et il est vrai que quand l'idée
nous à traverser, à première vue on a sourit, mais après y avoir réfléchi, il
nous semblait naturel que si aucun groupe provençal n'existait alors, il se
devait d'en avoir un.
J'imagine que c'est pour
cette raison que le chaos, dans sa sagesse cosmique, nous à guider sur cette
voie.
Le Luberon est souvent
représenté comme un attrape touriste, remplis de maisons secondaires de
dilettantes embourgeoisés qu'on ne voit que deux mois par an, en été...
Le reste de l'année, les
rues sont désertés et la vraie provence s'offre à vous. Cette provence sauvage
et invitant à l'aventure, ou les luxueuses villas côtoient la précarité parfois
extrême, cette modernité qui a su se fondre dans son histoire et son
patrimoine, tout ceci est dans notre ADN.
La belle langue provençale
se marie également étrangement bien avec notre metal, ce qui au début était une
idée qui pouvait sembler loufoque à pris vie et pas à pas nous avons créé un
univers sonore qui semblait correspondre à ce que nous ressentions, et ce que
nous vivions en ces terres, la folie, le chaos, la brutalité accablante de la
canicule, la sécheresse des garrigues, le chant infernal des cigales qui vous
rend fou, les bories...
Ces étranges constructions
de pierres monolithiques, sorties des pires cauchemars d'un Lovecraft sous
acide, elles nous ont fascinées et nous fascinent encore, elles ont ce coté
intemporel, indéfinissable à moins de les avoirs vus en personne.
Vous tombez nez à nez avec
une borie, sans savoir si elle a été construite il y a 300 ans ou 3 mois (des
gens s'amusent à en bâtir encore aujourd'hui, un village leur est même dédié à
Gordes), c'est ce coté impalpable et indicible qui nous a vraiment inspirés et
qui se calque sur notre ressenti, voilà pourquoi au fil du temps, la Provence
s'est imposée d'elle-même à nous, encore une fois, le chaos nous guidât à
travers les garrigues hallucinées.
On est habitués a voir les Bretons,
les basques ou les corses utiliser leur identité dans la musique, moins les
provençaux. Comment l’expliques-tu ?
Je pense que l'identité provençale a été diluée
au cours du temps et transformée en petite vitrine à touriste, les légendes
locales se sont perdues et l'inquisition catholique s'est attelée à briser
toute forme de résistance culturelle, nous sommes en terre papale, on ne nous à
pas laissé le choix. Depuis leur tour d'ivoire, notre histoire, notre identité
s'est vue modelée pour rentrer dans le moule de l'église et des puissants (il
n'y a qu'à voir comment ils ont traité les "hérétiques" et les
réfractaires).
De plus, la Provence a ça
de particulier qu'elle dispose d'une identité presque insaisissable, elle s’étend sur tout le midi, la Provence à mille et une facettes, entre les alpes
de Provence, la Côte d'Azur, le Lubéron, le Languedoc, plus occitan, mais
toujours provençal, les différents dialectes, il y a de quoi faire.
C'est un melting-pot de cultures incroyables! Nous avons eu de grands poètes, le
marquis de Sade avait son château à Lacoste, l'inquisition régnait ici en maître, et j'en passe, nous n'avons absolument pas à rougir face aux autres
régions.
Je dirais que le manque d'identité vient également du fait que le
"sud" a été présenté de façon souvent caricaturale, si on vous parle
de Provence, vous pensez à Marcel Pagnol, aux cigales, au pastis, à la
pétanque. Alors du metal en Provençal (bien que quelques autres formations la
pratique également), ça fait sourire, la Provence à ce côté "ridicule"
qui probablement rebute les quelques artistes qui voudraient s'y frotter,
raison pour laquelle nous l'avons intégrée et modelée à notre image, afin de
lui donner une forme nouvelle et plus pertinente.
Si on vous parle de Provence, vous penserez aux savonnettes à la lavande, pas à une culture riche
et millénaire, issue d'un brassage de cultures et d'échanges qui ont façonné
son histoire à travers les siècles.
Si nous arrivons avec notre
modeste contribution à donner un nouveau souffle à cette identité, que les
artistes décident de s'emparer de la Provence et d'en faire quelque chose de
neuf, de casser les codes et d'apporter cette touche "Provençale" à
leurs oeuvre, nous serons les plus heureux, mais tu as raison, rare sont les
artistes qui s'appliquent à revendiquer leur identité provençale (hormis les
formations folkloriques traditionnelles, qui ne sont pour le coup pas ce qu'on
pourrait appeler de la création pur et simple, comme les Bretons, les Corses où
les Scandinaves ont l'habitude de le faire par exemple avec leur propre
identité).
La Provence n'a rien de "cool", du moins de prime abord, raison pour
laquelle nous avons décidé de changer cet état de fait en utilisant notre
identité comme un bélier afin de défoncer les idées reçues à l'égard notre belle
région.
Si les gens viennent du
monde entier pour la voir, c'est pour une bonne raison, non? Il faut juste
trouver l'angle idéal pour utiliser cette identité de façon efficace, c'est
peut-être ce qui rebute les artistes, la peur du ridicule ou de taper à côté, notre
identité est moins "marquée" que celle des Corses ou des Bretons,
tout en étant omniprésente autour de nous, c'est assez paradoxal, mais c'est
comme cela que je le ressens.
Quand Belenos fait du BM
inspiré du folklore breton, il a l’air très sérieux. On vous sent plus « 2ème
degré », non ?
Tout dépend de comment tu as envie de le voir.
On aurait vraiment voulu faire du second degré, Loupobuli ressemblerait à une
farce ouvertement grotesque façon Echoes ou Fadadès, ici l'idée et plus de
travailler sur la folie, le chaos et la rage qui nous habite.
De la même façon, je peux
respecter l'inspiration et le sérieux de groupes comme Belenos, seulement, en
tant qu'artiste, j'ai personnellement besoin d'espace et de marge de manœuvre pour m'exprimer à ma convenance.
Je trouve plus intéressant
de concentrer la Provence, à travers son histoire, ses coutumes, ses légendes,
ses paysages, et les passer à la moulinette, pour ensuite les projeter au
travers d'un filtre kaléidoscopique, à la façon d'une peinture surréaliste.
Raconter les colonies
romaines en Provençal ?
Personne ne comprendrait de toute manière.
Raconter l'histoire des santons, des ocres, etc.
Ce peut être intéressant, mais pourquoi ne pas prendre tout ça, et en faire
quelque chose de plus grand que nature?
Quelque chose de neuf, de plus personnel, donner vie à ce que l'on sent mais
que l'on ne peut voir?
À la manière dont Sepultura ou d'autres groupes ont su utiliser leurs cultures
natives à travers leurs créations artistiques. Immortal par exemple, ont
presque toujours eu pour thème les grandes pleines désertiques enneigées du
nord, ils ne font pas de cours d'histoire pour autant, mais un fan d'Immortal
aura sans doute ensuite envie d'aller voir à quoi ces artistes peuvent bien
faire allusion; et par cette démarche, ils découvriront probablement la magie
de la nature scandinave et l'énergie glaçante qu'elle dégage.
C'est cette démarche que
nous avons décidé d'entreprendre avec Loupobuli, pas question de devenir une
sorte de National Geographic ennuyeux sur la provence, on est là pour faire du
rock'n'roll, non?
Plutôt que de bêtement
réciter l'histoire de la princesse de Roussillon, comment elle s'est suicidée
en se jetant de sa tour avant que son sang ne gicle sur les terres
environnantes, créant les célèbres ocres locales, ou comment la terrible
Tarasque à creusée la combe de Lourmarin à l'aide de sa queue. Je trouve plus
intéressant d'utiliser tout ça, de façon métaphorique, onirique et emmener
l'auditeur dans un voyage qui lui ferait ressentir les sensations chaudes et
enivrantes que nos terres procurent sur l'esprit humain.
Libre à lui de faire ses
recherches derrière.
Ma plus grande récompense serait effectivement que notre musique inspire les
gens à aller se renseigner sur notre belle région aux multiples facettes et que
d'autres personnes, surement beaucoup plus pointues que moi sur ce genre de
sujet, puissent les aiguiller à leur tour.
Aucune envie de faire du
forcing à ce niveau, la musique porte le message, pas l'inverse.
De plus, de nombreux
auditeurs vivants en provences nous ont envoyé de chaleureux retours
bienveillants, j'imagine que c'est la preuve que notre vision tape juste sur ce
point-là.
La provence n'est pas
forcément "Loupobuli", mais Loupobuli EST la provence.
Vivre en Provence, c'est
souvent faire face à l'absurde, au non-sens, à la folie, surement la chaleur du
climat, notre côté latin, les deux? Aucune idée, mais c'est simplement tout le
temps le bordel et aussi con que ça puisse paraître, on adore ça, c'est notre
monde à nous.
Nous avons donc forcément
cette graine de Chaos en nous qui sort de temps à autre... Je pense qu'il est
au contraire saint de savoir ne pas se prendre au sérieux par moments, au
risque de tendre au ridicule involontaire en se voulant trop sérieux comme
certains groupes qui tirent trop sur la corde et deviennent les clichés contre
lesquels ils prétendent lutter. Nous sommes des fans de Metal Extrême comme nos
auditeurs, nos écarts parfois humoristiques sont avant tout bons enfants et un
moyen de nous rapprocher de nos auditeurs, car ils sont l'extension primaire de
Loupobuli, sans nous et sans eux, tout ceci n'aurait pas de sens.
Et puis, n'oublions pas que
nous sommes sur les terres de Fernandel, Pagnol, Bosso et j'en passe,
l'autodérision gentillette fait partie de nos gènes. Nous ne sommes pas un
groupe de Black Metal du nord, plein de spleen devant des forêts monochromes enneigées,
notre paradigme se pose dans un cadre coloré, chaud et emprunt d'une folie
hystérique. Nos débordements parfois un poil loufoque sont le reflet de notre
cadre, ici point de carré et de sérieux, la folie l'emporte. Un delirium
tremens suintant le pastis et le chant maudit des cigales.
Notre EP de reprises par
exemple, à au final, quand même son lot de sérieux avec un travail au saxophone
et à l'orgue, il était beaucoup plus excitant de chercher à s'approprier ses
chansons de prime abord complètement hors propos, que nous avons tenté de faire
nôtres, que faire la même cover de Bathory, Emperor, Slayer ou autres, que
mille groupes on put faire avant nous, l'idée est toujours d'aller là où
personne ne peut nous attendre où nous atteindre, n'est ce pas-là une bonne
définition de la folie?
Folie n'est folie que dans l'imprévisibilité et la surprise.
Bref, pour en revenir à ta
question, je pense simplement que Belenos, aussi bons soient ils, ne sont
simplement pas aussi tarés que nous (enfin, je l'espère pour eux).
Vous avez sorti deux
albums plutôt confidentiels. Vous n’intéressez pas les maisons de
disques ?
À ça, je ne saurais te
répondre, et je t'avoue qu'on ne leur courre par après non plus.
Pour le moment, bien
qu'ayant eu de nombreux retours positifs, aucun label ou maisons de disques ne
nous a contacté.
Les gens ont accès à notre
musique en un clic, ils peuvent acheter notre discographie sur Bandcamp pour un
prix modique s'ils souhaitent nous soutenir (l'équivalent de deux pintes au bar
du coin). Il est vrai qu'un label ou une maison de disques pourrait régler les
problèmes de pressage de disque et de merchandising qui sont, à notre niveau,
forcément très coûteux (surtout en ce moment, étant seul à "faire tourner
la boutique", les investissements sont d'autant plus lourds à gérer que
pour un groupe de quatre ou cinq personnes).
Il est selon moi également
important de prendre en compte que la consommation musicale a complètement
changée, le paradigme actuel tend vers la gratuité, et les outils numériques
nous proposent justement de nombreuses façons d'être maitres de notre musique
sans avoir à passer par des tiers et avoir une liberté totale, artistique, dans
la production, dans nos visions.
L'ère du numérique nous permet d'être maître de notre création et j'aime cette
idée, raison pour laquelle nos albums Bandcamp contiennent tout le nécessaire
pour imprimer, graver et vous-même faire votre propre "Po Buli", salé
par votre propre sueur.
C'est aussi pour cela que
l'idée de vendre des cassettes audio m'a beaucoup plus plu que vendre de
simples CD-R. Une cassette à ce coté artisanal, j'y prends beaucoup de temps et
d'énergie à enregistrer, écouter, vérifier, faire les jaquettes, les charger en
énergies chaotiques, etc...
C'est une démarche
artisanale qui me rapproche de mon publique, et inversement, celui qui décide
d'en prendre une saura que je l'ai faite "pour lui" en quelque sorte,
créant un lien direct, l'auditeur fait alors partie de l'univers Loupobuli.
Plus nous mettrons de
passion et d'énergie dans cette chaosphère, plus elle prendra forme dans le
consensus général de la réalité, c'est ce qui s'est passé et continue encore de
se passer aujourd'hui à chaque fois que quelqu'un nous prête une oreille
attentive, nous soutient par bandcamp, en nous prenant une cassette, ou juste
en écoutant ou partageant nos chansons.
Après, si un label était
vraiment intéressé par nos albums et prèt à nous donner un coup de pouce pour
concrétiser nos idées ou nous aider pour du pressage. Pourquoi pas, nous sommes
complètement ouverts à ce niveau-là, mais entre la crise du disque et Internet
qui a complètement changé la donne (on n'a jamais écouté autant de groupes et
eu accès à autant de culture depuis qu'internet s'est démocratisé), je peux
concevoir qu'un groupe comme Loupobuli soit trop "Ovni" et donc pas
intéressant pour une majorité de labels qui cherchent surtout à faire tourner
leurs commerces, pas juste à nous faire plaisir.
À chacun son travail et
c'est tout à fait louable.
Cependant, je suis extrêmement fier de ce que l'on a pu sorti jusqu'à présent,
la musique que nous faisons me semble sincère et honnête, maintenant, c'est aux
intéressés (labels et Cie) de savoir s'ils sont intéressés à bosser avec nous.
De notre côté, nous sommes
ouverts à toute proposition.
Pour mon cas personnel, je
prefere de loin passer mes soirées à bosser sur de nouveaux morceaux que faire
du démarchage de label, certes, j'envoie parfois des mails pour avoir des
reviews (qui sont, d'après moi, utile pour avoir un oeil et avis externe sur
ses propres créations, les retours sont toujours saints) mais devoir aller
faire du pied à des maisons de disques c'est devoir se frotter à une
concurrence qui doit être énorme, autant gaspiller de l'énergie dans l'écriture
de nouveau matériel, et peut-être qu'un jour, la bonne personne, au bon moment
nous fera signe, on garde espoir, le chaos nous le dira.
Quels sont vos
objectifs ?
Faire de la musique qui
nous plaît, je travaille actuellement sur le troisième album "Envasioun
Prouvençalo" qui s'annonce comme un melting-pot cohérent et dévastateur de
nos deux premiers albums, l'album surement le plus abouti de Loupobuli au
niveau du concept.
Si ça marche, que le succès
est au rendez-vous, tant mieux, sinon le plaisir d'écrire et de créer sera
toujours aussi plaisant pour moi, même si personne n'est là pour l'entendre.
Peut-être des concerts,
j'ai eu quelques discutions avec des musiciens talentueux qui seraient
éventuellement prêts à rejoindre nos rangs pour une poignée de dates
dévastatrices, mais rien de sur, ce n'est encore que des projets et des
discussions sans vraiment de buts concrets, mais la motivation est là.
Sa Malfaisance Des Garrigues devrait prochainement rejoindre Loupobuli à nouveau,
notre duo créatif marche à merveille et devrait offrir de belles heures de
folies furieuses à nos auditeurs les plus dévoués.
Au-delà de ça, qu'est-ce
qu'on pourrait espérer de plus?
La gloire? Le succès? La richesse? (rire)
Je ne sais pas, je suis
déjà extrêmement reconnaissant de l'exposition que nous avons pu recevoir et
recevons encore, ce qui était à la base un projet musical de passionnés sans
prétentions s'est retrouvé propulsé au niveau de groupe à part entière et soutenus,
je suis extrêmement satisfait des retours obtenus pour nos précédents albums,
le seul objectif que l'on pourrait se fixer serait de faire au moins aussi
bien, sinon mieux, quelques dates pour se mesurer à notre publique et, pourquoi
pas, lancer une invasion provençale à grande échelle si le chaos en décide ainsi.
Quoi qu'il en soit, nos
objectifs sont clairs, continuer sur notre lancée et que Loupobuli vive le plus
longtemps possible en continuant de vous proposer un metal extrême provençal,
sans concession, à la hauteur des attentes de ceux qui nous soutiennent, ce qui
serait la plus belle des récompenses.
Si jamais
"Loupobuli" devait être l'un des premiers groupes qui viennent aux
lèvres des gens lorsqu'ils cherchent le nom d'un groupe de metal du sud de la
France, je pense que l'on aurait réussi notre pari.
Mais à l'heure actuelle,
nous sommes déjà ravis de la tournure des choses et du soutien que l'on reçoit
régulièrement, ce qui, pour un groupe de notre envergure, représente déjà
beaucoup!
N'en demandons pas trop non plus! (rires)
Tes 20 albums préférés
de tous les temps ?
Il y en a beaucoup, ça risque de déborder un
poil, mais si je devais faire une liste plus ou moins exhaustive d'une
vingtaine d'albums qui m'ont le plus marqué, cela donnerait quelque chose
comme:
ABADDON INCARNATE "The
Last Supper"
CRAWL "Earth"
MORBID ANGEL "Covenant"
IMMORTAL "At The Heart Of Winter"
IMMORTAL "Pure Holocaust"
BATHORY "Under The Sign of The Black Mark"
AUTOPSY "Severed Survival"
RAISE HELL "Holy Target"
NUMB - "Christmeister/Bliss"
BLOOD DUSTER "Str8OuttaNorthcote"
SEPULTURA "Arise"
PUNGENT STENCH "Been Caught Buttering"
DEFLESHED "Royal Straight Flesh"
NOVEMBER 17 "Trust No One"
CELTIC FROST "Morbid Tales"
SKREW "Burning in Water, Drowning in Flame"
WINTER "Into Darkness/Eternal Frost"
CIANIDE "A Descent Into Hell"
BILE "Teknowhore"
DYING FETUS "Destroy The Opposition"
DEAD WORLD "The Machine"
PROTECTOR "A Shedding Of Skin"
G.G.F.H "Eclipse"
PANTERA "The Great Southern Trendkill"
GROTUS "Slow Motion Apocalypse"
THE CROWN "Deathrace King"
CORONER "Coroner"
O.L.D. "Lo Flux Tube"
TREPONEM PAL "Excess & Overdrive"
ANGEL CORPSE "Hammer Of Gods"
Quel est ton regard sur
le BM de nos jours ?
Pour être franc, je suis relativement trop
détaché de la scène Black Metal pour pouvoir avoir un avis tranché sur le
sujet, hormis par le fait de faire du Black Metal et d'écouter quelques albums
dans ce style qui m'intéressent, je reste dans mon coin et cela me va très bien
comme ça.
Maintenant, au niveau de
mon ressenti, on peut dire que le Black Metal et le Metal Extrême ne se sont
jamais mieux portés qu'aujourd'hui. Le Black Metal est un style qui touche
désormais toutes les tranches d'âge (des vétérans des débuts aux jeunes ados qui
débutent aujourd'hui), et qui, grâce à internet, en quelques clics, à pus
s'étendre à un auditoire très large, forcément, cela n'a plus rien à voir avec
le début, mais tant mieux, je vois cela comme une possibilité d'aller de
l'avant et apporter une richesse à ce style qui a, au fur du temps; su gagner
ses lettres de noblesse.
Il y a toujours eu, et il y
aura toujours des grincheux pour dire que c'était mieux avant, d'autres qui
comme moi se limiteront à écouter la musique qui leur plaît et s'arrêteront là
sans rentrer dans des débats sans intérêts pour savoir quelle est la marque de
sous vêtement favorite de Fenriz.
Les loups solitaires, une
fois en troupeau deviennent souvent des moutons qui se suivent les uns les
autres, en se fixant des codes et des règles qui sont, de mon point de vue,
contre-productifs dans un style comme le Black Metal, mais si chacun y trouve
son compte c'est tant mieux.
Au vu de la diversité du
Black Metal aujourd'hui, qui est devenu une scène à part, avec ses nombreuses
branches et styles, il y a de quoi satisfaire tout le monde. Parlez des groupes
qui vous passionnent, oubliez ceux qui vous ennuient et la scène ne s'en
portera que mieux. Pas la peine de critiquer la pop-culture si c'est pour se
vautrer dans le culte de la personnalité et les potins sans intérêt, laissons
ça aux starlettes de seconde zone.
La musique avant tout.
Les faits divers en
backstage, on s'en tape, ça n'a jamais rendu la musique meilleure ou pire de
savoir qui fait quoi dans son cadre privé, c'est même contre-productif dans
certains cas.
Vivons notre passion
commune, soutenons les groupes qui nous plaisent, ils le méritent et longue vie
au Black Metal.
Cette itw sera publiée
à la fois sur mon blog et dans un livre que j’écris sur le Black Metal et ses dérivés.
Si je te dis : NSBM, DSBM, Post-BM, BlackGaze, War Metal ?
J'aime beaucoup le War Metal!
Des groupes comme Sarcófago, Angel Corpse, Revenge, Blaphemy ou Sadistik
Execution font partie de mes favoris dans ce style et m'inspirent beaucoup.
C'est intense, franc et sans merci, je n'en demande pas plus
J'aime le côté spontané et sauvage de ce genre de groupes.
Pour ce qui est du reste:
Le NSBM ne m’intéresse absolument pas, que ce soit au niveau des idées
politiques ou philosophiques. Musicalement, il y a probablement des musiciens
aussi doués que dans n'importe quel style, mais pour moi ça ne rentre plus dans
le cadre de la musique ou de la démarche artistique, on rentre dans le pamphlet
politique, la propagande digne du tract qu'on te fourre dans les mains à la
va-vite en sortant du métro, mais avec de la musique derrière.
Si nous sommes fiers de nos
origines et de notre région, nous ne la posons absolument pas contre les
autres, mais les invitons cordialement à nous rejoindre.
Nous chantons en provençal,
parlons en provençal, personne ne nous a jamais ennuyé par rapport à ça, je ne
me sens absolument pas en danger face au monde moderne, nous sommes fiers de ce
que nous sommes et d'où nous venons, au contraire, rien ne nous fait plus
plaisir que partager notre culture aux profanes avides de connaissances impies.
Si rien n'est vrai, tout est permis, c'est là que l'homme est alors libre, il
n'y a qu'une seule regle morale, ne pas imposer sa liberté sur celle des
autres, au-delà de ça, faites comme bon vous semble et vivez ou mourrez
délicieusement, à votre guise.
Le DSBM n'est pas non plus un style qui me parle, si je peux concevoir que
certains artistes carburent à la dépression et au suicide, que cela les inspire
est tout à leur honneur, mais c'est un univers qui, personnellement, ne
m'inspire pas. Notre monde est déjà bien assez sale et triste pour vouloir en
rajouter une couche et glorifier les blessures de l'ego. Musicalement c'est
très lent, mou, dépressif, pas franchement ce qui attire mon oreille, mais il
en faut pour tout le monde après tout, je suis simplement plus Whisky que
Xanax, les goûts et les couleurs...
Le BlackGaze ne m'attire pas non plus, question de gout encore une fois, le peu
que j'ai pu écouter ne m'a pas emballé plus que ça, si Björk faisait du black
métal, ça sonnerait probablement comme ça, et n'aimant pas Björk, la réponse me
paraît évidente.
Le Post-BM, post-ceci, post-cela... Je vois ça tout simplement comme une
nouvelle branche sur l'arbre épais du Black Metal, comme dit au-dessus, le
Black Metal, comme tout autre style musical, à sa propre vie et évolue, grandi,
comme le vin ou comme un bon film, les années 90 sont loin derrière, l'époque
n'est plus la même, je comprends que l'esthétique et la philosophie puissent
changer. Si dans les années 90, un groupe haineux et prônant une imagerie
ultraviolente pouvait choquer et semblait trancher avec ce qui se faisait
alors, aujourd'hui, des morts par balle, des attaques aux couteaux et
l'ultraviolence sont si courantes qu'ils sont devenus des statistiques, plus
des drames, ça n'effraie plus personne.
Quand des gamines de 13 ans
regardent des sacrifices humains dans des series Netflix à base d'occultisme et
d'horreur en se prenant pour des sorcières, le Black Metal classique paraît bien
gentillet voire banal dans ses thèmes et démarches.
Raison pour laquelle ces groupes tentent de changer le paradigme de leurs
créations musicales j'imagine. Musicalement, ça ne m'interpelle pas, mais je
respecte leur démarche artistique, ils essaient de creer quelque chose de
nouveau qui les inspire en rapport avec leur temps, c'est ça la liberté
artistique et tant mieux.
Je ne suis pas fan, mais
n'irais pas juger leur vision qui est après tous leur vision à eux, le Black
Metal n'est-il pas l'endroit idéal pour exprimer sans retenue tous ce qu'on a
d'enfouis au fond de nous? Que ce soit noir ou lumineux, ce qui importe est
l'honnêteté de la démarche selon moi, le reste n'est que du blabla stérile pour
masturber l'ego ou vendre des disques.
Je prefere un groupe
honnête qui crache ses tripes, que des faussaires malhonnêtes qui vous
racontent ce que vous avez envie d'entendre pour faire tourner leurs boutique.
Tant que le Black Metal
continue sa course, qu'il reste varié et qu'il continue de trancher dans la sphère
artistique, c'est tout ce qui compte, le reste n'est que ragots et faits-divers
peu intéressants qui n'engagent que ceux qui y prêtent attention, les
"peoples" et les potins qu'ils soient dans le Metal ou dans la Pop
n'intéressent en général que ceux qui ont du temps à perdre avec ce genre
d'inepties. Savoir ce que X ou Y fait dans sa vie privée, ce qu'ils mangent ou
chient, tant qu'ils ne l'affichent pas publiquement et qu'ils font ça dans
leurs sphères privées sans prosélytisme, pour ma part, comme ont dit
vulgairement, je n'en ai strictement rien à foutre.
La véritée des uns fait le
mensonge des autres, c'est vieux comme le monde.
Le mot de la fin est a
toi :
"Fnord".
Mais ça risque d'être un peu juste, alors je finirais en te remerciant une
nouvelle fois de nous avoir donné cet espace d'expression libre, je remercie
également ceux qui nous soutiennent et nous envoient des messages pour dire
qu'ils ont aimé nos albums, ça fait énormément plaisir, à notre niveau, sans
promotion et fait avec le cœur, c'est toujours encourageant et motivant pour
la suite! J'invite les lecteurs qui ne nous connaîtraient pas encore à venir
découvrir notre univers frénétique et halluciné.
Que le chaos vous guide, et
comme on dit en Provence:
Longo maï!
Merci Loupobuli