Difficile de faire plus underground que le label "ciel bleu & petits oiseaux". Un nom qui se fout du référencement google, une absence des réseaux sociaux, une communication réduite au strict minimum : un site uniquement permet d'accéder aux productions du label : http://cielbleuetpetitsoiseaux.blogspot.com/ Nous parlons ici d'un label qui ne distribue ses produits qu'en cassettes, voire même disquettes ! (véridique !) et quelques cd et cd-r en distro. Au pays de Ciel Bleu & Petits Oiseaux, c'est au public d'aller chercher les groupes. Pas de bandcamp ou de youtube : à l'ancienne, vous commandez vos tapes et basta.
Petit tour du propriétaire avec les reviews ci-dessous : nous allons y fréquenter d'étranges entités supraterrestres nommées Trou, Valvan, John Doe ou Romprai Etron qui n'ont pas, à priori, de volonté réelle de sortir de l'ombre. Pour faire le lien avec Decimation Sociale, sachez que Romain Perrot et son Vomir ont aussi sévi au travers de splits sur ce label.
Harsh Noise Wall
(Ciel Bleu & Petits Oiseaux 2018)
Côté Valvan tout commence par une scène étrange d'une femme en train de baiser dont le mari, manifestement en colère, essaie de rentrer en forçant la porte. Puis vient une nappe de bruit blanc qui recouvre les mots, que l'on distingue vaguement de loin. Comment distinguer une vague de bruit blanc d'une autre me direz-vous ? Eh bien c'est dans les infimes nuances que tout se joue. Dans le domaine radical et absolutiste de la Harsh Noise Wall c'est un peu comme dans le goregrind ou le noisegrind, tout se cache dans les détails. Ici une scène de dispute qui va sans doute dégénérer donne le ton, s'en suit une masse de bruit linéaire, semblable a ce que l'on peut trouver chez Vomir.
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SPLIT TAPE VALVAN/TROU |
Pendant 20 minutes va sévir ce titres de Valvan baptisé "Dementium".
Après quoi les "rockstars" du label (lol) Trou vont prendre le relais sur un titre nommé "Le dernier pillier".
Voici en exergue une définition du Harsh Noise Wall signée de son géniteur, Romain "Vomir" Perrot :
"Le harsh noise Wall est un mur sonore continu, monolithique, hyper puissant et fabriqué avec le strict minimum.
Son métier est d'immerger complètement le public dans un mur de bruit blanc : un son composé de toutes les fréquences audibles, chaque fréquence ayant la même énergie.
Sous le nom de projet "VOMIR", Romain Perrot utilise des murs de bruit blanc pour rendre compte de la sensation de confinement et d'isolement par le son.
Pendant toute la durée de ses performances, il laisse ses machines en marche et reste debout, immobile, dos au public avec un sac plastique sur la tête."
Dans le domaine de la Harsh Noise Wall, comme de la Noise ou du Power Electronics, l'aspect conceptuel est aussi important que le son (voire même plus) et l'on se retrouve dans un univers qui peut provoquer les mêmes sentiments de rejet/adhésion que ce que peut produire l'art contemporain le plus élitiste en comparaison avec l'art "classique" ou figuratif plus "acceptable" pour un public de non-initiés.
Ainsi, le morceau de Valvan se termine t'il par un retour de notre "couple" bien mal en point. On ne saisit pas forcément bien ce que baragouine le mari furieux mais on sent que ça va dégénérer.
C'est alors que Trou vient nous délivrer de la tragédie.
"Le Dernier Pillier" est beaucoup moins abrasif que le titre de Valvan et le drone de bruit proposé est tout de suite apaisant. C'est d'ailleurs une faculté que l'on retrouve souvent dans l'oeuvre de Trou : un bruit blanc méditatif, plutôt paisible, aux limites de l'ambient. Des sonorités non identifiées viennent de temps en temps perturber la quiétude du titre.
La face B de la cassette continue, laissant la place aux nappes de Trou...
On the Valvan side, it all starts with a strange scene of a woman having sex whose husband, obviously angry, tries to force his way in. Then comes a sheet of white noise that covers the words, which can be vaguely seen from afar. How do you distinguish one wave of white noise from another, you might ask? Well, it's in the minute nuances that it all comes down to. In the radical and absolutist domain of Harsh Noise Wall it's a bit like in goregrind or noisegrind, everything is hidden in the details. Here a scene of quarrel that will no doubt degenerate sets the tone, a mass of linear noise follows, similar to what can be found in Vomir.
For 20 minutes, this Valvan song called "Dementium" will be raging.
After which the "rockstars" of the label (lol) Trou will take over on a track called "Le dernier pillier".
Here is a definition of Harsh Noise Wall signed by its progenitor, Romain "Vomir" Perrot:
"The Harsh Noise Wall is a continuous, monolithic, hyper-powerful wall of sound made with the bare minimum.
Its job is to completely immerse the audience in a wall of white noise: a sound composed of all audible frequencies, each frequency having the same energy.
Under the project name "VOMIR", Romain Perrot uses white noise walls to convey the sensation of confinement and isolation through sound.
Throughout his performances, he leaves his machines running and remains standing, motionless, with his back to the audience with a plastic bag over his head".
In Harsh Noise Wall, like Noise or Power Electronics, the conceptual aspect is as important as the sound (or even more so) and one finds oneself in a universe that can provoke the same feelings of rejection/acceptance that the most elitist contemporary art can produce in comparison to the more "classical" or figurative art that is more "acceptable" to a non-initiated public.
Thus, Valvan's piece ends with a return of our "couple" in a bad way. We don't necessarily understand what the angry husband is talking about, but we feel that it's going to degenerate.
That's when Trou comes to rescue us from the tragedy.
"The Last Pillar" is much less abrasive than Valvan's title and the proposed noise drone is immediately soothing. It's a faculty we often find in Trou's work: a meditative, rather peaceful white noise, at the limits of the ambient. From time to time, unidentified sounds disturb the quietness of the title.
The B side of the cassette continues, leaving room for Trou's lay
ROMPRAI ETRON - LE THÉÂTRE DE LA MORT CÉRÉBRALE
(CBPO 2017)
FREE NOISE
Romain Perrot commençait à nous manquer. De fait, le revoici. Habillé de l'une de ses multiples incarnations, cette fois Romprai Etron, le pape du Harsh Noise Wall donne à entendre quelque chose de purement effrayant ici. Fait de voix trafiquées monstrueuses et/ou diaboliques et de bruits dignes d'une chantier indoor combiné à la réverbération d'un opéra, ce "théâtre de la mort cérébrale" est d'une aridité et d'un extrémisme particulièrement poussés. Roro n'a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure, ces travaux avec Vomir sont là pour en témoigner. Romprai Etron est sidérant, laissant gémir les machines en roue libre, hurlant leur désespoir numérique.
Bande son d'une apocalypse intérieure, cette cassette ne s'adresse qu'aux plus aventureux, ceux qui voient la noise comme le dernier territoire à envahir de nos bruits corporels infâmes et beaux à la fois. Jusqu'à la limite.
We were beginning to miss Romain Perrot. In fact, here he is again. Dressed in one of his many incarnations, this time Romprai Etron, the pope of the Harsh Noise Wall gives us something purely frightening to hear here. Made of monstrous and/or diabolical manipulated voices and noises worthy of an indoor construction site combined with the reverberation of an opera, this "theatre of brain death" is particularly arid and extreme. Roro is not in the habit of doing half-measures, this work with Vomir is there to testify to this. Romprai Etron is staggering, letting the freewheeling machines groan, shouting their digital despair.
A soundtrack to an inner apocalypse, this tape is only for the most adventurous, those who see noise as the last territory to invade our infamous yet beautiful body noises. Up to the limit.
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