INTERVIEW AVEC
William SPOK
William Spok, également connu sous le patronyme de Morgan Von Feuster, est un passionné qui, depuis plusieurs années, fait découvrir de nouvelles formations toutes plus intéressantes par le biais du webzine Scholomance. Mais William est aussi chercheur en anthropologie et figurez vous qu'après avoir travaillé sur l'atmosphère dans le black metal (et en avoir fait un livre) il est en train de rédiger sa thèse sur la scène Metal chinoise. Un sujet passionnant pour une scène qui recèle de nombreux courants tout a fait vivifiants. C'est de tout cela que nous parlons ici avec William et bien plus. Comme quoi les réseaux sociaux, bien que nous les critiquions, servent à cela : de belles rencontres, car William fait partie de ceux avec qui j'ai eu de beaux échanges depuis un an alors que nous ne nous sommes jamais rencontrés. Chose bientôt réparée car William va donner une conférence sur le sujet de sa thèse à Toulon le 23 Novembre prochain et le Scribe sera là ! On en reparle...
Bonjour
William et merci de bien vouloir répondre à mes questions ! Tout d'abord peux
tu te présenter et parler de ton travail à Scholomance et en tant
qu'anthropologue “métallique” ?
Salut Pierre ! Merci à toi de
t’intéresser aux différentes facettes de mon travail. Je m'appelle William mais
je suis aussi connu sous le pseudonyme Morgan Von Feuster. Ça me permet de
différencier mon travail au sein du webzine et en tant que jeune chercheur en
anthropologie. Pour Scholomance, j'ai créé le webzine voilà bientôt 10 ans, en 2011
précisément. C'était à l'origine une simple page Facebook qui partageait les
infos de divers webzines, pages etc... mais rapidement mon envie de traiter des
groupes que j'aime et qui n'avaient pas d'écho sur les webzines que je suivais
a fait que j'ai commencé à trouver ma propre ligne éditoriale. C'est à cette
époque que le site s'est construit, que Jules et Thomas m'ont rejoint, on a
grandi, ils ont quitté Scholomance pour se consacrer à d'autres projets, c'est
maintenant Marion et William (oui on lance une dynastie au sein du webzine
haha) qui m'épaulent au quotidien dans sa gestion. Au sein de Scholomance je
touche à tout, news, chroniques, articles interviews etc... il faut être polyvalent
quand tu gères une équipe. En tant qu'anthropologue mon parcours était assez chaotique à ses
débuts. J'ai suivi une double licence d'Histoire / Ethnologie mais elle a été
supprimée avant que je puisse valider ma Licence 3 d'Histoire. J'ai du choisir
dès ma seconde année entre l'Ethnologie et l'Histoire, si l'Histoire est mon
premier amour la façon dont elle est actuellement enseignée à la Fac de Nice ne
me convient pas du tout. L'esprit critique est totalement annihilé. C'est
l'Ethnologie qui a fait que j'ai pu exprimer pleinement ma curiosité dans le
travail et la recherche. En licence j'avais écrit mon premier “gros” dossier
sur le Metal en suivant le parcours qui menait un groupe niçois à se
professionnaliser dans la région. En Master, et bien tu as le résultat entre
tes mains, il s'agit de mon ethnographie de la scène niçoise et de la
construction de l'atmosphère. Un concept qui me fascine et qui soustend
toujours mon travail, même maintenant. À l'heure actuelle, mon travail se
concentre sur la création d'une identité chinoise à travers le Metal.
Tu as vécu et
travaillé en Chine, où tu as observé et participé à la scène Metal, quels
constats en retires-tu ?
J'en tire une thèse complète
donc c'est un peu compliqué de te résumer ça d'un coup, surtout que les
constats ne sont pas tous “constatés”, si je peux dire. J'y ai participé en
tant que chercheur et chroniqueur étranger, je n'ai pas pris part à celle-ci
comme j'ai pu le faire à Nice où j'ai fait parti d'associations et organisé un
festival sous le nom de ScholoFest (en stand-by pour le moment, faute de
temps). C'est une scène bien plus complexe que ce à quoi je m'attendais, sa
structure, sa façon de fonctionner est à mille lieues de se qui se passe en
France, même à Paris. Un groupe de Metal peut vivre de sa musique par exemple,
sans pour autant tourner à l'étranger. On retrouve de gros noms qui chapottent
l'ensemble de la scène chinoise alors qu'elle est immense. Mais on a toujours
les guerres entre les styles... des choses ne changent pas. J'y ai rencontré énormément de groupes qui me faisaient rêver quand
je les ai découvert, Ritual Day, Li Chao d'Enmity, Dream Spirit et surtout
Zuriaake que j'avais déjà recontré à Paris lors de leur premier concert
français. À côté de ça des rencontres inattendues se sont faites et ont
beaucoup influencé mon travail, comme Dryad et Wang Xiao de Bliss-Illusion, qui
sont devenus des amis proches.
Tu manages le
groupe Bliss Illusion, que j'ai interviewé ici même, peux tu nous raconter
comment s'est faite la rencontre et comment en êtes vous venus à travailler
ensemble ?
Oula, c'est très long et plein
de rebondissements ! Dans un premier temps je ne connaissais pas du tout le
groupe. C'est quelques semaines après mon arrivé en Chine que j'ai rencontré
Shun de Dream Spirit qui m'en a parlé en premier sur WeChat (le Facebook /
Wathsapp nationnal). Il m'a fait découvrir ce projet atypique mélant Post-Black
Metal à la Alcest et musique bouddhiste. Il m'a envoyé le contact de Jun Zhang
(aka Mister Zhang) qui s'occupe d'un magazine chinois sur le Metal D-Land
Magazine sous le nom de Demogorgon, un des deux magazines cultes en Chine avec
Painkiller. Il s'occupe maintenant de l'organisation et du management de
Bliss-Illusion en Chine. Du coup je m'occupe simplement d'eux pour l'extérieur.
J'ai rencontré Dryad à son studio quelques semaines après et, au dela de ma
recherche, de vrais liens se sont créés. On s'est découvert beaucoup de points
en communs, les jeux-vidéos, la musique et la bouffe ! Je les avais vu en
concert au 330 metal Festival, une sorte de gros fest en plein coeur de Pékin
qui regroupe du Metal de tous styles, du Neo au Post-Black en passant par le
Death Metal et le Metalcore. C'est après, lors de la seconde date où je les ai
vu, que j'ai eu une vraie révélation sur leur musique. Depuis je les ai vu au
moins cinq fois en concert. J'ai voulu les faire connaitre lors d'un retour en France, je
trouvais dommage que pas plus de personne ne connaissent, c'est faisable
d'avoir Facebook en Chine mais ça reste contraignant avec les VPN aléatoires
etc... donc je leur ai proposé de faire une page Facebook et de fil en aiguille
je me suis de plus en plus investi jusqu'à les faire signer pour une version
occidentale chez Anesthetize Production, des amis de longue date, qui ont aussi
sorti mon livre.
Comment est
perçue leur musique là bas, et ici ?
Question compliquée... Le Metal
ou même le Rock au sens large n'est pas du tout marginalisé en Chine. Bien au
contraire ces styles sont des moyens de s'intégrer socialement et d'accèder à
un certain statut et préstige social. Cui Jian est le premier rockeur et la
première Rock Star chinoise, Tang Dynasty, un des premiers groupes de Heavy
Metal chinois a vendu plusieurs millions d'albums juste en Asie. Nine Treasures,
groupe de Folk Metal mongol de Mongolie-Intérieure (la région chinoise) vit de
sa musique aussi par exemple. Tous les groupes n'en vivent pas, loin de là,
mais il n'y pas d'exclusion sociale du “metalleux”, c'est même vu comme “cool”
par certaines personnes, ce qui pose d'autres enjeux. Mais il n'y a pas de
mauvaise perception, la plupart des chinois n'ont même pas concience que cette
musique puisse cohabiter avec leur Pop chinoise acidulée. Une de mes amies a
découvert le Metal en France mais ne savait pas que ça existait en Chine avant
que je lui dise. Le Punk, ou la Noise c'est une autre histoire... Ces styles
n'ont pas aquis de potentiel de sympatie du gouvernement et donc de la
population, c'est bien plus compliqué de faire de la Noise et du Punk que du
Black Metal. Pour la France, j'ai vu les deux réactions. Ceux qui étaient
enthousiastes et ceux qui crachent allègrement dessus car c'est une scène qui
n'est pas “légitime'' à leurs yeux, plus
un peu de racisme quotidien vis-à-vis d'un pays qu'ils ne connaissent pas ou
que via des médias qui prennent absolument le parti de diaboliser la Chine. Je
me concentre plutôt sur ceux qui sont surpris et cherchent à comprendre ce
Metal chinois.
Certains vont
nous accuser de “copinage” entre webzines, mais je m'en fous, je trouve qu'en
France chacun tire trop dans son coin en ignorant les autres, qu'en penses tu ?
Et qu'as tu constaté en Chine à ce niveau ?
Ignorer est parfois bien mieux
que la guerre ouverte. Mais oui on gagnerait à structurer les médias, mais ça
permet aussi d'avoir une certaine diversité, chaque webzine à ses propres
passions et goûts. On trouvera de quoi faire selon nos envies. J'ai du mal à
avoir un avis là dessus du fin fond de mon village, j'ai pas de contact, à part
sur facebook, avec les autres structures. Ça m'est plus ou moins égal tant
qu'on me fout la paix. J'en ai toujours fait qu'à ma tête en partant de rien
donc je cherche juste à partager et travailler avec les gens que j'apprécie. Je
gagne pas de sous avec Scholomance (au contraire) donc j'ai de compte à rendre
à personne. Pour la Chine c'est pareil en pire. Les deux magazines dont je te
parlais, D-Land et Painkiller pouvait pas se blairer et leurs créateurs
s'ignorent de façon magnifique. Pour les webzines, il n'y en a pas comme on
l'entend ici. C'est via Wechat et Weibo qu'on se tient au courant de
l'actualité des groupes chinois et des concerts. Ce sont les associations,
labels etc... qui s'occupent de la communication en tenant des blogs.
Tu travailles sur une thèse qui s'intitule
“L'identité dans la scène Metal chinoise : création et
expression d'un imaginaire spécifique au sein d'une culture normée”. Comment
t'es venu ce sujet de recherche, et pourquoi la Chine ?
Il y a rien qui ressemble plus à un “metalleux”
qu'un autre “metalleux”. Veste a patch, t-shirt de groupe, rangers, cheveux
longs etc... Le Metal est intrinsèquement construit de nombreux codes musicaux et stylistiques. Qu'ils soient définis ou que
ce soit des non-dits, ils existent. Mais quand on écoute certains styles de
Metal on reconnait la culture dont ils sont originaires, c'est flagrant pour ce
qui est du Pagan ou du Folk, mais ce n'est pas uniquement le cas. On reconnait
le “son” du True Black Norvégien, du Death Mélodique suédois par exemple, on
sait que le groupe veut “sonner” comme ça. Quand j'écoutais, il y a des années,
du Metal chinois je cherchais quelque chose de précis que je ne retrouvais pas
dans les autres scènes. Même si ils chantent en anglais et que ça parle de
Satan, comme Hellfire, ça “sonne” chinois, pour tel ou tel raison, mais ça
sonne chinois. C'est ce qui m'a fait m'intérroger sur la scène Metal chinoise,
est-ce que c'est du Metal fait en chine ou vraiment du Metal chinois ? C'est à
dire un Metal qui s'est construit en tant qu'expression musicale chinoise et
pas seulement Metal. Lorsque
j'ai construit mon sujet de recherche, la scène chinoise et la scène
québécoise était les deux scènes qui selon moi exprimaient le mieux cette
idée. Mais au fond de moi l'Asie était toujours plus présente. Le choix a été
purement subjectif, j'ai des origines asiatiques, j'ai vécu et grandi dans un
mélange culturel entre le Vietnam et l'Allemagne et pendant mon enfance j'ai
bouffé du Manga à toutes les sauces. C'est peut-être con comme raison mais ça
reste important dans ma construction en tant qu'individu. Je suis beaucoup
moins dans un délire “Japon Manga” mais je garde une profonde fascination pour
cette culture. Le choix de la Chine s'est fait par la suite quand je me suis
lassé du public manga qui limitait le Japon a cette unique facette de la pop
culture du pays. J'ai voulu explorer d'autres histoires, d'autres pays. La
Chine est le pays le plus grand d'Asie, ça s'est fait naturellement,
s’intéresser à l'histoire de l'Asie c'est s’intéresser à la Chine qui
cristallise sur son territoire une énorme partie de cette histoire.
Dans cette thèse tu t'arrêtes le long d'un
chapitre sur une figure fondatrice du Black Metal chinois, Li Chao. Peux tu
nous parler de ce personnage singulier ? Comment expliques tu son “dégoût” pour
ce que la scène BM chinoise devient ? Peux tu nous parler de ses projets
musicaux ?
La question ! Je peux pas t'expliquer son
“dégoût” en quelques lignes, c'est son parcours au sein de la scène Metal
extrême qui l'a fait s'en éloigner. C'est pas un truc où il s'est réveillé un
matin en se disant : “Le Black metal chinois c'est de la merde”. Il n'aime pas
une grosse partie des groupes qui y sont y compris Evilthorn dont il a été le
frontman, le parolier et dont il a composé une partie des riffs. Il a aimé le
Black Metal chinois à ses débuts, il aime toujours certains projets comme Yn
Gizarm (le side-project de Bloodfire de Zuriaake) ou encore Ululate qui fait du
Blackened Death maintenant. Son dégout vient surtout de l'imagerie “cool” qui
se dégage maintenant de cette musique et pour lui la scène chinoise ne joue que
sur cet aspect. C'est ce qui fait que rencontrer Li Chao est assez perturbant
en tant que chercheur et amateur de Metal chinois. Il a grandement participé à
la création de cette scène avec Evilthorn et Enemity et elle ne serait
certainement pas ce qu'elle est aujourd'hui sans lui, mais à côté de ça il l'a
complètement exclu de sa vie. Zaliva-D, son projet actuel, est un mélange
d'Electro, Dark Techno et de musique ritualiste et Ambient comme sur Enmity. Il
n'y a plus de trace de Black Metal pur comme sur Evilthorn ou d'imagerie
satanique, il n'y a plus le côté bouddhiste ou taoïste qu'on retrouve sur
Enmity. Zaliva-D puise dans l'Orient au sens large, sans frontières, on y
trouvera des touches arabisantes mais aussi encore taoïstes, c'est pourtant
différent d'Enmity. Dans “WuYuan”, l'unique album d'Enmity, tu as pas
d'instrumentation “occidentale”, c'est des instruments chinois sur du chant
DSBM alors que sur Zaliva-D les passages taoïstes par exemple sont mis au
second plan, les sons electro ont la part belle.
Tu avais déjà publié un ouvrage sur ton
précédent travail de recherche sur “l'atmosphère dans le Black Metal” dans
lequel tu te penchais sur cette notion en prenant pour exemple des groupes de
la scène niçoise dont tu es issu...Peux tu nous en parler ?
Je suis pas du tout issu de la scène niçoise,
j'ai découvert celle-ci quand je suis arrivé dans la ville pour mes études. Mon
contact avec le Metal était très limité à cette époque. Sans le permis dans les
villages c'est compliqué de se rendre en ville et surtout à Nice pour des
concerts. Je suis plutôt issu de la montagne.
Mon premier contact fût un concert de Black
Metal justement, il y avait Svart Crown et Darkenhöld je crois, c'était
organisé par Anesthetize justement qui faisait de l'organisation à l'époque
avant de se tourner dans la production de CDs et l'édition de livres. J'avais
pas vraiment de style de Metal préféré car au final je connaissais pas vraiment
ce qui faisait tel ou tel sous-genre. On était très peu a écouter vraiment du
Metal dans mon lycée, internet était pas super démocratisé pour se renseigner
et les magazines c'était un calvaire à trouver chez le marchant de journaux. Il
y avait plus de choix en DVD de cul que de magazines musicaux (c'est toujours
le cas d'ailleurs). Bref, donc c'est ce premier concert qui a fait que j'ai
commencé à vraiment m'intéresser aux Metal et à ses différentes expressions et
c'est aussi dans cette lancé de découverte que j'ai voulu partager ma passion
naissante et donc que j'ai créé Scholomance. Ce qui me fascinait (et me fascine
toujours) c'est comment les groupes arrivent à créer une “atmosphère”, cette
chose intengible mais pourtant si facilement saisissable. Les années passantes
j'ai découvert un auteur, un anthropologue, Mathieu Claveyrolas, qui arrive
dans sa recherche à étudier l'atmosphère, à la comprendre, à décrire et
expliquer les mecanismes qui la construise. Il explique que le thème et le
concept “d'atmosphère” nous permet de nous introduire dans n'importe quelle
experience sensorielle si on y est perméable. La musique en est pour moi une
expression parmis tant d'autres. Le Black Metal étant un style que
j'affectionne tout particulièrement, il a été facile de discriminer un
sous-genre pour cette recherche. Le concept même du sous-genre Black Metal
Atmosphèrique me faisait me dire que le Black Metal avait une relation
particulière avec cette idée “d'atmosphère”. Toujours inspiré par les travaux
de Mathieu Claveyrolas sur le temple de Sankata-Mocana à Bénarès, j'ai voulu
voir comment les acteurs de la scène Black Metal niçoise la percevaient et la
construisaient au quotidien. J'ai assisté à des répétitions, des phases de
composition et même un mariage. Tout ça créé l'atmosphère d'une scène. Pour
moi, un groupe n'est pas une entité unique et détachée de tout contexte social.
C'est peut-être le cas pour certains one-man band totalement misathropiques,
mais pas là.
Combien d'années de travail as tu consacré
à l'anthropologie du Metal à ce jour ?
Heu... 7 ans je dirais. 1 an à la fin de ma
Licence quand j'ai compris qu'on pouvait méler Metal et science sociale, 2 ans
pour mon Master, avec comme conclusion mon livre puis 4 ans pour ma thèse sur le Metal
chinois.
Pour revenir à ton webzine...Le nom
Scholomance vient d'où ?
Contrairement à beaucoup d'idée reçues le nom ne
vient pas de WOW. Il y a bien un donjon qui s'appelle Scholomance dans le jeu
mais je n'y ai jamais joué donc je l'ai appris bien plus tard quand tout le
monde me demandait si ça venait de là. J'ai découvert le nom en lisant Dracula
de Bram Stoker. On y apprend par Van Helsing que Dracula a été un des élèves de
Scholomance, cette école légendaire dirigée par le Diable. C'est là qu'il y a
appris la magie noire et les secrets de la nature. Le côté mystérieux, mystique
et légendaire de ce lieu perdu dans les montagnes transylvaniennes m'a
totalement fasciné. Il n'y avait que peu de littérature ou de référence à ce
nom, Cultes des Ghoules a un morceau qui porte ce nom dans son album Häxan
(2008) et j'aime beaucoup ce groupe. Même si j'ai découvert le morceau plus
tard, ça collait à l'idée que je m'en faisais. C'est peut-être pour ça aussi
que je me suis tourné plus radicalement vers l'underground, gardé cette idée de
dispenser quelque chose de “secret” et “noir”, une musique qui sort de
l'underground au sens littéral du terme. Puis le nom claque quand même !
Dans Scholomance tu privilégies des scènes
peu connues, et des groupes plutôt originaux, d'où te viens ce goût pour
“l'exotisme” et les groupes “à part” ?
Comme je te disais Scholomance a été créé, à
l'origine, car je trouvais pas les infos sur les groupes qui m'intéressaient
dans d'autres webzines. J'ai un besoin de découverte, de voyager en écoutant de
la musique, que ce soit dans les limbes les plus obscures et malsaines du Black
Metal ou dans les paysages oniriques et poétiques du Post-Rock par exemple. Je
te disais toute à l'heure que l'atmosphère était quelque chose de facilement
saisissable mais c'est aussi très facilement identifiable, tu as pas la même
atmosphère en écoutant du K.F.R et du Bliss-Illusion, ce sont des sonorités
différentes. C'est peut-être évident à dire mais c'est le cas. C'est justement
ces différents ressentis qui me font me tourner vers des choses que je n'ai
encore jamais écoutées. Les sonorités chinoises ont cette capacité a très
facilement te transporter car c'est déjà lointain au niveau géographique mais
aussi culturel. Contrairement au Japon ou aux USA, nous sommes moins abreuvés
de cette culture mais on retrouve des groupes “à part” aussi en France, comme
je te citais K.F.R, c'est un projet que j'aime beaucoup car il est atypique
dans le paysage sonore de la scène Black Metal. J'aime pas trop le terme
“exotisme” par contre car il renvoie à des idées préconçues d'une culture et on
limite souvent les groupes venus d'ailleurs à leur simple expression
“exotique”. Pour moi dire qu'un groupe est “exotique” c'est un peu comme les
Zoo humains qu'il y avait lors des expositions coloniales. Oui il y a des
sonorités différentes mais ça n'a rien d'exotique. Je viens du sud de la France
et la musique Bretonne par exemple est tous aussi différente que la musique
chinoise pour moi. Belenos n'est pas un groupe exotique aux dernières
nouvelles.
Tu as voulu partir de France à un moment
pour prendre l'air ?
Oui, je suis parti en Chine, il parait que l'air
est pollué mais pas tant que ça en fait. L'atmosphère de Pékin est bien
différente de la France, on est loin des clichés d'un pays totalitaire. Je vais
pas commencer à faire de la propagande mais dès qu'on laisse de côté la
politique en Chine le pays est très agréable à vivre. Les chinois s'en foutent
de la politique, j'ai fait de même. J'y ai rencontré des personnes qui sont
devenus des amis, et qui le reste même maintenant que je suis de retour en
France. La scène Metal aussi est différente, je pense que tu l'as compris. Il y
a des conflits mais tu n'es pas obligé d'y prendre part. Tu peux être ami avec
Li Chao et écouter du Black Metal et revendiquer aimer Zaliva-D sans qu'on
vienne te faire chier. Chaqu'un laisse vivre l'autre, ils sont pas tous à
regarder ce que tu fais, ce que tu écoutes, si tu es “famous” ou pas.
Sans être individualiste, les rencontres que
j'ai faite là bas, ils te prennent comme tu es en tant qu'humain, pas en tant
qu'individu avec une place sociale définie. C'est ce qui s'est passé avec
Dryad et Li Chao, en gros : “tu es français, ok, on s'en fout tu aimes manger
c'est le principal !”. Voila, j'adore le Metal chinois, Li Chao le déteste et
c'est quand même un ami, alors qu'ici si tu es pas fan de tel ou tel groupe bah
tu comprends rien au Metal.
Les prochains travaux de l'anthropologue ?
Rédaction d'un bouquin sur la Chine ?
Exactement ! Rédaction de la thèse qui finira en
livre. Quelques articles, des conférences sur le sujet. Une année chargée
s'annonce !
Penses tu que la scène asiatique au sens
large va permettre l'éclosion d'un nouveau genre de Metal extrême ? Et que
penses tu de ce qui se passe au niveau Metal en Afrique (Botswana par exemple)
?
Une nouvelle scène je pense pas mais elle créé
des perspectives, des façons de faire différentes. La relation des chinois au
Metal est différente. Chaque individu chinois y apporte son regard. Elle est
déjà extrêmement riche. Tu as Black Kirin qui propose du Black Death folk
inspiré par l'histoire et l'Opéra Pékinois et Zuriaake qui puise ses influences
dans la mythologie et la poésie. Yn Gizarm qui sans aucun instrument chinois
sonne chinois ou Bliss-Illusion (oui encore) qui mélange le bouddhisme et le
Post-Black. Hellfire qui fait du Black Thrash Satanique en Chine mais qui, là
aussi, sonne chinois. Ils appréhendent le Metal dans un contexte social unique,
qui n'a jamais existé avant. Ils s'approprient de plus en plus le Metal. Après
avoir fait du Metal en Chine ils font du Metal chinois. Ça veut tout dire.
Pour ce qui est du Botswana, j'ai vu le
reportage ARTE sur les Reines du Heavy Metal mais j'y connais rien du tout.
J'ai trouvé que le reportage ne faisait qu’effleurer le sujet et n'abordait à
aucun moment les enjeux qui se sont créés autour du Heavy Metal et de ses
figures féminines. L'idée est bien mais si c'est juste pour dire : “Hé regardez,
il y a des femmes qui écoutent du Heavy Metal au Botswana” ça sert un peu à
rien. Le Metal est ultra mondialisé, ça n'a rien d'étonnant que des gens en
écoutent partout. Ça ne fait que jouer sur ce côté “exotique” comme dans le
reportage Global Metal. C'est sans intêret si on se limite à juste dire ça.
Dans la même idée, en se consacrant à une scène particulière, je te conseille
“À l'Est de l'Enfer” un reportage de Matthieu Canaguier sur la scène Black
Metal de Surabaya en Indonésie. Il reste journalistique mais il va bien plus
loin dans les propos et le suivi des acteurs, l'atmosphère de la scène y est
palpable.
Tu prépares des conférences me semble t'il
? Tu peux nous en parler ? Qu'espères tu de la part du public ?
Oui, elle aura lieu à La Cellule à Toulon le 23
novembre, je tiens à remercier Damien pour cette opportunité qui, je l'espère,
sera la première de nombreuses autres !
Je vais abordé ça comme une introduction à la
scène Metal chinoise à travers trois axes. L'historicité totalement chaotique
de la scène Metal chinoise où des groupes de Thrash Metal ont fini par faire de
la Pop. Puis un passage sur Li Chao justement, qui fait parti des nouveaux
acteurs qui ont façonné la scène Metal chinosie actuelle. Je vais parler de sa
démarche qui consite à “vider” les
symboles religieux chinois pour les réactualiser et ainsi les réintégrer dans
la musique extrême. Tu me demandais pourquoi il avait été “dégoûté”, ce
dégoût a fait de lui un “outsider” au sein de la scène Metal chinoise. Ça me permet
d’interroger les nombreuses conventions et constructions sociales qui habitent
les acteurs de celle-ci. Au contraire de Bliss-Illusion qui inscrit son
Post-Black Metal dans les pratiques de la religion Bouddhiste. Enmity et
Bliss-Illusion sont révélateurs de conceptions antagonistes mais participent
tout deux à la construction de l'identité du Metal chinois, ils constituent
deux facettes d'une même scène.
L'expression religieuse dans la musique devient un enjeux
identitaire entre « blasphème » et « psaume ». Voilà en
gros de quoi va traiter cette conférence !
Pour ce qui est du public j'attends rien de spécial, un
peu de curiosité pour venir découvrir une scène qu'ils ne connaissent pas, et
comme souvent quand les gens connaissent pas ils ne s'y intéressent pas.
L'époque que nous vivons est étrange. D'un
côté il semble se passer beaucoup de choses dans les pays “émergents” mais nos
vieux pays occidentaux semblent blasés et pessimistes, y compris en ce qui
concerne la musique, qu'en penses-tu ?
Même si on peut difficilement parler de pays
émergent pour la Chine qui est une des plus grandes puissances mondiales en
terme d'économie, le Metal n'y est pas aussi ancré que chez nous. Ce n'est pas
pour autant qu'il émerge, “A Dream Return to Tang Dynasty” le premier Tang
Dynasty et le premier album de Metal chinois est sorti en 1991, ça fait bientôt
30 ans que le Metal existe là bas. On assite juste à une nouvelle génération
qui a été bercée par le Heavy Metal chinois et qui s'empare aujourd'hui de
cette musique. Il y a moins de code, ils commencent à créer les leurs sans
prendre en compte ceux qui ont été posés par les groupes occidentaux. Pour
certains c'est parce qu'ils y comprennent rien, mais c'est aussi parce qu'ils
en ont rien à faire, ce sont des codes qui ne les concernent pas. Ou alors ils
jouent avec, les détournent, Enmity est l'expression même du détournement des
codes occidentaux du Black Metal et de la musique chinoise, les deux à la fois.
Frosty Eve par exemple s'accapare complètement les code du Death Metal
mélodique suédois mais ils y incorporent une touche chinoise, une esthétique
nouvelle. Dream Spirit est dans la continuité des bases posées par Tang Dynasty
et Spring and Autumn un Heavy Metal mélodique et technique mélangé à la musique
chinoise. Les premiers s'inspiraient de la musique traditionnelle chinoise,
Dream Spirit du cinéma et de la nouvelle musique chinoise.
Je pense qu'en occident il y a une lassitude des
codes, tous les groupes essayent de s'intégrer dans tel ou tel courant, plus ou
moins inconsciemment, et tout fini par se ressembler car ils sont écrasés par
les “codes” intrinsèques à chaque style. Quand on évolue dans le Metal on
évolue dans des sphères sociales codifiées à l'extrême.
Merci William
De rien et merci à toi de m'avoir laissé m'exprimer
aussi longuement !
***
THE ENGLISH VERSION
William Spok, also known as Morgan Von Feuster, is a passionate person who, for several years, has been introducing new interesting bands through Scholomance webzine. But William is also an anthropology researcher and after working on the atmosphere in black metal (and writing a book about it) he is writing his thesis on the Chinese metal scene. An exciting subject for a scene that conceals many currents that are quite invigorating. That's what we're talking about here with William and much more. That's what social networks, although we criticize them, are for: great encounters, because William is one of those with whom I've had great exchanges over the past year when we've never met. Thing soon repaired because William will give a lecture on the subject of his thesis in Toulon on November 23rd and the Scribe will be there! We'll talk about it later...
Hello William and thank you for answering my questions! First of all, can you introduce yourself and talk about your work to Scholomance and as a "metallic" anthropologist?
Hi Pierre! Thank you for your interest in the different aspects of my work. My name is William but I am also known as Morgan Von Feuster. It allows me to differentiate my work within the webzine and as a young researcher in anthropology. For Scholomance, I created the webzine almost 10 years ago, in 2011 precisely. It was originally a simple Facebook page that shared information from various webzines, pages etc.... but quickly my desire to deal with groups that I like and that had no echo on the webzines that I followed made me start finding my own editorial line. It was at that time that the site was built, that Jules and Thomas joined me, we grew up, they left Scholomance to devote themselves to other projects, it is now Marion and William (yes we launch a dynasty within the haha webzine) who support me in its daily management. Within Scholomance I work on everything, news, columns, articles, interviews etc... you have to be versatile when you manage a team. As an anthropologist, my career path was quite chaotic at the beginning. I took a double degree in History / Ethnology but it was deleted before I could validate my Licence 3 in History. I had to choose between Ethnology and History in my second year, if History is my first love the way it is currently taught at the University of Nice does not suit me at all. The critical mind is totally annihilated. It was Ethnology that made it possible for me to fully express my curiosity in work and research. In my undergraduate degree I had written my first "big" file on Metal following the path that led a group from Nice to become more professional in the region. In Master's degree, well, you have the result in your hands, it's about my ethnography of the Nice scene and the construction of the atmosphere. A concept that fascinates me and that still underlies my work, even now. At the moment, my work focuses on creating a Chinese identity through Metal.
You lived and worked in China, where you observed and participated in the Metal scene, what do you learn from it?
I get a complete thesis from it, so it's a little complicated to summarize it for you all at once, especially since not all the observations are "observed", if I can say so. I participated as a foreign researcher and columnist, I did not take part in it as I was able to in Nice where I belonged to associations and organized a festival under the name of ScholoFest (on stand-by for the moment, due to lack of time). It's a much more complex scene than I expected, its structure, its way of working is far from what's happening in France, even in Paris. A Metal band can make a living from its music, for example, without touring abroad. We find big names who chapott the whole Chinese scene when it is huge. But we still have wars between styles... things don't change. I met a lot of bands that made me dream when I discovered them, Ritual Day, Li Chao from Enmity, Dream Spirit and especially Zuriaake that I had already met in Paris during their first French concert. In addition, unexpected encounters took place and greatly influenced my work, such as Dryad and Wang Xiao from Bliss-Illusion, who became close friends.
You manage the chinese band Bliss Illusion, which I interviewed here, can you tell us how the meeting took place and how you came to work together?
Wow, it's very long and full of twists and turns! At first I didn't know the group at all. It was a few weeks after my arrival in China that I met Shun from Dream Spirit who first told me about it on WeChat (Facebook / National Wathsapp). He introduced me to this atypical project mixing Post-Black Metal with Alcest and Buddhist music. He sent me the contact of Jun Zhang (aka Mister Zhang) who runs a Chinese magazine on Metal D-Land Magazine under the name of Demogorgon, one of the two cult magazines in China with Painkiller. He is now in charge of the organization and management of Bliss-Illusion in China. So I just take care of them for the outside. I met Dryad at his studio a few weeks later and, beyond my research, real links were created. We discovered a lot in common, video games, music and food! I had seen them live at the 330 Metal Festival, a kind of big festival in the heart of Beijing that brings together Metal of all styles, from Neo to Post-Black, Death Metal and Metalcore. It was after that, on the second date I saw them, that I had a real revelation about their music. Since then I've seen them at least five times in concert. I wanted to make them known when I returned to France, I thought it was a pity that no one else knew, it's feasible to have Facebook in China but it's still restrictive with random VPNs etc.... so I suggested they make a Facebook page and one thing leading to another I invested more and more until I got them signed for a Western version at Anesthetize Production, long-time friends, who also released my book.
How is their music perceived there, and here?
Complicated question.... Metal or even Rock in the broad sense is not marginalized at all in China. On the contrary, these styles are means of social integration and access to a certain social status and prestige. Cui Jian is the first Chinese rocker and rock star, Tang Dynasty, one of the first Chinese heavy metal bands to sell several million albums in Asia alone. Nine Treasures, a Mongolian Folk Metal band from Inner Mongolia (the Chinese region), also makes a living from its music, for example. Not all groups live off it, far from it, but there is no social exclusion of the "metalhead", it is even seen as "cool" by some people, which raises other issues. But there is no misperception, most Chinese people don't even know that this music can coexist with their sour Chinese pop. A friend of mine discovered Metal in France but didn't know it existed in China until I told her. Punk, or Noise is another story... These styles have not acquired the potential of sympathy from the government and therefore from the population, it is much more complicated to do Noise and Punk than Black Metal. For France, I saw both reactions. Those who were enthusiastic and those who spit happily on it because it is a scene that is not "legitimate" in their eyes, plus a little daily racism towards a country they do not know or only through media that absolutely take the side of demonizing China. I focus instead on those who are surprised and trying to understand this Chinese Metal.
Some will accuse us of "cronyism" between webzines, but I don't care, I find that in France everyone pulls too much in their corner by ignoring the others, what do you think? And what have you seen in China at this level?
Sometimes ignoring is much better than open warfare. But yes, we would benefit from structuring the media, but it also allows us to have a certain diversity, each webzine has its own passions and tastes. We'll find something to do as we please. I have trouble getting an opinion on this from the bottom of my village, I have no contact, except on facebook, with the other structures. I don't really care as long as I'm left alone. I've always done as I please from scratch so I just want to share and work with the people I like. I don't make any money with Scholomance (on the contrary) so I don't have to answer to anyone. For China it's the same for worse. The two magazines I was telling you about, D-Land and Painkiller couldn't stand each other and their creators ignore each other in a wonderful way. For webzines, there are none as we hear here. It is through Wechat and Weibo that we keep up to date with the latest news from Chinese groups and concerts. It is the associations, labels etc... that take care of the communication by keeping blogs.
You are working on a thesis entitled "Identity in the Chinese Metal scene: creation and expression of a specific imagination within a normalized culture". How did you come up with this research topic, and why China?
There is nothing that looks more like a "metalhead" than another "metalhead". Patch jacket, group t-shirt, rangers, long hair etc... Metal is intrinsically constructed of many musical and stylistic codes. Whether they are defined or unspoken, they exist. But when you listen to certain styles of Metal you recognize the culture from which they come, it's obvious when it comes to Pagan or Folk, but it's not only the case. We recognize the "sound" of the Norwegian True Black, the Swedish Melodic Death for example, we know that the band wants to "sound" like that. When I was listening to Chinese Metal years ago, I was looking for something specific that I didn't find in the other scenes. Even if they sing in English and it talks about Satan, like Hellfire, it sounds Chinese, for one reason or another, but it sounds Chinese. That's what made me wonder about the Chinese Metal scene, is it Metal made in China or really Chinese Metal? That is to say, a Metal that has been built as a Chinese musical expression and not only Metal. When I built my research topic, the Chinese and Quebec scenes were the two scenes that I thought best expressed this idea. But deep inside me, Asia was always more and more present. The choice was purely subjective, I have Asian origins, I lived and grew up in a cultural mix between Vietnam and Germany and during my childhood I ate Manga in all its forms. It may be stupid as a reason, but it is still important in my construction as an individual. I am much less in a "Japan Manga" delirium but I keep a deep fascination for this culture. The choice of China was made later on when I got tired of the manga audience that limited Japan to this unique facet of the country's pop culture. I wanted to explore other stories, other countries. China is the largest country in Asia, it was done naturally, to be interested in the history of Asia is to be interested in China which crystallizes on its territory a huge part of this history.
In this thesis you stop along a chapter on a founding figure of Chinese Black Metal, Li Chao. Can you tell us about this unique character? How do you explain his "disgust" for what the Chinese BM scene is becoming? Can you tell us about his musical projects?
The question! I can't explain his "disgust" in a few lines, it's his journey within the extreme Metal scene that made him move away from it. It's not something where he woke up one morning thinking, "Chinese black metal is shit. He doesn't like a big part of the bands that are there including Evilthorn for which he was the frontman, the lyricist and for which he composed some of the riffs. He loved Chinese Black Metal in his early days, he still loves projects like Yn Gizarm (Zuriaake's Bloodfire side-project) or Ululate who does Blackened Death now. His disgust comes mainly from the "cool" imagery that now emerges from this music and for him the Chinese scene only plays on this aspect. This is what makes meeting Li Chao quite disturbing as a researcher and lover of Chinese Metal. He was very involved in the creation of this scene with Evilthorn and Enemity and it certainly wouldn't be what it is today without him, but next to that he completely excluded him from his life. Zaliva-D, his current project, is a mix of Electro, Dark Techno and ritualistic music and Ambient as on Enmity. There is no trace of pure Black Metal like on Evilthorn or satanic imagery, there is no more the Buddhist or Taoist side that we find on Enmity. Zaliva-D draws from the East in the broadest sense, without borders, we will find there arabic but also still Taoist touches, it is however different from Enmity. In "WuYuan", Enmity's only album, you don't have any "Western" instrumentation, it's Chinese instruments on DSBM vocals while on Zaliva-D the Taoist passages for example are put in the background, electro sounds have a big part.
You had already published a book on your previous research work on "the atmosphere in Black Metal" in which you examined this notion by taking as an example the groups of the Nice scene from which you came... Can you tell us about it?
I am not from the Nice scene at all, I discovered this one when I arrived in the city for my studies. My contact with Metal was very limited at that time. Without a permit in the villages it is complicated to go to the city and especially to Nice for concerts. I'm more from the mountains.
My first contact was a Black Metal concert precisely, there was Svart Crown and Darkenhöld I think, it was organized by Anesthetize precisely who was organizing at the time before turning to CD production and book publishing. I didn't really have a favorite Metal style because in the end I didn't really know what made this or that subgenre. There were very few of us really listening to Metal in my high school, the internet was not very democratized to get information and magazines were a pain to be found in the newspaper store. There were more choices on ass DVDs than music magazines (which is still the case). In short, so it was this first concert that really got me interested in Metal and its different expressions and it was also in this discovery launch that I wanted to share my nascent passion and therefore that I created Scholomance. What fascinated me (and still fascinates me) is how groups manage to create an "atmosphere", that untouchable but yet so easily graspable thing. Over the years I discovered an author, an anthropologist, Mathieu Claveyrolas, who manages in his research to study the atmosphere, to understand it, to describe and explain the mechanisms that build it. He explains that the theme and the concept of "atmosphere" allows us to introduce ourselves into any sensory experience if we are permeable to it. Music is for me an expression of it among many others. Black Metal being a style I particularly like, it was easy to discriminate a subgenre for this research. The very concept of the subgenre Black Metal Atmosphere made me think that Black Metal had a particular relationship with this idea of "atmosphere". Always inspired by Mathieu Claveyrolas' work on the Sankata-Mocana temple in Benares, I wanted to see how the actors of the Black Metal scene in Nice perceived it and built it on a daily basis. I attended rehearsals, composition phases and even a wedding. All this creates the atmosphere of a scene. For me, a group is not a single entity detached from any social context. This may be the case for some totally misathropic one-man bands, but not here.
How many years of work have you devoted to Metal anthropology to date?
Uh.... Seven years, I'd say. 1 year at the end of my Bachelor's degree when I understood that Metal and social science could be combined, 2 years for my Master's degree, with the conclusion of my book and then 4 years for my thesis on Chinese Metal.
To get back to your webzine... Where does the name Scholomance come from?
Contrary to many popular belief, the name does not come from WOW. There is a dungeon called Scholomance in the game but I've never played it so I learned it much later when everyone asked me if it came from there. I discovered the name when I read Bram Stoker's Dracula. Van Helsing tells us that Dracula was one of the students at Scholomance, the legendary school run by the Devil. It was there that he learned black magic and the secrets of nature. The mysterious, mystical and legendary side of this place lost in the Transylvanian mountains fascinated me completely. There was little literature or reference to this name, Cultes des Ghoules has a track that bears this name in their album Häxan (2008) and I really like this band. Even though I discovered the piece later, it suited my idea of it. Maybe that's why I turned more radically to the underground, keeping the idea of giving something "secret" and "black", a music that comes out of the underground in the literal sense of the word. Then the name still slams!
In Scholomance you prefer little known scenes, and rather original bands, where does this taste for "exoticism" and "special" bands come from?
As I was telling you, Scholomance was originally created because I couldn't find information about the bands I was interested in in in other webzines. I have a need to discover, to travel while listening to music, whether in the darkest and most unhealthy limbo of Black Metal or in the dreamlike and poetic landscapes of the Post-Rock for example. I was telling you earlier that the atmosphere was something easily graspable but it is also very easily identifiable, you don't have the same atmosphere when listening to K.F.R and Bliss-Illusion, they are different sounds. It may be obvious to say, but it is. It is precisely these different feelings that make me turn to things I have never listened to before. Chinese sounds have this ability to easily transport you because it is already far away geographically but also culturally. Unlike in Japan or the USA, we are less blessed with this culture but there are also "separate" groups in France, as I quoted K.F.R., it is a project that I like very much because it is atypical in the sound landscape of the Black Metal scene. I don't really like the term "exoticism", however, because it refers to preconceived ideas of a culture and groups from elsewhere are often limited to their simple "exotic" expression. To me, to say that a group is "exotic" is a bit like the human zoo that was present during colonial exhibitions. Yes, there are different sounds, but it's not exotic. I come from the south of France and Breton music for example is as different as Chinese music for me. Belenos is not an exotic group at last I heard.
Did you want to leave France at some point to get some fresh air?
Yes, I went to China, it seems that the air is polluted but not so much. The atmosphere in Beijing is very different from France, we are far from the clichés of a totalitarian country. I'm not going to start propaganda, but as soon as we leave aside politics in China, the country is very pleasant to live in. The Chinese don't care about politics, so I did the same. I met people who became friends there, and who remain so even now that I am back in France. The Metal scene is also different, I think you understand that. There are conflicts, but you don't have to be part of them. You can be friends with Li Chao and listen to Black Metal and claim to love Zaliva-D without being pissed off. Each one lets the other live, not all of them watch what you do, what you listen to, whether you are "famous" or not.
Without being individualistic, the encounters I made there, they take you as you are as a human being, not as an individual with a defined social place. That's what happened with Dryad and Li Chao, basically: "You're French, okay, who cares you like to eat, that's the main thing!" That's it, I love Chinese Metal, Li Chao hates it and he's still a friend, whereas here if you're not a fan of this or that Bah band you don't understand Metal.
The anthropologist's next work? Writing a book on China?
Exactly! Writing of the thesis which will end in a book. Some articles, conferences on the subject. A busy year is coming up!
Do you think that the Asian scene in the broadest sense will allow the emergence of a new kind of extreme Metal? And what do you think about what is happening in Metal in Africa (Botswana for example)?
A new scene I don't think so, but it creates different perspectives, different ways of doing things. The Chinese relationship to Metal is different. Each Chinese individual brings his or her own perspective. She is already extremely rich. You have Black Kirin who offers Black Death folk inspired by history and the Beijing Opera and Zuriaake who draws its influences from mythology and poetry. Yn Gizarm who without any Chinese instrument sounds Chinese or Bliss-Illusion (yes again) who mixes Buddhism and Post-Black. Hellfire which makes Satanic Black Thrash in China but which, there too, sounds Chinese. They approach Metal in a unique social context that has never existed before. They are taking more and more ownership of Metal. After doing Metal in China they do Chinese Metal. That means everything.
As for Botswana, I saw the ARTE report on the Heavy Metal Queens but I don't know anything about it. I found that the report only touched on the subject and at no time did it address the issues that have arisen around Heavy Metal and its female figures. The idea is good but if it's just to say: "Hey look, there are women listening to Heavy Metal in Botswana" it's a little useless. Metal is ultra globalized, it's no wonder people listen to it everywhere. It only plays on this "exotic" side like in the Global Metal report. It's pointless if you just say that. In the same vein, by dedicating myself to a particular scene, I recommend "À l'Est de l'Enfer" a report by Matthieu Canaguier on the Black Metal scene in Surabaya, Indonesia. It remains journalistic but it goes much further in the comments and follow-up of the actors, the atmosphere of the scene is palpable.
I know you prepare conferences, Can you tell us about it? What do you expect from the public?
Yes, it will take place at La Cellule in Toulon on November 23rd, I would like to thank Damien for this opportunity which, I hope, will be the first of many others!
I will approach this as an introduction to the Chinese Metal scene through three axes. The totally chaotic historicity of the Chinese Metal scene where Thrash Metal bands ended up making Pop. Then a passage on Li Chao, one of the new actors who have shaped the current Chinese Metal scene. I will talk about his approach of "emptying" Chinese religious symbols in order to update them and thus reintegrate them into extreme music. You asked me why he had been "disgusted", this disgust made him an "outsider" in the Chinese Metal scene. It allows me to question the many conventions and social constructions that inhabit the actors of it. In contrast to Bliss-Illusion, which places its Post-Black Metal in the practices of the Buddhist religion. Enmity and Bliss-Illusion are revealing of antagonistic conceptions but both contribute to the construction of the identity of Chinese Metal, they constitute two facets of the same scene.
Religious expression in music becomes an identity issue between "blasphemy" and "psalm". That's basically what this conference will be about!
As for the audience, I expect nothing special, a little curiosity to come and discover a scene they don't know, and as often when people don't know them, they don't care.
These are strange times we are living in. On the one hand, a lot seems to be happening in "emerging" countries, but our old Western countries seem jaded and pessimistic, including in terms of music, what do you think?
Even if it is difficult to speak of an emerging country for China, which is one of the world's biggest powers in terms of economy, Metal is not as firmly rooted there as it is here. It is not for all that that it emerges, "A Dream Return to Tang Dynasty" the first Tang Dynasty and the first album of Chinese Metal was released in 1991, it is almost 30 years that Metal exists there. We are just witnessing a new generation that has been rocked by Chinese heavy metal and is now taking over this music. There is less code, they start creating their own without taking into account those that have been set by Western groups. For some people it's because they don't understand it, but it's also because they don't care, they're codes that don't concern them. Or they play with them, divert them, Enmity is the very expression of the diversion of Western codes of Black Metal and Chinese music, both at the same time. Frosty Eve for example completely takes over the Swedish melodic Death Metal code but they incorporate a Chinese touch, a new aesthetic. Dream Spirit is in the continuity of the foundations laid by Tang Dynasty and Spring and Autumn, a melodic and technical Heavy Metal mixed with Chinese music. The first ones were inspired by traditional Chinese music, Dream Spirit from the cinema and new Chinese music.
I think that in the West there is a code fatigue, all groups try to integrate into this or that current, more or less unconsciously, and everything ends up looking the same because they are overwhelmed by the "codes" intrinsic to each style. When we evolve in Metal we evolve in social spheres codified to the extreme.
Thank you William
You're welcome and thank you for letting me speak at such length!