NAPALM DEATH - NECROPHOBIC - OCEANS OF SLUMBER
Napalmcore
Comment, quand on va souffler ses quarante bougies dans un an, que l'on a toujours navigué dans les eaux fangeuses et extrêmes du grindcore, mâtiné de death metal ou d'un tas d'autres choses, que l'on sort son quinzième album (plus des kilos d'Eps et de splits), rester pertinent, frais, et apporter une touche innovante a sa musique ? Vous avez deux heures ! Mais un indice : on parle bien sûr de Napalm Death.
Nous n'allons pas remonter le temps jusqu'aux premiers soupirs de la mort au napalm en 1981, mais simplement situer sur une carte imaginaire un point important : en 2015, les gars de Birmingham, UK, donnaient un bel album au monde, plein de leur fureur habituelle mais rendu palpitant par des ajouts post-punk et industriels qui ont toujours plus ou moins trotté dans la tête des anglais, ressortant ça et là. Cet album se nomme Apex Predator - Easy Meat, et, déjà, on est esbaudis par la capacité du groupe a distiller quelque chose de nouveau au sein de ce grindcore qu'ils ont créé : ils inventent ni plus ni moins qu'une forme de grind/death auquel on pourrait ajouter les sous-genres post-punk et cold wave, voire industriel. Un grind brulant et glacial a la fois que l'on retrouve ici encore dans ce Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism (Des larmes de joie dans les mâchoires du défaitisme, quel titre !). Ici, les anglais continuent la route entamée sur Apex Predator, en poussant les curseurs encore un peu plus loin.
De ce quatuor en passe de virer trio (Mitch Harris, à la six-cordes, devenant ici un "simple exécutant" des œuvres riffesques de Sir Shane Embury) voici venir la bande son de nos cauchemars. D'un "Contagion" au refrain cold digne d'un Jaz Coleman en plein délire mystique on passe a cet étrange objet batcave qu'est le trés noir "Joie de Ne Pas Vivre" (en français dans le texte). Mais que se rassurent ici les amateurs de bastonnade, le groupe sait encore grinder ! Les premiers titres de l'album, comme "Fuck The Factoids" ou le déjà connu "Backlash Just Because" démontrent, si besoin était, que les sulfateurs de napalm en ont encore sous le pied. On retrouve donc dès ces titres les riffs dissonants, digne du Voïvod des débuts, avec cette ambiance sinistre d'un Killing Joke sous amphétamines, et l'on comprend que Napalm Death n'a pas rangé l'artillerie lourde, juste rajouté une bonne couche de noirceur dans leur venin. Rapidement on se dit que les géants du grind viennent de pondre une bande-son parfaite pour la période angoissante que nous traversons. C'est un peu comme si le coronavirus, les délires politiques des deux bords (même si l'on sait que le coeur de Napalm bat à gauche), la dérive autoritaire de nos "démocraties", l'absence de perspectives positives donnent toute force a ces larmes de joie dans les mâchoires du défaitisme. Non, Napalm Death n'a pas renoncé, que ce soit au niveau des idées mais aussi au niveau musical, a avancer, coûte que coûte, en se disant que la stagnation ou la répétition seraient la mort. Et l'on réecoute en boucle ce "Bellyfull of Salt And Spleen", judicieusement placé en dernière position sur l'album, une chanson sublime, noire comme le charbon, comme une machinerie qui avancerait à la recherche de son âme perdue.
Il faut être un groupe du niveau de Napalm Death (autant dire qu'il n'y en a pas des masses !) pour réussir le pari fou de se renouveler, une fois encore, de créer des sonorités à la fois belles et terrifiantes, pour réussir le pari fou d'un album à la fois combatif et positif, mais qui dégage aussi une inquiétude de tous les instants. Quelle merveille ! Il faut croire que rien ne les arrêtera, et nous en sommes bienheureux !
How, when you're going to blow out your forty candles in a year, when you've always sailed in the muddy and extreme waters of grindcore, mixed with death metal or a lot of other things, when you're going to release your fifteenth album (plus kilos of Eps and splits), how do you stay relevant, fresh, and bring an innovative touch to your music? You have two hours! But here's a hint: we're talking about Napalm Death, of course.
We're not going to go back in time to the first sighs of napalm death in 1981, but simply to situate on an imaginary map an important point: in 2015, the guys from Birmingham, UK, were giving the world a beautiful album, full of their usual fury but made thrilling by post-punk and industrial additions that have always more or less trotted in the head of the English, coming out here and there. This album is called Apex Predator - Easy Meat, and, already, we are amazed by the band's ability to distil something new within this grindcore they created: they invent nothing more and nothing less than a form of grind/death to which we could add the post-punk and cold wave, even industrial sub-genres. A burning and icy grind that we find here again in this Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism (Tears of joy in the jaws of defeatism, what a title!). Here, the English continue the road started on Apex Predator, pushing the sliders a little further.
From this quartet on the verge of turning into a trio (Mitch Harris, at the six-string, becoming here a "simple performer" of Sir Shane Embury's riff-raff works) here comes the soundtrack of our nightmares. From a "Contagion" with a cold refrain worthy of a Jaz Coleman in full mystical delirium we move on to this strange batcave object that is the very black "Joie de Ne Pas Vivre" (in French in the text). But that reassures here the amateurs of beating, the group still knows how to grind! The first tracks of the album, such as "Fuck The Factoids" or the already known "Backlash Just Because" show, if need be, that napalm sulphate still has some underfoot. One thus finds as of these titles the dissonant riffs, worthy of the Voivod of the beginnings, with this sinister atmosphere of a Killing Joke under amphetamines, and one understands that Napalm Death did not put away the heavy artillery, just added a good layer of darkness in their venom. Quickly we say to ourselves that the giants of the grind have just laid a perfect soundtrack for the agonizing period we are going through. It is a little as if the coronavirus, the political deliriums of both sides (even if we know that the heart of Napalm beats on the left), the authoritarian drift of our "democracies", the absence of positive perspectives give all force to these tears of joy in the jaws of defeatism. No, Napalm Death has not given up, whether it be on the level of ideas but also on the level of music, has not given up moving forward, whatever the cost, thinking that stagnation or repetition would be death. And we listen again and again to this "Bellyfull of Salt And Spleen", judiciously placed in last position on the album, a sublime song, black as coal, like a machine that would advance in search of its lost soul.
One must be a band at the level of Napalm Death (so much so that there aren't masses of them!) to succeed in the crazy bet of renewing itself, once again, to create sounds that are both beautiful and terrifying, to succeed in the crazy bet of an album that is both combative and positive, but which also exudes an ever-present anxiety. What a marvel! It is necessary to believe that nothing will stop them, and we are happy about it!
Swedish Black Metal
Tout commence par une intro majestueuse et épique, baptisée "Aphelion" et qui annonce du sang sur le champ de bataille. On n'est pas déçu car dès le deuxième titre, "Dawn of The Damned" les suédois nous mettent une mandale du chef en mode brutal black...Dawn Of The Damned, le bien-nommé, commence sous les meilleurs auspices !
Mine de rien, Necrophobic est actif depuis 1989 sur la scène black/death metal suédoise ! Ce neuvième album est donc le témoignage de vétérans qui ensanglantent les planches depuis presque trente ans. Si leur parcours a pu sembler les voir toujours sur la ligne de crête entre death metal et black metal, ce nouvel opus penche clairement du côté noir de la fonderie ! Comme me l'a dit Sebastian Ramstedt, compositeur du groupe, dans une interview récente (cf Metallian n°120 et la version intégrale bientôt sur le Scribe) son coeur a toujours plutôt penché du côté black metal, de son aveu il n'écoute même pas vraiment de death metal. Le black suédois, c'est Marduk, Dark Funeral et Setherial du côté "broütal" mais aussi Dissection, groupe qui a plus d'un lien avec Necrophobic, du côté finaud du death mélodique blackisé. Necrophobic s'inscrit à la fois dans les deux courants. Clairement mélodique et musicalement riche (ces riffs heavy metal somptuaires !) à la façon du gang de feu Nodveidt (RIP), le combo est aussi capable de poussées de violence tellurique à la façon des spécialistes de la sulfateuse diabolique précités. Ainsi, ce neuvième album est-il une pure réussite du genre, pour peu que l'on aime le black metal très bien produit, mélodique, connecté a ses racines heavy.
Aussi méchant et vicieux que racé, cet opus épique et majestueux ravira les amateurs de metal extrême sans distinction, avec des morceaux finement ouvragés, capables de belles déflagrations mais aussi de plages franchement musicales. Leur black metal de trente ans d'âge semble meilleur que jamais.
Necrophobic nous délivre, avec ce "Dawn Of The Damned", une belle oeuvre, une sacrée cuvée 2020, avec ce qu'il faut de vice et de violence pour contenter l'amateur de noirceur musicale, et suffisamment de challenges mélodiques pour capter le fan de metal toutes catégories ! Un grand cru !
It all begins with a majestic and epic intro, called "Aphelion", which announces blood on the battlefield. We are not disappointed because from the second title, "Dawn of The Damned" the Swedes put us a punch in the face in brutal black metal mode... Dawn Of The Damned, the aptly named, starts under the best auspices!
Necrophobic has been active since 1989 on the Swedish black/death metal scene ! This ninth album is thus the testimony of veterans who have been bloodying the stage for almost thirty years. If their journey seemed to see them always on the crest line between death metal and black metal, this new opus clearly leans towards the black side of the foundry! As Sebastian Ramstedt, the band's composer, told me in a recent interview (see Metallian n°120 and the full version soon on the Scribe) his heart has always leaned rather to the black metal side, by his own admission he doesn't even really listen to death metal. The Swedish black is Marduk, Dark Funeral and Setherial on the "broütal" side, but also Dissection, a band that has more than one link with Necrophobic, on the clever side of black melodic death metal. Necrophobic is part of both currents at the same time. Clearly melodic and musically rich (those sumptuous heavy metal riffs!) in the manner of the fire gang Nodveidt (RIP), the combo is also capable of pushing telluric violence in the manner of the aforementioned diabolical sulfate specialists. Thus, this ninth album is a pure success of the genre, as long as we like black metal very well produced, melodic, connected to its heavy roots.
As nasty and vicious as it is racy, this epic and majestic opus will delight extreme metal fans without distinction, with finely crafted songs, capable of beautiful explosions but also of frankly musical tracks. Their thirty-year-old black metal seems better than ever.
Necrophobic delivers us, with this "Dawn Of The Damned", a beautiful work, a great cuvee for 2020, with what it takes of vice and violence to satisfy the fan of musical blackness, and enough melodic challenges to capture the fan of all categories of metal! A great vintage!
BIENTOT /SOON !!!!!
INTERVIEW AVEC/WITH NECROPHOBIC !
Progressive Metal
Affolant la planète du metal progressif depuis maintenant quelques années (sentiment accentué par son précédent album "The Banished Heart") Oceans Of Slumber fait partie de ces "jeunes" formations (bientôt 10 ans d'existence quand même) qui apparaissent comme des game changers ! Avec ce nouvel album éponyme, le groupe texan renforce sa place dans les groupes qui comptent !
Toujours transfiguré par le chant multi-facettes et gorgé de soul de Cammie Gilbert, Oceans Of Slumber nous donne une fois de plus un aperçu de son talent mélodique avec un album bien rempli (un peu trop ?) de leur metal progressif moderne et original. Si The Banished Heart avait pu surprendre de par sa noirceur intrinsèque, ce nouvel opus semble faire la synthèse musicale de ce que le groupe a pu faire jusque là.
Dès le premier morceau, "Soundtrack to my last day" on pense à The Gathering période Anneke Van Giesbergen, influence revendiquée par Cammie. Un metal progressif justement mêlé de sonorités rock, d'une mélancolie omniprésente incarnée par le chant torturé et mélodieux de Cammie. Tout au long de cet opus, des souvenirs de Katatonia, Opeth, Draconian ou Lacuna Coil (pour les passages neo metal) viennent nous chatouiller sans jamais nous envahir, OOS étant un groupe devenu mature, et ayant plutôt bien digéré ses influences. Si j'avoue ne pas être fan des voix death qui tombent un peu comme une mouche dans la soupe ici, le ratio "beauty and the beast" est bien respecté, même si la chanteuse ne se contente pas de faire la "belle" et de nous caresser dans le sens du poil. Que ce soit dans ses paroles ou dans son interprétation, la chanteuse texane nous embarque dans un univers chaotique qui ressemble a s'y méprendre au nôtre dans ses pires travers.
Quoi que l'on pense de ses engagements (Black Lives Matter notamment), Cammie démontre une fois de plus qu'elle est la vraie plus-value du groupe (comme Anneke l'était pour The Gathering) et que sans elle le Oceans Of Slumber ne serait qu'un bon groupe de rock/metal prog de plus. Un album un peu long, qui aurait surement gagné a avoir deux ou trois titres de moins, mais qui continue de nous séduire, car le groupe a la chance d'avoir une vraie star dans ses rangs.
Si vous aimez The Gathering période "Mandylion', jetez vous sans retenue sur ce nouvel album beau et puissant a la fois. Un groupe majeur du metal moderne. Une idée que je donne au groupe (pour peu qu'il lise ces lignes) : allez plus loin dans ces timides poussée de metal extrême (black notamment) et ce sera parfait !
Progressive Metal
Disrupting the progressive metal planet for a few years now (feeling accentuated by his previous album "The Banished Heart") Oceans Of Slumber is part of these "young" formations (soon 10 years of existence anyway) that appear as game changers! With this new eponymous album, the Texan band reinforces its place in the bands that count!
Always transfigured by Cammie Gilbert's multi-faceted and soulful vocals, Oceans Of Slumber gives us once again a glimpse of their melodic talent with an album full (a little too much?) of their modern and original progressive metal. If The Banished Heart could have surprised by its intrinsic darkness, this new opus seems to make the musical synthesis of what the band has been able to do so far.
From the first track, "Soundtrack to my last day" we think of The Gathering period Anneke Van Giesbergen, an influence claimed by Cammie. A progressive metal precisely mixed with rock sounds, with an omnipresent melancholy embodied by Cammie's tortured and melodious vocals. Throughout this opus, memories of Katatonia, Opeth, Draconian or Lacuna Coil (for the neo metal passages) come to tickle us without ever invading us, OOS being a band that has become mature, and having rather well digested its influences. If I confess I'm not a fan of death voices that fall a bit like a fly in the soup here, the ratio "beauty and the beast" is well respected, even if the singer doesn't just do the "beautiful" and caress us in the direction of the hair. Whether in her lyrics or in her interpretation, the Texan singer takes us into a chaotic universe that looks like ours in its worst ways.
Whatever we think of her commitments (Black Lives Matter in particular), Cammie shows once again that she is the real added value of the band (like Anneke was for The Gathering) and that without her the Oceans Of Slumber would be just another good prog rock/metal band. An album a little long, which would have surely gained to have two or three titles less, but which continues to seduce us, because the band has the chance to have a real star in its ranks.
If you like The Gathering 'Mandylion' period, throw yourself without restraint on this new album beautiful and powerful at the same time. A major band of modern metal. An idea that I give to the band (as long as they read these lines): go further in this timid push of extreme metal (black in particular) and it will be perfect!
Retrouvez mon interview de Cammie Gilbert dans le numéro 119 de Metallian et dans ces pages !
Commentaires
Enregistrer un commentaire