Entretien avec ARSONIST
Bonjour Arsonist ! Merci à toi de répondre à mes questions. Ars
Moriendi existe depuis maintenant presque 20 ans. Comment s'est fondé ce projet
et quels étaient tes objectifs à l'époque ?
Effectivement j’ai commencé
à travailler sur Ars Moriendi en octobre 2001 suite à l’arrêt de Solipsis,
projet Black/Death mélodique que je partageais avec un ami et avec lequel nous
avions enregistré 2 démos. Au départ Ars Moriendi devait être un projet
Dark/Ambient d’inspiration médiévale, mais dès la première démo, Extrême
Onction, quelques riffs étaient déjà présents. Le projet est cependant resté
totalement instrumental jusqu’au 2e album (Rois des ombres) avant que des
bribes de chant black ne fassent leur apparition sur Venefica en 2003. Au cours des premières années, Ars Moriendi
se démarquais déjà par une approche originale. Mon choix était de faire une
musique épique et sombre sans m’imposer de limite stylistique. Cela a parfois
donné des choses vraiment perchées, mêlant le black, l’électro, le jazz, le
progressif etc. A ce titre, le 4e album, intitulé “Sépulcrum” (2004) est sans
doute ce que j’ai enregistré de plus étrange. Peu à peu la musique d’Ars
Moriendi s’est orientée vers quelque chose de plus extrême tout en conservant
les contours atmosphériques et progressifs et en n’hésitant pas à piocher dans
quasi tous les sous-genres du Metal.
Tu viens d'Auvergne, une région marquée par le Black Metal ! Penses tu
que le côté “nature sauvage” du coin joue un rôle ?
Il est vrai que pas mal de
groupe de Black sont issus de la région, certains connaissant même un certain
succès ces dernières années (Aorlhac, Sunhopfer…). La région est inspirante
c’est évident et j’y suis fortement attaché. Ceci dit je n’ai pas une approche
régionaliste avec Ars Moriendi, textuellement parlant. J’aborde des thématiques
très larges : l’Homme et ses faiblesses, ses angoisses, sa relation à
l’univers, son rapport aux religions à travers l’histoire…bref rien qui ne soit
spécifiquement lié à l’Auvergne.
Tu as sorti 6 démos à tes débuts, entre 2002 et 2006, était-ce un
moyen de trouver tes marques ?
Je ne considère pas ces
enregistrements comme des démos mais bien comme des albums à part entière. La
seule différence avec les albums récents est qu’ils ont été autoproduits, et
n’ont pas bénéficié d’une véritable distribution. Il est évident que ces
enregistrements m’ont permis de progresser en tant que compositeur et instrumentiste
mais chacun d’entre eux a été enregistré et pensé comme un album, avec une idée
directrice, parfois un concept propre etc.
Je rends d’ailleurs régulièrement hommage à ces enregistrements plus
anciens sur les albums récents. Sur « La solitude du pieux scélérat »
par exemple l’Anachorète est repris de l’album « Venefica » et le
dernier titre est la suite textuelle et musicale du morceau titre de ce même
album.
Le premier album “L'oppression du rien”, date de 2008. Le titre fait
il référence à une forme d'anxiété face au vide ?
Pour reprendre ce que je
disais précédemment, l’Oppression du Rien n’est pas le 1er album d’Ars Moriendi
mais bien le 7e. C’est d’ailleurs également un album autoproduit au départ,
mais il se trouve que c’est au moment de sa réalisation que le label ukrainien
Griffin Music m’a contacté et signé. Cet album a pour thème principal le
sentiment religieux, longtemps au cœur de nos sociétés et de nos
préoccupations en Europe, et encore “fondamental” (sans mauvais jeu de mot)
dans beaucoup d’endroits du monde. Étant athée, je
suis à la fois fasciné et troublé par la capacité qu’a l’être humain à se
contraindre, à se laisser oppresser par de l’inexpliqué et de l’inexplicable,
en définitive par…du rien.
Certains ont du mal à appréhender le Black Metal d'Ars Moriendi, qui
est sophistiqué, mélodique et même, sous certains aspects, progressif. C'est
bizarre que chaque fois qu'un français essaie de nouvelles choses ça rend les
gens suspicieux alors qu'ils vont s'extasier sur Enslaved ou Solefald...Qu'en
penses tu ?
Si tu fais référence aux
quelques mauvaises critiques parues à propos du nouvel album, je tiens à
préciser que c’est tout de même assez nouveau, jusque là mes albums avaient
toujours été bien reçus par la presse spécialisée. Je ne sais pas trop quoi en
penser, cet album a été globalement moins chroniqué mais il a aussi, je pense,
eu la malchance de tomber entre de mauvaises mains. Qu’elle soit positive,
mitigée ou négative, j’aime qu’une chronique soit honnête et argumentée.
Lorsque je lis un torchon de 10 lignes totalement à charge, plein de blagues
foireuses et dénué d’arguments musicaux, je suis obligé de me dire que ce genre
de mec n’aurait jamais dû avoir ce disque entre les oreilles car visiblement
elles n’étaient pas suffisamment éduquées.
Mais tu as raison, si l’on
raisonne de manière plus globale, il est certain que l’approche musicale d’Ars
Moriendi ne fait pas consensus dans le milieu, trop violent pour les amateurs
de prog et de musiques atmosphériques, trop varié et atmosphériques pour les
“vrais” blackeux…au milieu de tout ça il existe un public pour ce type de Dark
atmo à tendances progressives mais Ars Moriendi peine encore a acquérir une
reconnaissance plus large, malgré des retours très positifs sur les albums
depuis des années. C’est quelque chose que je ne suis pas en mesure
d’expliquer, est-ce une question d’efficacité des riffs, de production, de
réalisation, de technique ? Est-ce dû aux nombre de sorties trop important, le
fait de ne pas faire concert, d’être signé sur un label ukrainien ? Il doit
bien y avoir une ou plusieurs explications. Ceci dit cela ne m’empêche pas de dormir
et n’entame en rien ma volonté de continuer à enregistrer la musique qui me
plait.
Avec “Du tréfonds d'un être” tu pousses encore plus loin le côté
introspectif de ta musique. Quelle est la part autobiographique ? Te considères-tu
comme une personne torturée ?
Tu as parfaitement raison,
cet album est clairement une introspection. Il s’agissait dans ce dernier
d’exploiter mes propres interrogations métaphysiques, mes propres angoisses
aussi sur l’après, la fuite du temps etc, bref sonder les tréfonds de mon être
dans ce qu’on peut réellement appeler une maieutique. Je ne me considère pas comme
quelqu’un de torturé, ce qui ne m’empêche pas de me poser beaucoup de
questions…
Quels groupes t'ont le plus influencé ?
Ils nombreux, car j’ai des
goûts très larges. Le groupe ultime pour moi, celui par lequel je suis rentré
dans le Metal en 1996 et qui m’a donné envie de pratiquer c’est Maiden, et je
pense que cela s’entend dans Ars Moriendi, notamment dans le dernier album.
Après il y a les classiques du black et du death (Emperor, Burzum, Enslaved,
Morbid Angel, Opeth), pas mal de prog (Dream Theater, Porcupine Tree). Il faut
aussi que je cite Elend et Ulver qui sont deux entités fondamentales pour moi.
“La Singulière Noirceur d'un Astre” en 2014 et ses longs titres très
ambiants vient compléter une discographie déjà très fournie. Que voulais tu
exprimer avec cet album ?
Après un album très
introspectif je souhaitais prendre de la hauteur, à tel point que le morceau
éponyme de ce disque est consacré aux trous noirs. Même si je suis historien de
formation, j’ai toujours été fasciné par l’astronomie et l’astrophysique que
j’ai découvertes avec les ouvrages de vulgarisation de Stephen Hawking. L’immensité
de l’univers est pour moi une réponse en soit aux interrogations métaphysiques
de l’être humain sur la création, l’après etc. Il me suffit de lever les yeux
au ciel un soir d’été pour être convaincu instantanément de notre
insignifiance. Cet album essaye de faire le lien entre ces différents éléments.
Quel est ton regard sur la scène BM française ? Et internationale ?
La scène BM française se
porte plutôt bien je trouve avec nombre de très bons projets qui parviennent
pour la plupart à conserver une identité propre au black français. Je citais
précédemment mes confrères auvergnats d’Aorlhac et de Sunhopfer car ils en sont
de très bons exemples mais je pourrais également évoquer Vehémence, Grylle mais
aussi des anciens comme Blut Aus Nord et Himinbjorg qui continuent à produire
d’excellentes choses. Il y a probablement trop de sorties aujourd’hui, mais
j’ai tout de même l’impression que la scène française est l’une des mieux
pourvues ces derniers temps.
“Sepelitur Alleluia” vient compléter ton oeuvre en 2016. Quelle est
cette voix extraordinaire sur l'intro ? D'ailleurs, tu utilises
particulièrement bien le chant religieux de type grégorien. Que penses tu de la
polémique autour de groupes de BM “religieux” qui utilisent ce type de chant
comme Batushka par exemple ?
Avec Sepelitur je
souhaitais un album à tendance baroque, ce qui est identifiable dès l’intro
pour laquelle j’ai utilisé un sample. Cet album a été enregistré alors que je
venais de terminer ma thèse en histoire qui avait pour sujet central les jeunes
enfants formés à la musique dans nos églises au cours des XVIIe et XVIIIe
siècles. Dans certaines régions, au XVIIe siècle, ces enfants des églises
étaient amenés à enterrer symboliquement un Alleluia
(la joie, l’allégresse) la veille de la septuagésime (période qui introduit les
70 jours précédents Pâques) inaugurant ainsi une période particulièrement
morne. C’est ce qu’illustre la couverture de l’album où l’on voit un groupe
d’enfants encapuchonnés enterrer une tablette marquée d’un Alleluia circulaire.
Concernant le chant
grégorien c’est une composante d’Ars Moriendi depuis le tout premier album.
Sans en abuser, j’aime en utiliser pour renforcer une atmosphère liturgique.
Quant à Batushka je n’ai pas d’avis dans la mesure où je n’ai jamais écouté ce
groupe, seulement suivi de loin les polémiques bien inutiles qui l’entourent.
Cet album est plus agressif et offensif (à mon sens) même si ton sens
de la mélodie ne te quitte pas. Qu'en penses tu ?
Oui c’est une remarque
qu’on m’a faite plusieurs fois et je suis assez d’accord, il s’agit sans doute de l’album le “violent”
d’Ars Moriendi même s’il est émaillé de nombreux passages mélodiques et que le
contenu demeure très varié.
Comment expliquer le
manque d'exposition médiatique d'Ars Moriendi au vu de la qualité de ta musique
? Est-ce un désamour entre toi et les médias ou une volonté de rester
(relativement) à l'écart ?
Comme je le disais plus
haut, je n’ai pas vraiment d’explication. Il y a des amateurs d’Ars Moriendi,
mais le projet ne décolle pas vraiment en termes de notoriété (notoriété
relative au milieu underground j’entends). Le fait d’être sur un label
étranger, qui fait malgré tout un super travail depuis des années, ne joue sans
doute pas en ma faveur, mais en même temps aucun label français ne s’est jamais
montré intéressé par le projet... Cela peut parfois être décourageant lorsque
vous bossez depuis presque 20 ans avec 12 albums à votre actif de voir des
groupes ayant sorti un ep 3 titres être mieux distribués et reconnus. Mais
c’est le jeu, et je le répète, cela ne m’empêche en rien de continuer à
proposer des choses.
Cette année tu nous a donné l'exceptionnel “La Solitude Du Pieux
Scélérat” que j'ai chroniqué en ces pages. Les guitares Heavy Metal, les
mélodies, les accélérations, le côté spirituel, le côté médiéval, tout Ars
Moriendi est contenu dans cet album, qu'en penses tu ?
Encore une fois tu as vu
juste, cet album compile parfaitement les différentes facettes d’Ars Moriendi.
L’aspect mélodique y est sans doute plus prononcé mais l’on trouve aussi des
plans plus brutaux, voire carrément Death. L’album fait aussi la part belle aux
guitares acoustiques, ce qui est nouveau puisqu’avant j’enregistrais les
arpèges avec un son clair sur la guitare électrique. Cela donne une atmosphère
plus nocturne à l’ensemble. Les critiques sont plus tièdes que pour les albums
précédents, mais un certain nombre de personnes m’ont aussi dit qu’il
s’agissait du meilleur album d’Ars Moriendi pour eux...je laisse le soin aux
lecteurs de se faire leur propre avis.
Tu as déjà la suite en tête ?
Je prépare une petite
surprise pour fêter l’an prochain les 20 ans du projet. Je n’en dis pas plus
pour le moment. Quant au prochain album, j’ai commencé à travailler dessus mais
rien n’est très avancé pour le moment.
Envisages tu de réunir un groupe pour jouer toutes ces pépites en
live un jour ?
Non je ne pense pas, par
manque de temps principalement. Ars Moriendi est un projet studio et le
restera. Si un jour un groupe souhaite faire une reprise d’Ars Moriendi sur
scène, ce sera évidemment avec plaisir !
Tes 20 albums préférés de tous les temps ?
Iron Maiden : Powerslave
Metallica : And justice for all
Slayer : Season in the
abyss
Pantera : The great southern
Trendkill
Dream Theater : Awake,
Scenes from et memory
Elend : A world in their
scream
Ulver : Perdition city,
Shadows of the sun
Emperor : Anthems to the
welkin at dusk
Burzum : Det som engang
var, Filosofem
Satyricon : Nemesis Divina
Cradle of Filth : Cruelty
and the beast
Arcturus : La masquerade
infernale
Solefald : Neonism
Dissection : Storm of the lights bane
Dawn : Slaughtersun
Opeth : Blackwater Park
Aeternus : Shadows of old…
Page blanche : à toi de la compléter :
Merci à toi pour cette
interview très complète et pour ton soutien indéfectible à la scène. Je
m’adresse à ceux qui ont découvert mon projet à travers cet interview,
n’hésitez pas à aller en écouter plus sur le net et notamment sur le bandcamp
d’Archaic Sound où tous les albums récents sont disponibles. Gardez l’esprit
ouvert !
Merci Arsonist !
***the english version***
Hello Arsonist! Thank you for answering my questions. Ars Moriendi has been around for almost 20 years now. How was this project founded and what were your goals at the time?
I actually started working on Ars Moriendi in October 2001 following the discontinuation of Solipsis, a melodic Black/Death project that I shared with a friend and with whom we had recorded 2 demos. At first Ars Moriendi was supposed to be a Dark/Ambient project of medieval inspiration, but from the first demo, Extrême Onction, some riffs were already present. However, the project remained totally instrumental until the 2nd album (Rois des ombres) before snippets of black vocals appeared on Venefica in 2003. During the first years, Ars Moriendi already stood out with an original approach. My choice was to make an epic and dark music without imposing any stylistic limits. That sometimes led to some really perched things, mixing black, electro, jazz, progressive etc. I think that's what made the album so successful. In this respect, the 4th album, entitled "Sépulcrum" (2004) is probably the strangest thing I've ever recorded. Little by little, Ars Moriendi's music turned towards something more extreme while keeping the atmospheric and progressive contours and not hesitating to pick up almost all the sub-genres of Metal.
You come from Auvergne, a region marked by Black Metal! Do you think the "wilderness" side of the region plays a role ?
It's true that a lot of Black bands come from the region, some of them have even had some success in recent years (Aorlhac, Sunhopfer...). The region is inspiring it's obvious and I'm strongly attached to it. That said, I don't have a regionalist approach with Ars Moriendi, textually speaking. I deal with very broad themes: Man and his weaknesses, his anxieties, his relationship to the universe, his relationship to religions throughout history ... in short, nothing that is not specifically related to the Auvergne.
You released 6 demos at your beginnings, between 2002 and 2006, was it a way to find your marks?
I don't consider these recordings as demos but as full-fledged albums. The only difference with the recent albums is that they were self-produced, and did not benefit from a real distribution. Obviously, these recordings have helped me to progress as a composer and instrumentalist but each of them was recorded and thought as an album, with a guiding idea, sometimes a concept of its own etc. I'm not a demo artist, I'm a composer and I'm a musician. I regularly pay tribute to these older recordings on recent albums. On " La solitude du pieux raélérat " for example, the Anachorète is taken from the album " Venefica " and the last track is the textual and musical continuation of the title track of the same album.
The first album "L'oppression du rien", dates from 2008. Does the title refer to a form of anxiety in the face of emptiness?
To repeat what I said earlier, L'Oppression du Rien is not the first album of Ars Moriendi but the 7th. It's also a self-produced album at the beginning, but it so happens that it was at the time of its release that the Ukrainian label Griffin Music contacted me and signed me. The main theme of this album is the religious feeling, long at the heart of our societies and concerns in Europe, and still "fundamental" (no pun intended) in many places in the world. Being an atheist, I am both fascinated and disturbed by the capacity of human beings to constrain themselves, to allow themselves to be oppressed by the unexplained and the inexplicable, ultimately by...nothing.
Some people find it difficult to grasp Ars Moriendi's Black Metal, which is sophisticated, melodic and even, in some aspects, progressive. It's strange that every time a French guy tries new things it makes people suspicious when they're going to rave about Enslaved or Solefald...What do you think about it ?
If you're referring to the few bad reviews about the new album, I'd like to say that it's still quite new, until now my albums had always been well received by the specialized press. I don't really know what to think about it, this album was generally less reviewed but I think it also had the bad luck to fall in the wrong hands. Whether it's positive, mixed or negative, I like a review to be honest and well argued. When I read a 10-line rag that's totally loaded, full of shitty jokes and devoid of musical arguments, I'm forced to tell myself that this kind of guy should never have had this record between his ears because obviously they weren't educated enough.
But you're right, if we think in a more global way, it's certain that Ars Moriendi's musical approach doesn't make consensus in the milieu, too violent for the fans of prog and atmospheric music, too varied and atmospheric for the "real" blackeys...in the middle of all this there's an audience for this kind of Dark atmo with progressive tendencies but Ars Moriendi still struggles to gain a wider recognition, despite the very positive feedback on the albums for years. It's something I can't explain, is it a question of riff efficiency, production, direction, technique? Is it due to the number of releases, the fact of not playing live, being signed on a Ukrainian label? There must be one or more explanations. Having said that, it doesn't stop me from sleeping and doesn't affect my will to continue recording the music I like.
With "Des tréfonds d'un être" you push the introspective side of your music even further. What is the autobiographical part ? Do you consider yourself as a tortured person ?
You're absolutely right, this album is clearly an introspection. It was about exploiting my own metaphysical questions, my own anxieties about the afterlife, the flight of time, etc. In short, it was about probing the depths of my being in what we can really call a maieutic. I do not consider myself as someone who is tortured, which does not prevent me from asking myself many questions...
Which groups have influenced you the most?
There are many, because I have very broad tastes. The ultimate band for me, the one that got me into Metal in 1996 and made me want to practice is Maiden, and I think you can hear that in Ars Moriendi, especially on the last album. Then there are the classics of black and death (Emperor, Burzum, Enslaved, Morbid Angel, Opeth), a lot of prog (Dream Theater, Porcupine Tree). I must also mention Elend and Ulver which are two fundamental entities for me.
"La Singulière Noirceur d'un Astre" in 2014 and its long and very ambiant tracks completes a discography already very full. What did you want to express with this album?
After a very introspective album, I wanted to go higher, so much so that the eponymous track of this record is dedicated to black holes. Even though I'm a historian by training, I've always been fascinated by astronomy and astrophysics, which I discovered with Stephen Hawking's popularization works. The immensity of the universe is for me an answer in itself to the metaphysical questions of the human being about creation, the afterlife, etc. I have always been fascinated by astronomy and astrophysics, which I discovered with the popular works of Stephen Hawking. All I have to do is raise my eyes to the sky on a summer evening to be instantly convinced of our insignificance. This album tries to make the link between these different elements.
What's your take on the French BM scene? And international ?
The French BM scene is doing quite well and I find with a lot of very good projects that mostly manage to keep a black French identity. I was mentioning my fellow Auvergne brothers from Aorlhac and Sunhopfer because they are very good examples but I could also mention Vehémence, Grylle but also old ones like Blut Aus Nord and Himinbjorg who continue to produce excellent things. There are probably too many releases today, but I still have the impression that the French scene is one of the best equipped lately.
"Sepelitur Alleluia" will complete your work in 2016. What is this extraordinary voice on the intro? Besides, you use particularly well the Gregorian religious chant. What do you think about the polemic around "religious" BM bands that use this type of chant like Batushka for example ?
With Sepelitur I wanted an album with a baroque tendency, which can be identified from the intro for which I used a sample. This album was recorded when I'd just finished my thesis in history which had as its central subject young children trained in music in our churches during the 17th and 18th centuries. In some regions, in the 17th century, these church children were led to symbolically bury an Alleluia (joy, gladness) on the eve of the Septuagesima (the period that introduces the 70 days before Easter), thus inaugurating a particularly dull period. This is illustrated on the cover of the album where a group of hooded children bury a tablet marked with a circular Alleluia.
Gregorian chant has been a component of Ars Moriendi since the very first album. Without abusing it, I like to use it to reinforce a liturgical atmosphere. As for Batushka, I don't have an opinion as I've never listened to this group, only followed from afar the useless polemics that surround it.
This album is more aggressive and offensive (in my opinion) even if your sense of melody doesn't leave you. What do you think about it?
Yes, it's a remark I've been made several times and I agree with it, it's probably the "violent" album of Ars Moriendi even if it's full of melodic passages and the content is very varied.
How do you explain the lack of media exposure for Ars Moriendi given the quality of your music? Is it a lack of love between you and the media or a willingness to stay (relatively) on the sidelines?
As I said above, I don't really have an explanation. There are some Ars Moriendi fans, but the project is not really taking off in terms of notoriety (notoriety relative to the underground I mean). The fact that I'm on a foreign label, which has been doing a great job for years, probably doesn't work in my favour, but at the same time no French label has ever shown any interest in the project? It can sometimes be discouraging when you've been working for almost 20 years with 12 albums to your credit to see bands that have released a 3-track ep being better distributed and recognized. But that's the game, and I repeat, that doesn't stop me from continuing to propose things.
This year you gave us the exceptional "La Solitude Du Pieux Scélérat" that I reviewed in these pages. The Heavy Metal guitars, the melodies, the accelerations, the spiritual side, the medieval side, all Ars Moriendi is contained in this album, what do you think about it?
Once again you're right, this album perfectly compiles the different facets of Ars Moriendi. The melodic aspect is probably more pronounced but there are also more brutal shots, even Death. The album also features acoustic guitars, which is new because I used to record the arpeggios with a clear sound on the electric guitar. This gives a more nocturnal atmosphere to the whole. The reviews are lukewarm compared to previous albums, but a number of people have also told me that this is the best Ars Moriendi album for them...I leave it to the readers to make up their own minds.
Do you already have the sequel in mind ?
I'm preparing a little surprise to celebrate the 20th anniversary of the project next year. I won't say any more for the moment. As for the next album, I've started working on it but nothing is very advanced at the moment.
Do you plan to gather a band to play all these nuggets live one day ?
No I don't think so, mainly due to lack of time. Ars Moriendi is a studio project and will remain so. If one day a band would like to do a cover of Ars Moriendi on stage, it will obviously be a pleasure!
Your 20 favourite albums of all time?
Iron Maiden: Powerslave
Metallica: And justice for all
Slayer: Season in the abyss
Pantera: The great southern Trendkill
Dream Theater: Awake, Scenes from and memory
Elend: A world in their scream
Ulver: Perdition city, Shadows of the sun
Emperor: Anthems to the welkin at dusk
Burzum: Det som engang var, Filosofem
Satyricon: Nemesis Divina
Cradle of Filth: Cruelty and the beast
Arcturus : La masquerade Infernale
Solefald: Neonism
Dissection: Storm of the lights bane
Dawn: Slaughtersun
Morbid Angel: Covenant
Opeth: Blackwater Park
Aeternus: Shadows of old...
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Thank you for this very complete interview and for your unwavering support on stage. For those who have discovered my project through this interview, don't hesitate to go and listen to more on the net and especially on Archaic Sound's bandcamp where all the recent albums are available. Keep an open mind!