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Dans la nuit, la vérité : rencontre avec Druids Of The Gué Charette / In the night, the truth : meeting with Druids Of The Gué Charette - Français/English - Spiritual Occult Post-Punk Progressive Heavy Rock'n'roll
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Des druides qui font du rock'n' roll dans la forêt de Brocéliande au bord d'un étang en présence d'un guide spirituel ! Bon sang mais c'est bien sûr, ce ne pouvait être qu'un groupe interviewé par le Scribe ! Les Druids Of The Gué Charette produisent un Rock sombre, psychédélique et Post-Punk à la fois, entre Garage et Rock Progressif ! Un groupe décidément pas ordinaire ! Il me fallait en savoir plus ! Voici leur interview, réalisée dans un lieu de culte secret, durant une cérémonie clandestine...
« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. »
Bonjour DOTGC ! Tout
d'abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous parler de cet
étrange patronyme ?
A l’origine, l’idée derrière les Druides était de permettre aux rares groupes de rock’n’roll de notre petit coin de campagne bretonne de se retrouver autour d’un projet commun, ça a tout d’abord été un groupe un peu informel avec un line-up fluctuant. C’est après l’enregistrement notre premier EP en 2015 que le groupe s’est vraiment stabilisé. Le druidisme était une manière de faire écho à un imaginaire local que nous avons tous en commun, tandis que le Gué Charette fait référence a un petit étang du pays de Brocéliande, connu des seuls initiés, que notre guide spirituel a décidé de fixer comme épicentre de notre culte, au terme d’une nuit particulièrement arrosée.
Entre Psychédélisme, Rock Progressif 70's, Post-Punk et Garage vous n'avez pas choisi et c'est tant mieux ! Comment en êtes vous arrivé à un tel mélange ?
Nous avons toujours pensé qu’entre le psychédélisme et le druidisme celte, il y avait une sorte de parallèle à dresser, un même rapport au monde, aux forces cachées de la nature, et on a commencé par construire notre musique autour d’une forme de Heavy Psych. Néanmoins, vu les backgrounds musicaux variés des membres du culte, c’était important pour nous de ne se fixer aucune limite musicale, et de laisser à chacun la place de s’exprimer, selon qu’il soit plus branché acid-rock, stoner, garage contemporain, shoegaze, cold-wave, ou même punk voire hardcore. Sur nos premiers enregistrements, nous passions souvent du coq à l’âne d’un morceau sur l’autre. Aujourd’hui on aurait plutôt tendance à faire cohabiter toutes nos influences à l’intérieur d’un seul et même morceau, ce qui peut donner des morceaux contre natures avec des couleurs psyché mais des tonalités froides, à la fois ultra-fuzzy mais joués avec une énergie punk.
Pouvez vous nous parler des groupes qui vous ont influencé ?
Comme je le disais plus haut, nous avons tous des parcours musicaux extrêmement variés. Mais j’imagine que nos goûts musicaux ont été influencés par les portes d’entrées que nous avons découvertes quand nous étions jeunes, au tournant des années 2000. L’apparition de groupe comme les White Stripes nous ont orientés vers des groupes cultes comme les Stooges, les Cramps, Dead Moon ou le Gun Club, ainsi que sur les compilations type Nuggets, avec des groupes comme les Sonics, les Seeds ou Music Machine. A la même époque, les Queens of The Stone Age nous emmenaient vers le heavy seventies de Black Sab’ ou Blue Cheer et le stoner (Kyuss, Fu Manchu, Monster Magnet) qui eux-même ont pu nous pousser vers le doom (Candlemass, Saint Vitus..). La réponse anglaise de l’époque (Libertines, Artic Monkeys) nous a fait creuser les recoins du punk britannique (Buzzcocks, the Jam, etc.) tandis que le revival post-punk (Interpol, Editors, etc) nous destinaient à découvrir Joy Division ou Bauhaus mais aussi le shoegaze zt le rock gothique, de My Bloody Valentine à A Place to Bury Strangers. On a aussi beaucoup été marqué par l’indie-rock des Pixies ou de Sonic Youth. C’était les débuts de l’ère numérique et du téléchargement, pour n’importe quel curieux, le nombre de découvertes hebdomadaire est rapidement devenu sans limites. J’imagine que cette boulimie est en grande partie responsable de notre son actuel. Par la suite on a été profondément marqué par l’arrivée des Black Angels, qui là encore nous ont poussés à creuser le psyché et le prog, des 13th Floor Elevators à Hawkwind en passant par Can et Neu. En ce qui nous concerne, les années 2010 ont surtout été marquées par le renouveau garage-rock, avec successivement Black Lips, Ty Segall, Oh Sees et plus récemment King Gizzard.
Votre album “talking to the moon” m'a vraiment fasciné ! (cf ma chronique !) J'ai eu l'impression que les Cramps tapaient le boeuf avec les stooges et joy division ! Parlez nous un peu de la composition et de la réalisation de cet album ?
On est trois bassistes de formation dans le groupe, du coup on compose généralement à partir de la basse, avec des lignes de basse très franches se souvent saturées qui constituent la colonne vertébrale des morceaux. Comme nous n’avons qu’une guitare, la basse joue souvent aussi un peu le rôle de guitare rythmique avec une fuzz qui lui donne énormément de place dans le mix. Notre clavier farfisa vient l’appuyer et donne probablement le côté garage et rock 60’s, tandis que notre guitariste va appuyer le côté psychédélique et shoegaze avec partie gorgées de reverb. Notre batteur a un jeu naturellement très punk pour le côté brut, tandis que la voix va appuyer l’ambiance gothique avec une voix d’outre-tombe plus rythmique que mélodique. Sur cet album, on a privilégié une approche la plus live possible, avec très peu d’arrangements et de sophistication, en cherchant un rendu le plus brut possible.
On vous imagine aisément en groupe de scène, non ? Comment vivez vous la situation actuelle et avez vous déjà prévu de nouvelles dates ?
On est surtout un groupe de scène oui, on prend vraiment le live comme un espace de cérémonie électrique dans lequel on essaye de faire rentrer le public dans une espèce de transe. La période du confinement a été une énorme frustration, on a essayé d’utiliser ce temps pour trouver d’autres manières de travailler, notamment à distance, avec des cartes son, en bossant sur des reprises ou des démos de nouveaux morceaux. On a eu une dizaine de dates d’annulées, notamment nos releases-party et les festivals d’été tels que le Motocultor ou le Hellfest.
Votre rock occulte de Brocéliande a t'il pour objectif de remettre de la mystique dans le rock ?
Totalement. Comme je le disais, on a connu la période de l’arrivée d’Internet et ça a ouvert des perspectives totalement dingues, mais on a aussi connu l’avant, lorsqu’on empruntait les disques à la médiathèque municipale ou qu’on les écoutait au hasard sur les bornes des enseignes culturelles, en découvrant les disques sans aucun contexte préalable et en se pointant aux concerts sans savoir a quoi s’attendre. Au passage la musique de manière générale a perdu de son aura mystique et de son mystère. Même sans parler des groupes les plus perchés des 60/70’s, aujourd’hui en deux clics, vous pouvez retrouver les photos de famille sur instagram du groupe le plus underground de l’autre bout de la planète, et il y a quelque chose d’un peu décevant là-dedans. Ce n’est pas pour cracher dans la soupe, mais ça fait partie de la volonté des Druids d’avoir un côté un peu hermétique, un peu obscur.
Vos albums préférés de tous les temps ?
Très dur de répondre a une question pareille, mais en piochant dans la discothèque idéale de chaque membre, on obtiendrait quelque chose dans ce goût là :
Love - Forever Changes
The Sonics – Here Are The Sonics
The Doors – The Doors
The Stooges – Funhouse
Hawkwind – Warrior On The Edge Of time
Black Sabbath – Masters Of Reality
Pixies - Doolittle
Joy Division – Unknown Pleasures
NoMeansNo – Wrong
Septic Death – Now That I Have Your
Attention What Do I Do With It?
Mötörhead – No Sleep ‘Till Hammersmith
Nick Cave And The Bad Seeds – Tender Prey
Gun Club – Fire Of Love
Kyuss – Blues For The Red Sun
Queens Of The Stone Age – Songs For The
Deaf
Interpol – Antics
Electric Wizard – Dopethrone
The Hunches – Exit Dreams
Black Angels – Passover
A Place To Bury Strangers - Worship
Si les Druids étaient un proverbe, une citation ?
« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. »
Quel est votre regard sur le monde actuel ? Quel impact a t'il sur votre musique ?
C’est un peu dur de résumer le regard sur le monde de chacun d’entre nous sans pondre un essai politique de 500 pages, à moins de tomber dans des raccourcis un peu grossiers. On y trouve d’ailleurs autant de raisons de s’enthousiasmer que d’être terrifiés. Cela dit, sans vouloir passer pour de vieux cons, disons que notre époque nous semble se caractériser par une forme d’atomisation de la société, permettant à chacun de pouvoir vivre dans des cocons philosophiques ou ils n’échangent qu’avec des contacts qui partagent leur point de vue sur les réseaux sociaux, et où les algorithmes ne leur suggère que du contenu « recommandé pour eux », c'est-à-dire allant dans leur sens. Une société d’individualisation ou l’on se définit plus facilement par ce qui nous oppose que par ce qui nous lie, et dans laquelle la moindre contradiction est perçue comme une agression, les individus ayant de moins en moins l’habitude de se confronter a des milieux sociaux qui ne sont pas les leurs. Encore une fois ça sonne un peu vieux con et c’est un constat qu’il faudrait nuancer. D’ailleurs en règle générale on évite de parler de sujets politiques dans nos chansons, essentiellement parce qu’un morceau de garage de 3 minutes ne nous semble pas un vecteur efficace pour développer des idées intelligentes de façon satisfaisante. Il y a toutefois quelques contre-exemples, tels que « Parasites » sur le dernier album, qui retourne contre les dirigeants politiques et les éditorialistes cette rhétorique ignoble qui consiste à comparer les pauvres et les bénéficiaires d’allocations à des parasites.
Un mot sur votre label, Beast Records ?
Beast Records est un label rennais qui effectue depuis plus de 15 ans un véritable travail de valorisation de la culture rock’n’roll dans notre région. Entre tout un pan de la scène australienne aux accents swamp rock et la publication des disques de tout un tas de groupe locaux, Beast nous a influencé avant même que le groupe n’existe lui-même. De la même manière, le label est intimement connecté au disquaire Rockin’ Bones à Rennes, d’où provient la plus grande partie de notre collection de disques, ainsi qu’au Binic Folks Blues Festival, qui est à nos yeux l’un des meilleurs festival du monde. Autant dire que sortir notre disque chez eux ça nous parait totalement dans l’ordre des choses, tout en étant une immense fierté pour nous. Notre disque est aussi co-produit par Mauvais Foi Records, un micro-label monté par des passionnés qui se sont rencontrés sur internet, ils ont été les tout-premiers à nous soutenir, dès la sortie de notre première cassette.
A vous de conclure comme vous le voulez :
Dans la nuit, la vérité.
Druids playing rock 'n' roll in the forest of Brocéliande on the edge of a pond in the presence of a spiritual guide! Damn it, it could only have been a band interviewed by the Scribe! The Druids Of The Gué Charette produce a dark Rock, psychedelic and Post-Punk at the same time, between Garage and Progressive Rock ! A definitely not ordinary band ! I needed to know more! Here's their interview, made in a secret place of worship, during a clandestine ceremony...
"You have to have chaos in yourself to give birth to a dancing star"
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