Kenavo les amis ! Voici venir l'heure de Tan Kozh, joyeux quintette breton distillant un Pagan Black Metal breton du meilleur aloi ! Echange avec Sven & Yammah autour de la musique, de la culture et de l'histoire celte, de Belenos et Himinbjorg, d'Antiq Label et de poésie ! Le Scribe, le 17/03/2020
Entretien avec Sven
& Yamnah
Kenavo, Tan Kozh ! Pouvez vous nous présenter le groupe ?
S :
Demat’ et merci de ton invitation. Tan Kozh c’est à la base un projet
solo né dans l’idée de concrétiser des mélodies et des idées que je traînais
dans mon esprit depuis plusieurs années, auquel j’ai greffé des artistes qui
sont avant tout des amis. Yamnah, le premier à rejoindre l’aventure, est à
l’origine du concept idéologique du groupe, il est l’auteur des paroles et je
lui ai confié le poste de guitariste pour la formation live, c’est aussi avec
lui que l’on a trouvé le nom du groupe. Introspect, lui s’est imposé rapidement
comme une évidence pour le poste de bassiste, étant un musicien de talent je
lui ai aussi confié l’arrangement et l’enregistrement des parties basses présentes
sur l’album. J’ai demandé à Decay d’assurer la batterie en live et sur l’album
et Barved a pris la deuxième guitare pour le live, deux musiciens en lesquels
j’ai une confiance totale.
Vous sortez votre premier album chez les excellents Antiq Records. Comment
s'est faite la connexion ?
S :
J’avais une petite liste de labels que je voulais démarcher, mais avant même
que j’en fasse le tour j’ai croisé l’équipe de Antiq, label qui était
sur ma liste, avec qui j’ai pu donc parler de mon projet de vive voix, aborder
le concept du groupe, les sujets évoqués sur l’album et par la suite leur faire
écouter une partie des morceaux qui étaient déjà presque totalement enregistrés
et mixés par moi-même. La musique leur a plu, le concept aussi, c’est ainsi que
Tan Kozh s’est retrouvé chez Antiq pour mon plus grand bonheur. Je
dois avouer que je n’aurais pas pu rêver mieux, la communication se passe très
bien, les personnalités s’accordent parfaitement, que demander de plus !?
Vous venez de Bretagne et vous jouez du Pagan Black Metal. On pense forcément
a Belenos. Je sais que c'est une de vos influences, pas vrai ?
S :
(sourire en coin) Alors je dois dire que oui, Belenos fait clairement
partie des groupes qui ont bercé mon adolescence et que j’écoute encore
aujourd’hui. Pour tout dire depuis presque deux ans maintenant, j’ai la chance
d’être guitariste dans la formation live. Ceci dit il serait dommage de parler de mes influences en
termes de metal breton sans citer aussi des groupes comme Vinland, Les
Chants de Nihil, des groupes de death metal comme Origin'Hell ou eXistence
qui ont marqué mon évolution en tant que musicien.
Y : Toutefois l'influence que j'ai le plus ressenti dans
les compositions de Sven vient d'Himinbjorg, donc pas des Bretons, haha ! Pour ma
part, je me suis tenu éloigné pendant longtemps
du monde « Pagan », le côté foire à la saucisse m’a toujours
rebuté même si des groupes plus « sérieux » ou
« mystiques » comme Burzum, Bathory ou Aeternus ont
très tôt capté mon attention... Et évidemment Belenos que j’ai découvert
en 2007 avec Errances Oniriques puis Chemins de Souffrance, avant
d'intégrer le « live line-up » sur un coup de chance en 2009. On peut
donc légitimement considérer que le contact avec Loïc à partir de 2009, tant sa
musique que sa personne, a été déterminant dans mon évolution : « à
tout seigneur, tout honneur » ! Un des déclics a été la découverte d'Enslaved
en concert en 2012 : je n'aimais pas trop leur période
« prog' », ils ont joué au Hellfest la même année que Belenos
et comme Loïc adorait les débuts du groupe, je me suis dit que j'allais tenter
de voir ce que ça donnait. Ils ont ouvert le concert avec Ruun et j'ai
été immédiatement conquis, au point de réviser mon jugement et de me plonger
dans toute leur discographie, leurs paroles... Et voilà !
Vous évoquez les mythes celtes dans vos textes, pouvez vous nous dire quels
sont les thèmes chers a votre cœur en ce domaine ?
S :
Je vais laisser Yamnah répondre quant aux thèmes, mais je peux dire que pour
moi le thème qui semblait porteur pour Tan Kozh devait être la force
intérieure qui nous pousse à nous battre pour vivre et qui nous donne un
profond respect pour la vie qu'il nous est offert de vivre.
Y :
Les textes que j'ai écrits constituent une tentative de se reconnecter à la
fois à moi-même et au monde, par la lecture et la pratique de la méditation. Le
feu réchauffe ou brûle, éclaire ou éblouit, il peut être perçu comme
« bon » ou « mauvais » mais sa nature ne change pas. Des
quatre éléments que distinguaient les anciens Grecs c'est le seul à ne pas en
être vraiment un : il est l'une des formes visibles que prend l'énergie
qui parcourt le monde dans lequel nous vivons, et qui nous meut. J'aime bien la
phrase d'Héraclite « Ce monde a toujours été et
il est et il sera un feu toujours vivant, s’alimentant avec mesure et
s’éteignant avec mesure ». Quand Sven m'a proposé le nom de Tan Kozh,
j'ai tout de suite pensé à cette phrase, et je me suis dit que ça collait bien.
Le feu (Agni, Belenos...) est couramment perçu comme un medium entre le monde
humain et les mondes supérieurs et inférieurs, une force amie, voir un guide.
L'étude, la compréhension intime du passé est une source infinie d'énergie pour
le présent.
Vos textes, justement, sont très poétiques. Vous rattachez vous à une
littérature particulière, ou du moins avez vous des écrivains fétiches ?
Y:
Des écrivains fétiches oui, mais en faire le tour serait un peu long !
Pour ce qui a servi de base à l'inspiration pour cet album, Georges Dumézil
arrive en première place avec tout son travail sur le comparatisme indoeuropéen
(entre autres « Heur et Malheur du Guerrier »). C'est un de
mes crushs de ces cinq dernières années. « La Mythologie du Monde
Celte » (Claude Sterckx - merci
à celui qui m'a recommandé ce livre et dont j'ignore le nom !) a beaucoup
influencé mon travail d'écriture, des descriptions de rituels védiques dans le
livre de Jan Gonda « le Védisme », et des passages du Rig-Veda
dans les traductions de Jean Varenne et Alexandre Langlois ont aussi nourri mon
imaginaire. Des vieux relents de Nietzsche et une lecture critique de « Des
Choses Cachées Depuis la Fondation du Monde » (René Girard) ont pu
déteindre par moments. Voilà en gros, tout ça pour ça !
Le fait que votre nom signifie “feu ancien” en Breton m'a renvoyé vers
Bathory, dont j'ai aussi trouvé la trace sur le morceau “Equinoxe” (le tempo
épique notamment). Vous ne les citez pas parmi vos influences sur Bandcamp, est
ce volontaire ?
S :
Oui, personnellement je n’ai découvert Bathory que tardivement, j’en
avais évidemment entendu parler très tôt mais ce n’est que depuis 2/3 ans que
j’en écoute, ne me demande pas pourquoi, aucune idée !
Y:
J'adore Twilight of the Gods, je me le passe encore souvent ! Mais
ouais, c'est une influence très indirecte, il faut dire qu'entre les premiers
albums de Quorthon et nous, il a eu le temps d'influencer toute la scène black
metal, et nous-même, que ce soit directement ou indirectement !
Peut on être païen en 2019, et si oui, comment ?
S :
Le paganisme tel que je le conçois m’a été transmis par mon père, qui était un
peintre trop torturé pour faire connaître son art, mais c’était aussi un
amoureux des contes et légendes bretonnes et qui s’était autoproclamé païen en
réponse à un christianisme plus ou moins imposé dans son enfance. Il me disait
toujours que pour lui être païen c’est mettre en lieu et place de dieu la
nature elle-même et de la vénérer comme la mère de toute chose. J’ai fini par
développer une idée un peu différente après m’être intéressé au terme
« païen » à travers les âges, l’idée simple qu’être païen aujourd’hui
c’est avoir une spiritualité à soi, que personne ne peut prétendre savoir ce
qu’il se passe là où nos yeux ne peuvent pas voir...
Y:
Vaste question ! Avant de répondre, il faut d'abord noter que le mot
« païen » est à l'origine un terme péjoratif utilisé par les chrétiens contre leurs
opposants, et proche du « pécore ». Le païen était le gars de la campagne
qui n'avait pas encore évolué vers la nouvelle religion et restait attaché à
son obscurantisme. Du coup, comment revendiquer ce qualificatif 2000 ans
après ?
Il y
a un passage de l'Edda que j'aime beaucoup : « Meurent les
biens, meurent les parents, et toi, tu mourras de même; mais je sais une chose
qui ne meurt jamais : le jugement porté sur chaque mort. » Dis comme ça,
l'attitude païenne se distingue à la fois de l'esprit de jouissance
égoïste propre à une certaine modernité
(« et après moi le déluge »), et de l'esprit chrétien pour lequel ce
n'est pas la trace qu'il laisse sur terre mais le Salut dans un ciel
hypothétique qui importe. En ce sens, oui, en se souciant constamment de ce que
notre action produit dans le monde, mais aussi et surtout en refusant d'y
dissocier l'Humanité du reste de la Nature, des « non-humains » comme
dirait Descola, je pense qu'on peut agir en authentique païen... Mais ce n'est
pas facile !
Vous revendiquez votre héritage celte. Pouvez vous nous parler de ce que cela
signifie pour vous ?
S :
Les peuples celtes étaient les derniers gardiens d’une certaine pensée païenne
qui leur était transmise par les pré-celtes, malgré le fait qu’ils avaient déjà
modelé des dieux, ces derniers sont pour la grande majorité liés à la nature ou
aux éléments qui nous entourent, le soleil, la lune, l’eau, le feu, etc...
Y: Les Bretons ont été, on l'oublie souvent, un
des derniers peuples païens d'Europe occidentale à subir la christianisation.
Les armées gauloises pendant la Guerre des Gaules étaient composées d'Hommes
libres, face à des armées romaines alors composées de professionnels, des
plébéiens payés pour avoir abdiqué temporairement leur liberté et des
mercenaires. Se revendiquer Celte, pour moi, c'est se réclamer de cette liberté,
celle qui ne s'achète pas. C 'est garder dans un coin de sa tête que cette
liberté est à reprendre, et se retrouver un peu dans les combats que mènent
aujourd'hui d'autres peuples pour préserver leur autonomie et leur culture face
à la triple oppression du marchand, du fonctionnaire et de l'
« homme de Dieu » : Amérindiens, Kurdes, Tibétains... Prendre le
risque d'être voué à rester dans le camp des vaincus est de peu d'importance en
comparaison.
Du live en vue ?
S :
Pour le moment c’est calme, nous jouons au Beermaggedon sur une belle affiche
mais pour le reste rien n’est encore confirmé... Cela dit nous avons reçu
plusieurs propositions, notamment sur Rennes ou sur Morlaix pour l’année
prochaine et nous espérons évidemment que la sortie de l’album nous fera
connaître et nous permettra de pouvoir démarcher plus efficacement auprès des
orgas.
Vos 20 albums préférés de tous les temps ?
S : Dans le désordre je dirai :
Enemy of Man de Kriegsmachine,
Democracy ainsi que le premier album éponyme de Killing
Joke,
The Apostate de Luciferion,
Storm of The Light's Bane de Dissection,
Small Deadly Space de Fight,
Reign in Blood de Slayer
Rust in Peace de Megadeth
In The Nightside Eclipse de Emperor,
Roots de Sepultura
Requiem Tenebae de Nehëmah,
Destroy Erase Improve de Meshuggah,
Symphonies of Sickness de Carcass,
Enradigats de Boisson Divine
Division Bell de Pink Floyd,
Renaissance de la Harpe Celtique de Alan Stivell
Filosofem de Burzum,
Chemin de Souffrance de Belenos,
Haunted Shores et Third de Himinbjorg,
Human de Death
Autumn Aurora de Drudkh
Y: Si on parle d'albums, ça ne peut pas être « de tous les
temps », si ? Bach n’a jamais sorti d’album ! En désordre
également, et en tâchant de ne pas être redondant parce qu'on a quand même une
longue histoire commune avec Sven qui fait que...
Dead Can Dance – Within the Realm
of a Dying Sun
Immolation – Close to a World Below
King Crimson – In the Court of the
Crimson King
Cocteau Twins – Victorialand
Furia - Martwa Polska Jesień
Sieben – Ogham Inside the Night
Angmar – Zurük in die Unterwelt
Deathspell Omega – Paracletus
Circular – Circles of Remembrance
Soïg Sibéril – Entre Ardoise et
Granit
Tangerine Dream – Ricochet
Vangelis – L'Apocalypse des Animaux
Crystalium – Doxa O Revelation
Ajoutez ce que vous voulez :
Y: Merci pour ces questions bien senties, c'était un
plaisir !
S : Idem et merci à toi pour
ton invitation.
Merci Tan Kozh
THE ENGLISH VERSION
INTERVIEW WITH TAN KOZH
Sven & Yamnah
Kenavo folks! It's time for Tan Kozh, a joyful Breton quintet distilling the best Breton Pagan Black Metal! Exchange with Sven & Yammah around Celtic music, culture and history, Belenos and Himmibjorg, Antiq Label and poetry! The Scribe, 17/03/2020
Kenavo, Tan Kozh! Can you introduce us the band ?
S: Demat' and thank you for your invitation. Tan Kozh is basically a solo project born with the idea of concretizing melodies and ideas that I've been dragging in my mind for several years, to which I've grafted artists who are above all friends. Yamnah, the first to join the adventure, is at the origin of the ideological concept of the group, he is the author of the lyrics and I entrusted him with the position of guitarist for the live formation, it is also with him that we found the name of the group. Introspect, he quickly imposed himself as an obvious choice for the bass player position, being a talented musician I also entrusted him with the arrangement and recording of the bass parts on the album. I asked Decay to play the drums live and on the album and Barved took the second guitar for the live, two musicians in whom I have total confidence.
You release your first album on the excellent Antiq Records label. How was the connection made?
S: I had a short list of labels I wanted to approach, but before I even got around to it, I met the team of Antiq, a label that was on my list, so I was able to talk about my project in person, talk about the concept of the band, the subjects that were discussed on the album and then make them listen to some of the songs that were already almost totally recorded and mixed by myself. They liked the music and the concept too, and that's how Tan Kozh ended up at Antiq for my greatest pleasure. I have to admit I couldn't have dreamt of it any better, the communication is going really well, the personalities fit together perfectly, what more could I ask for!?
You come from Brittany and you play Pagan Black Metal. We're necessarily thinking of Belenos. I know it's one of your influences, isn't it ?
S: (smiling in a corner) So I have to say yes, Belenos is clearly one of the bands that rocked my teenage years and that I still listen to today. To be honest, for almost two years now I've been lucky enough to be a guitarist in the live line-up. Having said that, it would be a shame to talk about my influences in terms of Breton metal without also mentioning bands like Vinland, Les Chants de Nihil, death metal bands like Origin'Hell or eXistence that have marked my evolution as a musician.
Y : However the influence I felt the most in Sven's compositions comes from Himinbjorg, so not from the Bretons, haha! For my part, I kept away for a long time from the "Pagan" world, the sausage fest side always put me off even if more "serious" or "mystical" bands like Burzum, Bathory or Aeternus caught my attention very early on... And of course Belenos that I discovered in 2007 with Errances Oniriques then Chemins de Souffrance, before joining the "live line-up" on a stroke of luck in 2009. We can therefore legitimately consider that the contact with Loïc from 2009, both his music and his person, has been a determining factor in my evolution: "to every lord, every honour"! One of the triggers was the discovery of Enslaved in concert in 2012: I didn't really like their "prog'" period, they played at the Hellfest the same year as Belenos and as Loïc loved the band's beginnings, I thought I would try to see what it was like. They opened the concert with Ruun and I was immediately conquered, to the point of revising my judgement and plunging into all their discography, their lyrics... And that was it!
You evoke Celtic myths in your texts, can you tell us what are the themes dear to your heart in this area?
S: I'll let Yamnah answer as to the themes, but I can say that for me the theme that seemed to carry for Tan Kozh must have been the inner strength that drives us to fight to live and that gives us a deep respect for the life we are offered to live.
Y: The texts I wrote are an attempt to reconnect both to myself and to the world, through reading and the practice of meditation. Fire warms or burns, illuminates or dazzles, it can be perceived as "good" or "bad" but its nature does not change. Of the four elements that the ancient Greeks distinguished it is the only one that is not really one: it is one of the visible forms that the energy that flows through the world in which we live, and which moves us, takes. I like Heraclitus's phrase "This world has always been and is and will always be a living fire, feeding itself with measure and extinguishing itself with measure". When Sven suggested the name Tan Kozh to me, I immediately thought of this sentence, and I thought it fitted well. Fire (Agni, Belenos...) is commonly perceived as a medium between the human world and the higher and lower worlds, a friendly force, see a guide. The study, the intimate understanding of the past is an infinite source of energy for the present.
Your texts, precisely, are very poetic. Do you belong to a particular literature, or at least have you got fetish writers?
Y: Fetish writers, yes, but it would take a bit of time to go around them! Georges Dumézil came first in the inspiration for this album with all his work on Indo-European comparisons (among others "Heur et Malheur du Guerrier"). It's one of my vintages of the last five years. "The Mythology of the Celtic World" (Claude Sterckx - thanks to the one who recommended this book and whose name I don't know!) has greatly influenced my writing, descriptions of Vedic rituals in Jan Gonda's book "Le Védisme", and passages from the Rig-Veda in the translations of Jean Varenne and Alexandre Langlois have also nourished my imagination. Old hints of Nietzsche and a critical reading of "Des Choses Cachées Depuis la Fondation du Monde" (René Girard) may have rubbed off at times. That's basically what it's all about!
The fact that your name means "ancient fire" in Breton sent me back to Bathory, which I also found a trace of on the track "Equinoxe" (the epic tempo in particular). You don't mention them among your influences on Bandcamp, is this voluntary?
S: Yes, personally I discovered Bathory only late, I had obviously heard about it very early but it's only been 2/3 years that I've been listening to it, don't ask me why, no idea!
Y: I love Twilight of the Gods, I still often play it ! But yeah, it's a very indirect influence, it must be said that between the first Quorthon albums and us, he had the time to influence the whole black metal scene, and ourselves, either directly or indirectly!
Can one be a heathen in 2019, and if so, how?
S: Paganism as I understand it was transmitted to me by my father, who was a painter too tortured to make his art known, but he was also a lover of Breton tales and legends and who had proclaimed himself pagan in response to a more or less imposed Christianity in his childhood. He always told me that for him to be pagan was to put nature itself in the place of God and to venerate it as the mother of all things. I ended up developing a slightly different idea after having been interested in the term "pagan" throughout the ages, the simple idea that being pagan today is having a spirituality of one's own, that no one can pretend to know what is happening where our eyes cannot see...
Y: Vast question! Before answering, it should first be noted that the word "pagan" is originally a pejorative term used by Christians against their opponents, and close to "pecore". The pagan was the guy in the countryside who had not yet evolved to the new religion and remained attached to its obscurantism. So how can we claim this term 2000 years later?
There is a passage from the Edda that I like very much: "Die the goods, die the parents, and you will die as well; but I know one thing that never dies: the judgment on every death. "In this way, the pagan attitude differs both from the spirit of selfish enjoyment proper to a certain modernity ("and after me the flood"), and from the Christian spirit for which it is not the trace it leaves on earth but Salvation in a hypothetical heaven that matters. In this sense, yes, by being constantly concerned about what our action produces in the world, but also and above all by refusing to dissociate Humanity from the rest of Nature, from "non-humans" as Descola would say, I think that we can act as authentic pagans... But it is not easy!
You claim your Celtic heritage. Can you tell us about what this means to you?
S: The Celtic peoples were the last guardians of a certain pagan thought that was transmitted to them by the pre-celes, despite the fact that they had already modelled gods, the latter are for the most part related to nature or the elements that surround us, the sun, the moon, water, fire, etc...
Y: The Bretons were, as we often forget, one of the last pagan peoples of Western Europe to undergo Christianization. The Gallic armies during the Gallic Wars were composed of Free Men, facing Roman armies then composed of professionals, plebeians paid for temporarily abdicating their freedom and mercenaries. To claim to be Celtic, for me, is to claim this freedom, the freedom that cannot be bought. It is to keep in a corner of one's head that this freedom is to be regained, and to find oneself a little in the struggles that other peoples are waging today to preserve their autonomy and their culture in the face of the triple oppression of the merchant, the civil servant and the "man of God": Amerindians, Kurds, Tibetans... Taking the risk of being doomed to remain in the camp of the defeated is of little importance in comparison.
Any live action in sight?
S : For the moment it's quiet, we are playing Beermaggedon on a beautiful poster but for the rest nothing is confirmed yet... That said, we've received several proposals, notably on Rennes or Morlaix for next year and we obviously hope that the release of the album will make us known and will allow us to approach orgas more effectively.
Your 20 favourite albums of all time?
S : In the disorder I will say :
Enemy of Man by Kriegsmachine,
Democracy as well as Killing Joke's first eponymous album,
The Apostate of Luciferion,
Storm of The Light's Bane from Dissection,
Small Deadly Space from Fight,
Slayer's Reign in Blood
Rust in Peace by Megadeth
In The Nightside Eclipse by Emperor,
Roots of Sepultura
Tenebae Requiem of Nehëmah,
Destroy Erase Improve from Meshuggah,
Carcass Symphonies of Sickness,
Enradigats of Divine Drink
Bell division of Pink Floyd,
Renaissance of the Celtic Harp by Alan Stivell
Filosofem from Burzum,
Way of Suffering of Belenos,
Haunted Shores and Third of Himinbjorg,
Human of Death
Drudkh's Autumn Aurora
Y: If we're talking about albums, it can't be "of all time", can it ? Bach never released an album! In a mess too, and trying not to be redundant because we still have a long common history with Sven which makes that...
Dead Can Dance - Within the Realm of a Dying Sun
Elend - The Umbersun
Ulver - Bergatt
Enslaved - Ruun
Immolation - Close to a World Below
King Crimson - In the Court of the Crimson King
Cocteau Twins - Victorialand
Zyklon - World ov Worms
Unicorn - Almanac
Furia - Martwa Polska Jesień
Sieben - Ogham Inside the Night
Cynic - Focus
Rïcïnn - Lïan
Angmar - Zurük in die Unterwelt
Deathspell Omega - Paracletus
Circular - Circles of Remembrance
Soïg Sibéril - Between Slate and Granite
Tangerine Dream - Ricochet
Vangelis - The Apocalypse of the Beasts
Crystalium - Doxa O Revelation
Add what you want :
Y: Thank you for those thoughtful questions, it was a pleasure!
S: Ditto and thank you for your invitation.