Au final, quoi de plus actuel et vibrant que le Brouillard. Cette sensation de ne pas voir plus loin que devant nous. Ce sentiment de marcher sans fin vers l'inconnu. Pourtant il n'est pas ici question du brouillard contemporain, de cet écran de fumée que l'on agite pour nous diviser et nous disperser, nous désinformer. Que ce soit avec Brouillard ou J'ai Si Froid, avec son label Transcendance aussi, l'entité féminine connue sous le nom de Brouillard nous propose un voyage atmosphérique au pays de la rencontre avec soi-même. Quitte a s'éloigner des hommes (au sens "humain") pour gravir les Everests mentaux ou physiques pour mieux se rapprocher de ce soi que l'on a perdu en cours de route dans cette société matérialiste et "court-termiste" où l'humain n'est plus qu'une variable d'ajustement. Avec Brouillard retrouvez le plaisir des sensations, de la morsure du froid à la brûlure de l'amour. Un Black Metal atmosphérique qui vous réconciliera avec les éléments, ou du moins donnera à votre haine une contenance...
Bonjour Brouillard,
et merci d'avoir accepté de répondre aux questions autistiques du Scribe, tapi
dans sa cave...Depuis 2013 et le premier album de Brouillard tu batis une
oeuvre hors du commun, qui fascine par son étrangeté...D'où viens tu
Brouillard, et qui es-tu ?
Bonjour,
Hémiplégiane, 35 ans, célibataire… je pense que tout le monde s’en fout un peu
de ma petite personne. Musicalement, comme tu l’as dit, après de longues années
à faire de la musique pour moi-même dans ma chambre, j’ai choisi d’officialiser
un peu tout ça et du coup je fais du Brouillard depuis 2013 (je te fais
confiance, j’ai la flemme de vérifier) et du J’ai si froid… aussi, et j’ai
monté le label Transcendance il y a trois ans, dont le but premier était d’auto-produire
ces deux groupes.
Tu joues un Black
Metal atmosphérique qui sait aussi se faire particulièrement cru et violent,
glacial. Quelles sont les influences qui ont soufflé a tes oreilles ou a ton
âme ? Musicalement, quels livres, quels phénomènes ?
Le black
metal, bien qu’atmosphérique, ne doit pas devenir une niaiserie toute en
légèreté !
Et bien
j’ai envie de te répondre que l’influence majeure, c’est la vie pardi !
les rencontres, les expériences négatives qui forgent la personnalité, le mélange
du profond humanisme qui m’habite à la base et de déceptions répétées qui me
rendent dingue et me plongent, bien malgré moi, dans une misanthropie maladive,
sûrement d’autres trucs plus inconscients aussi, qui font que je me vois comme
la pire des merdes sur terre, ce qui a tendance à rendre toute relation humaine
compliquée, et le besoin vital d’exulter tout ça. Donc un isolement à moitié
choisi, mêlé à un amour inconditionnel de la Nature, des forces surnaturelles
et de la magie du monde envers et contre tout, et une sensibilité générale
un peu trop exacerbée. C’est cette addition de paradoxes qui me tiraillent qui donne
ce mixage de noirceur, de douleur et de beauté émouvante, la mélancolie quoi.
Dans J’ai
si Froid… c’est sûrement Burzum et Nargaroth qui m’ont le plus inspirée, alors
que dans Brouillard, c’est Paysage d’hiver qui a déclenché quelque chose dans
ma façon de composer.
Plus
généralement, l’automne a une place importante, sa lumière si spéciale, ses
couleurs, ses matins brumeux, sa signification…
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PAYSAGE D'HIVER
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La plupart des
albums s'intitulent Brouillard et les titres se nomment aussi souvent
Brouillard. Ce brouillard a t'il pour idée de nous perdre ? Que nous ne
retrouvions plus notre chemin ?
Pas la
plupart, tous les albums, et tous les titres. Oui l’idée c’est d’incarner
l’opacité et la monotonie du phénomène, pour renforcer ce sentiment oppressant
d’impuissance et de perdition, qui caractérise aussi mon appréhension de la
vie : perdue, avançant à tâtons, ne sachant pas à quoi me raccrocher et
quelle direction est la bonne. L’incertitude, l’indécision, l’angoisse qu’elles
provoquent, et les tentatives de disparaître, sont des phénomènes qui me
caractérisent à merveille à titre personnel. En plus, cette vapeur se suspend
entre terre et ciel, comme tiraillée entre l’astral et les considérations
ésotériques et la vie physique avec ses questions plus terre à terre. Le
Brouillard est donc l’incarnation parfaite de tout ça.
A l'écoute de ton
oeuvre en tant que Brouillard on pense parfois aux fabuleux suisses de
Darkspace...Font ils partie de tes références ?
Absolument,
majeure même. Parmi mes plus profondes expériences d’auditrice, puissant,
intense, avant-gardiste. Pourvu qu’ils ne s’arrêtent pas là… Mais Paysage
d’hiver garde peut-être la première position, pour le côté plus introspectif et
solitaire. Cela dit j’essaye de puiser en moi au maximum et –cause ou
conséquence ?- j’écoute assez peu de musique en fait, pour éviter de
tomber dans le vulgaire amas d’influences voire dans le plagiat. Sinon c’est peut-être
la musique classique qui a le plus d’impact sur mes créations.
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DARKSPACE
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Quand tu parles
d'Astral Black Metal peux tu nous dire ce que tu entends derrière cela ?
Et ben
c’est du black atmosphérique dont les thématiques s’orientent vers l’espace,
Darkspace en est le meilleur exemple et sont les instigateurs du genre. On peut
aussi citer Astral Silence, Battle Dagorath, Alrakis, Darchon, Lunar Aurora,
Voidsphere… maintenant il y a plein de groupes qui suivent le mouvement. Plein
de groupes très gays aussi.
En 2019, toujours
dans le Brouillard le plus profond, tu as sorti un single de Brouillard. Ce
long hymne de presque vingt minutes continue d'explorer les nuées les plus
sombres, avec une atmosphère fortement mélancolique. S'agit il d'une
orientation que tu vas suivre sur le prochain album de Brouillard ?
23
minutes ;) C’était un titre un peu à part du reste, moins rancunier et
plus introspectif / remise en question / enseignement spirituel à tirer. D’où
le fait d’avoir choisi de le sortir séparément de l’album.
Impossible
de répondre à ta question par contre, personne ne planifie la consistance et la
couleur de son caca de demain. Tout dépendra des expériences qui m’attendent,
je ne choisis pas la direction que je donne à mes projets en fait, elle
s’impose à moi selon ce que j’ai besoin d’exprimer à ce moment-là,ce que je
vis, ce que j’ai envie d’en dire… je suis incapable de savoir quelle tournure
prendra chacun de mes projets dans un mois ou dans dix ans, trop de choses, de
rencontres, événements, peuvent advenir et tout chambouler dans mille
directions possibles… par exemple, en ce moment, je suis constipée et je ne
compose rien, et à vrai dire c’était pas prévu dans mon plan de carrière, mais
c’est comme ça !
Ton chant écorché
rappelle celui d'une sorcière de la renaissance se terrant dans quelque masure
en évitant le chemin des inquisiteurs. Les sorcières sont devenues très
tendance depuis quelques temps. Est ce un phénomène qui te touche et te vois tu
comme une sorcière ?
Alors euh
pas du tout ! (j’espère que tu as de meilleures phrases d’accroche pour
draguer ! ahah) le côté médiéval / sorcière a toujours été plus ou moins
présent dans le BM, par contre ce n’est pas du tout le genre de thématique que
j’aborde ! Je suppose que tu fais allusion au côté un peu
« folie » qui émane du chant ? mais ce n’est pas travaillé ou
recherché, j’ai juste hurlé toute la rancœur qui me pourrissait l’existence, en
foutant mes tripes sur la table, mais pas de rituels, de chaudrons ou autres
conneries chez moi. Juste quelques pattes de corbeaux okay ! J’aurais pas
imaginé le chant de sorcière de cette façon d’ailleurs, j’aurais plutôt vu des
ricanements malsains et un chant aigu, enfin bon, je suis peut-être dans les
clichés de mon enfance !
Et sinon, quand
tu parles de Sorcière je pense à l’album de Lugubris qui est un des meilleurs
trucs que j’ai entendu depuis bien longtemps, désolée pour a parenthèse mais il
ne faut pas passer à côté !
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LUGUBRIS
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Parlons un peu de
J'ai si froid, ton autre projet phare. Tu as sorti le premier album en 2015 en
compagnie de Dunkel (le vilain ! Qui ne veut jamais répondre aux questions du
Scribe !). Au départ qu'est ce qui a motivé la création de ce projet en sus de
Brouillard ?
En fait, si
le premier album a vu le jour après Brouillard, le projet existait bien avant,
les trois compos principales datent même de 2009, seule dans ma chambre par un
hiver sans chauffage. La rencontre de Dunkel a juste catalysé sa sortie du
congélateur et la reprise du projet dormant avec quelques modifications et un
réenregistrement du chant. Comme dit précédemment, j’étais fascinée par le son
grésillant de « Filosofem » et l’averse constante que créaient les
guitares et le charley de « Geliebte des regens », ce genre de son
fuzzy a le don de me faire durcir les tétons, plus la longueur des compos qui
me faisaient voyager loin à cette époque où je fumais beaucoup de weed, bref
tout ça m’a faite tomber dans la marmite de l’atmosphérique et c’est tout
naturellement que je me suis mise à composer ce qui est a donné J’ai Si Froid…
sans grande prétention au début, mais qui est devenu mon petit chouchou
dernièrement, dans lequel je prends mon pieds et exprime ma « sensibilité
féminine » haha et tout mon côté contemplatif.
Ta relation avec
Dunkel s'est brisée en cours de route semble t'il. Aujourd'hui restez vous en
contact ?
C’est du
domaine privé, ça.
Tu as sorti “loin
des hommes”, le dernier album en date de J'ai Si Froid l'an passé. Quand tu dis
loin des hommes, tu parles d'un refuge que tu souhaites trouver dans les bras
de la nature loin de l'humanité ?
Tout à
fait. Je ne sais pas si c’est pareil pour les autres gens, mais moi, face au
rejet ou à l’abandon, je fuis. Ce besoin de fuite était viscéral, vital même.
Je vivais pourtant déjà dans un endroit extrêmement isolé mais ça ne suffisait
pas, il fallait que je taille la route, que j’en chie, que j’aille me perdre
dans la nature, loin de tout contact humain, prendre du recul en quelques
sortes. C’est comme si tu laissais les trucs insupportables à l’endroit de
départ et que tu allais respirer ailleurs. Je me rappelle que ça faisait marrer
un pote que j’ai besoin d’air pur « l’air est plus pur là
bas ? » ben je sais pas, c’est peut-être con, mais ça marche. Est-ce
une question de dépassement de soi, de prise de hauteur, d’isolement total, à
vrai dire je suis incapable de l’expliquer, mais quand ça commence à partir en
cacahuète dans ma tronche, je me casse dans les montagnes/la nature, loin du
tumulte moderne, de la société du « vite, beaucoup, tout le temps »,
bouffer un peu de beauté et de sens, et tout se remet en place.
Tu es une
multi-instrumentiste, comment as tu appris a jouer de tous ces instruments ?
A part le
piano que j’ai étudié « scolairement » et que je n’utilise
pratiquement pas dans le BM, ben en fait je ne joue que gratte et basse… que
j’ai appris sur le tas, en gratouillant, mais en fait je joue mal de tout,
c’est déprimant.
Cette mélancolie
qu' abritent tes oeuvres peut également évoquer pour nous pauvres mortels
certains artistes de DSBM, voire les premiers Burzum. Te sens tu en proximité
avec les artistes pratiquant ce Black Metal “dépressif” ?
Burzum OK
je crois que j’en ai assez parlé, le DSBM a été une influence quand j’étais
plus jeune oui, Abyssic Hate, Wigrid, Forgotten Tomb… mais beaucoup moins
maintenant.
Je ne me
sens pas en proximité avec ces gens, pour la bonne raison que je ne supporte
pas les pleurnicheurs. Il y a une subtile mais colossale différence entre
s’apitoyer sur son sort, chouiner, et faire de la musique qui provoque de la
douleur, sans être dans la posture. L’un subit et chiale, l’autre attrape sa
souffrance pour la disséquer et s’en servir de moteur.
Généralement
les gens saisissent bien la nuance et j’espère ne jamais tomber de l’autre
côté, si fine soit la limite.
Cette proximité
avec la nature que tu dépeins te vient-elle de loin ? Je pense parfois en
t'écoutant a ce grand écrivain amoureux de la nature Sylvain Tesson...
Je crois
que c’est vraiment un truc de gosse oui, j’ai toujours adoré les animaux, les
plantes, et quand on allait chez ma tante qui avait une ferme, alors que ma famille
n’aimait pas trop ça parce qu’il y avait des bêtes partout, que c’était crade
et ça sentait franchement la merde, moi j’étais la plus heureuse des gamines,
d’ailleurs je disais que plus tard j’épouserai un fermier, ahah. J’ai pas
tellement changé d’avis ! J’ai aussi grandi en campagne donc j’ai toujours
« joué dehors », pris mes premières cuites dans les champs, etc… je suppose
qu’inconsciemment ça a laissé des traces de boue…
Je n’ai
jamais lu de Sylvain Tesson mais je situe très bien le bonhomme et je comprends
l’analogie, et je t’avoue que vivre de voyages, écrire et composer en pleine
nature le plus souvent serait un peu un rêve de vie.
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SYLVAIN TESSON ÉCRIVAIN AVENTURIER
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Tu gères aussi ton
propre label, Transcendance, où tes productions prennent place au milieu de
celles d'autres artistes comme Vintlechkeit les norvégiens ou encore Astral
Silence de Bornyhake le suisse (aussi dans
Borgne). Comment choisis tu les artistes que tu produis ? Y'a t'il une ligne
conductrice ?
Oui bien
sûr il y a une ligne directrice : celle que moi j’aime ! le label est
orienté Black atmosphérique et astral, même s’il m’arrive de bifurquer un peu
vers des trucs plus ambiant ou plus trve black si ça me plait. Pour les
artistes, deux cas de figures banals : soit ce sont eux qui me contactent,
et si ce qu’ils font me plaît et qu’il y a un bon contact, un bon feeling avec
la ou les personnes c’est parti, soit je tombe sur un groupe qui me plaît
beaucoup, je fais quelques recherches et s’il n’a pas encore de label je le
contacte pour lui proposer une sortie, et il accepte ou non.
Après je
n’ai pas beaucoup de restrictions, si ce n’est que je produirai pas de NS parce
que je respecte trop le Black Metal pour l’utiliser à de basses fins
politiques.
Parlons justement
de ces artistes suisses magnifiques comme Borgne, Astral Silence ou Paysage
d'hiver, qui revient souvent sur la table en référence a tout ce Black Metal
ambient et atmosphérique. Que penses tu de ces groupes ?
J’ai
souvent été comparée à Borgne sur les premiers Brouillards, alors que je
n’avais jamais écouté d’ailleurs, je me suis rattrapée depuis et j’aime
beaucoup les premiers albums. J’aime surtout beaucoup Bornyhake qui est
quelqu’un d’assez fantastique, autant musicalement (un vrai passionné,
productif comme une machine, doué dans tous les domaines, un vrai connard en
somme) qu’humainement, intelligent avec un humour vraiment débile comme il se
doit, une vraie perle dans le milieu. Du coup on peut rajouter Pure et Enoid, à
la liste d’excellents groupes suisses.
Astral
Silence j’étais super fan depuis le début, je l’ai contacté pour savoir s’il y
aurait une suite et si je pouvais avoir l’immense honneur de la produire, et il
se trouve que c’est Bornyhake qui s’occupait du contact avec Quaoar, qui non
seulement a accepté la demande, mais m’a permis de devenir amie avec Bornyhake.
Sinon on
peut ajouter aussi Nychts, et bien sûr l’immense Vinterriket, (et son projet
folk Nebelkorona) qui m’accompagne aussi depuis bien des années. Pareil, un
merveilleux musiciens et une très belle personne. Ouais, sacrée Suisse !
En plus d’être probablement le plus beau pays du monde, elle regorge de
sommités du Black atmos…
Que peut on te
souhaiter pour cette année 2020 ?
La fin de
la constipation K trouver quelques pépites à
produire ! Et puis pleins d‘auditeurs pour que je puisse me consacrer
intégralement à la composition et au label, parce que travailler ça me gonfle
vraiment.
Si Brouillard
devait être une citation ou un proverbe ?
« Embrasso
me qué cago, afanoté qué plau » une citation de chez moi, qui se traduit
« embrasse moi que je fasse caca, dépêche-toi qu’il pleut. »
Bon ok je
vais essayer de dire un truc sérieux… « dans le silence et la solitude, on
n’entend plus que l’essentiel ». Y a de quoi méditer pour les personnes
qui vivent mal le confinement actuel.
Peux tu nous dire
quels sont tes albums préférés de tous les temps ?
Je peux.
Winterkaelte, Cursed Storm of Ages, Tannenhochforst, Hin-Fort, Elixir of
Sorrow, Sorcière, Dark space III, Dark
space III I, Two Hunters, The Silk Road, Filosofem, Storm of the Light’s Bane,
tout Dodsferd, Moon, Chadeus Chalice, Geliebte des Regens. Stronghlold, Lyckantropen
Themes, Svidd Neger, Wish, et j’en oublie probablement des tonnes…
A toi la liberté de
conclure comme tu le souhaites :
Je cherche
quelqu’un pour me tirer vivre à la campagne et m’aider un peu au potager et
avec les poules, pour partager des camemberts et des albums atmosphériques sans
parler, et garder mon chat quand je pars loin quelques temps ! Et merci
pour les questions.
Merci Brouillard
In the end, what could be more current and vibrant than Fog. This feeling of not seeing further than before us. This feeling of walking endlessly towards the unknown. And yet this is not about contemporary fog, this smoke screen that is waved to divide and disperse us, to misinform us. Whether with Brouillard or J'ai Si Froid, with its label Transcendance too, the feminine entity known as Brouillard offers us an atmospheric journey to the land of meeting oneself. Even if it means moving away from men (in the "human" sense) to climb the mental or physical Everests to get closer to this self that we have lost along the way in this materialistic and short-termistic society where the human is only an adjustment variable. With Brouillard, rediscover the pleasure of sensations, from the bite of cold to the burn of love. Atmospheric Black Metal that will reconcile you with the elements, or at least give your hate a capacity...
Hello Brouillard, and thank you for agreeing to answer the Scribe's autistic questions, lurking in his basement...Since 2013 and Brouillard's first album, you're building an extraordinary work, which fascinates by its strangeness...Where do you come from Brouillard, and who are you?
Hello, Hémiplégiane, 35 years old, single... I think nobody cares a little bit about my little person. Musically, as you said, after many years of making music for myself in my room, I chose to make it official a little bit, and so I've been doing Brouillard since 2013 (I trust you, I'm lazy to check) and J'ai si froid... too, and I started the Transcendance label three years ago, whose main goal was to self-produce these two bands.
You play an atmospheric Black Metal that also knows how to be particularly raw and violent, icy. What are the influences that have blown to your ears or your soul? Musically, which books, which phenomena ?
Black metal, although atmospheric, must not become a light-hearted nonsense!
Well, I want to tell you that the major influence is life itself! The encounters, the negative experiences that forge my personality, the mixture of the deep humanism that I have at the base and of repeated disappointments that drive me crazy and plunge me, in spite of myself, in a sick misanthropy, surely other more unconscious things too, that make me see myself as the worst shit on earth, which tends to make any human relationship complicated, and the vital need to exult all that. So a half-chosen isolation, mixed with an unconditional love of Nature, supernatural forces and the magic of the world against all odds, and a general sensitivity a little too exacerbated. It's this addition of paradoxes that tugs at my heartstrings that gives this mix of darkness, pain and moving beauty, melancholy.
In J'ai si Froid... it's probably Burzum and Nargaroth that inspired me the most, whereas in Brouillard, it was Paysage d'hiver that triggered something in my way of composing.
More generally, autumn has an important place, its special light, its colours, its foggy mornings, its meaning...
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PAYSAGE D'HIVER
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Most albums are called Fog and the titles are also often called Fog. Does this fog have the idea of losing us? That we can't find our way back?
Not most, all albums, and all titles. Yes, the idea is to embody the opacity and monotony of the phenomenon, to reinforce this oppressive feeling of powerlessness and perdition, which also characterizes my apprehension of life: lost, groping along, not knowing what to hold on to and which direction is the right one. Uncertainty, indecision, the anguish they cause, and attempts to disappear are phenomena that characterize me personally. Moreover, this vapour hangs between earth and sky, as if torn between astral and esoteric considerations and physical life with its more mundane matters. The Fog is therefore the perfect embodiment of all this.
Listening to your work as The Fog one sometimes thinks of the fabulous Swiss from Darkspace...Are they part of your references?
Absolutely, major even. Among my deepest experiences as a listener, powerful, intense, avant-gardist. I hope they don't stop there... But Paysage d'hiver is perhaps in first place, for the more introspective and solitary side. Having said that, I try to draw as much as possible from myself and - cause or consequence... - I don't listen to much music in fact, to avoid falling into the vulgar heap of influences or even plagiarism. Otherwise it's perhaps classical music that has the most impact on my creations.
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DARKSPACE
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When you talk about Astral Black Metal can you tell us what you hear behind it ?
Well, it's atmospheric black metal with space oriented themes, Darkspace is the best example of this and are the instigators of the genre. We can also mention Astral Silence, Battle Dagorath, Alrakis, Darchon, Lunar Aurora, Voidsphere... now there are a lot of bands following the movement. Lots of very gay bands as well.
In 2019, still in the Deepest Fog, you released a single from Brouillard. This long hymn of almost twenty minutes continues to explore the darkest clouds, with a strongly melancholic atmosphere. Is this a direction you're going to follow on Brouillard's next album?
23 minutes ;) It was a track that was a bit apart from the rest, less spiteful and more introspective / questioning / spiritual teaching to be drawn from it. Hence the fact that you chose to release it separately from the album.
Impossible to answer your question though, no one plans the consistency and colour of tomorrow's poop. It all depends on the experiences that await me, I don't choose the direction I give to my projects, in fact, it's imposed on me according to what I need to express at that moment, what I'm going through, what I want to say about it... I'm incapable of knowing what turn each of my projects will take in a month or ten years from now, too many things, meetings, events, can happen and turn everything upside down in a thousand possible directions... for example, at the moment, I'm constipated and I'm not composing anything, and to tell you the truth, it wasn't in my career plan, but that's how it is!
Your flayed song is reminiscent of a renaissance witch hiding in some hovel avoiding the path of the inquisitors. Witches have become very fashionable lately. Is this a phenomenon that affects you and do you see yourself as a witch?
Then uh not at all! (I hope you have better catchphrases for flirting! ahah) the medieval/witch side has always been more or less present in the BM, but that's not the kind of theme I'm talking about! I guess you're referring to the slightly "crazy" side of the song? but it's not worked or researched, I just screamed out all the resentment that was rotting my existence, putting my guts on the table, but no rituals, cauldrons or other crap at home. Just a few crow's feet okay! I wouldn't have imagined the witch's song that way anyway, I'd have rather seen some unhealthy giggles and a high-pitched song, well, maybe I'm in the clichés of my childhood!
And if not, when you talk about Sorcière I think of Lugubris's album which is one of the best things I've heard in a long time, I'm sorry about that, but you can't miss it!
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LUGUBRIS
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Let's talk about J'ai si froid, your other flagship project. You released your first album in 2015 with Dunkel (the naughty one! Who never wants to answer the Scribe's questions!). What was the original motivation for creating this project apart from Brouillard?
In fact, if the first album came out after Brouillard, the project existed long before, the three main compositions even date back to 2009, alone in my room in a winter without heating. The meeting with Dunkel just catalysed his release from the freezer and the revival of the dormant project with a few modifications and a re-recording of the vocals. As said before, I was fascinated by the sizzling sound of "Filosofem" and the constant rain that the guitars and the charley of "Geliebte des regens" created, this kind of fuzzy sound has the gift of making my nipples harder, plus the length of the compositions that made me travel far away at a time when I smoked a lot of weed, In short, all this made me fall into the pot of the atmospheric and it is quite naturally that I started to compose what gave J'ai Si Froid... without much pretension at the beginning, but which has become my little darling lately, in which I take my foot and express my "feminine sensibility" haha and all my contemplative side.
Your relationship with Dunkel seems to have broken down along the way. Do you stay in touch today ?
That's a private matter.
You released "loin des hommes", the latest album from J'ai Si Froid last year. When you say far from men, you're talking about a refuge you'd like to find in the arms of nature far from humanity?
Yes, that's right. I don't know if it's the same for other people, but when I'm faced with rejection or abandonment, I run away. This need to escape was visceral, even vital. I was already living in an extremely isolated place, but that wasn't enough, I had to cut the road, I had to take a shit, I had to get lost in nature, far from any human contact, to take a step back in some way. It's as if you left the unbearable things at the place of departure and went to breathe somewhere else. I remember it used to make a buddy laugh that I need some fresh air "the air is cleaner there? "Well, I don't know, maybe it's dumb, but it works. It's a question of surpassing oneself, of reaching higher, of total isolation, I can't really explain it, but when it starts to get peanutty in my face, I break away in the mountains/nature, far from the modern turmoil, from the society of "fast, a lot, all the time", eat a bit of beauty and meaning, and everything falls back into place.
You are a multi-instrumentalist, how did you learn to play all these instruments?
Apart from the piano that I studied "academically" and that I hardly use in the BM, well, in fact I only play scratch and bass... that I learned on the job, by scratching, but in fact I play everything badly, it's depressing.
This melancholy in your works can also evoke for us poor mortals some DSBM artists, even the first Burzum. Do you feel close to the artists practicing this "depressive" Black Metal ?
Burzum OK I think I've talked enough about it, DSBM was an influence when I was younger yes, Abyssic Hate, Wigrid, Forgotten Tomb... but much less now.
I don't feel close to these people, for the good reason that I can't stand whining. There's a subtle but colossal difference between feeling sorry for yourself, whining, and making music that causes pain, without being in the posture. One is sudden and weepy, the other catches his suffering to dissect it and use it as a motor.
Usually people grasp the nuance and I hope never to fall on the other side, no matter how fine the line.
Does this closeness to nature that you depict come from afar? I sometimes think, listening to you, of that great nature-loving writer Sylvain Tesson...
I think it's really a kid's thing, yes, I've always loved animals, plants, and when we used to go to my aunt's house who had a farm, when my family didn't like it too much because there were animals everywhere, it was dirty and it smelled like shit, I was the happiest of kids, and I used to say that later I would marry a farmer, ahah. I haven't changed my mind that much! I also grew up in the country so I always "played outside", took my first bites in the fields, etc... I guess unconsciously it left traces of mud...
I've never read Sylvain Tesson but I can place the man very well and I understand the analogy, and I confess that living from travels, writing and composing in the wilderness most of the time would be a bit of a life dream.
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SYLVAIN TESSON, A NATURE LOVER AND A GREAT WRITER
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You also manage your own label, Transcendance, where your productions take place in the middle of those of other artists like Vintlechkeit from Norway or Astral Silence from Bornyhake from Switzerland (also in Borgne). How do you choose the artists you produce ? Is there a guiding line?
Yes of course there's a guiding line: the one I like! The label is oriented Black atmospheric and astral, even if I sometimes branch off into more ambient or trve black stuff if I like it. For the artists, there are two common cases: either they contact me, and if I like what they do and if there's a good contact, a good feeling with the person or people, or I find a band I like a lot, I do some research and if they don't have a label yet, I contact them to propose a release, and they accept or not.
Then I don't have many restrictions, except that I won't produce NS because I respect Black Metal too much to use it for low political purposes.
Let's talk about those wonderful Swiss artists like Borgne, Astral Silence or Paysage d'hiver, who often come back on the table in reference to all this ambient and atmospheric Black Metal. What do you think about these bands ?
I was often compared to Borgne on the first Brouillards, even though I had never listened to them before, I've since caught up and I like the first albums very much. I especially like Bornyhake who is a pretty fantastic person, both musically (a real passionate person, productive like a machine, gifted in all domains, a real asshole in short) and humanly, intelligent with a really stupid humour as it should be, a real pearl in the field. So we can add Pure and Enoid to the list of excellent Swiss bands.
Astral Silence I was super fan from the beginning, I contacted him to see if there would be a sequel and if I could have the immense honor of producing it, and it turns out that it was Bornyhake who was in charge of the contact with Quaoar, who not only accepted the request, but allowed me to become friends with Bornyhake.
Otherwise you can also add Nychts, and of course the huge Vinterriket, (and its folk project Nebelkorona) which has also been with me for many years. Likewise, a wonderful musician and a very beautiful person. Yeah, damn Switzerland! In addition to being probably the most beautiful country in the world, it's full of Black atmos luminaries...
What can we wish you for this year 2020?
The end of constipation K find some nuggets to produce! And a lot of listeners so that I can devote myself entirely to the composition and the label, because working on it really pisses me off.
Should Brouillard be a quote or a proverb?
"Embrasso me qué cago, afanoté qué plau," a quote from home, which translates to "kiss me when I poop, hurry up when it rains."
All right, I'll try to say something serious... "in the silence and solitude, one hears only the essentials." There's a lot to meditate on for people who don't live well in the current confinement.
Can you tell us what are your favourite albums of all time ?
I can. Winterkaelte, Cursed Storm of Ages, Tannenhochforst, Hin-Fort, Elixir of Sorrow, Sorceress, Dark space III, Dark space III I, Two Hunters, The Silk Road, Filosofem, Storm of the Light's Bane, all Dodsferd, Moon, Chadeus Chalice, Geliebte des Regens. Stronghlold, Lyckantropen Themes, Svidd Neger, Wish, and I'm probably forgetting tons...
You are free to conclude as you wish:
I'm looking for someone to take me to live in the country and help me a little in the vegetable garden and with the chickens, to share pie charts and atmospheric albums without talking, and to look after my cat when I go away for a while! And thanks for the questions.
Thank you Brouillard
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