INTERVIEW VINDSVAL OCT 2019
"Je ne peux pas me contenter du hasard ou du non-sens, mon esprit refuse complètement cette idée dont beaucoup semblent aujourd'hui s’accommoder" (Vindsval)
William Sheller chante qu'il veut être un homme heureux...je ne sais pas si c'est possible, mais en tout cas, pour moi, avoir le privilège de cette interview est une des choses qui se rapprochent le plus du bonheur. C'est la deuxième fois que le maestro se confie a moi, et cette fois encore plus longuement. C'est sans doute son interview la plus intime, la plus personnelle, et, selon ses mots, probablement la dernière qu'il donnera, l'homme préférant la solitude du créateur. Une dernière fois donc, et ceci nous a permis d'aborder l'enfance de Vindsval, son rapport a l'art, a l'esthétique, au showbiz, la philosophie, la poésie, la lumière, l'histoire...et le black metal, bien sûr.
Bref, sans doute la meilleure interview que j'ai eu l'opportunité de mener. Je tiens ici a l'en remercier. Guettez les sorties chez Debemur Morti dans les prochains mois, le maître revient sous une nouvelle forme.
Bonjour Vindsval, et merci de m'accorder ta confiance pour cette nouvelle interview. Parlons si tu le veux bien de Hallucinogen, le dernier bébé de Blut Aus Nord. Le mot qui m'est venu à l'écoute est “lumière”. Une lumière qui s'écoute. Nous avions abordé cette question lors de notre précédent entretien, mais où en es-tu avec cette notion de lumière, vois tu cet album comme un pas de plus vers l'absolu que recherche l'artiste ?
Oui, dans la mesure où je n'ai pas cherché à contrôler quoi que ce soit, je suis resté ouvert à toutes les idées qui venaient et je me suis laissé guider par cette énergie, cet absolu dont tu parles. C'est un album qui a été incroyablement agréable à composer, c'est la première fois que je lâche prise et que je tente de faire taire l'humain à ce point. Quand tu effaces l'égo les ténèbres se dissipent, la pensée se tait, enfin, et la lumière règne. Hallucinogen est définitivement animé par cette vibration positive, constructive et purement Artistique, loin du concept et proche de l'inspiration réelle.
Tu cites dans le livret de l'album nombre de poètes (Baudelaire, Hugo, Lamartine...). Peux tu nous parler de ta relation à la poésie, ce qu'elle représente pour toi ? Dirais tu, comme Aristote, que “La poésie est quelque chose de plus philosophique et de plus grande importance que l'histoire.”?
Absolument, l'histoire n'a aucune valeur à mes yeux, pas plus que la philosophie d'ailleurs qui sont des disciplines nombrilistes et que je considère comme étant parfaitement obsolètes. C'est un peu l'homme qui étudie l'homme scrutant son nombril et qui n'apprend finalement jamais rien. Avoir lu tous les livres de la terre au cours de ta vie, maîtriser des concepts philosophiques, aussi complexes soient-ils, ne te permet pas de mieux quitter le monde, ni de le quitter différemment, c'est à mon sens se tromper d'apprentissage et ça ne fait pas non plus de toi une personne plus apte à saisir l'existence, bien au contraire. La pensée humaine est le pire obstacle que l'on puisse poser entre l'homme et la Vie. L'histoire des idées est une histoire de la perdition, la célébration de la vanité.
Quant à la poésie, je la vois comme une tentative de captation pure de la Vie, de son essence. Sans interférer, juste recevoir et esquisser au mieux pour transmettre l'amour du beau. C'est une humble mise en beauté du sublime.
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Alphonse de Lamartine
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Avec cet album commence une nouvelle ère pour BAN. T'es tu déjà fixé un “programme” pour la suite ? A quoi pouvons nous nous attendre, et musicalement et philosophiquement ?
Il n'y a pas de programme mais je pense que le prochain album ira plus loin dans le côté progressif et qu'il explorera plus en profondeur l'approche psychédélique de la musique. Sur le plan philosophique absolument rien, ce sont deux choses que je considère aujourd'hui comme étant parfaitement antinomiques, le son doit être connecté au rêve, aux sensations, aux sentiments et certainement pas à la raison. La musique, en tant que porte de sortie de ce monde, ne doit être qu'émotions et c'est le cas pour toute forme d'Art véritable. La remplir d'humain, de réflexion, est d'une vulgarité absolue. L'Art commence quand cesse le bruit des hommes.
Le cosmos et l'infini sont également des thématiques de cet album. C'est un sujet qui te travaille particulièrement ? Qu'y vois tu ? Étais-tu ce petit garçon qui rêvait en regardant le ciel ?
En effet, petit, je rêvais en regardant le ciel mais pas autant qu'aujourd'hui. J'ai toujours eu besoin de ce dialogue avec les étoiles, je peux passer une nuit entière à regarder la voûte céleste, quand tu fais ça arrive toujours un moment où tout bascule, où tu plonges complètement vers cet infini qui te tend les bras et dissout les limites de ta raison. Le cosmos te connecte à la vie, au réel. Aucune société humaine n'est réelle, tout n'est qu'illusion, nos règles, nos lois, nos valeurs n'ont aucune existence propre. Nous offrons nos vies à des systèmes mis en place par l'humain, systèmes économiques, politiques, qui sont totalement artificiels, factices. Les yeux rivés au sol, nous nous y attachons, les faisons nôtres, nous les revendiquons et les défendons au besoin. Le cosmos gomme brutalement cette illusion en même temps qu'il balaie le narcissisme, l'orgueil, l’ego. Il réduit nos concepts, nos idéaux, nos engagements, nos certitudes, à rien. Ce n'est pas le monde qui s'effondre mais la vie, dans toute sa grandeur, qui reprend ses droits et l'humain qui retrouve sa juste place. Le ciel devrait fasciner n'importe quel individu doué d'un minimum de conscience et faire taire toutes les bouches du monde, mais nous sommes globalement fous.
En parlant du petit garçon, y'a t'il, avec l'âge, un retour de tes premières amours musicales ? On entend sur Hallucinogen beaucoup de sonorités proches du Heavy Metal, comme Yeruselem met à jour ta passion pour le post-punk et la musique industrielle originelle.
A part Iron Maiden, dont je suis un grand fan, je n'ai jamais écouté de Heavy Metal mais tu as raison, avec Hallucinogen j'ai voulu retrouver cette approche plus simple qui animait la scene extrême dans ses jeunes années, retrouver une forme d'insouciance et de naïveté. Hallucinogen m'a aussi permis de retrouver ce que j'ai toujours aimé dans le Black Metal, à savoir cette proximité avec les éléments que je ressentais à l'écoute des grands classiques Norvégiens des années 90, rien n'y était malsain, je n'y entendais que de la grandeur et de la beauté. Hallucinogen est, en ce sens, un véritable retour aux sources.
Parlons de Yeruselem. Après un premier album qui gardait encore un lien avec BAN, tu as dit vouloir t'en éloigner sur le prochain ? Là aussi, peux tu nous dire quelle orientation comptes tu prendre avec cette entité ?
Nous sommes en train de travailler dessus, c'est encore assez confus et l'album part dans des directions presque opposées, rien n'est encore décidé. En fait j'aime beaucoup l'association de beats électroniques, très lourds et massifs avec des guitares saturées, dissonantes, mais ce genre de mélange te fait vite sonner comme Godflesh, même si tu n'as aucunement l'intention de marcher dans les traces de J. Broadrick. Il a crée le genre et l'a tellement développé que tu ne peux pas t'en approcher sans entendre crier au plagiat. C'est totalement compréhensible mais c'est aussi très frustrant. Nous avons aujourd'hui des démos tres électroniques, presque ambient et d'autres beaucoup plus orientées metal industriel, nous irons là où le plaisir nous guidera.
Tu es un homme qui aime l'ombre de l'anonymat, tu donnes peu d'interviews et l'on ne connait pas ton visage. Tu m'as fait comprendre que tu comptais stopper complètement les interviews, c'est bien cela ? Est-ce définitif ? Comment expliques tu ce goût pour l'obscurité ?
En effet, je n'ai simplement plus envie de répondre aux même questions album après album, Blut Aus Nord a figuré au sommaire de tous les plus gros magazines spécialisés au monde et je pense avoir fait le tour de la question. Je ne sais pas si cela correspond à un goût pour l'obscurité mais mon travail au quotidien c'est la musique, pas la représentation ni le show. J'aime composer, plus que toute autre chose, mais le suivi des œuvres et leur réception ne me passionne pas plus que ça, encore moins la dissection, l'analyse ou l'explication de texte. La musique est quelque chose de simple qui ne nécessite pas de justification, elle te touche ou ne te touche pas. Beaucoup de gens aujourd'hui passent énormément de temps à l'analyser, à commenter, critiquer, je n'ai pas envie de participer à tout ça.
En même temps, tu as droit, pour la deuxième fois, aux honneurs de la “grande presse” avec un article élogieux dans Télérama, comme pour Yéruselem. Est-ce quelque chose qui te fait peur ? As-tu la crainte d'y perdre ton âme ?
Pourquoi cela devrait-il me faire peur ? Si un lecteur de Télérama qui n'a jamais été confronté à ce genre de musique, qui ne sait peut être même pas que cette esthétique existe, est touché en écoutant BaN ou Yeruselem, la démarche est gagnante. La journaliste, très compétente d'ailleurs, n'a rien exigé et le magazine n'a rien demandé en échange, ce qui est assez remarquable par les temps qui courent. Le risque de perdre son âme est beaucoup plus grand en travaillant avec des magazines spécialisés qui, pour une large majorité d'entre eux, n'acceptent de parler de toi qu'en échange d'un placement de pub, peu importe qu'ils aient aimé ton album ou non, cette question étant d'ailleurs généralement reléguée au dernier plan. Seul New Noise, en France, est exemplaire à ce niveau, c'est un magazine rare et précieux. Pour en revenir à Télérama, dont la démarche était sincère, c'était amusant et plaisant à faire, c'est fait, et il n'y aura pas de suites. Blut Aus Nord n'a pas pour ambition d'envahir la presse généraliste.
Peux tu nous parler de tes lectures ? Quels auteurs t'ont marqué le plus ? Que lis tu en ce moment ?
J'aime surtout les conteurs, ceux qui se donnent le temps de prendre soin de la langue. Il y a quelques semaines j'ai terminé le livre d'Audiard, “La Nuit, Le Jour Et Toutes Les Autres Nuits”, c'était inattendu et magnifique. J'essaie toujours d'accompagner un livre de quelques disques qui me semblent correspondre à l'ambiance dans laquelle cherche à nous plonger l'auteur. J'ai parcouru Audiard avec Miles Davis “Ascenseur Pour l'Echaffaud” et Tricky “Angels With Dirty Face” par exemple. En ce moment je relis Giono, “Que Ma Joie Demeure” et “Jean Le Bleu”, d'autres attendent leur tour. Je suis très sensible à la forme en littérature, aux beautés de l'écriture, toutes différentes chez Bloy, Camus ou Pagnol pour ne citer qu'eux par exemple. Je ne suis pas très original, je lis uniquement pour l'évasion, pour le beau et nous avons la chance d'avoir un patrimoine littéraire absolument exceptionnel dans lequel tu peux puiser durant toute une vie.
Ta relation à la spiritualité...es-tu animé par une croyance quelconque qui soit transcendante ? Peux tu nous en parler ?
Bien sûr, je n'ai pas vraiment eu le choix en fait. Dès l'âge de 6 ou 7 ans je me suis sérieusement demandé ce que je faisais là et je suis devenu un enfant angoissé, presque dépressif. Je refusais d'avancer sans comprendre pourquoi, je voulais, avant de me lancer réellement, savoir où j'étais et pourquoi j'y étais. Ces questions, qui traversent nos vies à tous, me rendaient malades. J'avais besoin d'avoir un rôle, qu'il y ait du sens. Je ne sais pas pourquoi j'avais à cet âge cette conscience exacerbée de la fin, inéluctable, de la disparition de mes proches et de notre situation absurde dans l'univers avec la mort, qui m'obsédait, en point de mire. J'ai très vite eu besoin de chercher des réponses pour me décider enfin à vivre réellement et que ça en vaille la peine.
Je ne peux pas me contenter du hasard ou du non-sens, mon esprit refuse complètement cette idée dont beaucoup semblent aujourd'hui s’accommoder. J'envie sincèrement leurs existences douces même si je ne crois pas un seul instant à leur athéisme revendiqué, parfois même profondément sincère, l'athéisme est un leurre.
La spiritualité évidemment n'apporte aucune réponse définitive, il n'en existe d'ailleurs aucune, les choses seraient trop simples dans le cas contraire, mais elle à permet à chacun de s'extraire de la course du monde, d'envisager cette aventure avec un point de vue différent, de voir l'expérience sous un autre angle et de s'ouvrir à d'autres possibilités. Le monde n'est définitivement pas tel qu'on nous le montre et tel qu'on nous l'enseigne, il est donc essentiel de se connecter à la source. L'art, ou la spiritualité, deux choses qui vont de pair, servent à ça.
Quoi qu'il en soit, la spiritualité est une chose qui appartient à l'intime et qui doit, à mon sens, le rester.
Ta relation au Black Metal est ambivalente. D'un côté tu ne cesses de répéter que tu ne supportes plus ce genre, qu'il n'a plus lieu d'être, et en même temps tu en es partie prenante, un acteur historique, et il n'a pas disparu de BAN. Que doit on comprendre ? Attends tu simplement que les groupes soient inventifs ? BAN va t'il quitter totalement la sphère BM dans le futur ?
En réalité le Black Metal ne fait simplement plus partie de ma vie, il correspond à une époque, très étrange d'ailleurs, où nous étions tous presque possédés par le genre, rien d'autre n'existait réellement en dehors de ça et l'univers qu'il dessinait nous coupait totalement du monde “réel”, nous propulsait très loin de notre quotidien adolescent. Même si nous avons tous vécu, et reçu ça, différemment, nous avions en commun cette sensation d'être initié à quelque chose d'inconnu, presque interdit, un genre musical qui n'était qu'une rumeur et qui se répandait à travers le monde via des réseaux purement underground auxquels n'avaient accès qu'une poignée de passionnés. C'est difficile à comprendre en 2020, il faut réellement avoir vécu ces années là pour savoir de quoi je parle, et même si ça peut paraître ridicule aujourd'hui, alors que tout n'est que cynisme, le Black Metal était alors bien plus que de la musique, c'était un mode de vie à part entière. Chacun en faisait ce qu'il voulait et le ressentait comme il voulait, mais il était clairement au centre de nos existences et influait sur tout le reste.
Je ne dirai pas que je ne supporte plus ce genre, c'est juste qu'il ne me touche plus, la magie n'opère simplement plus. C'est évidemment ancré en moi et donc dans l'adn de BaN, qui est et restera quoiqu'il arrive un projet étiqueté Black Metal, mais je suis très loin de cette scène aujourd'hui. Exception faite de quelques albums “hors normes” capable de bousculer un peu les esprits, je n'écoute plus du tout ce qui sort.
Je te sais aussi torturé et préoccupé par la noirceur qui s'exprime dans certains de tes albums et que tu ne “choisis pas”. Cela veut il dire qu'elle s'impose à toi ? As tu peur à nouveau d'être frappé par ces ténèbres qui t'ont conduit à certains albums particulièrement extrêmes ? Après l'éclaircie réelle que représente Hallucinogen aurons nous droit à un de ces terribles répertoires rampants dont tu as le secret ?
Je n'ai justement plus envie que cette noirceur s'impose à moi dans le cadre musical et créatif, je composerai d'autres albums obscurs, peut être plus dérangeants encore que ceux que j'ai déjà pu enregistrer mais ils ne seront plus guidés par cette noirceur intime. MoRT est une oeuvre presque subie, elle s'est imposée à moi, tu ne composes pas quelque chose comme ça si tu vas bien. Idem pour le split réalisé avec Aevangelist, Codex Obscura Nomina ou Deus Salutis Meae, album injustement incompris et très obscur lui aussi. Ce sont des œuvres douloureuses que les gens ont d'ailleurs aussi du mal à appréhender, elles sont probablement repoussantes pour une partie des auditeurs qui n'ont pas nécessairement envie de vivre ce genre d'expériences et pour qui ces disques représentent probablement une certaine limite, ce que je comprends aisément. La prochaine “horreur” de ce genre que je composerai, si cela doit arriver, sera je l'espère parfaitement maîtrisée et sous contrôle. J'accepte volontiers de me livrer à la lumière et à son inspiration mais je ne veux pas, ou plus, céder aux ténèbres, l'Art obscur doit rester un exercice de style.
Les choeurs “mystiques” sur Hallucinogen sont splendides. Évoquent-ils une force immanente ?
Certainement, ils font partie des choses que je n'écris pas mais que j'entends quand je compose un riff, qui résonnent déjà dans mon esprit alors que les guitares se mettent en place. C'est le cas pour beaucoup d'arrangements qui ne sont pas le fruit d'un travail d'écriture mais plutôt d'une écoute profonde, presque méditative, des morceaux en cours de composition. J'entends parfois très clairement une ligne de chant ou une mélodie de guitare en écoutant un riff enregistré alors qu'il n'y a rien d'autre que ce riff sur la bande, c'est assez difficile à expliquer mais j'entends cet arrangement aussi nettement que le riff qui tourne. C'est le cas pour bon nombre de chœurs qui se sont révélés de la sorte. La musique, je le pense de plus en plus, est autant un message que l'on reçoit qu'une composition que l'on partage. Il faut juste savoir s'effacer pour entendre et écouter.
Qu'écoutes tu en ce moment ? As tu des coups de coeur ? Penses tu voir émerger de nouveaux artistes qui puissent compter ?
Toujours énormément de choses, en ce moment j'écoute beaucoup le nouvel album d'Intronaut, groupe que j'aime énormément, Buika et Bob Marley qui m'accompagnent souvent l'été et les derniers Ulcerate et Imperial Triumphant qui sont absolument fantastiques.
Il émerge tous les jours de nouveaux artistes qui ont quelque chose de pertinent à proposer et ce dans tous les styles de musique. Mais le monde de la musique a changé, le streaming a considérablement changé la relation des auditeurs avec la musique qui devient un bien de consommation immédiat dans lequel une grande majorité de gens ne prennent pas réellement le temps de s'investir. L'époque est plus au zapping qu'à la relation intime et durable avec un album. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas, mais cette situation n'est à mon avis pas propice à l'émergence d'artistes qui puissent réellement marquer leur époque, ou marquer une génération. Je me trompe peut-être, dans dix ans l'industrie de la musique qui évolue très rapidement aura peut être un visage que personne n'imagine encore aujourd'hui. Le metal est un peu moins impacté par cette évolution, les fans sont heureusement encore attachés au format album, à l'objet physique, au vinyl, au merchandising, etc. Je pense néanmoins que l'époque des géants comme Metallica ou Iron Maiden, pour ne citer qu'eux, est définitivement révolue. Je ne crois pas non plus à l'émergence de nouveaux courants majeurs comme l'ont été le Heavy Metal, le Thrash, le Death, etc. Il y aura en revanche toujours des groupes, isolés, capables d'apporter de la fraîcheur et de la nouveauté. J'évoquais tout à l'heure Imperial Triumphant et Ulcerate, voici deux parfaits exemples de groupes uniques, talentueux, qui font exploser les codes et font avancer les choses.
Je voudrais aborder ton rapport à l'esthétique, aux arts plastiques. Encore une fois Dehn Sora s'est surpassé pour ce fantastique paysage de champignons hallucinogènes pour l'artwork. Quelle importance cet aspect visuel a pour toi ?
C'est fondamental, le visuel fait partie intégrante d'un album, il lui apporte une grande partie de son atmosphère générale, tu n'aurais par exemple pas reçu Hallucinogen de la même façon si le blanc avait été la couleur dominante de son artwork. Il m'est d'ailleurs arrivé de retravailler un album après avoir reçu les premiers visuels pour la future pochette afin que tout soit cohérent ou tout simplement parce que l'image proposée était particulièrement inspirante. La collaboration avec Dehn Sora est particulièrement stimulante, même quand les demandes sont exigeantes il n'abandonne jamais et parvient toujours à cerner exactement ce que j'ai en tête, c'est un Artiste très généreux qui fournit spontanément énormément de matière quand il est lancé sur un projet. J'ai aussi la chance de travailler avec Debemur Morti qui met un point d'honneur à proposer pour tous ces Artistes des productions de grande qualité, toutes les prods du label sont magnifiques. Il faut impérativement apporter une véritable plus-value quand tu proposes aux gens d'acheter quelque chose qu'ils peuvent trouver gratuitement sur le net en quelques secondes.
Es-tu quelqu'un d'heureux ? Es-tu fier de ton oeuvre, de ta vie ?
Je ne suis fier de rien. La seule personne qui pourra évaluer ma vie, plus tard, quand il sera en âge le faire, est mon fils. Aujourd'hui, c'est lui qui me rend heureux, il n'a qu'à sourire pour le faire. Les choses ne sont pas si simples de mon côté, j'ai tout à lui transmettre, quand j'aurai terminé ce travail, cette longue initiation, il décidera si oui ou non je peux être fier de ce que j'ai fais. S'il est heureux j'aurai accompli ce qui semble être la chose la plus sensée pour un homme sur cette terre. Alors, je mourrai heureux.
Je te sais aimer le secret mais ne penses tu pas qu'un jour viendra ou un livre sur toute cette aventure artistique puisse être une belle et bonne chose ? Ne serait ce que pour transmettre une vision exigeante de l'art aux nouvelles générations ?
Je ne pense que BaN soit un sujet suffisamment intéressant pour que l'on prenne le temps d'y consacrer un livre. Je ne dis pas que ça n'arrivera pas si quelqu'un propose un angle de travail pertinent et stimulant mais je ne vois pas vraiment ce qu'un livre pourrait dire de plus que tous les albums qui constituent la discographie de BaN. Quand à ma vision de l'Art elle n'est absolument pas exigeante, je le considère “simplement” comme l'un des plus puissants vecteurs qui puisse nous reconnecter à l'essentiel au contraire de l'industrie du divertissement qui porte parfaitement son nom et n'a pour autre but que de nous faire regarder à droite quand les choses se passent à gauche. L'Art n'est pas du divertissement, et sans y inclure une once d’élitisme, bien au contraire, sa fonction est beaucoup plus profonde, sacrée même. C'est l'une des principales raisons qui m'ont rapidement amené à faire le choix de ne pas faire monter Blut Aus Nord sur scène malgré les innombrables propositions que je reçois encore aujourd'hui, je n'ai pas envie de passer dans basculer dans cette sphère du spectacle et du divertissement qui n'ont à mes yeux plus rien à voir avec une démarche artistique. N'y vois pas un quelconque jugement de valeur, je respecte totalement les groupes qui font le choix du live, mais ça n'est tout simplement pas ce que je veux faire.
C'est aussi pour cette raison que BaN est resté si “secret” depuis le début, je l'ai toujours dis, les individus derrière le projet ne présentent aucun intérêt, seule la musique importe, tout le reste n'est qu'interférences et distractions.
Alors que j'ai moi-même commis cette erreur, je pense qu'on ne devrait jamais expliquer l'Art, la médiation perturbe la réception pure. Etre bouleversé par une oeuvre est la chose la plus simple au monde, en faisant intervenir des considérations techniques, historiques, philosophiques, en contextualisant et en interprétant, la raison s'en mêle et le lien qui relie l'homme au Divin, car c'est de ça dont il s'agit, se distend et se casse.
Que penses tu du succès d'une formation comme Alcest, qui choisit une grosse maison de disques et ne cache pas ses ambitions ?
A vrai dire je n'y pense pas, mais si je dois le faire alors je n'en pense que du bien. Neige, que je ne connais pas du tout, mène sa carrière comme il l'entend et si le fait de signer chez Nuclear Blast peut lui permettre d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixé alors je ne peux qu'être content pour lui. J'imagine que cette signature est une étape dans la progression du groupe, une étape qui leur permettra certainement de gagner en notoriété et de tourner encore un peu plus. Si c'est leur envie, leur ambition, alors c'est une excellente chose pour eux et je ne leur souhaite que le meilleur. En fait, je ne devrai pas commenter ça, et personne ne devrait le faire, c'est ce que j'appelle la vie privée d'un groupe. Voilà le genre de distraction, d'interférence, dont je parlais tout à l'heure à propos de la réception d'une oeuvre qui mérite, elle seule, notre attention. La musique, le visuel, si le groupe te le propose, voilà tout ce dont tu as besoin pour te laisser emporter. Tout le reste n'est que polémique, inutile par définition, et gaspillage d'un temps précieux. Tu sais, Blut Aus Nord s'est fait allumer par une partie de la scène underground après la signature avec Candlelight. Beaucoup de gens, faute d'avoir pu accomplir ce qu'ils souhaitaient, sont aigris, haineux, rongés par la jalousie et l'époque leur permet d'être entendus via ces merdes de réseaux sociaux, Youtube et tous ces trucs. Finalement nous avons sorti MoRT chez Candlelight et une bonne partie de ces gens qui nous reprochaient de rechercher la gloire et la notoriété avec cette signature n'ont pas adhéré à l'album, le jugeant trop extrême et trop hermétique, comme quoi...
Pourrais tu nous dire quelque chose que personne ne sait sur toi et/ou ton travail ?
Il n'y a rien de fascinant à raconter, je mène une vie calme et plutôt saine, pas de drogues, pas d'alcool, beaucoup de sport. Rien de fascinant.
Tu fais partie des rares acteurs du BM des années 90 à avoir gardé un tel niveau d’intégrité et d’exigence. Est-ce pour toi une nécessité, une discipline que tu t'imposes ?
Non, je n'ai heureusement pas besoin de me poser ce genre de questions quand je compose. J'ai depuis longtemps construit mon propre univers musical, qui ne cesse de s'étoffer au fil de mes écoutes et de mes découvertes. Les buts à atteindre sont clairs, les écueils à éviter sont identifiés et j'ai à mes côtés le meilleur label qui soit. J'avance donc sereinement accompagné par un public exigeant et très ouvert qui attend d'être régulièrement surpris, qui ne rejette aucune proposition en bloc et offre à BaN une liberté d'action totale.
Ton pays natal, la Normandie, ce sang du nord, tout cela influe t'il sur ton oeuvre ?
Au tout début oui, j'étais logiquement très attiré par la mythologie Nordique dont la Normandie est évidemment imprégnée et je me suis nourri de tout cela durant mon adolescence. J'ai aussi été profondément marqué par le Hammerheart de Bathory, un pur chef d'oeuvre, qui a contribué à renforcer cette fascination pour les cultures Scandinaves. Je pense en revanche que tout cela n'a plus aucune influence sur ma musique. Les mythes Nordiques ont été une autre porte d'entrée dans la vie spirituelle, un pas qui doit avant tout te permettre de voir plus grand. Le symbolisme et la tradition, car c'est de ça dont il s'agit, ne servent qu'à ça. Ils ne sont en aucun cas un aboutissement. S'en contenter c'est rester, immobile, à observer la lampe qui éclaire le chemin. Quant à la Normandie, c'est l'endroit où j'ai grandi, j'y suis évidemment à l'aise mais je n'ai pas la fibre régionaliste ou nationaliste, ce sont des notions qui m'échappent totalement, qu'est ce que la Normandie à l'échelle de l'Univers ? Encore quelque chose qui n'a aucune existence réelle, juste une idée humaine. Je sais que la vie de certaines personnes tourne entièrement autour de ce genre de délimitation terrestre artificielle et que cela leur permet parfois de s'affirmer, voire d'exister tout simplement, je le respecte totalement d'ailleurs, mais j'y suis insensible. Quand le soleil s'éteindra il ne restera rien de toutes ces futilités.
Nous avions déjà abordé ta vision du monde, qui est aussi pessimiste que la mienne. Que penses tu du dérèglement climatique, de Greta Thunberg, du jeunisme anti-vieux, des antagonismes qui semblent monter à vue d'oeil dans nos sociétés ?
Je ne pense rien de tout ça à vrai dire, je n'ai plus envie d'y penser, ça ne m'intéresse pas, ou ça ne m'intéresse plus. J'essaie de m'isoler au maximum de ce bruit de fond permanent et de toute cette agitation névrotique. Le monde me fatigue, les gens me fatiguent, j'en fréquente peu et pas souvent. A quoi bon se soucier de l'inéluctable, nous chutons et nous accélérons chaque jour cette chute, chacun à notre niveau, corrompus par le confort extrême que ce système nous propose au quotidien. Tu vois, au moment où je réponds à tes questions, une partie des Français est dans la rue en train de brandir des pancartes “Black lives matter”, c'est très louable mais ça ne pose par exemple aucun soucis à tous ces gens, pourtant plein de bonnes intentions, de laisser des enfants noirs travailler dans des mines d'extraction de cobalt pour que les batteries au lithium qui équipent la majorité de nos appareils de loisirs puissent être rechargées à volonté. Ils manifestent pour défendre les droits des noirs tout en ayant dans leurs poches des smartphones qui fonctionnent grâce au travail évidemment forcé d'enfants noirs de 7 ou 8 ans dont ils ne veulent surtout pas se soucier sous peine de devoir remettre en question leur propre mode vie et une partie de leur confort moderne. La vie des noirs compte donc, mais elle a aussi visiblement un prix. Nous vivons dans cette contradiction permanente, c'est à vomir de cynisme mais nous fermons tous les yeux sur l'horreur au quotidien. Tout ce que nous consommons, presque tout ce qui emplit nos maisons résulte de l'exploitation d'un beaucoup plus pauvre qui tente de survivre quelque part sur la planète. Nous sommes tous corrompus par le confort et le plaisir, qui sont le prix de notre silence, de notre conscience et de nos âmes. Sommes nous prêts à renoncer intégralement à notre mode de vie ? A quelques exceptions prêt, la réponse est très majoritairement non. Le mieux serait alors de ranger les pancartes, d'arrêter de fantasmer un hypothétique sauvetage de cette planète qui, soyons rassurés, s'en sortira très bien sans nous, de ravaler nos leçons de morale et d'accepter définitivement notre statut d'enculés. Taisons-nous, gardons les yeux grand fermés, jouissons au prix de millions de destins ravagés, sans hypocrisie, et tant pis pour le gosse au fond de sa mine... Je ne suis pas pessimiste, juste fatigué et désabusé, la partie est terminée, nous sommes trop facilement corruptibles, l'avenir est scellé, alors pourquoi faire semblant de se soucier de l'inéluctable...
Nous vivons dans le monde du prince, cette société est profondément malsaine, absurde, aberrante, toutes les valeurs y sont inversées et nous validons chaque jours ses propositions inhumaines.
Aurais tu un conseil à donner à de jeunes musiciens ?
Travailler, énormément, régulièrement et partir à la quête du son, de ce son qu'il a en tête. Rien ne doit l'arrêter dans cette quête, c'est ce qui fera de lui un musicien original, un créateur. Il faut aussi être curieux, ouvert et écouter la musique sans la compartimenter ni la hiérarchiser, comme un grand tout, sans à priori, pour se nourrir sans cesse et enrichir son vocabulaire. Je ne fais pas de distinction entre Burzum et Paco De Lucia, entre Selah Sue, Amon Tobin et Animals As Leaders, tous proposent une expérience différente, avec des capacités, des moyens et des cultures différentes. C'est cette multitude d'approches, d'ambitions et de buts à atteindre qui font la richesse de l'aventure musicale et quand tu comprends, et acceptes, que tous sont susceptibles de te toucher alors tu n'as plus réellement de limites en tant que compositeur et l'aventure devient passionnante. Comme je l'ai déjà dit, la musique n'est qu'émotions et il ne faut définitivement se priver ni de JS Bach ni de Kurt Cobain, les deux trouveront obligatoirement leur place dans la bande son d'une vie.
Qui es-tu en vérité ? Quel individu es-tu ?
Juste un parmi la multitude, plus ou moins perdu, comme tous mes contemporains et tous les autres avant nous. J'essaie de traverser sans trop d'encombres, de faire au mieux avec ce que j'ai, à l'instinct, au ressenti, sans certitudes mais avec des espoirs que j'espère bien placés. J'apprends la bienveillance puisque tout le reste est vain.
J'espère que nous pourrons de nouveau échanger malgré ta décision de disparaitre médiatiquement. Je te laisse donc les mots de la fin : ici tu peux ajouter ce que tu souhaites, de la longueur que tu le souhaites :
Je vais en profiter pour répondre définitivement à cette “grande” interrogation que je vois revenir très souvent sur le net et qui semble perturber pas mal de monde.
Mais que signifie Blut Aus Nord ? Rien, absolument rien. C'est totalement abstrait et vide de sens. C'est à la base une mauvaise traduction de Sang du Nord (nom par ailleurs tout aussi vide de sens) dont la sonorité m'a malgré tout aussitôt beaucoup plu à l'époque et que j'ai tout de même décidé de conserver intacte. C'était une décision probablement étrange, je ne sais toujours pas si j'ai eu raison, peu importe.
Merci Vindsval !
Merci à toi, pour ton infinie patience.
"I can't be satisfied with chance or nonsense, my mind completely rejects this idea that many seem to live with today" (Vindsval)
INTERVIEW VINDSVAL OCT 2019
William Sheller sings that he wants to be a happy man...I don't know if it's possible, but in any case, for me, having the privilege of this interview is one of the things that comes closest to happiness. This is the second time the Maestro has confided in me, and this time even longer. It is undoubtedly his most intimate, personal interview, and, in his words, probably the last one he will give, the man preferring the solitude of the creator. One last time therefore, and this allowed us to approach Vindsval's childhood, his relationship to art, aesthetics, showbiz, philosophy, history... In short, probably the best interview I've had the opportunity to conduct. I would like to thank him for it. Look out for Debemur Morti's releases in the coming months, the master is coming back in a new form.
Hello Vindsval, and thank you for trusting me with this new interview. Let's talk about "Hallucinogen", the last baby of Blut Aus Nord. The word that came to me is "light". A light that can be listened to. We talked about this question in our previous interview, but where are you with this notion of light, do you see this album as another step towards the absolute that the artist is looking for ?
Yes, insofar as I didn't try to control anything, I remained open to all the ideas that came and I let myself be guided by this energy, this absolute you're talking about. It's an album that was incredibly enjoyable to compose, it's the first time I let go and try to silence the human being to this extent. When you erase the ego the darkness dissipates, the thought is silenced, finally, and light reigns. Hallucinogen is definitely animated by this positive, constructive and purely Artistic vibration, far from the concept and close to the real inspiration.
You quote in the booklet of the album many poets (Baudelaire, Hugo, Lamartine...). Can you tell us about your relationship with poetry, what it represents for you? Would you say, like Aristotle, that "Poetry is something more philosophical and more important than history"?
Absolutely, history is of no value to me, any more than philosophy, which are navel-gazing disciplines and that I have been considered to be perfectly obsolete. It's a bit the man who studies the man scrutinizing his belly button and who finally learns never anything. Having read every book on earth in your life,mastering philosophical concepts, however complex they may be, does not allow you to doesn't make it easier to leave the world, or to leave it differently, it is in my opinion to learn the wrong way and it doesn't make any difference either. you a person more capable of grasping existence, quite the contrary. The human thought is the worst obstacle that can be placed between man and the and Life. The history of ideas is a history of perdition, the celebration of vanity.
As for poetry, I see it as an attempt to capture pure Life, its essence. Without interfering, just receiving and sketching as best I can to transmit the love of the beautiful. It is a humble beauty of the sublime.
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Alphonse de Lamartine
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With this album begins a new era for BAN. Have you already fixed a "program" for the continuation? What can we expect, both musically and philosophically?
There is no program but I think the next album will go further in the progressive side and explore more deeply the psychedelic approach to music. Philosophically absolutely nothing, these are two things that I consider today to be perfectly antinomic, sound must be connected to dreams, sensations, feelings and certainly not to reason. Music, as a way out of this world, must be only emotions and this is the case for any true Art form. To fill it with human, with reflection, is absolutely vulgar. Art begins when the noise of men ceases.
The cosmos and the infinite are also themes of this album. It is a subject which works particularly to you? What do you see in it? Were you this little boy who dreamed while looking at the sky ?
Indeed, as a little boy, I used to dream while looking at the sky, but not as much as I do today. I have always needed this dialogue with the stars, I can spend a whole night looking at the sky, when you do that there always comes a moment when everything tips over, when you plunge completely towards this infinity that stretches out its arms and dissolves the limits of your reason. The cosmos connects you to life, to reality. No human society is real, everything is an illusion, our rules, our laws, our values have no existence of their own. We offer our lives to systems put in place by humans, economic and political systems, which are totally artificial, fake. With our eyes glued to the ground, we cling to them, make them our own, claim them and defend them when necessary. The cosmos brutally erases this illusion at the same time as it sweeps away narcissism, pride, ego. It reduces our concepts, our ideals, our commitments, our certainties, to nothing. It is not the world that is collapsing but life, in all its grandeur, which is taking back its rights and the human being who is regaining his rightful place. The sky should fascinate any individual endowed with a minimum of conscience and silence all the mouths of the world, but we are globally crazy.
Speaking of the little boy, is there, with age, a return of your first musical loves? On "Hallucinogen" we hear a lot of sounds close to Heavy Metal, just like Yeruselem reveals your passion for post-punk and original industrial music.
Apart from Iron Maiden, of which I'm a big fan, I've never listened to Heavy Metal, but you're right, with Hallucinogen I wanted to rediscover the simpler approach that animated the extreme scene in its early years, to rediscover a form of carelessness and naivety. Hallucinogen also allowed me to rediscover what I've always liked in Black Metal, namely this closeness to the elements that I felt when I listened to the great Norwegian classics of the 90s, nothing was unhealthy there, I only heard greatness and beauty. Hallucinogen is, in this sense, a true return to the roots.
Let's talk about Yeruselem. After a first album that still had a link with BAN, you said you wanted to move away from it on the next one? There too, can you tell us what direction you intend to take with this entity?
We are working on it, it's still quite confusing and the album is going in almost opposite directions, nothing is decided yet. I actually like the association of very heavy and massive electronic beats with saturated, dissonant guitars, but this kind of mix quickly makes you sound like Godflesh, even if you have no intention of following in J. Broadrick's footsteps. He created the genre and developed it so much that you can't get close to it without hearing the cry of plagiarism. It's totally understandable but it's also very frustrating. Today we have demos that are very electronic, almost ambient and others that are much more industrial metal oriented, we'll go wherever the fun takes us.
You're a man who likes shade, anonymity, you don't give many interviews and we don't know your face. You made me understand that you were planning to stop interviewing completely, is that right? Is it definitive? How do you explain this taste for darkness?
Indeed, I simply don't want to answer the same questions album after album, Blut Aus Nord has appeared in the contents of all the biggest specialized magazines in the world and I think I've come full circle. I don't know if it corresponds to a taste for obscurity but my daily work is music, not performance or show. I love composing, more than anything else, but I'm not more passionate about following works and receiving them, let alone dissecting, analyzing or explaining texts. Music is something simple that doesn't need justification, it touches you or doesn't touch you. A lot of people today spend a lot of time analyzing it, commenting, criticizing, I don't want to be part of that.
At the same time, for the second time, you are entitled to the honors of the "big press" with a laudatory article in Télérama, as for Yéruselem. Is this something that scares you? Are you afraid of losing your soul?
Why should that frighten me? If a reader of Télérama who has never been confronted with this kind of music, who may not even know that this aesthetic exists, is touched by listening to BaN or Yeruselem, the process is a winner. The journalist, very competent by the way, did not demand anything and the magazine did not ask for anything in exchange, which is quite remarkable these days. The risk of losing one's soul is much greater when working with specialized magazines which, for a large majority of them, only accept to talk about you in exchange for an ad placement, no matter whether they liked your album or not, this issue being generally relegated to the back burner. Only New Noise, in France, is exemplary in this respect, it is a rare and precious magazine. Coming back to Télérama, whose approach was sincere, it was fun and pleasant to do, it's done, and there will be no follow-up. Blut Aus Nord does not intend to invade the general press.
Can you tell us about your readings? Which authors have marked you the most? What are you reading right now?
I especially like storytellers, those who take the time to take care of the language. A few weeks ago I finished Audiard's book, "La Nuit, Le Jour Et Toutes Les Autres Nuits", it was unexpected and beautiful. I always try to accompany a book with a few records that seem to me to correspond to the atmosphere in which the author tries to immerse us. I went through Audiard with Miles Davis "Ascenseur Pour l'Echaffaud" and Tricky "Angels With Dirty Face" for example. At the moment I am re-reading Giono, "Que Ma Joie Demeure" and "Jean Le Bleu", others are waiting their turn. I am very sensitive to the form in literature, to the beauty of writing, all different in Bloy, Camus or Pagnol to name only them for example. I am not very original, I read only for the escape, for the beautiful and we are lucky to have an absolutely exceptional literary heritage from which you can draw during a lifetime.
Your relationship to spirituality...are you animated by any transcendental belief? Can you tell us about it?
Of course, I didn't really have a choice actually. From the age of 6 or 7 I seriously wondered what I was doing there and I became an anxious, almost depressed child. I refused to move forward without understanding why, I wanted to know where I was and why I was there before I really started. These questions, which run through all of our lives, made me sick. I needed to have a role, to have meaning. I don't know why I had at that age this exacerbated awareness of the inevitable end of the disappearance of my loved ones and our absurd situation in the universe with death, which obsessed me, in focus. I very quickly needed to look for answers to finally decide to live truly and make it worthwhile. I can't be satisfied with chance or nonsense, my mind completely rejects this idea that many seem to live with today. I sincerely envy their sweet existences even if I do not believe for a moment in their claimed atheism, sometimes even deeply sincere atheism is a delusion.
Spirituality obviously does not bring any definitive answer, there is none, things would be too simple otherwise, but it allows each one to get out of the race of the world, to consider this adventure with a different point of view, to see the experience from another angle and to open up to other possibilities. The world is definitely not as we are shown and as we are taught, so it is essential to connect to the source. Art, or spirituality, two things that go hand in hand, serve this purpose. In any case, spirituality is something that belongs to the intimate and must, in my opinion, remain so.
Your relationship with Black Metal is ambivalent. On the one hand, you keep repeating that you can't stand this genre anymore, that it no longer has a place, and at the same time you are part of it, a historical actor, and it hasn't disappeared from BAN. What should we understand? Do you just expect bands to be inventive ? Is BAN going to totally leave the BM sphere in the future ?
In reality Black Metal is simply no longer part of my life, it corresponds to a time, very strange by the way, when we were almost all possessed by the genre, nothing else really existed outside of that and the universe he drew totally cut us off from the "real" world, propelled us very far from our daily adolescent life. Even if we all lived, and received it differently, we all had in common this feeling of being initiated to something unknown, almost forbidden, a musical genre that was only a rumor and that was spreading around the world via purely underground networks to which only a handful of fans had access. It's hard to understand in 2020, you really have to have lived through those years to know what I'm talking about, and even if it may sound ridiculous today, when everything is just cynicism, Black Metal was then much more than music, it was a way of life in its own right. Everybody did what they wanted to do with it and felt as they wanted to, but it was clearly at the center of our lives and influenced everything else. I won't say that I can't stand it anymore, it's just that it doesn't touch me anymore, the magic just doesn't work anymore. It's obviously anchored in me and therefore in BaN's dna, which is and will remain whatever happens a project labeled Black Metal, but I'm very far from that scene today. With the exception of a few "out of the ordinary" albums capable of shaking up people's minds a bit, I don't listen to anything that comes out anymore.
I also know you are tortured and preoccupied by the darkness that is expressed in some of your albums and that you don't "choose". Does that mean that it imposes itself on you? Are you afraid to be struck again by this darkness that led you to some particularly extreme albums ? After the real enlightenment that Hallucinogen represents, will we be entitled to one of those terrible crawling landmarks that you have the secret of ?
I just don't want this darkness to impose itself on me in the musical and creative framework, I will compose other obscure albums, perhaps even more disturbing than those I have already been able to record, but they will no longer be guided by this intimate darkness. MoRT is a work almost suffered, it imposed itself on me, you don't compose something like that if you're doing well. Same for the split made with Aevangelist, Codex Obscura Nomina or Deus Salutis Meae, an album unjustly misunderstood and very obscure too. These are painful works that people also find difficult to grasp, they are probably repulsive to a part of the listeners who don't necessarily want to live this kind of experience and for whom these records probably represent a certain limit, which I can easily understand. The next "horror" of this kind that I will compose, if it should happen, will hopefully be perfectly mastered and under control. I willingly accept to surrender myself to the light and its inspiration, but I do not want to, or no longer want to, give in to the darkness, dark art must remain an exercise in style.
The "mystical" choruses on Hallucinogen are splendid. Do they evoke an immanent force?
Certainly, they are part of the things that I don't write but that I hear when I compose a riff, that already resonate in my mind as the guitars are being set up. This is the case for many arrangements that are not the fruit of a writing process but rather of a deep, almost meditative listening of the pieces being composed. Sometimes I hear a vocal line or a guitar melody very clearly when I listen to a recorded riff when there is nothing else but that riff on the tape, it's quite difficult to explain but I hear this arrangement as clearly as the riff spinning. That's the case with a lot of choirs that have turned out that way. Music, I think more and more, is as much a message you get as a composition you share. You just have to know how to fade out in order to hear and listen.
What are you listening to right now ? Do you have favorites ? Do you think you see new artists emerging who can count ?
Always a lot of things, right now I'm listening a lot to the new album of Intronaut, a band that I like a lot, Buika and Bob Marley who often accompany me during the summer and the last Ulcerate and Imperial Triumphant who are absolutely fantastic.
Every day new artists emerge who have something relevant to offer in all styles of music. But the world of music has changed, streaming has considerably changed the relationship of listeners with music which is becoming an immediate consumer good in which a large majority of people don't really take the time to invest. The era is more about zapping than about an intimate and lasting relationship with an album. I don't know if it's a good thing or not, but in my opinion this situation is not conducive to the emergence of artists who can really mark their era, or mark a generation. I may be wrong, in ten years time the music industry, which is evolving very rapidly, may have a face that no one can imagine today. Metal is a little less impacted by this evolution, fans are fortunately still attached to the album format, the physical object, the vinyl, the merchandising, and so on. Nevertheless, I think that the era of giants like Metallica or Iron Maiden, to name but a few, is definitely over. I also don't believe in the emergence of new major currents like Heavy Metal, Thrash, Death, etc. I don't believe in the emergence of new major currents either. On the other hand, there will always be isolated bands that can bring freshness and novelty. I mentioned Imperial Triumphant and Ulcerate earlier, here are two perfect examples of unique, talented bands that explode codes and move things forward.
I would like to address your relationship to aesthetics, to the plastic arts. Once again Dehn Sora has surpassed himself for this fantastic landscape of hallucinogenic mushrooms for the artwork. What importance does this visual aspect have for you?
It's fundamental, the visual is an integral part of an album, it brings a great part of its general atmosphere, you would not have received Hallucinogen in the same way if white had been the dominant color of his artwork. In fact, I've reworked an album after receiving the first visuals for the future cover so that everything is coherent or simply because the proposed image was particularly inspiring. The collaboration with Dehn Sora is particularly stimulating, even when the demands are demanding he never gives up and always manages to pinpoint exactly what I have in mind, he is a very generous Artist who spontaneously provides a lot of material when he is launched on a project. I also have the chance to work with Debemur Morti who makes it a point of honor to propose for all these Artists high quality productions, all the prods of the label are magnificent. It is imperative to bring a real added value when you offer people to buy something they can find for free on the net in a few seconds.
Are you a happy person ? Are you proud of your work, of your life ?
I'm not proud of anything. The only person who will be able to evaluate my life, later on, when he is old enough to do so, is my son. Today, he is the one who makes me happy, he only has to smile to do so. Things are not so simple on my side, I have everything to pass on to him, when I have finished this work, this long initiation, he will decide whether or not I can be proud of what I have done. If he is happy I will have accomplished what seems to be the most sensible thing for a man on this earth. Then I will die happy.
I know you love the secret, but don't you think that one day a book about this whole artistic adventure will come along and be a beautiful and good thing? If only to transmit a demanding vision of art to the new generations?
I don't think that BaN is an interesting enough subject to take the time to write a book about it. I'm not saying that it won't happen if someone proposes a relevant and stimulating angle of work, but I don't really see what a book could say more than all the albums that make up BaN's discography. As for my vision of Art it is absolutely not demanding, I consider it "simply" as one of the most powerful vectors that can reconnect us to the essential, unlike the entertainment industry which perfectly bears its name and has no other purpose than to make us look right when things are happening left. Art is not entertainment, and without including an ounce of elitism, on the contrary, its function is much deeper, sacred even. This is one of the main reasons that quickly led me to make the choice not to put Blut Aus Nord on stage despite the countless proposals I still receive today. I don't want to move into this sphere of spectacle and entertainment, which in my eyes no longer has anything to do with an artistic approach. Don't see it as a value judgment, I totally respect the bands that choose to go live, but it's just not what I want to do.
That's also why BaN has remained so "secret" from the beginning, I've always said, the individuals behind the project are of no interest, only the music matters, everything else is just interference and distractions.
While I myself have made this mistake, I think one should never explain Art, mediation disturbs pure reception. To be upset by a work is the simplest thing in the world, involving technical, historical, philosophical considerations, contextualizing and interpreting, reason interferes and the link that connects man to the Divine, because that's what it's all about, it distends and breaks.
What do you think of the success of a band like Alcest, which chose a big record company and doesn't hide its ambitions?
Actually I don't think about it, but if I have to do it then I think it's a good thing. Neige, whom I don't know at all, leads his career the way he wants and if signing with Nuclear Blast can help him reach the goals he has set for himself then I can only be happy for him. I imagine that this signing is a step in the group's progression, a step that will certainly allow them to gain notoriety and to tour even more. If that's their desire, their ambition, then it's a great thing for them and I wish them nothing but the best. In fact, I shouldn't have to comment on that, and no one should, that's what I call the private life of a band. This is the kind of distraction, interference, that I was talking about earlier about receiving a work that alone deserves our attention. The music, the visuals, if the group offers it to you, that's all you need to get carried away. Everything else is just polemical, useless by definition, and a waste of precious time.
You know, Blut Aus Nord got turned on by part of the underground scene after signing with Candlelight. A lot of people, because they couldn't achieve what they wanted, are bitter, hateful, eaten away by jealousy and the times allow them to be heard through this social network shit, Youtube and all that stuff. Eventually we released MoRT on Candlelight and a lot of those people who were blaming us for seeking fame and notoriety with that signature didn't buy into the album, judging it too extreme and too hermetic, like what?
Could you tell us something that nobody knows about you and/or your work ?
There's nothing fascinating to tell, I lead a calm and rather healthy life, no drugs, no alcohol, a lot of sport. Nothing fascinating.
You are one of the rare actors of the BM of the 90s to have kept such a level of integrity and high standards. Is it for you a necessity, a discipline that you impose on yourself?
No, fortunately I don't need to ask myself these kinds of questions when I'm composing. I've been building my own musical universe for a long time now, and it's constantly expanding as I listen to it and discover new things. The goals to reach are clear, the pitfalls to avoid are identified and I have the best label at my side. I am therefore moving forward serenely accompanied by a demanding and very open public who expect to be regularly surprised, who do not reject any proposal en bloc and offer BaN total freedom of action.
Your native country, Normandy, this blood of the north, does it all influence your work ?
At the very beginning yes, I was logically very attracted by the Nordic mythology of which Normandy is obviously impregnated and I fed on all this during my adolescence. I was also deeply marked by the "Hammerheart" of Bathory, a pure masterpiece, which contributed to reinforce this fascination for the Scandinavian cultures. But I think that all this has no influence on my music anymore. Nordic myths have been another gateway into the spiritual life, a step that should above all allow you to see the bigger picture. Symbolism and tradition, because that's what it's all about, are just that. They are by no means an outcome. To be content with them is to remain, motionless, observing the lamp that lights the path.
As for Normandy, it is the place where I grew up, I am obviously at ease there but I do not have the regionalist or nationalist fiber, these are notions which escape me completely, what is Normandy on the scale of the Universe? Something that has no real existence, just a human idea. I know that the life of some people revolves entirely around this kind of artificial terrestrial delimitation and that it sometimes allows them to assert themselves, or even to simply exist, I totally respect it by the way, but I am insensitive to it. When the sun goes out there will be none of this triviality left.
We had already discussed your vision of the world, which is as pessimistic as mine. What do you think about climate change, Greta Thunberg, anti-ageing youth, the antagonisms that seem to be on the rise in our societies?
I don't think about any of that, to tell you the truth, I don't want to think about it anymore, I'm not interested in it, or I'm not interested in it anymore. I try to isolate myself as much as possible from this permanent background noise and all this neurotic agitation. I'm tired of the world, I'm tired of people, I don't see many of them, not very often. What's the point of worrying about the inevitable, we fall and we accelerate this fall every day, each at our own level, corrupted by the extreme comfort that this system offers us every day. You see, at the moment I answer your questions, a part of the French people is in the street brandishing signs "Black lives matter", it's very commendable but it doesn't worry all these people, yet full of good intentions, to let black children work in cobalt extraction mines so that the lithium batteries that equip the majority of our leisure devices can be recharged at will. They are demonstrating to defend the rights of blacks while having in their pockets smartphones that work thanks to the obviously forced labor of black children of 7 or 8 years old, whom they do not want to worry about, otherwise they will have to question their own way of life and part of their modern comfort. The life of black people counts, but it also obviously has a price.
We live in this permanent contradiction, it is to vomit cynicism but we all close our eyes to the horror of everyday life. Everything we consume, almost everything that fills our homes is the result of the exploitation of a much poorer person trying to survive somewhere on the planet. We are all corrupted by comfort and pleasure, which are the price of our silence, our conscience and our souls.
Are we ready to give up our way of life completely? With a few ready exceptions, the answer is overwhelmingly no. The best thing to do would be to put away the signs, to stop fantasizing about a hypothetical rescue of this planet which, let's be reassured, will do fine without us, to swallow our moral lessons and to definitively accept our status as cocksuckers. Let's be silent, let's keep our eyes wide closed, let's enjoy at the price of millions of ravaged destinies, without hypocrisy, and so much the worse for the kid at the bottom of his mine...
I'm not pessimistic, just tired and disillusioned, the game is over, we are too easily corrupted, the future is sealed, so why pretend to care about the inevitable?
We live in the world of the prince, this society is deeply unhealthy, absurd, aberrant, all values are reversed there and we validate every day its inhuman proposals.
Would you have an advice to give to young musicians?
Work, enormously, regularly and go in search of the sound, of this sound that they have in mind. Nothing must stop him in this quest, that's what will make him an original musician, a creator. It is also necessary to be curious, open and listen to music without compartmentalizing or prioritizing it, like a big whole, without preconceived ideas, to be constantly nourished and enrich his vocabulary. I don't distinguish between Burzum and Paco De Lucia, between Selah Sue, Amon Tobin and Animals As Leaders, all of them offer a different experience, with different abilities, means and cultures. It is this multitude of approaches, ambitions and goals that make the richness of the musical adventure and when you understand, and accept, that all of them are likely to touch you then you have no real limits as a composer and the adventure becomes exciting. As I have already said, music is only emotions and we must not definitively deprive ourselves of either JS Bach or Kurt Cobain, both will necessarily find their place in the soundtrack of a lifetime.
Who are you really? What kind of person are you?
Just one among the multitude, more or less lost, like all my contemporaries and all the others before us. I try to get through without too much trouble, to do the best I can with what I have, with my instincts, with my feelings, without certainties but with hopes that I hope well placed. I am learning benevolence since everything else is in vain.
I hope that we will be able to exchange again despite your decision to disappear in the media. So I leave you the last words: here you can add what you wish, as long as you wish:
I'm going to take this opportunity to answer definitively this "big" question that I see coming back very often on the net and which seems to disturb a lot of people.
But what does Blut Aus Nord mean? Nothing, absolutely nothing. It's totally abstract and meaningless. It is basically a bad translation of Sang du Nord (a name that is just as meaningless) whose sound I liked very much at the time and that I decided to keep intact. It was probably a strange decision, I still don't know if I was right or not.
Thanks Vindsval
Thank you, for your infinite patience.
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