Bonjour Andrew...et merci de répondre a mes questions...Tu as sorti le premier album de Roller World, «Lame Soeur » en mai dernier...peux tu nous présenter l'album ?
Merci à toi, en réalité cette œuvre acoustique sommeillait en moi comme une mission intérieure depuis plusieurs années. Une certitude ancrée, autant qu'une conviction limpide qui ont fait du chemin parcouru pour se voir enfin matérialisé, l'essentiel de sa raison d'exister. Une quête qui se devait d'être incarnée après tout se périple introspectif.
En t'écoutant j'ai pensé a des groupes des années 80/90 que je chéris, dans le désordre : Nirvana, Alice In Chains, Guns N' Roses...Est ce un hasard ou y avait il pour toi une forme d'hommage a ces grandes formations ?
Beaucoup d'influences ressortent lors du feedback plutôt élogieux que l'on a reçu selon les écoutes : Cash, Joplin, Morrison, Thursten Moore, Cave ou même Bashung. Mais ceux que tu nommes sont assez vérifiables car la scène de Seattle entre autre a eu un grand impact sur mon affect musical. Certainement ce côté live et « unplugged » qui ramène à ces noms. Pour Guns... des titres comme « One In A million » ou « Can't put your arms around a memory » restent des perles dont je ne me lasse jamais.
Tu baignes également dans le blues, qui te colle à la peau et donne à ta mélancolie une consistance et une énergie...peux tu nous parler de ton rapport à cette musique de la souffrance...
C'est tout le paradoxe que je ressens en abordant ce style. Car cette profondeur, la douleur qui s'en émane me parlent énormément et pourtant je n'écoute pas spécifiquement ce genre au quotidien. C'est à travers Layne Staley entre autre que cette manière d'envisager la chanson m'est venue. Toutefois, c'est indéniablement un aspect sine qua non d'RW. La sincérité du son jusqu'au fond de ses paroles.
Ceux qui te connaissent savent que tu pratiques d'habitude dans le black metal, comment es-tu passé de l'un a l'autre ?
J'écoute énormément de choses différentes. Et compose en quasi permanence, que ce soit quelque chose qui me vient en tête ou sur instrument... et ce dans beaucoup de genres différents. Le plus difficile c'est souvent la sélection, pour déterminer une orientation pertinente et personnelle. C'est ce besoin d'exploration mais surtout de faire une musique qui me ressemble à l'instant « T » en faisant fi des codes ou du « qu'en dira-t-ont » d'une scène ou l'autre. Rester honnête envers soi c'est l'être avec son public.
Et si tu y regardes bien, le BM et la scène grunge ne sont pas si éloignés. Toutes les deux ont fait bon nombre de morts dans les 90's (rire).
Ton album dégage cette atmosphère « écorché vif » que l'on pouvait retrouver chez Jeff Buckley, Layne Stayley ou Kurt Cobain...et c'est beau ! Promets nous toutefois de ne pas les imiter au niveau personnel !
(rires) c'est marrant j'en parlais justement. C'est le pendant du génie disent certains. J'espère ne jamais prendre cette voie, malgré l'immense respect que j'ai pour de tels artistes.
En revanche après la finalisation de cet album et sa sortie, j'ai vécu comme un « trou noir ». Une sorte d'effondrement émotionnel m'a envahi comme jamais auparavant. Un questionnement artistique hautement anxiogène bien connu des compositeurs. Mais je n'en avais alors jamais connu de cette échelle. La sensation d'un vide intérieur si douloureux... une phase dépressive dont je commence seulement à sortir en me reconstruisant un possible avenir pas à pas... comme quoi, on ne bâti rien sans y laisser chaque fois un peu de son âme.
Cet album, ce projet, sont-ils le fruit d'une certaine lassitude vis a vis du black metal et de cet univers « metal » ? Une envie de retrouver une certaine pureté ?
Pour la notion de pureté très certainement et pour cet aspect la musique répondra à cette question d'elle même. Pour le BM, en effet un principe important pour moi est de ne jamais me répéter et de toujours apporter un approche singulière. Trop de groupes se complaisent à remâcher les stéréotypes jusqu'à la caricature. Une interview récente de Barney (Napalm Death) m'a fait écho à cela. Par exemple son « Joie de ne pas vivre » balancé en français avec un accent aussi singulier que celui des «Young Gods », ça, ça me parle vraiment !
Plus généralement c'est même la scène metal qui m'a lassé pour un temps. Mis à par quelques rares perles (Bloodlust de Body Count par exemple) je n'y trouvais vraiment plus mon compte.
J'écoutais bien plus les derniers Depeche Mode, Pearl Jam et aussi pas mal des groupes féminins des 90's comme Hole (« Northern Star »), le premier Drain ou encore Human Waste Project... mais aussi ces dernières années Gossip ou The Dead Weather par exemple. The Swans, A Silver Mt Zion ou Antéchrist Superstar de MM sont aussi encore de ceux qui me fascinent, là encore on sort de la classification « metal » pure et dure.
Aujourd'hui avec le recul cette sorte d'antagonisme vis-à-vis de la scène s'estompe. On comprend souvent que c'est en soi qu'il faut guérir certaines choses par après...
Penses tu donner une suite à cet album ou s'agit il d'un « one shot » ?
Au départ la réponse aurait été un grand « OUI ». Maintenant je le perçois plus comme une parenthèse, une respiration, un impératif par lequel je devais passer. Il y aura bien un avant, un pendant et un après ROLLER WORLD dans ma carrière musicale.
Car je planche actuellement sur le successeur réel à toutes mes entités. En prenant le temps de le concevoir et d'y réfléchir comme il se doit.
Tu nous avais caché cette belle voix qui est la tienne lorsque elle se fait mélodique...cela faisait il longtemps que tu « te tâtais » de chanter en voix claire ?
C'est à cause des berceuses pour notre fille qui à maintenant 7 ans que j'ai commencé à chanter. Au départ les classiques des groupes que j'admire. Ensuite j'ai testé cela sur les réseaux sociaux. Comme on peut penser chanter juste et être totalement à côté de ses pompes, je voulais avoir un avis objectif de cette manière.
Sur l'album j'ai improvisé tout le chant à part sur « Chairs Of Embers » qui existait déjà.
Tes futurs projets ?
Ce n'est pas parce qu'on atteint doucement la 40aine qu'on doit forcément s'aliéner au clichés de la « maturité ». Hashtag, celui du bluesman au cigare jouant sur sa vieille hollow body (rire)...
Après cette traversée du désert dont je me relève doucement c'est en tout cas ce que j'ai compris. Un poème et 13 artworks (sous l'anagramme NOVARIFICE - Palimpseste) en sont nés. Mais Il est bien temps d'en finir avec cette période d'engourdissement sensoriel qui m'a assailli. Table rase est en train de se faire et notamment par l'absence totale de mes travaux sur les réseaux. Quelque chose qui s'avère nécessaire pour rester intègre vis à vis de mon opinion sur eux. Afin de continuer le parcours affranchi de toute cette crasse digitale.
La Belgique, ta terre d'accueil, t'a t'elle apporté une inspiration particulière ?
Tout à fait, tout se qui entoure est nature à exploration et donner sens en creusant l'aspect qui le magnifiera.
Peux tu nous citer tes albums préférés dans le genre folk, blues, grunge ?
C'est vraiment difficile de résumer ça ici et ne pas sonner « cliché » (rire) mais au niveau folk : Death Of The West de Sol Invictus, Fall Apart de Death In June, Lies de Guns, la discographie acoustique d'Alice In Chains, L'Unplugged de Pearl Jam, les reprises de Johnny Cash dont Hurt de NIN...
Le groupe le plus bluesy que j'écoute reste les premiers Danzig... une sensualité brûlante comme jamais.
En grunge j'ai découvert avec délectation sur le tard : Seven Mary Three... Et dans un tout autre style je vénère « Bullhead » des Melvins.
Je te laisse les derniers mots :
Un grand merci à toi et pour l'hospitalité, l'intérêt et le soutien réciproque ! A bientôt !
Merci Andrew
I'll let you guess which underground black metal personality is behind Andrew Erbie's pseudonym, and his folk/blues/grunge Roller World project. But what really interested me here was to know more about this project in itself, author with Lame Soeur of an amazing first album of sincerity and emotion on the surface. A little as if the ghosts of Layne Stayley, Kurt Cobain and Chris Cornell came to jam with Axl Rose and Bob Dylan in a great bath of music in the purest sense under the benevolent gaze of Baudelaire and Verlaine, happy to see the poetry of Andrew's texts carried by this music so deep. Exchange with the interested party, while waiting for the scribe to also give you a review of the album...A pure moment of authenticity, enjoy it...The Scribe
Interview with Andrew Erbie, Roller World, somewhere in autumn 2020...Thank you to Christelle to make it happen...
Hello Andrew...and thank you for answering my questions...You released Roller World's first album, "Lame Soeur" last May...can you present the album to us?
Thanks to you, in fact this acoustic work has been dormant in me as an inner mission for several years. An ingrained certainty, as much as a limpid conviction that have come a long way to finally see itself materialized, the essential reason for its existence. A quest that had to be embodied after all is an introspective journey.
Listening to you, I thought of some bands from the 80/90's that I cherish, in no particular order: Nirvana, Alice In Chains, Guns N' Roses...Is it a coincidence or was there a form of homage to these great bands ?
A lot of influences come out in the rather complimentary feedback we received from the listeners: Cash, Joplin, Morrison, Thursten Moore, Cave or even Bashung. But the ones you name are quite verifiable because the Seattle scene among others had a great impact on my musical affect. Certainly the live and unplugged side that brings back those names. For Guns... tracks like "One In A Million" or "Can't put your arms around a memory" are gems that I never get tired of.
You're also bathed in the blues, which sticks to your skin and gives your melancholy a consistency and energy...can you tell us about your relationship to this music of suffering...
That's all the paradox I feel when I approach this style. Because this depth, the pain that emanates from it speaks to me a lot and yet I don't specifically listen to this genre on a daily basis. It is through Layne Staley among others that this way of considering the song came to me. However, it is undeniably a sine qua non aspect of RW. The sincerity of the sound right to the bottom of its lyrics.
Those who know you know you usually practice in black metal, how did you go from one to the other ?
I listen to a lot of different things. And compose almost all the time, whether it's something that comes to my mind or on an instrument... in a lot of different genres. The most difficult thing is often the selection, to determine a relevant and personal orientation. It's this need to explore but above all to make music that resembles me at the "T" moment, ignoring the codes or the "what will they say" of one scene or another. To remain honest with oneself is to be honest with one's audience.
And if you look closely, the BM and the grunge scene are not so far apart. They both killed a lot of people in the 90's (laughs).
Your album has that "flayed alive" atmosphere that you could find in Jeff Buckley, Layne Stayley or Kurt Cobain...and it's beautiful ! Promise us, however, not to imitate them on a personal level!
(laughs) it's funny, I was just talking about it. It is the counterpart of genius, some say. I hope never to take this path, despite the immense respect I have for such artists.
On the other hand, after the finalization of this album and its release, I lived like a "black hole". A kind of emotional collapse invaded me like never before. A highly anxiety-provoking artistic questioning well known to composers. But I had never before experienced one on this scale. The feeling of such a painful inner emptiness... a depressive phase from which I am only just beginning to emerge by rebuilding a possible future for myself step by step... as if nothing could be built without leaving a bit of soul behind each time.
Is this album, this project, the result of a certain weariness towards black metal and this "metal" universe? A desire to rediscover a certain purity?
For the notion of purity most certainly and for this aspect the music will answer this question by itself. For the BM, indeed an important principle for me is to never repeat myself and to always bring a singular approach. Too many bands take pleasure in rehashing stereotypes to the point of caricature. A recent interview with Barney (Napalm Death) echoed this for me. For example, his "Joie de ne pas vivre" thrown in French with an accent as singular as that of the "Young Gods", that really speaks to me!
More generally, it's even the metal scene that bored me for a while. I was really fed up with the metal scene for a while, and I was not really happy with it anymore.
I listened more to the latest Depêche Mode, Pearl Jam and also a lot of female bands from the 90's like Hole ("Northern Star"), the first Drain or Human Waste Project... but also in recent years Gossip or The Dead Weather for example. The Swans, A Silver Mt Zion or MM's Antichrist Superstar are also still some of the bands that fascinate me, here again we leave the pure and hard "metal" classification.
Today, with hindsight, this kind of antagonism towards the scene is fading. We often understand that it's in itself that certain things have to be cured afterwards...
Do you think you'll give a follow-up to this album or is it a "one shot" ?
Initially the answer would have been a big "YES". Now I see it more as a parenthesis, a breathing, an imperative that I had to go through. There will be a before, during and after ROLLER WORLD in my musical career.
For I am currently working on the real successor to all my entities. By taking the time to conceive it and to think about it properly.
You had hidden from us this beautiful voice of yours when it becomes melodic...has it been a long time since you "tried" to sing in a clear voice?
It's because of the lullabies for our daughter who is now 7 years old that I started singing. At first the classics of the bands I admire. Then I tested it on social networks. Since you can think you're singing right and be totally out of your depth, I wanted to have an objective opinion that way.
On the album I improvised all the vocals except on "Chairs Of Embers" which already existed.
What are your future projects ?
Just because you're slowly reaching the age of 40 doesn't mean you have to alienate yourself from the clichés of "maturity". Hashtag, that of the cigar bluesman playing on his old hollow body (laughs)...
After this crossing of the desert from which I am slowly getting up again, at least that's what I understood. A poem and 13 artworks (under the anagram NOVARIFICE - Palimpsest) were born. But it is high time to end this period of sensory numbness that has assailed me. A clean slate is in the making, especially because of the total absence of my work on networks. Something that is necessary to remain honest about my opinion on them. In order to continue the journey free of all this digital filth.
Did Belgium, your host country, bring you any particular inspiration?
Absolutely, everything that surrounds it is nature to explore and give meaning by digging out the aspect that will magnify it.
Can you tell us about your favorite albums in the folk, blues, grunge genre ?
It's really hard to summarize it here and not sound "cliché" (laughs) but on the folk level: Death Of The West by Sol Invictus, Fall Apart by Death In June, Lies by Guns, the acoustic discography of Alice In Chains, L'Unplugged by Pearl Jam, Johnny Cash's covers including Hurt by NIN...
The most bluesy band I listen to remains the first Danzig... a burning sensuality like never before.
In grunge I discovered with delight on the late: Seven Mary Three... And in a completely different style I venerate "Bullhead" of the Melvins.
I leave you the last words:
Many thanks to you and the magazine for the hospitality, interest and mutual support! See you soon!
Thank you Andrew
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