Du Black Metal cru et brutal de ses débuts à un mélange qui peut réconcilier les anciens et les modernes dans leurs querelles souvent stériles, Moonreich a marqué au fer rouge le Black Metal français depuis leurs débuts en 2008. Obsédés par la guerre, ces derniers ont su, à l'instar d'un Marduk, la restituer en musique mais ils sont allés largement au-delà, en créant une atmosphère fascinante et presque expérimentale tant elle est devenue personnelle. Revue de détails en compagnie de l'âme de ce combo unique. Album par album, une rétrospective carrière jusqu'au sublime "Fugue", dernier en date...
Salut Moonreich, et merci d'avoir accepté de répondre à mes questions. Le groupe fut formé en 2008 à Paris. Peux tu nous raconter comment le groupe fut fondé ? Avec quels objectifs ?
Salut, Le projet est effectivement né en banlieue parisienne quelque part en 2018, pas d'histoire extraordinaire concernant les tout débuts du groupe, j'étais ado, passionné de musiques extrêmes. Faire un groupe, enfin plus précisément un projet solo au départ, c'était comme une pulsion, je ne savais ni pourquoi ni comment, mais il fallait que je le fasse. J'avais de la colère, de la rage, il me fallait un exutoire, ça aurait pu être plein de choses, mais ça a finalement été la musique . Tout ce que j'avais à dire, à faire ressentir à cette époque, je l'ai fait en musique. Il n'y avait pas réellement d'objectif particulier, si ce n'est laisser cette pulsion prendre forme. C'était comme un devoir, je savais que je devais le faire.
Vous avez commencé par un Black Metal cru et sombre, privilégiant l'ambiance et la lourdeur sur les concours de vitesse. Votre premier EP « Zoon Politikon » est sorti en 2009. Peux tu nous en parler ? Quelles étaient alors vos influences et qu'est ce que vous vouliez nous dire avec cet EP ?
Un premier essai purement instinctif. Zéro budget, zéro talent, zéro connaissance musicale, mais une passion dévorante et une flamme intense en moi. A ce moment je m'intéressais au black metal mais j'avais aussi une grande influence punk, j'étais plutôt fan des Misfits et compagnie... Ca se ressent énormément à l'écoute. J'ai enregistré cette tape tout seul dans ma chambre d'ado, avec un ampli pourri de type Roland cube, une boîte à rythme pourrie et une vieille basse midi. Mais malgré tout ça, j'aime toujours l'énergie qui se dégage de Zoon Politikon, on en a même rejoué un titre à l'occasion de notre concert des 10 ans du groupe cette année. C'est aussi L'époque du tout premier concert avec des musiciens de session. C'était n'importe quoi, on avait pas assez de matériel, on a joué 15-20 min, les mecs connaissaient pas les morceaux. J'étais encore mineur à l'époque, je m'en foutais, c'était rock'n'roll.
Premier album en 2011 avec « Loi Martiale ». D'emblée la cover pose le décor : ici nous allons parler de guerre et de mort. A l'écoute, on est séduit d'emblée par « le regard du pendu », lugubre a souhait et violent à l'extrême. A cette époque vous apparaissez comme un groupe de pur Black Metal guerrier. L'influence d'un Marduk était-elle bien présente ? Qu'est ce qui vous a poussé vers ces sujets lyricaux ?
C'est assez spécial comme expérience, les morceaux étaient plus ou moins aussi primitifs que sur Zoon, mais c'était la première fois en studio. Entre temps on était devenu plus ou moins un groupe avec un line-up plus ou moins permanent. Premier album donc en studio avec un petit budget, un peu de préparation et beaucoup de doutes. Mais on y est quand même allés bille en tête et on a fait ce qu'on avait à faire. Pour ce qui est de la thématique, figure toi que c'est bien plus profond que ce qu'on peut penser. Il y a une vraie histoire derrière, contée par notre chanteur de l'époque. Ca parle du stress post-traumatique d'un soldat français après la seconde guerre mondiale. Celui-ci ne pouvait plus supporter les visions d'horreur qu'il a du endurer. La pochette est d'ailleurs l'illustration de son cauchemar, un soldat allemand avec une tête de mort qui matérialisai sa terreur. A l'époque certains bouffons nous avaient qualifiés de groupe « ns » à cause de cette pochette. Mais quand tu connais l'histoire qu'il y a derrière, tu comprends la logique du truc et tu te rend compte que c'est tout autre chose. Ce n'était clairement pas « hey mettons un soldat allemand là pour faire bien provoc' ». D'ailleurs le soldat en question est réel, c'était le grand père d'un membre du groupe de l'époque. Il s'est pendu après la guerre.
Pour ce qui est de l'influence, j'ai un peu commencé à délaisser le punk pour effectivement produire un black metal sans trop d'éléments extérieurs. Marduk est en effet un groupe pilier dans mon appréhension du Black metal.
Musicalement, cet album est une gifle, les passages blast/mid tempo sont parfaitement gérés, la production déchire et l'ambiance est bien présente, contrairement à certains disques de Brutal BM. La 2ème vague du BM made In Norway se ressent aussi par moments, n'est ce pas ? Quels groupes en particulier ?
Tu sais, je ne me pose pas autant de questions, j'envoie les riffs comme ils viennent. Savoir quel groupe est de telle ou telle vague c'est pas trop ma spécialité, ni même les étiquettes en général. Mais oui à l'époque je n'écoutais quasi exclusivement que du black. De mémoire, les groupes que j'écoutais à l'époque sont grossièrement : Marduk, Setherial, Funeral Mist, les vieux Deathspell Omega, Belphegor etc...
Et dans le Black français, réputé dans le monde pour sa qualité, quels groupes vous ont marqué à vos débuts, aussi bien en tant que fans que musiciens ?
Et bien justement les vieux Deathspell Omega à l 'époque. Sinon il y avait aussi Orakle qui m'avait marqué, Nehemah, les premiers Otargos, Belenos et plein d'autres...
Je n'ai pas compris certaines critiques de votre EP suivant,« Curse them », sorti en 2012. Certains parlaient de « pop » (!!!) Je ne sais pas ce qu'ils ont dans les oreilles. Pour moi il s'agit d'une progression naturelle du premier LP, certes plus mélodique, mais dans la continuité. Qui a eu l'idée de la reprise de Christian Death ? Penses tu que cet EP marque une transition entre deux époques pour le groupe ? Bref, dis nous tout (lol)
Je ne sais pas trop ce que ces gens entendent par « pop », c'est étrange effectivement. Mais tant mieux pour eux...
Je suis d'accord avec toi pour ce qui est de la progression naturelle, et ça vaut pour toutes nos sorties d'ailleurs. Pas de studio cette fois ci, j'ai fait cet Ep à la maison avec un peu plus de matériel que pour Zoon, le résultat est bien plus aboutit d'ailleurs.
Pour Christian Death, c'était mon idée, j'aime beaucoup ce groupe et c'était une belle façon de leur rendre hommage. On a d'ailleurs joué cette reprise en concert il y a peu.
Je suis également complètement d'accord pour dire que ce disque marque une transition. C'est une période durant laquelle j'ai commencé de manière très discrète à insérer des éléments externes au black metal dans ma musique. Rien n'était calculé, mais j'ai toujours dit que Moonreich serait le reflet de mes écoutes et goûts musicaux au moment T.
Vous sortez votre deuxième album « Terribilis est locus iste » en 2013. Cela signifie quelque chose comme « ce lieu est terrible » non ? (je ne suis pas latiniste, désolé ). En tous cas l'album l'est, terrible ! Une avalanche de mort qui s'abat sur nous, avec une brutalité non feinte. Vous étiez en colère ? Vous avez voulu en recadrer certains ? Tiens, petite question subsidiaire compte tenu des textes : Quel est le rapport de Moonreich au satanisme ?
Ta traduction est juste ! Terribilis est un concept-album, qui raconte une histoire semi-réelle semi-fictive sur Rennes-Le-Château. Je ne vais pas tout détailler ici mais j'invite grandement les lecteurs à se plonger dans les mystères qui entourent ce village.
« Terribilis Est Locus Iste » est gravé sur l'entrée de l'église pour des raisons tout à fait obscures.
Si on était en colère ? Bien sûr, nous le sommes toujours, sinon on ferait sans doute du reggae. On avait pas spécialement envie de recadrer qui que ce soit ceci dit, on a juste laissé sortir les chansons qu'on avait en nous, naturellement, en tentant de mettre en musique le plus fidèlement possible l'histoire qu'on raconte sur cet album. Le rapport de Moonreich au satanisme ? Une inspiration sans aucun doute, plus dans le sens spirituel du terme que religieux. Après, cela reste de l'ordre du privé.
Votre « Pillars of Detest » sorti en 2015, est pour moi le commencement de quelque chose de nouveau pour Moonreich comme pour le BM français : un mix entre un Black violent d'une certaine tradition et des éléments plus modernes, « post » et dissonants. Vous êtes parmi les meilleurs dans ce domaine. Certains ont commencé à vous comparer au grand Deathspell Omega à cette époque. Qu'en pensez-vous ? Pouvez vous revenir sur cet album en détails ?
Alors là clairement, grosse évolution musicale sans aucun doute, car grosse évolution personnelle. Encore une fois, rien de calculé. C'est simplement que je me suis mis à écouter plein de choses différentes, hors metal, et que ça c'est infiltré dans mon écriture. J'ai réellement commencé à ce moment à être beaucoup moins indulgent envers moi même sur ce que je composais. Je ne pouvais pas me satisfaire du fait de recréer des schémas, de stagner. J'ai commencé à écouté des choses plus complexes, mais aussi plus parlantes pour moi. J'ai donc naturellement mixé tout ça dans la musique du groupe, et voilà le résultat. On est retournés en studio pour cet album, et je pense que c'est l'enregistrement le plus alcoolisé que j'ai effectué jusqu'à présent. Pour l'anecdote, Macabre du groupe Mortis Mutilati, qui joue la basse sur ce disque, et moi avions fait les provisions pour l'enregistrement. L'ingénieur du son n'en revenait pas, on est littéralement revenus avec un caddy entier d'alcool. Il s'est d'ailleurs endormi sur sa basse en plein enregistrement.
Notre musique devenant plus chaotique que précédemment, on a fait en sorte que les conditions d'enregistrement le deviennent également. Ce sont tout de même de bons souvenirs.
C'était également un honneur de Travailler avec Devo de Marduk sur cet album, qu'il a mixé et masterisé.
Arrive alors votre dernier bébé en date, « Fugue », sorti en Décembre 2018 en format physique. J'ai déjà encensé le disque dans ma chronique (ici lien vers la chronique) je m'autocite : « Il va être difficile de faire mieux dans le genre que cet album, dont la réussite artistique est renforcée par une production vraiment adéquate ». Dont acte. Un album qui franchit un pas de plus vers la modernité tout en restant viscéralement attaché à un BM violent et obscur. Que pouvez vous nous dire de cette merveille, quej'ai classé 11ème dans ma liste de disques préférés de 2018 ! (et dieu si ce fut une grande année en matière de sorties!)
Merci pour tes compliments. Un véritable chemin de croix ce disque... Il a été vraiment difficile à écrire, tant pour des raisons personnelles, que parce que j'étais intransigeant envers moi même sur la composition. J'y ai vraiment lâché mes tripes comme jamais. C'était éprouvant, réellement. 2 ans et demi de travail. Quand on a rendu le master au label, le soulagement fut intense. C'est celui dont je suis le plus fier aujourd'hui, et pas parce que c'est le dernier en date. Ce dont je suis le plus fier, c'est d'avoir mélangé des influences extrêmement différentes. On a le plus gros son qu'on a jamais eu et ça sert complètement les morceaux.
Comment voyez vous l'avenir musical du groupe ?
Toujours le même but, faire la musique qu'on aime, sans se compromettre dans un seul style. Continuer à prendre des risques, à mélanger les influences selon les goûts personnels du moment.
D'autres projets ? Weddir, tu as fait partie pendant un an de The Negation, comment vois tu les polémiques actuelles autour d'eux en ce moment (accusations de sympathies NS et annulations de concerts) ? Tu es toujours dans Aevlord ? Sinai prévois tu autre chose avec Griffon ?
Je joue toujours dans Glorior belli, et ce depuis 5 ans maintenant, même si c'est plutôt calme en ce moment.
Pour The Negation, le bassiste est un ami. Je ne saurai pas trop quoi te dire pour ces polémiques dont je n'ai pas trop connaissance, c'est plus leur problème que le notre. Mais les connaissant, dire qu'ils sont sympathisants NS, c'est un peu ridicule.
Alors, non je ne suis plus dans Aevlord, j'ai juste dépanné pour un concert, et Sinai ne jour plus dans Moonreich aujourd'hui.
Ce livre va parler des différents sous-genres du BM depuis ses débuts. Je vais te donner une liste de certains et tu vas me dire ce que tu en penses :
1. NSBM
Vraiment pas grand chose. Je ne vois pas vraiment ce que la politique vient faire dans la musique, et surtout dans le black metal. Si ce n'est pour alimenter tous ces ados en manque d'adrénaline.
2. DSBM
Définitivement pas ma tasse de thé. J'adore la musique triste, c'est clairement ce que je préfère à vrai dire. Mais dans le Black Metal, ça ne fonctionne pas à mon sens, mais ce n'est qu'une histoire de goûts pour le coup.
3. Raw BM
Ça dépend de ce que entends par là, certains groupes peuvent être séduisants, en revanche c'est le War Black que je n'aime vraiment pas.
4. Black/Thrash
Je ne suis pas un grand fan non plus, à une exception prêt : Aura Noire, j'adore leur disque « Out to die »
5. Post-Black
Il y a du bon, mais ça a tellement le vent dans le dos aujourd'hui qu'il y a à mon goût trop de groupes qui se copient les uns les autres, tant musicalement qu'esthétiquement.
6. Blackgaze
Tu vas trop loin pour moi dans les étiquettes mec...(NdS : désolé c'est pour les besoins du livre !)
7. Atmosphéric BM
Je suis pas un grand connaisseur, mais j'ai vu un live de Darkspace récemment, et bien je suis rentré dedans à fond ! C'était planant.
8. Blackened crust
Si tu penses à des groupes comme Trap Them, ou bien All Pigs Must Die, je suis de la partie !
9. Blackened Death Metal
Quand c'est bien fait oui ! J'étais bien à fond dans Belphegor et Behemoth dans ma folle jeunesse.
Autre liste : tes 20 albums préférés de tous les temps dans n'importe quel style ?
Alors, sans ordre précis :
Tous les Mars Volta :
The Mars Volta – Deloused In the Comatorium
The Mars Volta – Amputechture
The Mars Volta - The Bedlam in Goliath
The Mars Volta - Octohedron
The Mars Volta – Noctourniquet
The Mars Volta - Frances the Mute
Marduk - Rom 5:12
Belphegor : Lucifer Incestus
Calabrese : They Call us Death
Pnl : Deux Frères
Behemoth - The Apostasy
Akrhon Infaustus - Orthodoxyn
Unleashed - Midvinterblot
Shining - Halmstad
Salif – Boulogne Boy
Arcturus - The Shame Mirror
Arcturus - La Masquerade Infernale
Leprous – Congregation
Slipknot – Vol.3 The Subliminal Verses
Kickback : No Surrender
Rammstein - Reise, Reise
Rammstein – Rammstein
Arcane Roots - Blood & Chemistry
Funeral Mist – Salvation
Deathpell Omega – Paracletus
Celeste - Animales
The Clarke / Duke project
Daft Punk – Random Acces Memories
Deftones – Koi No Yokan
Diapsiquir – Anti
Queens of the Stone Age – Songs for the Deaf
The Dillinger Escape Plan – One of us is the Killer
Gojira – From Mars to Sirius
Poison the Well – Versions
Gorgoroth – Antichrist
Liste non exhaustive bien entendu, c'est simplement ce qui me passait par la tête.
Que penses tu de la scène BM actuelle ? En France et ailleurs?
Je ne saurai te dire, il y a du bon et du moins bon comme partout, même si c'est subjectif. Je n'ai pas vraiment d'avis là dessus, je suis trop occupé à faire mon propre truc. Je suis pas sûre que la nationalité d'un artiste ait une quelconque valeur apportée à sa musique. Donc vraiment là dessus, je n'ai pas d'avis.
Un espace libre et vierge : dis ce que tu veux est l'essentiel de la loi (Alescribe Crowrock) :
Merci à toi pour ton temps, ça fait plaisir de rencontrer quelqu'un qui s'est réellement plongé dans notre discographie !
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THIS IS THE ENGLISH VERSION
From the raw and brutal Black Metal of its beginnings to a mixture that can reconcile the old and the modern in their often sterile quarrels, Moonreich has marked French Black Metal with a red iron since their beginnings in 2008. Obsessed by the war, they knew how to restore it to music like a Marduk, but they went far beyond that, creating a fascinating and almost experimental atmosphere so personal has it become. Review of details with the soul of this unique combo. Album by album, a career retrospective to the sublime "Fugue", the latest to date...
Hi Moonreich, and thank you for agreeing to answer my questions. The group was formed in 2008 in Paris. Can you tell us how the group was founded? With what objectives?
Hi, The project was actually born in the Parisian suburbs somewhere in 2018, no extraordinary story about the band's early days, I was a teenager, passionate about extreme music. Making a group, or more precisely a solo project at first, was like a drive, I didn't know why or how, but I had to do it. I had anger, rage, I needed an outlet, it could have been full of things, but it was finally the music. Everything I had to say, to make people feel at that time, I did it with music. There was really no particular objective, except to let this drive take shape. It was like a homework assignment, I knew I had to do it.
You started with a raw and dark Black Metal, favouring atmosphere and heaviness over speed contests. Your first EP "Zoon Politikon" was released in 2009. Can you tell us about it? What were your influences then and what did you want to tell us with this EP?
A first purely instinctive test. Zero budget, no talent, no musical knowledge, but a devouring passion and an intense flame in me. At that time I was interested in black metal but I also had a great punk influence, I was rather a fan of Misfits and company... You can feel it a lot when you listen. I recorded this tape alone in my teenager's room, with a rotten Roland cube amp, a rotten drum machine and an old midi bass. But despite all this, I still love the energy that comes from Zoon Politikon, we even played a song about it again at our 10th anniversary concert of the band this year. It is also the time of the very first concert with session musicians. It was crazy, we didn't have enough equipment, we played 15-20 min, the guys didn't know the songs. I was still a minor at the time, I didn't care, it was rock'n' roll.
First album in 2011 with "Loi Martiale". From the outset, the cover sets the scene: here we will talk about war and death. When listening, you are immediately seduced by "the look of the hanged man", gloomy as you wish and violent to the extreme. At that time you appeared as a pure Black Metal warrior band. Was the influence of a Marduk present? What led you to these lyrical subjects?
It's quite a special experience, the songs were more or less as primitive as on Zoon, but it was the first time in the studio. In the meantime we had become more or less a band with a more or less permanent line-up. First album in the studio with a small budget, a little preparation and a lot of doubts. But we still went straight to the head and did what we had to do. As far as the theme is concerned, it's much deeper than we think. There is a real story behind it, told by our singer of the time. It's about the post-traumatic stress of a French soldier after the Second World War. He could no longer bear the horror visions he had to endure. The cover is also an illustration of his nightmare, a German soldier with a skull and crossbones who materialized his terror. At the time some jesters called us an "ns" group because of this cover. But when you know the story behind it, you understand the logic of the thing and realize that it's something else. It was clearly not "hey, let's put a German soldier there to do something provocative". Moreover, the soldier in question is real, he was the grandfather of a member of the group at the time. He hanged himself after the war.
As for the influence, I started to give up punk a little bit to actually produce a black metal without too many external elements. Marduk is indeed a pillar band in my understanding of Black metal.
Musically, this album is a slap in the face, the blast/mid tempo passages are perfectly managed, the production is great and the atmosphere is very much present, unlike some Brutal BM records. The 2nd wave of the BM made in Norway can also be felt at times, can't it? Which groups in particular?
You know, I don't ask myself so many questions, I send the riffs as they come. Knowing which group is from which wave is not my specialty, nor even labels in general. But yes, at the time I listened almost exclusively to black music. From memory, the bands I was listening to at the time are roughly: Marduk, Setherial, Funeral Mist, the old Deathspell Omega, Belphegor etc....
And in the French Black Metal scene, renowned in the world for its quality, which bands marked you in your early days, both as fans and musicians?
Well, the old Deathspell Omega at the time. Otherwise there was also Orakle who had marked me, Nehemah, the first Otargos, Belenos and many others...
I didn't understand some of the criticisms of your next EP, "Curse them", released in 2012. Some people talked about "pop" (!!!!!) I don't know what's in their ears. For me it is a natural progression of the first LP, certainly more melodic, but in continuity. Whose idea was it to cover Christian Death? Do you think that this EP marks a transition between two eras for the band? Anyway, tell us everything (lol)
I'm not sure what these people mean by "pop", it's strange indeed. But good for them....
I agree with you about the natural progression, and that goes for all our outings, by the way. No studio this time, I made this Ep at home with a little more equipment than for Zoon, the result is much more successful besides.
For Christian Death, it was my idea, I really like this band and it was a great way to pay tribute to them. We played this cover in concert a short while ago.
I also completely agree that this record marks a transition. It's a period during which I started very discreetly to insert elements external to black metal into my music. Nothing was calculated, but I always said that Moonreich would reflect my listening and musical tastes at the time.
You are releasing your second album "Terribilis est locus iste" in 2013. It means something like "this place is terrible", right? (I'm not a Latinist, sorry). In any case, the album is, terrible! An avalanche of death that falls upon us, with a brutality that is not pretended. Were you angry? Did you want to reframe some of them? Here, a quick subsidiary question in view of the texts: What is Moonreich's relationship to Satanism?
Your translation is correct! Terribilis is a concept-album, which tells a semi-real semi-fictional story about Rennes-Le-Château. I will not go into all the details here, but I would like to invite readers to delve into the mysteries surrounding this village.
"Terribilis Est Locus Iste" is engraved on the entrance of the church for reasons that are quite obscure.
What if we're angry? Of course, we still are, otherwise we would probably do reggae. We didn't really want to reframe anyone though, we just let the songs we had in us out, naturally, trying to set the story we're telling on this album to music as faithfully as possible. Moonreich's relationship to Satanism? An inspiration without a doubt, more in the spiritual sense of the word than religious. After that, it remains private.
Your "Pillars of Detest" released in 2015, is for me the beginning of something new for Moonreich as for the French BM: a mix between a violent Black man of a certain tradition and more modern, "post" and dissonant elements. You are among the best in this field. Some began to compare you to the great Deathspell Omega at that time. What do you think of that? Can you come back to this album in detail?
So there clearly, big musical evolution without a doubt, because big personal evolution. Again, nothing calculated. It's just that I started listening to a lot of different things, except metal, and that infiltrated my writing. I really started at that moment to be much less forgiving to myself about what I was composing. I couldn't be satisfied with recreating patterns, stagnating. I started listening to more complex things, but also more meaningful to me. So I naturally mixed all this into the band's music, and here's the result. We went back to the studio for this album, and I think it's the most alcoholic recording I've made so far. For the anecdote, Macabre from the band Mortis Mutilati ,who plays the bass on this record, and I had made the provisions for the recording. The sound engineer couldn't believe it, we literally came back with a whole caddy of alcohol. He fell asleep on his bass in the middle of the recording.
As our music becomes more chaotic than before, we have made sure that the recording conditions also become chaotic. They are still good memories.
It was also an honor to Work with Devo de Marduk on this album, which he mixed and mastered.
Then comes your latest baby, "Fugue", released in December 2018 in physical format. I have already praised the album in my column (here link to the column) I self-cite: "It will be difficult to do better in the genre than this album, whose artistic success is reinforced by a really adequate production". Of which act. An album that takes another step towards modernity while remaining viscerally attached to a violent and obscure BM. What can you tell us about this marvel, that I ranked 11th in my list of favorite records of 2018! (and God if it was a great year for outings!)
Thank you for your compliments. A true way of the cross this disc.... It was really difficult to write, both for personal reasons and because I was uncompromising with myself about the composition. I really let go of my guts like never before. It was trying, really. 2 and a half years of work. When we returned the master to the label, the relief was intense. It is the one I am most proud of today, not because it is the latest. What I am most proud of is having mixed extremely different influences. We have the biggest sound we've ever had and it completely serves the pieces.
How do you see the musical future of the band?
Always the same goal, to make the music you love, without compromising yourself in a single style. Continue to take risks, to mix influences according to the personal tastes of the moment.
Other projects? Weddir, you were part of The Negation for a year, how do you see the current controversies around them right now (accusations of NS sympathies and concert cancellations)? Are you still in Aevlord? Sinai, are you planning anything else with Griffon?
I still play in Glorior belli, and I've been doing it for 5 years now, even if it's pretty quiet right now.
For The Negation, the bass player is a friend. I won't know what to tell you about these controversies that I don't know much about, it's more their problem than ours. But knowing them, saying they are NS sympathizers is a little ridiculous.
So, no, I'm no longer in Aevlord, I just helped out for a concert, and Sinai is no longer in Moonreich today.
This book will discuss the different subgenres of the BM since its inception. I'll give you a list of some of them and you'll tell me what you think:
NSBM
Really not much. I don't really see what politics has to do with music, and especially with black metal. Except to feed all these adrenaline-starved teenagers.
DSBM
Definitely not my cup of tea. I love sad music, that's clearly my favorite thing to say. But in Black Metal, it doesn't work in my opinion, but it's just a matter of taste for the occasion.
Raw BM
It depends on what that means, some bands can be attractive, but it's the War Black that I really don't like.
Black/Thrash
I'm not a big fan either, with one ready exception: Aura Noire, I love their album "Out to die"
Post-Black
There's some good things, but it's so windy today that there are too many bands copying each other, both musically and aesthetically, for my taste.
Blackgaze
You go too far for me in the labels, man...
Atmospheric BM
I'm not a great connoisseur, but I saw a live Darkspace show recently, well I got into it! It was high.
Blackened crust
If you think about bands like Trap Them, or All Pigs Must Die, I'm in!
Blackened Death Metal
When it's well done, yes! I was into Belphegor and Behemoth in my crazy youth.
Q13: Another list: your 20 favorite albums of all time in any style?
So, in no specific order:
Tous les Mars Volta :
The Mars Volta – Deloused In the Comatorium
The Mars Volta – Amputechture
The Mars Volta - The Bedlam in Goliath
The Mars Volta - Octohedron
The Mars Volta – Noctourniquet
The Mars Volta - Frances the Mute
Marduk - Rom 5:12
Belphegor : Lucifer Incestus
Calabrese : They Call us Death
Pnl : Deux Frères
Behemoth - The Apostasy
Akrhon Infaustus - Orthodoxyn
Unleashed - Midvinterblot
Shining - Halmstad
Salif – Boulogne Boy
Arcturus - The Shame Mirror
Arcturus - La Masquerade Infernale
Leprous – Congregation
Slipknot – Vol.3 The Subliminal Verses
Kickback : No Surrender
Rammstein - Reise, Reise
Rammstein – Rammstein
Arcane Roots - Blood & Chemistry
Funeral Mist – Salvation
Deathpell Omega – Paracletus
Celeste - Animales
The Clarke / Duke project
Daft Punk – Random Acces Memories
Deftones – Koi No Yokan
Diapsiquir – Anti
Queens of the Stone Age – Songs for the Deaf
The Dillinger Escape Plan – One of us is the Killer
Gojira – From Mars to Sirius
Poison the Well – Versions
Gorgoroth – Antichrist
Non-exhaustive list of course, that's just what I was thinking.
What do you think of the current BM scene? In France and elsewhere?
I can't tell you, there are good and not so good as everywhere, even if it's subjective. I don't really have an opinion on that, I'm too busy doing my own thing. I'm not sure that an artist's nationality has any value to his music. So really on that, I have no opinion.
A free and virgin space: say what you want is the essence of the law (Alescribe Crowrock):
Thank you for your time, it's nice to meet someone who really immersed himself in our discography!
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