Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
Venue de Suisse, le pays du Metal atypique, l'entité Borgne oeuvre depuis plus de vingt ans à brouiller les pistes, à l'instar de ses prédécesseurs de Celtic Frost, Coroner ou Darkspace. La neutralité rend-elle fécond ? Vous avez deux heures ! Toujours est-il qu'à l'occasion de la sortie de son 9ème album chez Les Acteurs de L'ombre, la créature au seul oeil valide nous donne sa vision d'un Black Metal industriel très personnel...
Bienvenue dans la sombre caverne du Scribe ! 1998 ! Déjà plus de vingt ans que Borgne ravage la suisse ! Quelle impression cela fait-il ?
Merci ! En effet, plus de 20 ans déjà ! Cela ne me rajeunit pas… il s’est passé tellement de choses et parfois le temps a été très long. Mais ces dix dernières années furent très fortes émotionnellement. Au final, tout cela est passé très vite.
Nous allons parler de votre nouvel album Y mais d'abord je voulais avoir votre avis. Comment se fait il qu'un pays comme le votre qui a donné Samael et Celtic Frost ait une scène Black Metal finalement pas si développée (avec bien sûr Darkspace ou Paysage d'hiver par exemple) ?
La Suisse est un pays minuscule et je ne pense pas qu’il soit exact de dire que la scène n’y soit pas développée. Au contraire, elle est riche mais demeure relativement « de niche » et ne s’exporte que peu. Certains groupes suisses sont vraiment exceptionnels mais cela reste très régional au niveau de la diffusion. De plus, de nos jours, beaucoup sont simplement ensevelis dans la masse complètement saturée du metal extrême qui sort 300 albums par jours (et je sais bien que j’y contribue). Mais il y a plusieurs groupes de personnes, répartis dans divers cantons, qui font vivre cette scène avec des formations telles que Ungfell, Dakhma, Solitudo Solemnis, Serpens Luminis, Lugubris, OTS, Eggs of Gomorrh…
Vous œuvrez dans un Black Metal industriel qui ne cesse de repousser ses propres limites. Quelles sont les formations qui vous ont influencé dans ce genre ?
Je ne me laisse pas vraiment influencer pour la composition de Borgne. Il est clair que des groupes comme Nine Inch Nails, Ministry, Dead can Dance,… passent souvent par ma platine. J'écoute beaucoup de choses très différentes. Du Black Metal, du Death Metal, du Grind, mais aussi de la musique classique, de l'électro, du Doom,… Cependant, dès que l’inspiration arrive, je m’extrais de ce que j'écoute pour ne suivre que les mélodies qui me traînent dans la tête.
Venons en à Y. Il s'agit de votre neuvième album déjà ! Pouvez-vous nous décrire un peu les coulisses de sa création ?
La composition s’est déroulée de la même manière que pour les précédents. C’est à dire en un seul bloc et jamais morceau par morceau. Je commence toujours par la base de l’album qui est la structure complète, puis j'étoffe chaques parties. Mais c’est un processus mental. Je ne compose pas avec une guitare ou un clavier et n'écris rien sur papier. Cette étape peut durer quelques semaines. Quand tout l’album est clair au niveau instrumental, je commence à « exporter » mes idées et débute la création/l’enregistrement. Puis viennent les textes. Cette fois, ceux-ci furent écrits par Onbra, guidé par une ligne directrice et quelques restrictions, afin qu’ils collent avec la musique. D’autant qu’il n’a pas eu connaissance de la musique durant tout le processus d’écriture. Le texte fut écrit d’un seul bloc et j’ai alors pu, par la suite, le manipuler afin de l’insérer dans l’album pour en faire des morceaux. Procédé peu conventionnel, mais c’est comme ça que j’aime faire un album.
D'où vient ce titre Y ?
Pour comprendre “Y”, il faut revenir à l’album précédent : [∞]. Celui-ci représente la stagnation, la boucle éternelle, ce qu’il se passe à l'intérieur de nous. C’est un album introverti et mental, relativement propre et froid.
“Y” fait alors suite à ces notions. En observant la forme de la lettre, nous pouvons percevoir ce chemin qui se sépare devant nous. Ces voies sont nos choix et impliquent des conséquences. Ce n’est donc plus une approche mentale. On s’exprime, on agit, on sort de ce cercle éternel, ce qui résulte en un album plus sale, chaud, externe ! Ces deux albums, intimement liés, forment alors un duo.
Quand on vous écoute on pense immanquablement à vos compatriotes Darkspace, avec ce son futuriste et cosmique, et aussi à nos Blut Aus Nord, pour le côté franchement industriel et expérimental. S'agit il pour vous de références et si oui comment vous ont-ils inspirés ?
Très honnêtement, je ne vois pas vraiment pourquoi nous comparer à Darkspace. À part le fait d’être suisse et d’avoir une boîte à rythme, nous n'avons pas grand-chose en commun. Il est clair que nous nous connaissons depuis longtemps, mais je n’ai jamais été influencé par eux. Même constat en ce qui concerne Blut Aus Nord qui est un groupe que je n'écoute pas du tout.
Quand j’ai commencé Borgne en 1998, ça n’a jamais été dans le but d'être un clone ou une copie de quoi que ce soit. Au contraire, l’idée a toujours été de construire un chemin et une évolution musicale qui me seraient propres. Nous avons tous tendance à comparer des groupes aux autres. Quand on ne connaît pas la musique classique, tout sonne pareil. Quand on ne connaît pas le whisky, ils ont tous le même goût.
Pouvez vous nous parler également des thématiques des morceaux sur Y ?
Comme il a déjà été expliqué dans la question 5, la thématique de l’album tourne autour de nos choix et des conséquences de ces derniers. Les paroles se présentent alors comme un bloc monolithique au sein duquel émergent diverses réflexions sur le vécu, nos sentiments, nos regrets, … Le fait d’avoir rédigé un texte unique renforce dès lors la notion selon laquelle chacun de ces éléments se voient interconnectés, alimentés par des concepts/théories/références puisés dans la psychanalyse, la philosophie, la théologie, la mythologie, l’histoire, … et dissimulés à travers des métaphores sur plusieurs couches. De plus, le fait d’utiliser deux langues et d’enchevêtrer ce texte avant de l’insérer dans les divers morceaux permet de mélanger encore plus le puzzle. Il en résulte un aspect « hermétique » face auquel chacun peut projeter son Soi et en sortir une interprétation en lien avec son bagage. Les choix figurent jusque dans la lecture et l’écoute de « Y ». Car en tentant de comprendre les paroles, l’auditeur va entrer dans un labyrinthe au sein duquel il devra choisir certaines interprétations qui le mèneront à une finalité qui lui sera propre.
Bornyhake, on te sait un musicien très actif, avec nombre de projets à ton compte, comme Ancient Moon ou Astral Silence mais il y en a beaucoup d'autres ! Comment partages tu ton temps entre tous ces projets et quelle est ta priorité en 2020 ?
Ma priorité a toujours été Borgne et le sera toujours. J’aime la scène, composer de la musique, mixer un album… donc je m'évade souvent. Par la force des choses, dès à présents, je vais devoir me concentrer sur mes propres projets : Borgne, Ancient Moon, The Path of Memory et ça sera déjà pas mal. Au niveau de la gestion de mon temps, je passe mon temps libre à faire de la musique. Je n’en ai pas plus que les autres, mais j’essaie de l’optimiser au maximum afin d'être efficace dans mon travail, ma musique et ma vie de tous les jours. Je ne dors pas beaucoup non plus.
Pouvez-vous nous parler du live et des concerts prévus pour défendre ce nouvel album ? Avez-vous prévu un dispositif particulier ?
Nous venons de jouer à Denain au In Theatrum Denonium pour notre release party. Excellente soirée dans un endroit exceptionnel. Pour la suite, les évènements actuels rendent l’avenir de certains concerts flou. Si tout se passe comme prévu lors de l’écriture de cette interview, nous jouerons en Suisse à Orbe en mai aux côtés de Seth/Imperium Dekadenz/Serpens Luminis/..., en Allemagne au Under The Black Sun en juillet et seront de retour dans le nord de la France au Black Flame of Hate en décembre. Nous sommes sur pas mal de fronts afin de développer le futur de Borgne, mais rien que nous ne puissions partager à l’heure actuelle.
Sur cet album on a le sentiment que, encore plus qu'auparavant, vous vous éloignez d'un quelconque carcan stylistique et que votre musique est de plus en plus personnelle, non ?
Exactement. Notre évolution tend vers une musique sans étiquette, toujours dans une atmosphère Black Metal, mais sans être limitée par un style ou une catégorie. C’est vraiment motivant de pouvoir aller au-delà des codes et ne pas s’enfermer dans une boîte qui s’appelle « Black Metal ».
Je sais que les puristes nous brûleraient bien sur un bûcher. Je suis dans le metal extrême depuis 25 ans et me suis également enfermé dans une case pendant pas mal de temps. Mais il ne faut pas oublier l’essence même du Black Metal de l'époque. Le Black Metal a existé pour dire merde au commercial et aux étiquettes, pour dire merde à la normalité, pour faire du foin et de l’extravagant. C’est ce que nous faisons actuellement et bizarrement en ne respectant plus les codes bien carrés du black metal.
Les groupes suisse ont souvent un son très personnel et inventent beaucoup de nouvelles choses dans le Metal. D'où vient cette liberté d'esprit selon vous ?
Je ne pense pas qu’une bête frontière puisse créer une différence quant à la manière de faire de la musique. Peut-être que la Suisse a un état d’esprit légèrement “particulier” du fait que nous sommes entre plusieurs montagnes, au centre de l’Union européenne mais sans en faire partie, … Nous sommes un petit pays avec quatre langues nationales et possédons dès lors une culture relativement variée à laquelle viennent s’ajouter de nombreux paysages pouvant devenir source d’inspiration pour certains. Mais je ne pense pas avoir de réponse concrète à ta question.
Des coups de coeur récents en matière de musique ? Peu importe le style…
Je n'écoute pas grand-chose de récent à l’heure actuelle. Je peine à accrocher et à suivre la scène actuelle. Mais je viens de découvrir Spectrale et Spineless !
J’ai plutôt tendance à essayer de découvrir ou redécouvrir les vieilles pépites du passé.
Dans le même ordre d'idées, pourriez vous nous dire quels sont vos albums préférés de tous les temps ?
Abigor - Opus IV
Acheron - Rites of the black Mass
Alice in Chains - Dirt
Alien Vampires - Harshlizer
Beastmilk - Climax
Black Majesty - Seventh King of Edom
Darkthrone - Under a Funeral Moon
Dead can Dance - Within the Realm of a dying Sun
Dismember - Like an everflowing Stream
Evoken - Quietus
Galina Ivanovna Oustvolskaïa - Everything
The Hellacopters - Payin the Dues
Katatonia - Tonight’s Descision
Koreisch - This Decaying Schizophrenic Christ Complex
Kvist - For Kunsten Maa Vi Evig Vike
LDOH - Putrefaction in progress
MM - Antichrist Superstar
Mayhem - De Mysteriis Dom Sathanas
NIN - Fragile
Krzysztof Eugeniusz Penderecki - Everything
Revenge - All
Sisters of Mercy - All
Terrorfakt - Teethgrinder
Tiamat - Wildhoney
Wolfpack/wolfbrigade - All
Xasthur - Nocturnal Poisoning
Si Borgne était une citation, un proverbe ?
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
Espace vierge : exprimez vous librement :
Merci pour les questions. Salutations à LADLO et au Borgne Crew !
In the kingdom of the blind, one-eyed people are kings.
Coming from Switzerland, the country of atypical Metal, the Borgne entity has been working for more than twenty years to muddy the waters, following the example of its predecessors of Celtic Frost, Coroner or Darkspace. Does neutrality make it fertile? You have two hours! Anyway, on the occasion of the release of his 9th album on Les Acteurs de L'ombre, the creature with the only valid eye gives us his vision of a very personal industrial Black Metal...
Welcome to the Dark Cave of the Scribe! 1998 ! Already more than twenty years that Borgne has been ravaging Switzerland! How does it feel?
Thank you! Indeed, more than 20 years already! It doesn't make me any younger... so many things have happened and sometimes the time has been very long. But these last ten years have been very strong emotionally. In the end, it all happened very quickly.
We're going to talk about your new album Y but first I wanted to get your opinion. How is it that a country like yours which gave Samael and Celtic Frost a Black Metal scene which is not so developed (with of course Darkspace or Paysage d'hiver for example)?
Switzerland is a tiny country and I don't think it's accurate to say that the scene is not developed there. On the contrary, it is rich but remains relatively "niche" and is not exported much. Some Swiss bands are really exceptional but it remains very regional in terms of distribution. Moreover, nowadays, many of them are simply buried in the completely saturated mass of extreme metal which releases 300 albums a day (and I know that I contribute to this). But there are several groups of people, spread over various cantons, who keep this scene alive with bands such as Ungfell, Dakhma, Solitudo Solemnis, Serpens Luminis, Lugubris, OTS, Eggs of Gomorrh,...
You work in an industrial Black Metal that never stops pushing its own limits. What are the bands that influenced you in this genre?
I don't really let myself be influenced for the composition of Borgne. It's clear that bands like Nine Inch Nails, Ministry, Dead can Dance,... often pass through my turntable. I listen to a lot of very different things. Black Metal, Death Metal, Grind, but also classical music, electro, Doom,... However, as soon as the inspiration comes, I get out of what I listen to and only follow the melodies that are in my head.
Let's come to Y. This is your ninth album already! Can you describe a little bit the backstage of its creation?
The composition process was the same as for the previous ones. That is to say in a single block and never piece by piece. I always start with the base of the album which is the complete structure, then I flesh out each part. But it's a mental process. I don't compose with a guitar or a keyboard and I don't write anything on paper. This stage can last a few weeks. When the whole album is clear on an instrumental level, I start to "export" my ideas and start the creation/recording. Then come the lyrics. This time, they were written by Onbra, guided by a guideline and some restrictions, so that they fit with the music. Especially since he didn't have any knowledge of the music during the whole writing process. The text was written in one block and I was then able to manipulate it and insert it into the album to make songs. It's an unconventional process, but that's how I like to make an album.
Where does this title Y come from?
To understand "Y", you have to go back to the previous album: [∞]. This one represents stagnation, the eternal loop, what's going on inside us. It's an introverted and mental album, relatively clean and cold.
"Y" follows on from these notions. By observing the shape of the letter, we can perceive this path that separates in front of us. These paths are our choices and imply consequences. It is therefore no longer a mental approach. We express ourselves, we act, we get out of this eternal circle, which results in a dirtier, hotter, external album! These two albums, which are intimately linked, form a duo.
When we listen to you, we inevitably think of your compatriots Darkspace, with this futuristic and cosmic sound, and also of our Blut Aus Nord, for the frankly industrial and experimental side. Are they references for you and if so, how did they inspire you?
Quite honestly, I don't really see why we compare ourselves to Darkspace. Apart from being Swiss and having a drum machine, we don't have much in common. Clearly we've known each other for a long time, but I've never been influenced by them. The same goes for Blut Aus Nord, which is a band I don't listen to at all.
When I started Borgne in 1998, it was never with the aim of being a clone or a copy of anything. On the contrary, the idea has always been to build a path and a musical evolution of my own. We all tend to compare bands to others. When you don't know classical music, everything sounds the same. When you don't know whisky, they all taste the same.
Can you also tell us about the themes of the songs on Y?
As already explained in question 5, the theme of the album revolves around our choices and the consequences of these choices. The lyrics are then presented as a monolithic block within which various reflections on our experiences, our feelings, our regrets, ... The fact of having written a single text reinforces the notion that each of these elements are interconnected, fed by concepts/theories/references drawn from psychoanalysis, philosophy, theology, mythology, history, ... and hidden through metaphors on several layers. Moreover, the fact of using two languages and tying this text together before inserting it into the various pieces makes it possible to mix the puzzle even more. The result is a "hermetic" aspect to which each person can project his or her Self and come up with an interpretation in line with his or her background. The choices are included in the reading and listening of "Y". For in trying to understand the words, the listener will enter a labyrinth within which he will have to choose certain interpretations that will lead him to a finality of his own.
Bornyhake, we know you are a very active musician, with many projects on your own, like Ancient Moon or Astral Silence, but there are many others! How do you share your time between all these projects and what is your priority in 2020?
My priority has always been Borgne and always will be. I love the stage, composing music, mixing an album... so I often get away from it all. I'm going to have to concentrate on my own projects from now on: Borgne, Ancient Moon, The Path of Memory and that's going to be pretty good. In terms of time management, I spend my free time making music. I don't have any more than others, but I try to optimize it as much as possible in order to be efficient in my work, my music and my everyday life. I don't sleep much either.
Can you tell us about the live and the concerts planned to defend this new album? Do you have any particular plan?
We just played in Denain at In Theatrum Denonium for our release party. Great party in a great place. For the future, the current events make the future of some shows unclear. If everything goes as planned when writing this interview, we will play in Switzerland at Orbe in May with Seth/Imperium Dekadenz/Serpens Luminis/..., in Germany at Under The Black Sun in July and will be back in the north of France at the Black Flame of Hate in December. We are on many fronts to develop Borgne's future, but nothing we can share at the moment.
On this album we have the feeling that, even more than before, you're moving away from any stylistic straitjacket and that your music is more and more personal, isn't it?
Exactly. Our evolution tends towards a music without a label, always in a Black Metal atmosphere, but without being limited by a style or a category. It's really motivating to be able to go beyond the codes and not be locked in a box called "Black Metal".
I know the purists would burn us at the stake. I've been in extreme metal for 25 years and I've also locked myself in a box for a long time. But you can't forget the essence of Black Metal at the time. Black Metal existed to say shit to the commercial and labels, to say shit to normality, to make hay and extravagance. That's what we're doing right now, and strangely enough, we're no longer respecting the square codes of Black Metal.
Swiss bands often have a very personal sound and invent a lot of new things in Metal. Where does this freedom of spirit come from according to you?
I don't think that a border beast can make a difference in the way of making music. Maybe Switzerland has a slightly "peculiar" state of mind because we are between several mountains, in the middle of the European Union but without being part of it, ... We are a small country with four national languages and therefore we have a relatively varied culture with a lot of landscapes that can become a source of inspiration for some people. But I do not think I have a concrete answer to your question.
Any recent musical favourites? No matter the style...
I'm not listening to much of anything recent right now. I'm having trouble hanging on and following the current scene. But I've just discovered Spectrale and Spineless!
I'm more inclined to try to discover or rediscover old nuggets from the past.
In the same vein, could you tell us what are your favourite albums of all time?
Abigor - Opus IV
Acheron - Rites of the Black Mass
Alice in Chains - Dirt
Alien Vampires - Harshlizer
Beastmilk - Climax
Black Majesty - Seventh King of Edom
Darkthrone - Under a Funeral Moon
Dead can Dance - Within the Realm of a dying Sun
Dismember - Like an everflowing Stream
Evoken - Quietus
Galina Ivanovna Ustvolskaya - Everything
The Hellacopters - Payin the Dues
Katatonia - Tonight's Descision
Koreisch - This Decaying Schizophrenic Christ Complex
Kvist - For Kunsten Maa Vi Evig Vike
LDOH - Putrefaction in progress
MM - Antichrist Superstar
Mayhem - De Mysteriis Dom Sathanas
NIN - Fragile
Krzysztof Eugeniusz Penderecki - Everything
Revenge - All
Sisters of Mercy - All
Terrorfakt - Teethgrinder
Tiamat - Wildhoney
Wolfpack/wolfbrigade - All
Xasthur - Nocturnal Poisoning
If Borgne was a quote, a proverb?
In the kingdom of the blind, one-eyed people are kings.
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Thank you for the questions. Greetings to LADLO and the Borgne Crew!
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