Avec Astral Sabbath les Montpellierains de Verdun nous proposent un deuxième album mélange de plomb fondu, de brouillard mortifère et de colère déployée.
Avec un nom comme Verdun il ne faut pas s'attendre a une promenade champêtre et printanière couverte de fleurs et de sourires ensoleillés, cela parait tomber sous le sens. Avec ce deuxième LP, les gars de Montpellier nous gâtent en matière de lourdeur, oppression et noirceur ! Mixant dans leur tambouille diabolique un Sludge épais comme opaque, un Doom lourd comme un marteau mythologique retombant lourdement sur une enclume mythique et des relents morbides d'un Hardcore a la fois féroce et ténébreux.
Cette encyclopédie de la douleur commence avec le titre "Return Of The Space Martyr", tout en lourdeur, qui met directement mal a l'aise, et vient vous ravager avec ses riffs boomerangs a décorner le diable lui-même.
Vient ensuite "Darkness Has Called My Name" le bien nommé, et, vu l'ambiance de charbon, on n'est pas étonné que le chanteur (l'excellent David Sadok) soit interpellé davantage par les ténèbres qu'un petit angelot un peu bisounours.
"When comes the night When darkness swallows light
When the sun begins to decay
When the moon turns into gray" (Extrait de "Darkness Has Called My Name")
Oui, a l'écoute de ce titre on croit volontiers que cette musique profondément torturée, malaisante comme disent les minots, soit davantage inspirée par un monde envahi par le noir plutôt que par un arc en ciel chatoyant. Une bande son parfaite pour nos temps particulièrement sombres, non ?
Le titre se déploie sur plus de dix minutes, et nous donne l'opportunité, après le déluge de Metal fondu qui se répand sur nous les premières minutes, de découvrir une facette plus portée sur l'atmosphère et les ambiances avec des guitares un peu moins lourdes, un chant moins hurlé et davantage d'éléments psychédéliques. Mais un psychédélisme façon bad trip, ce n'est pas le summer of love ici. Paulo semble avoir perdu la boule, et les riffs façon Sabbath ne tardent pas a le rattraper, histoire de nous achever après une (relative) accalmie. Car le spectre du grand Black Sab habite forcément l'ensemble, mais un Black Sab sacrément perverti, rongé à l'os par un acide hardcore boueux et ayant perdu tout espoir d'être aidé par Dieu, qui a du aller voir ailleurs.
Arrive alors Интерлюдия, ce qui signifie "interlude" en russe. Un instrumental qui s'en va naviguer vers une sorte de Post-Rock noirâtre, comme un Godspeed You ! Black Emperor des mauvais jours, ceux ou il faut parler poliment pour éviter de se faire emplafonner.
S'ensuit le bien nommé "Venom" et son poison distillé sur plus de neuf minutes : c'est un plaisir que d'être torturé de la sorte. N'ayant rien à envier au Black Metal le plus noir, le son du groupe, toujours aussi lourd et prenant, vous hante dès les premières secondes. C'est ici le venin de l'amour perdu, de l'être absent, qui ronge l'espace sonore et nous avec. Dans cette période étrange de confinement lié au Coronavirus, où la solitude se fait douleur physique, l'écoute au casque d'un tel titre peut causer quelques dommages (trop tard pour moi...).
Alors arrive "The Second Sun". Va t'il nous délivrer des tourments de ce Sabbath astral méphitique qui nous broie l'âme depuis tant de minutes. Les planètes semblent s'aligner, et les premières secondes sont trompeuses, avec une légèreté que l'on n'avait pas entendus jusque là. Mais bien vite le mal se fait un chemin et revient la douleur.
Verdun y trouvent néanmoins l'occasion de nous montrer une facette plus mélodique, comme un Soundgarden qui serait tombé dans la marmite hardcore la plus sombre.
S'ensuit alors "L'enfant nouveau" sculpté des mains de l'homme pour purifier la planète de ses vices. Un titre en français, qui démontre si besoin que le genre se prête aussi aisément a la langue de Molière. Parcouru des mêmes spasmes Grunge que "The Second Sun" ce titre au propos plus positif apporte une certaine paix intérieure, pour peu que l'on soit capable de trouver la paix au milieu du tumulte d'un Doom Metal particulièrement pesant et occulte.
La fin du voyage se fait avec "Astral Sabbath" et l'on s'attend a voir débarquer des sorciers de l'espace prêts à accomplir leur rituel millénaire en l'honneur des géants et autres êtres surnaturels venus de la nuit des temps. Le rituel de sang peut commencer, la lune est rouge.
Au final un album absolument succulent et jouissivement pervers, qui nous donne a entendre un groupe qui ne se satisfait pas de distiller la même lave en fusion tout du long mais propose un véritable album, doté d'atmosphères différentes, comme un voyage dans les pérégrinations de l'âme humaine dans sa complexité.
With Astral Sabbath, the french band Verdun offer us a second album mixing molten lead, deadly fog and unfurled anger.
With a name like Verdun you can't expect a country and springtime walk covered with flowers and sunny smiles, it seems to make sense. With this second LP, the guys from Montpellier spoil us in terms of heaviness, oppression and darkness! Mixing in their diabolical drumming a Sludge as thick as opaque, a Doom as heavy as a mythological hammer falling heavily on a mythical anvil and morbid hints of a Hardcore at the same time fierce and dark.
This encyclopaedia of pain starts with the track "Return Of The Space Martyr", all in heaviness, which directly makes you feel uncomfortable, and comes to ravage you with its boomerang riffs to decorate the devil himself.
Then comes "Darkness Has Called My Name" the aptly named "Darkness Has Called My Name", and, considering the coal atmosphere, we're not surprised that the singer (the excellent David Sadok) is more concerned by the darkness than a little teddy-bear angel.
"When comes the night When darkness swallows light
When the sun begins to decay
When the moon turns into gray..." (Excerpt from "Darkness Has Called My Name")
Yes, listening to this track, one readily believes that this deeply tortured music, malaise as the minots say, is more inspired by a world invaded by darkness rather than by a shimmering rainbow. A perfect soundtrack for our particularly dark times, isn't it?
The track unfolds over more than ten minutes, and gives us the opportunity, after the flood of molten metal that pours over us in the first minutes, to discover a more atmospheric and ambient-oriented side with slightly lighter guitars, less screaming vocals and more psychedelic elements. But a psychedelic bad trip, it's not the summer of love here. Paulo seems to have lost his mind, and the Sabbath riffs soon catch up with him, just to finish us after a (relative) lull. Because the spectre of the great Black Sab lives in the whole, but a Black Sab, a perverted Black Sab, gnawed to the bone by a muddy hardcore acid and having lost all hope of being helped by God, who had to go elsewhere.
Then comes Интерлюдия, which means "interlude" in Russian. An instrumental that navigates towards a kind of blackish Post-Rock, like a Godspeed You! Black Emperor of the bad days, the days when you have to speak politely to avoid being swallowed up.
Then follows the aptly named "Venom" and its poison distilled over more than nine minutes: it's a pleasure to be tortured like that. Having nothing to envy to the blackest Black Metal, the sound of the band, always so heavy and gripping, haunts you from the very first seconds. It's here the venom of lost love, of the absent being, that gnaws at the sound space and us with it. In this strange period of confinement linked to Coronavirus, where loneliness becomes physical pain, listening to such a track on headphones can cause some damage (too late for me...).
Then comes "The Second Sun". Will it deliver us from the torments of this mephitic astral Sabbath that has been crushing our souls for so many minutes. The planets seem to align, and the first seconds are deceptive, with a lightness we had not heard before. But soon the evil makes its way and the pain returns.
Verdun nevertheless find the opportunity to show us a more melodic side, like a Soundgarden that would have fallen into the darkest hardcore cauldron.
Then follows "L'enfant nouveau" sculpted by the hands of man to purify the planet of its vices. A title in French, which shows if need be that the genre lends itself so easily to Molière's language. Covered with the same Grunge spasms as "The Second Sun", this track with a more positive purpose brings a certain inner peace, as long as one is able to find peace in the middle of the tumult of a particularly heavy and occult Doom Metal.
The end of the journey is done with "Astral Sabbath" and we expect to see space wizards coming to perform their thousand-year-old ritual in honour of giants and other supernatural beings from the dawn of time. The blood ritual can begin, the moon is red.
In the end an absolutely succulent and joyfully perverse album, which gives us to hear a band that is not satisfied with distilling the same molten lava all along but proposes a real album, with different atmospheres, like a journey in the peregrinations of the human soul in its complexity.
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