Interview réalisée en Décembre 2019 et Janvier 2020
"Ne nous leurrons pas: le BM n'a plus grand chose de subversif, plus grand chose de nocif"
Les nordistes d'Antilife ont poussé encore plus loin le concept de Depressive Suicidal Black Metal en baptisant leur musique Suicidal Black Metal. Ici tout n'est que violence, noirceur, passage à l'acte. Quand Ozzy chantait "Suicide Solution", il n'y avait guère que le PMRC américain pour penser qu'il incitait quiconque au suicide. Antilife parlent d'eux mêmes, de leurs sentiments, et ne plaisantent pas...Discussion morbide...
Bonjour Antilife, et merci de répondre a mes questions !
Tout d'abord parlons un peu de votre dernier album, “Silence Under The Sun” sorti cet été. Pouvez vous nous toucher quelques mots de cet opus en particulier ?
Bonjour. Silence Under The Sun est les second album de Antilife, sorti le 5 juillet 2019 sur le label nordiste Share Your Pain Records. Il a été composé entre 2017 et 2019, et contrairement au premier, enregistré par tous les musiciens du groupe en home studio. Cet album montre un tournant aussi bien au niveau du son que de l’esthétique de l'artwork. Même si les thématiques tournent toujours autour de Satan et du Suicide, la différence avec le premier était une volonté délibérée de tourner la page après les différents changements de Line-up.
Vous existez depuis peu de temps (2016) mais avez à votre bord une flotte d'artistes déjà largement célébrés, comme Haine à la batterie, que l'on retrouve dans nombre d'autres combos, et Psycho de Hats Barn et Lord Ketil (qui vous a quitté cette année). Comment tout ce joli monde s'est il connecté et comment est né Antilife ?
Je n'irai pas dire artistes largement célébrés, ni célèbres. Pour le coup, l'UG est toujours notre terrain, mais je ne pense pas que quelqu'un en ait vraiment quelque chose à foutre de nous.
Psycho et moi-même nous sommes rencontrés il y a quelques années quand j'ai posté une annonce recherchant un batteur pour mon projet de BM Atmo VERLIES. Le courant est passé bien mieux que je ne l'avais prévu à l'époque, et ce malgré les lacunes évidentes de Psycho à la batterie. Après une année et demi à répéter, jouer des concerts, on s'est rendus compte qu'on ne voulait plus vraiment faire cette chose ensemble, mais qu'on voulait continuer à créer quelque chose de différent, à deux. Quelque chose de plus noir, de plus sombre, plus trippant et définitivement plus porté sur un malaise latent dans nos cerveaux. Alors sur des phases de répètes, Psycho prenait la guitare, moi je jouais des patterns pétés à la batterie, et on a eu la base d'idée du truc. Après des tentatives, l'idée a évoluée, je me suis occupé de la composition, de l'enregistrement des instruments, du mixage et mastering, tandis que Psycho s'est concentré sur les paroles et le chant. La première démo avec deux titres (“Worms” et “Shoot In My Fucking Skull”) a été téléchargée sur le net, où ça a attiré instantanément l'oeil et l'oreille du label Mexicain THROATS PRODUCTIONS qui nous a proposé un deal pour le premier album. Antilife était crée, à la croisée entre l'univers brut et satanique de Hats Barn et les mélodies et compositions de mon crû. Ces titres ont aussi permis le recrutement de la première mouture du groupe avec Ø, Névrose et 1Stable ainsi que nos premières représentations sur scène.
A l'heure où je vous parle vous n'avez pas de chanteur attitré ?
A l'heure où tu nous parles, le line-up a changé, mais si, définitivement nous avons tous les membres nécessaires à la réalisation de la suite.
Le début d'année a été difficile suite à notre séparation avec Psycho pour raisons personnelles et stupides. Le jeu de l'égo a fait son office, et il m'était impossible de continuer sur cette lancée.
Suite à cette rupture consommée, j'ai eu un temps de latence lié à ma maladie mentale qui m'a fait fermer les yeux sur le monde pendant presque deux mois, pour au final me réveiller avec une volonté sévère de tourner la page. De là est venue le final de composition du deuxième album, la volonté d'enregistrer tous ensemble, de recréer une entité complète avec Symptôme, Ø et Névrose. Il a fallu remettre la machine en marche, je me suis occupé de la batterie, du chant, du mixage et du mastering tandis que chacun a fait son office sur ses cordes propres. Le changement devait aussi passer par le son, donc on est venus à un truc moins propre, moins clinique, moins accessible.
Le challenge de la voix a été important: il a fallu pouvoir se réapproprier le style extrême, tout en apportant une autre patte, quelque chose de plus personnel, étant donné que je suis incapable de le faire, ni ne trouve aucun intérêt à juste reproduire la voix de Psycho. Depuis peu, NoName nous a rejoint à la batterie, lui qui officie dans diverses formations dont notamment VAGUE NOIRE avec moi-même.
Vous êtes réputés pour votre “suicidal black metal” sans l'adjectif “dépressif”. Voyez vous cela comme un moyen de vous démarquer d'une masse de groupes un peu “soft” ? Est ce une façon de clamer votre appartenance au Black Metal d'abord ?
L'idée de base de cette “étiquette” n'était en aucun cas de créer un nouveau genre pour se démarquer via des mots. Mais clairement une volonté de montrer qu'il y a plus de claquant et plus de mal-être dans ce qu'on propose. Je ne dénigre pas le DSBM, j'en suis même particulièrement friand, et se retrouver sur des affiches avec des groupes du genre est toujours fascinant, pour voir comment d'autres peuvent transmettre leur mal. Mais le projet est né d'une volonté de proposer quelque chose de plus violent et dérangeant qu'à l'accoutumée, et se passer de la case “Depressive” pour mettre en valeur “Suicidal”, ce qui donne un ton plus tragique, plus déterminé. La musique en elle-même est plus acerbe que ce que propose la majorité des groupes du style, plus de vitesse, plus de mélodies, plus de changements dans le rythme, où dans les influences. Enfin. Ce n'est qu'une étiquette à coller sur les posters et événements numériques. Chacun voit ce qu'il veut.
Ne nous leurrons pas: le BM n'a plus grand chose de subversif, plus grand chose de nocif, l'exemple parfait vient quand on assiste à un show d'un groupe comme Watain au Tyrant Fest 2018 où les gens du public râlent parce que des types veulent bousculer la fosse. Le public est calme, froid, croisant les bras et ne réagissant absolument pas à ce que les groupes proposent. Rien qu'à voir les commentaires, critiques et autre élucubrations de la “scène” sur le net. Toujours la guéguerre entre les partisans d'un Black vieux haineux quitte à mélanger les sentiments de merde comme la fierté et le pouvoir, et les nouveaux qui veulent apprécier la musique sans ressentir ne serait-ce qu'un poil de malaise, tous assis dans leur coin, dans leurs fringues et leurs esprits propres.
Soit. En avoir conscience donne de la force, parce que si le public ne veut pas partager ses émotions, alors on lui impose les nôtres.
De voir que des personnes sortent de nos concerts retournées, choquées voir blessées parce qu'elles ont vu du mal-être physique, mental, auditif, parce qu'elles en ont pris plein la gueule, parce qu'elles ont pris peur aux détonations et interactions avec eux, ça pousse à dire qu'il y a quelque chose encore à montrer avec ce style, quelque chose à transmettre.
Je ne sais pas si c'est une façon de clamer notre appartenance au Black Metal d'abord, je ne me retrouve que très peu dans les propos de beaucoup d'acteurs de la scène, je ne sais même pas si ça vaut le coup, ni ne sait si ça donne une quelconque légitimité. Mais si je peux me permettre de reprendre les propos de Meynach de Mütiilation, le black metal nous offre cette expression des sentiments néfastes et négatifs que l'on a en nous. A mes yeux, voir ce style de musique autrement que ça, rajouter de la fierté, des idées, du militantisme, ça n'a guère de sens. Ma maladie n'a rien de ragoûtant, et si Antilife s'appelle Antilife, ce n'est pas pour porter un étendard, mais bien pour se terrer sur soi-même et peut-être, si réception de la part du public il y a, de partager ce mal-être.
“Life Is Pain”, sorti en 2016 est le fruit du travail de Haine et Psycho. Cet album a eu un certain retentissement. Comment le voyez vous avec un peu de recul ?
Un certain retentissement, vraiment? J'en ai pas eu tellement l'impression. Disons qu'il a été un excellent prétexte pour nous laisser placer sur quelques affiches ça et là, une ouverture de la première porte en somme. En vrai, je déteste le sentiment de fierté, j'ai du mal à voir positivement quelque chose que je réalise, mais je dois avouer que c'est quelque chose que j'ai aimé faire, que j'ai aimé défendre, même encore aujourd'hui après tout le temps et les changements. Si ça a permis de toucher des personnes, de sortir des ténèbres l'espace d'un instant avec une idée, alors j'en suis. Jouer ses chansons avec le groupe est toujours un sentiment porteur. Ni bon ni mauvais, mais comme une nécessité qui s'accomplit naturellement. Plus que jamais, je suis d'accord avec le message de l'album, la vie fait mal. Mais jouer de la musique en groupe, partager des émotions entre membres, et avec le public, c'est une des attaches les plus fortes à la vie.
Un mot sur votre split avec Deadlife et Morto. C'était un peu la crème du Black Metal suicidaire et satanique réunie, non ?
Je ne sais pas trop ce que j'en pense. Nous avions été contactés par le mec derrière Morto. Un Équatorien super enjoué qui nous promettait de sortir un objet stylé si on acceptait de participer au Split. On avait rien à débourser, pas de recherches de label à faire, on avait déjà des morceaux de prêts (des versions différentes de “Tbilissi” et “L'Hymne à La Mort” que l'on retrouve sur Silence Under The Sun), suffisait d'enregistrer et envoyer les fichiers. Les groupes n'étaient pas dégueulasses, et cette idée de pouvoir partager la musique à trois endroits différents du globe me paraissait pour le moins intéressante.
Il se trouve que un an et demi plus tard, on a jamais vu la couleur des CDs. Bon, le mec de Morto a galéré pour trouver preneur pour ce split, a eu pas mal d'autre sorties de son côté. Aujourd'hui, il sort sous format cassette qu'il va sans doute essayer de refourguer sur sa structure ou via Morto. J'ai peu de doute quant au fait qu'on n'en aura sans doute pas entre les mains, mais c'est pas bien grave.
L'effet promotion escompté n'a pas été utile, mais en même temps, on a rien perdu à le faire.
Pour ce qui est de Deadlife, Morto et Antilife en tant que projets réunis sur une galette, c'était pas une mauvaise idée, mais j'imagine que si aucun des labels que le mec a contacté n'a voulu, c'est que clairement, on est loin d'être la crème! Mais je ne regrette pas.
On cite souvent Silencer a votre propos. Quels sont vos références en termes de groupes ?
La comparaison avec Silencer est facile j'imagine, grâce à la voix de Psycho sur le premier album et le Split. Je pense qu'on aime globalement tous ce groupe, et qu'il a du avoir des influences au niveau de la composition. Pas pour rien qu'on reprenait "Death - Pierce Me" sur certains de nos concerts.
Pour ce qui est des influences directes pour Antilife, il y a du Throne Of Katarsis, Burzum, Totalselfhatred, Psychonaut 4, Satanic Warmaster, Emperor, Disma. Enfin, l'influence scénique principale est Anus Mundi, groupe Parisien avec Vestal de Merrimack au chant, qui en 2011 avaient donné l'une des prestations les plus violentes que j'avais eu l'occasion de voir. Les coups, le sang, les mouvements et vociférations possédées à la limite de la rupture m'ont clairement impressionné à l'époque, et même si musicalement ce n'est pas ce que je définirais comme une influence directe, c'est clairement eux qui m'ont fait comprendre que si tu as quelque chose de fort à dire, et que tu n'as pas peur d'en souffrir, alors tu peux t'exprimer de la pire des manières, si cela peut te permettre d'avoir un instant de relâchement et abandon total.
Pour ce qui est des références personnelles, je suis très éclectique. Là par exemple j'écoute une compilation sur YT qui s'appelle “Russian Doomer Music”. Ça réunit une blinde de titres russophones, alternant entre varietoche, rock russe, coldwave, le tout dans une ambiance assez mélancolique. La veille c'était de la Funk. Si je dois faire une activité, un petit Urgehal ou Tsjuder fera l'affaire pour la motivation. Ou de la Syntwhave, ou du Hardcore pour donner un rythme plus constant. Symptôme est à mort dans le Thrash, le Death Old School ou Le Black Indus, Ø alterne entre Trap, pop, Hardcore ou Metal prog, Névrose s'en bat les couilles tant que ça blaste, et NoName est sans doute le mec le plus ouvert à tout ce qui est audible au sein de notre groupe. Ça peut paraître fouillis, mais tous ces styles mélangés donnent nos idées, pour chacun de nos projets, dont Antilife.
Revenons au dernier album : les thématiques semblent y naviguer entre mort, suicide, satanisme et fin de l'humanité. Quel est votre regard personnel sur ces thèmes ?
Je vais commencer par la fin de l'humanité: Il y a un constat d'abandon, de solitude de mélancolie librement inspiré de notre vision du monde. Tout devient moisi, tout devient fade, les émotions s'amenuisent et le comportement de nos semblables ne sert à rien. On va vers le bout, et chaque jour on le souhaite plus fort. Ce n'est pas le tout d'en avoir conscience, encore faudrait-il la volonté de le changer. Mais elle n'y est pas, rien ne sort de cette humanité abjecte. A notre échelle, on se concentre tellement sur de la merde, les rivalités, les querelles de communautés, de cet éclatement constant de l'individualité qui veut nous faire paraître unique alors qu'on a complètement oublié que “l'union fait la force” et qu'on est pourtant pas mal dans la même merde ensemble, pendant que d'autres se gaussent de voir le monde brûler dans leur tours d'ivoires. J'ai pas d'espoir pour la suite, même si une partie de moi aurait voulu voir un monde meilleur émerger. Alors il y a ces regrets, qui se transmettent d'individu en individu, qui arrivent jusqu'à parfois vous submerger et constater que quelle que soit votre décision, vous ne serez jamais assez fort pour lutter contre notre destruction. Pour faire une touche d'humour, si je devais dire “Monde de Merde”, en pensant à Georges Abitbol, je dirais que j'aurais bien envie de le dire aussi avec lui. Monde de Merde.
L'envie de mort, la mélancolie, la dépression, le suicide, découlent beaucoup de cet apport que la civilisation nous fait chaque jours. Si on ne peut pas voir de lumière, on finit par devenir aveugles, si rien ne donne de goût, alors on le perd... Être dans cette situation, savoir que l'on ne peut rien changer, ne fait que nous renvoyer à notre inutilité, et qu'est-ce qu'un esprit corrompu par l'inutilité pense? A se renvoyer vers le vide d'où il vient. La souffrance est permanente et l'envie est là. La mort devient alors un fantasme inespéré et inassouvi, qui laisse dans le crâne une sensation de manque.
Cependant, la vision Sataniste que j'ai développé et fini par adopter complètement au fil des ans est plutôt tournée vers la réalisation et l'action que l'on peut porter pour améliorer sa vie, sa pensée et son quotidien. Je ne cherche pas par exemple à “jouer au malin” et utiliser le diable comme prétexte pour faire nécessairement du mal aux autres au quotidien, mais au contraire comme l'exacerbation de mes sentiments et l'envie de porter parfois l'envie et la motivation à travers un symbôle qui me pousse. Mes démons, mon diable, mon Satan, me sont tous personnels, et bien qu'on veuille faire passer ce courant de pensée pour un erzats de religion avec une incarnation de croyances divines, je me sens beaucoup plus proche de la philosophie humaniste véhiculée par des organisations comme le Satanic Temple (TST) aux US ou la fratrie de l'Alliance Mystique De Satan Glorifié (AMSG) en France. Quand je chante Satan, quand je vois Satan, je vois surtout la force que je peux amener à travers ce symbole et libérer les émotions en l'utilisant comme catalyseur. Que ce soit aussi bien pour ma vie de tous les jours, pour essayer de survivre, ou au contraire, dans mes pires moments pour me porter plus loin encore vers la descente.
Vos 20 albums préférés de tous les temps ?
Bon, là je parle en tant que Haine, les autres auront sans doutes leurs propres avis sur la question:
Burzum – Filosofem
Totalselfhatred – Totalselfhatred
Opeth – Ghost Reveries
Opeth – Still Life
Disma – Towards The Megalith
Urgehal – Goatcraft Torment
Pouya – Five Five
Gris – Il Etait Une Forêt
Sombres Forêts – La Mort Du Soleil
Wyrms – Morcar Satoric – Les VI Chemins Du Crépuscule
Archean – Archean
Anathema – Weather System
Altar Of Plagues – White Tomb
Immortal – Sons Of Northern Darkness
Psychonaut 4 – Dipsomania
Satanic Warmaster – Carelian Satanist Madness
Alcest – Ecaille De Lune
Woods Of Desolation – Torn Beyond Reason
Deathspell Omega – Paracletus
Hugh Laurie – Let Them Talk
Le mot de la fin : ajoutez ce que vous voulez !
Premièrement, le second album du groupe est Sold Out, donc on attend sans doute une represse de chez Share Your Pain dans les semaines qui suivent. Ensuite, cette année 2020 ne sera peut-être pas ma fin, ni celle du groupe, en tous cas tant que je tiens assez bien sans me foutre en l'air. Ayant décidé de quitter ma résidence pour partir m'installer en Europe de l'Est, on a conclu que la meilleure manière de progresser était de continuer les compositions et recruter un booker pour trouver des dates, pour se focaliser uniquement sur la création et la promotion du projet.
Vous pouvez donc vous attendre à nous voir sur les routes cette année. Et peut-être, si le temps et la motivation nous le permettent, avec le matériel déjà composé, un troisième album verra le jour.
Pour le reste, et ce comme toujours:
Hail Satan.
+++
Antilife's northerners have taken the concept of Depressive Sucicidal Black Metal even further by calling their music Suicidal Black Metal. Here everything is violence, darkness, acting. When Ozzy was singing "Suicide Solution", only the American PMRC thought he was inciting anyone to suicide. Antilife talk about themselves, their feelings, and don't joke...Morbid discussion...
Hello Antilife, and thank you for answering my questions!
First of all, let's talk a bit about your latest album, "Silence Under The Sun" released this summer. Could you tell us a few words about this particular opus?
Hello, good morning.
Silence Under The Sun is Antilife's second album, released on July 5, 2019 on the northern label Share Your Pain Records. It was composed between 2017 and 2019, and contrary to the first one, recorded by all the musicians of the band in home studio. This album shows a turning point both in terms of sound and artwork aesthetics. Even if the themes still revolve around Satan and Suicide, the difference with the first one was a deliberate will to turn the page after the different line-up changes.
You've only been around for a short time (2016) but you have a fleet of artists on board who are already widely celebrated, such as Hate on the drums, which can be found in many other combos, and Psycho by Hats Barn and Lord Ketil (who passed away this year). How did all these nice people connect and how was Antilife born?
I won't say widely celebrated artists, or famous ones. For the moment, UG is still our field, but I don't think anyone really gives a shit about us.
Psycho and I met a few years ago when I posted an ad looking for a drummer for my BM atmo project VERLIES. It went much better than I expected at the time, despite Psycho's obvious shortcomings on drums. After a year and a half of rehearsing, playing gigs, we realized that we didn't really want to do this thing together anymore, but that we wanted to continue to create something different, together. Something darker, darker, darker, more trippy and definitely more focused on a latent malaise in our brains. So during rehearsal phases, Psycho would take the guitar, I would play fart patterns on drums, and we got the basis of the idea of the thing. After a few attempts, the idea evolved, I took care of the composition, the recording of the instruments, the mixing and mastering, while Psycho concentrated on the lyrics and the singing. The first demo with two tracks ("Worms" and "Shoot In My Fucking Skull") was uploaded on the net, where it instantly caught the eye and ear of the Mexican label THROATS PRODUCTIONS who offered us a deal for the first album. Antilife was created, at the crossroads between the raw and satanic universe of Hats Barn and the melodies and compositions of my own. These titles also allowed the recruitment of the first version of the band with Ø, Névrose and 1Stable as well as our first live performances.
At the moment I'm talking to you, don't you have a singer ?
At the moment you are talking to us, the line-up has changed, but yes, we definitely have all the members needed to make the sequel.
The beginning of the year has been difficult following our separation from Psycho for personal and stupid reasons. The game of ego did its job, and it was impossible for me to continue on this path.
Following this consummated break-up, I had a latency period related to my mental illness that made me close my eyes to the world for almost two months, only to wake up with a severe will to turn the page. From there came the final composition of the second album, the will to record all together, to recreate a complete entity with Symptom, Ø and Neurosis. The machine had to be restarted, I took care of the drums, the vocals, the mixing and the mastering while everyone did his job on his own strings. The change also had to go through the sound, so we came up with something less clean, less clinical, less accessible.
The challenge of the voice was important: it was necessary to be able to re-appropriate the extreme style, while bringing another leg, something more personal, since I am unable to do it, nor find any interest in just reproducing Psycho's voice. Recently, NoName joined us on drums, he's been playing in various bands including VAGUE NOIRE with myself.
You are known for your "suicidal black metal" without the adjective "depressive". Do you see this as a way to stand out from a mass of "soft" bands ? Is it a way to proclaim your belonging to Black Metal first ?
The basic idea of this "label" was not to create a new genre to stand out with words. But clearly a will to show that there is more slamming and more discomfort in what we propose. I don't denigrate the DSBM, I'm even particularly fond of it, and being on posters with bands of the genre is always fascinating, to see how others can transmit their evil. But the project was born from a will to propose something more violent and disturbing than usual, and to do without the "Depressive" box to highlight "Suicidal", which gives a more tragic, more determined tone. The music in itself is more bitter than what most bands of the style offer, more speed, more melodies, more changes in rhythm, or in influences. Finally. It's just a label to stick on posters and digital events. Everyone sees what they want.
Let's not kid ourselves: the BM is no longer subversive, no longer harmful, the perfect example comes when you see a show by a band like Watain at the Tyrant Fest 2018 where people in the audience grumble because some guys want to shake up the pit. The audience is calm, cold, crossing their arms and not reacting at all to what the bands are proposing. Just by looking at the comments, criticisms and other elucubrations of the "scene" on the net. Always the war between the supporters of an old hateful Black man even if it means mixing shitty feelings like pride and power, and the new ones who want to enjoy the music without feeling even a little bit uneasy, all sitting in their corner, in their clothes and in their own minds.
So be it. Awareness gives strength, because if the audience doesn't want to share their emotions, then we impose ours on them.
To see that people come out of our concerts turned around, shocked or even wounded because they have seen physical, mental or auditory discomfort, because they have been caught in the mouth, because they are afraid of the detonations and interactions with them, it leads us to say that there is still something to show with this style, something to pass on.
I don't know if it's a way to proclaim our belonging to Black Metal in the first place, I don't find myself in the words of many actors of the scene, I don't even know if it's worth it, nor if it gives any legitimacy. But if I can take the liberty of repeating the words of Meynach from Mütiilation, Black Metal offers us this expression of the negative and harmful feelings we have inside us. In my opinion, to see this style of music differently than that, to add pride, ideas, militancy, it doesn't make much sense. There's nothing disgusting about my illness, and if Antilife is called Antilife, it's not to carry a flag, but to hide on oneself and maybe, if there's reception from the public, to share this uneasiness.
You are known for your "suicidal black metal" without the adjective "depressive". Do you see this as a way to stand out from a mass of "soft" bands ? Is it a way to proclaim your belonging to Black Metal first ?
The basic idea of this "label" was not to create a new genre to stand out with words. But clearly a will to show that there is more slamming and more discomfort in what we propose. I don't denigrate the DSBM, I'm even particularly fond of it, and being on posters with bands of the genre is always fascinating, to see how others can transmit their evil. But the project was born from a will to propose something more violent and disturbing than usual, and to do without the "Depressive" box to highlight "Suicidal", which gives a more tragic, more determined tone. The music in itself is more bitter than what most bands of the style offer, more speed, more melodies, more changes in rhythm, or in influences. Finally. It's just a label to stick on posters and digital events. Everyone sees what they want.
Let's not kid ourselves: the BM is no longer subversive, no longer harmful, the perfect example comes when you see a show by a band like Watain at the Tyrant Fest 2018 where people in the audience grumble because some guys want to shake up the pit. The audience is calm, cold, crossing their arms and not reacting at all to what the bands are proposing. Just by looking at the comments, criticisms and other elucubrations of the "scene" on the net. Always the war between the supporters of an old hateful Black man even if it means mixing shitty feelings like pride and power, and the new ones who want to enjoy the music without feeling even a little bit uneasy, all sitting in their corner, in their clothes and in their own minds.
So be it. Awareness gives strength, because if the audience doesn't want to share their emotions, then we impose ours on them.
To see that people come out of our concerts turned around, shocked or even wounded because they have seen physical, mental or auditory discomfort, because they have been caught in the mouth, because they are afraid of the detonations and interactions with them, it leads us to say that there is still something to show with this style, something to pass on.
I don't know if it's a way to proclaim our belonging to Black Metal in the first place, I don't find myself in the words of many actors of the scene, I don't even know if it's worth it, nor if it gives any legitimacy. But if I can take the liberty of repeating the words of Meynach from Mütiilation, Black Metal offers us this expression of the negative and harmful feelings we have inside us. In my opinion, to see this style of music differently than that, to add pride, ideas, militancy, it doesn't make much sense. There's nothing disgusting about my illness, and if Antilife is called Antilife, it's not to carry a flag, but to hide on oneself and maybe, if there's reception from the public, to share this uneasiness.
"Life Is Pain", released in 2016, is the work of Haine and Psycho. This album had a certain resonance. How do you see it in retrospect?
A certain resonance, really? I didn't really feel that much. Let's just say it was an excellent pretext to let us place a few posters here and there, an opening of the first door in short. To tell the truth, I hate the feeling of pride, I have a hard time seeing something positively that I realize, but I must admit that it's something that I liked to do, that I liked to defend, even today after all the time and the changes. If it has allowed me to touch people, to get out of the darkness for a moment with an idea, then I'm in. Playing your songs with the band is always a great feeling. Neither good nor bad, but as a necessity that comes naturally. More than ever, I agree with the message of the album, life hurts. But playing music as a group, sharing emotions between members and with the audience, is one of the strongest attachments to life.
A word about your split with Deadlife and Morto. It was a bit of the cream of suicidal and satanic Black Metal put together, wasn't it?
I'm not sure what I think about it. We had been contacted by the guy behind Morto. A super cheerful Ecuadorian who promised us he'd bring out something stylish if we agreed to take part in the Split. We had nothing to pay, no label research to do, we already had tracks ready (different versions of "Tbilisi" and "Ode to Death" found on Silence Under The Sun), all we had to do was record and send the files. The bands weren't disgusting, and the idea of being able to share the music in three different parts of the world seemed interesting to me.
It turns out that a year and a half later, we never saw the color of the CDs. Well, the guy from Morto had a hard time finding a buyer for this split, had a lot of other releases on his side. Today, he's releasing a cassette that he'll probably try to sell on his own structure or via Morto. I have little doubt that we won't have it in our hands, but it's not a big deal.
The expected promotion effect hasn't been useful, but at the same time, we haven't lost anything by doing it.
As far as Deadlife, Morto and Antilife as projects on a wafer was concerned, it wasn't a bad idea, but I guess if none of the labels the guy contacted wanted to do it, it's because clearly, we're far from being the cream of the crop! But I don't regret it.
People often quote Silencer about you. What are your references in terms of bands?
The comparison with Silencer is easy I guess, thanks to Psycho's voice on the first album and the Split. I think we all like this band overall, and it must have had some influences in terms of composition. It's not for nothing that we cover Death - Pierce Me on some of our shows.
As for the direct influences for Antilife, there's Throne Of Katarsis, Burzum, Totalselfhatred, Psychonaut 4, Satanic Warmaster, Emperor, Disma. Finally, the main stage influence is Anus Mundi, a Parisian band with Vestal de Merrimack on vocals, who in 2011 gave the most violent performance I've ever seen. The blows, the blood, the movements and vociferations possessed on the verge of rupture clearly impressed me at the time, and even if musically it's not what I would define as a direct influence, it's clearly them that made me understand that if you have something strong to say, and you're not afraid to suffer from it, then you can express yourself in the worst possible way, if it can allow you to have a moment of relaxation and total abandonment.
As far as personal references go, I'm very eclectic. Here for example I listen to a compilation on YT called "Russian Doomer Music". It brings together a whole bunch of russian songs, alternating between varietoche, russian rock, coldwave, all in a rather melancholic atmosphere. The day before it was Funk. If I have to do an activity, a little Urgehal or Tsjuder will do for motivation. Or Syntwhave, or Hardcore to give a more constant rhythm. Syntwhave is to death in Thrash, Death Old School or Black Indus, Ø alternates between Trap, Pop, Hardcore or Metal prog, Neurosis fights his balls off so much blast, and NoName is probably the most open to everything audible in our band. It may sound a bit old-fashioned, but all these mixed styles give us ideas for each of our projects, including Antilife.
Let's go back to the last album: the themes seem to navigate between death, suicide, Satanism and the end of humanity. What is your personal view on these themes?
I'm going to start with the end of humanity: There's a sense of abandonment, loneliness and melancholy, freely inspired by our vision of the world. Everything becomes mouldy, everything becomes bland, emotions fade and the behaviour of our fellow human beings is useless. We go to the end, and every day we wish it stronger. It's not the whole point of being aware of it, but the will to change it. But it is not there, nothing comes out of this abject humanity. At our level, we concentrate so much on shit, rivalries, community quarrels, this constant outburst of individuality that wants to make us seem unique when we have completely forgotten that "union is strength" and yet we're all in the same shit together, while others laugh at seeing the world burning in their ivory towers. I have no hope for the future, even if a part of me would have liked to see a better world emerge. Then there are these regrets, which are passed on from individual to individual, which sometimes overwhelm you and make you realize that no matter what you decide, you will never be strong enough to fight against our destruction. To add a touch of humour, if I had to say "World of Shit", thinking of Georges Abitbol, I would say that I would also like to say it with him. World of Shit.
The desire for death, melancholy, depression, suicide, stem a lot from this contribution that civilization makes to us every day. If we can't see the light, we end up going blind, if nothing gives taste, then we lose it... Being in this situation, knowing that we can't change anything, only sends us back to our uselessness, and what does a mind corrupted by uselessness think? To send itself back to the emptiness from which it came. The suffering is permanent and the envy is there. Death then becomes an unhoped-for and unfulfilled fantasy, which leaves a feeling of lack in the skull.
However, the Satanist vision that I have developed and finally adopted completely over the years is rather turned towards the realization and the action that one can take to improve one's life, one's thought and one's daily life. For example, I don't try to "play the devil" and use the devil as a pretext to necessarily hurt others on a daily basis, but on the contrary as the exacerbation of my feelings and the desire to sometimes carry envy and motivation through a symbol that pushes me. My demons, my devil, my Satan, are all personal to me, and although one wants to pass off this current of thought as an erzats of religion with an incarnation of divine beliefs, I feel much closer to the humanistic philosophy conveyed by organizations such as the Satanic Temple (TST) in the US or the brotherhood of the Alliance Mystique De Satan Glorifié (AMSG) in France. When I sing Satan, when I see Satan, I see above all the strength that I can bring through this symbol and liberate the emotions by using it as a catalyst. Whether it is for my everyday life, to try to survive, or on the contrary, in my worst moments to carry me further down.
Your 20 favourite albums of all time?
Well, now I'm speaking as a Hate, the others will probably have their own opinions on the matter:
Burzum - Filosofem
Totalselfhatred - Totalselfhatred
Opeth - Ghost Reveries
Opeth - Still Life
Disma - Towards The Megalith
Urgehal - Goatcraft Torment
Pouya - Five
Grey - There Was A Forest
Dark Forests - The Death Of The Sun
Wyrms - Morcar Satoric - The VI Ways Of Dusk
Archean - Archean
Anathema - Weather System
Altar Of Plagues - White Tomb
Immortal - Sons Of Northern Darkness
Psychonaut 4 - Dipsomania
Satanic Warmaster - Carelian Satanist Madness
Alcest - Ecaille De Lune
Woods Of Desolation - Torn Beyond Reason
Deathspell Omega - Paracletus
Hugh Laurie - Let Them Talk
The final word: add what you want!
First of all, the band's second album is Sold Out, so we're probably expecting a Share Your Pain re-release in the following weeks. Then, this year 2020 might not be the end of me, or of the band, at least as long as I'm holding on well enough without screwing up. Having decided to leave my residence to move to Eastern Europe, we concluded that the best way to progress was to continue the compositions and recruit a booker to find dates, to focus only on the creation and promotion of the project.
So you can expect to see us on the road this year. And maybe, if time and motivation allow us, with the material already composed, a third album will be released.
For the rest, as always:
Hail Satan.