AVANT-GARDE BLACK METAL
L'Angleterre reste un territoire mystérieux pour nous autres gaulois... Sous des apparences très strictes voire puritaines, un amour indéfectible pour leur royauté, les habitants de la perfide Albion sont également connus pour leur capacité à faire cohabiter traditions et excentricités hautes en couleur. Goatchrist, venu de Wakefield, en Angleterre, et désormais basé à Leeds, ne déroge pas à cette règle en colorant une base Black Metal de nombre de nuances venues d'autres genres musicaux qui vont du Jazz au Rock Progressif et un goût pour l'aventure musicale qui ne pouvait que séduire votre Scribe, toujours en quête de sons nouveaux. Pythagoras, sorti en digital en 2019, est maintenant superbement édité par Non Posse Mori Records en un digipack somptueux.
Le One Man band composé du seul Jacob Ghilherme est fort prolifique, comme le sont souvent les one-man bands, débarrassés des contraintes inhérentes à un groupe et pouvant davantage laisser libre court à leur folie créative. Pensez que Goatchrist a sorti trois albums entre 2019 et 2020, auxquels il convient d'ajouter trois EPs ! Depuis sa fondation en 2014, Goatchrist a accumulé les démos, Eps et collaborations, mais ce Pythagoras est bien le premier long format sorti par le groupe. Autant vous le dire tout de suite : si vous êtes allergiques a l'expérimentation, au Jazz, au Prog, il vaut mieux lâcher l'affaire tout de suite. Goatchrist, à l'instar de groupes comme Solefald, Ackercocke et autres Oranssi Pazuzu n'est pas du genre à se mettre des limites en terme d'inspiration. Ainsi, ce bel album, qui se paie le luxe d'être cohérent tout en nous emmenant en voyage, passe par des détours que l'on croirait sortis d'un album des années 70 (ce mellotron) tout en mettant en avant une clarinette digne du meilleur du Jazz Lounge. On pense parfois à Yes, à King Crimson, et puis le Black Metal revient, toujours mélodique, mais aussi fortement épique, agrémenté de mille couleurs qui viennent nuancer sa noirceur.
D'un point de vue thématique il s'agit ici de relater les faits et gestes du philosophe, mathématicien et scientifique Pythagore, venu de la Grèce antique du 6ème siècle avant J.C.
Cela vous rappellera sans doute de douloureux souvenirs scolaires quand il fallut avaler de force son fameux théorème.
C'est ici la partie la plus métaphysique de l'oeuvre du grand penseur qui est évoquée, Pythagore ayant été aussi un réformateur religieux de premier ordre de son temps.
L'Atome, la matière et l'abstraction rentrent en collision dans les textes de Goatchrist, tout comme les éléments à priori disparates qui composent sa musique. Les neufs titres se concluent sur un long "The Death Of Pythagoras" (plus de dix minutes) qui commence sur un piano mélancolique pour ensuite laisser entrer un passage Jazz qui lui même introduit un passage rappé (si, si) et une voix claire mélodieuse. Ce bon Ghilerme semble tout maîtriser de main de maître ! Laissez tourner la piste tout du long, vous serez étonné d'entendre la reprise du "Bad Guy" de Billie Eilish !
Un album fascinant, d'une grande richesse, Pythagoras fait partie de ces disques qui nécessitent plusieurs écoutes pour en goûter toutes les subtilités. Une vraie merveille, qui prouve une fois de plus qu'un artiste n'a que les limites qu'il se donne, et que, finalement, la seule chose importante reste la qualité de son travail. De ce point de vue, laissez vous emmener par Goatchrist.
England remains a mysterious territory for us Gauls... Under very strict, even puritanical, appearances and an unfailing love for their royalty, the inhabitants of the perfidious Albion are also known for their ability to combine traditions and colourful eccentricities. Goatchrist, from Wakefield, England, and now based in Leeds, is no exception to this rule, colouring a Black Metal base with many nuances from other musical genres ranging from Jazz to Progressive Rock and a taste for musical adventure that could only seduce your Scribe, always in search of new sounds. Pythagoras, released digitally in 2019, is now superbly edited by Non Posse Mori Records in a sumptuous digipack.
The One Man band composed of only Jacob Ghilherme is very prolific, as one-man bands often are, free from the constraints inherent to a band and being able to give free rein to their creative madness. Think that Goatchrist released three albums between 2019 and 2020, to which three EPs should be added! Since its foundation in 2014, Goatchrist has accumulated demos, Eps and collaborations, but this Pythagoras is indeed the first long format released by the band. I might as well tell you right away: if you're allergic to experimentation, to Jazz, to Prog, it's better to let go right away. Goatchrist, like bands like Solefald, Ackercocke and Oranssi Pazuzu, is not the kind of band to set limits in terms of inspiration. Thus, this beautiful album, which has the luxury of being coherent while taking us on a trip, goes through detours that one would think to come out of a 70's album (this mellotron) while putting forward a clarinet worthy of the best of Jazz Lounge. We sometimes think of Yes, of King Crimson, and then Black Metal comes back, always melodic, but also strongly epic, decorated with a thousand colours which come to nuance its darkness.
From a thematic point of view, the aim here is to relate the deeds and gestures of the philosopher, mathematician and scientist Pythagoras, who came from Ancient Greece in the 6th century BC.
It will undoubtedly bring back painful school memories when his famous theorem had to be swallowed by force.
This is the most metaphysical part of the great thinker's work that is evoked here, as Pythagoras was also a first-rate religious reformer of his time.
The Atom, matter and abstraction collide in Goatchrist's texts, as do the a priori disparate elements that make up his music. The nine tracks end on a long "The Death Of Pythagoras" (more than ten minutes long) which starts on a melancholic piano and then lets in a Jazz passage which introduces a rapped passage (if, if) and a melodious clear voice. This good Ghilerme seems to master everything with a master's hand! Let the track run all the way through, you'll be amazed to hear the cover of Billie Eilish's "Bad Guy"!
A fascinating album, of great richness, Pythagoras is one of those records that require several listenings to taste all its subtleties. A real marvel, which proves once again that an artist only has the limits he gives himself, and that, in the end, the only important thing remains the quality of his work. From this point of view, let Goatchrist take you along.
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