"Pour le nom de la maison d’édition, je voulais quelque chose avec « noir », quelque chose qui soit court, facile à retenir, mais qui peut être facilement visualisé. Le feu, c’est la passion, c’est chaud, ça peut à la fois détruire et nourrir…" (Émilien Nohaic)
Les Flammes Noires est une jeune maison d'éditions spécialisée dans les livres traitant du metal. Un vrai défi dans un pays ou le heavy metal est encore perçu comme "du bruit" pour une large part de la population. Après deux sorties mémorables, la biographie de Rotting Christ de Dayal Patterson et l'autobiographie de Necrobutcher de Mayhem pour leurs versions françaises, Émilien Nohaic nous en dit plus sur les origines du projet, les sorties a venir, sa vision des choses...En exclusivité quelques images de mon livre a paraître chez eux, car on n'est jamais mieux servi que par soi-même....
Bonjour Émilien, sois le bienvenu chez le Scribe ! Pourrais-tu présenter à nos lecteurs ta maison d'éditions les Flammes Noires ? D'où t'est venu ce projet ? Que sont ces fameuses « Flammes Noires » ?
Salut ! Editions des Flammes Noires, c’est tout simplement une maison d’édition spécialisée dans le metal et le metal extrême. On propose des traductions mais aussi des livres d’auteurs francophones qui traitent de cette musique.
L’idée est venue en début 2019, quand je cherchais un éditeur pour la traduction de Non Serviam, la bio de Rotting Christ. Tous m’ont dit qu’ils n’étaient pas intéressés ou qu’ils ne prenaient plus de projets. Je trouvais ça dommage et je me suis dit pourquoi je ne créerai pas ma propre boîte. J’ai regardé un peu plus les publications qui sortaient autour de cette musique et je me suis rendu compte qu’il y avait un sacré potentiel !
Pour le nom de la maison d’édition, je voulais quelque chose avec « noir », quelque chose qui soit court, facile à retenir, mais qui peut être facilement visualisé. Le feu, c’est la passion, c’est chaud, ça peut à la fois détruire et nourrir… Et je trouve que le logo réalisé par Matière Noire colle vraiment à cette image.
Tu as commencé très fort en publiant la version française des bios de Rotting Christ par Dayal Patterson et l'autobio de Necrobutcher de Mayhem ! Alors ça fait quoi, l'impression de réaliser un rêve ?
Carrément ! Pour la bio de Rotting Christ, ce n’était pas une surprise comme je connais Dayal et je lui en avais parlé et il trouvait que c’était une bonne idée. Pour d’autres titres, comme celui sur Mayhem, Paradise Lost, Morbid Angel et Behemoth, ça a été un peu l’explosion de joie à chaque fois ! Que leurs éditeurs ou agents me fassent confiance si facilement, j’ai un peu de mal à le croire mais ils ont signé, ils ne peuvent plus faire marche arrière [rires]. En tout cas, c’est clair que c’est une vraie chance de pouvoir faire ce que je fais !
Quels sont les retours du public sur tes publications ?
Pour le moment, je n’ai pas eu de retour négatif majeur, quelques reproches et conseils pour améliorer les livres – ils sont les bienvenus ! Mais dans 99% des cas, les retours sont unanimes, les gens sont vraiment contents des livres et certains sont même revenus.
Peux-tu nous donner, à titre d'exemple, une sorte de « modus operandi » pour réaliser le travail que représente la sortie d'un livre comme celui de Necrobutcher ?
Avant de faire quoi que ce soit, il faut s’assurer que personne ne compte le publier. Pour ça, tu contactes la maison d’édition, ici c’était Aschehoug. On discute des conditions du rachat des droits, des droits d’auteur, etc. Une fois que le contrat est signé, on passe à la traduction et aux relectures. Puis vient la mise en page et les premières prises de contact avec l’imprimeur afin d’avoir un devis. Quand tout est calé, on peut lancer l’impression.
Je crois savoir que tu aimerais faire des « tournées » à travers la France avec les auteurs des livres que tu publies...Projet retardé pour cause de Covid-19 mais prévois-tu de le faire dès que la situation le permettra ?
Absolument ! Il faut aller là où se trouvent les gens. Même si tout passe par le site des Flammes Noires, je comprends parfaitement que tout le monde ne souhaite pas payer les frais de port ou que l’on préfère feuilleter le livre avant de l’acheter. C’est vraiment important que les festivals, salons, concerts, etc. reprennent pour que l’on puisse aussi se faire connaître.
Peux-tu nous parler des prochaines sorties des Flammes Noires ?
Entre les biographies, les livres documentaires et les beaux livres, ce ne sont pas les projets qui manquent ! Outre les gros groupes que j’ai mentionnés plus tôt, je tiens aussi à laisser une place aux livres plus confidentiels et je pense notamment au livre sur l’Arménie qui est très prometteur en termes de contenu ! Les auteurs, Maxence et François, se décarcassent et se donnent à fond et de ce que j’en ai lu, ça va être fantastique.
Je crois savoir qu’il y a une série sur le black metal en préparation aussi de ton côté. Là, je vais me faire plaisir sur la mise en page et les visuels comme il y a vraiment de la matière !
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Extrait de mon livre a paraître aux éditions Les Flammes Noires
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Créer une maison d'édition spécialisée dans le metal en France, ça peut sembler un pari ! Qu'en dis-tu ? Quand as-tu su que ce type de projet « pointu » pouvait être viable ?
C’est clair que ce n’est pas le choix de la facilité… Je me souviens les premières fois où j’ai présenté mon projet aux banques ou à la CCI, il y avait des paires de claques qui se perdaient… ça m’a obligé à ficeler mon projet, à construire un argumentaire solide et ça a fini par le faire.
J’ai réalisé assez rapidement que c’est un projet qui peut être viable, en faisant quelques projections sur les ventes, en voyant qu’il n’y a pas de concurrence dans ce domaine et que les gens restent attachés au format physique, surtout dans le metal.
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Extrait de mon livre sur le black metal a paraître aux éditions Les Flammes Noires
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Les livres « rock » au sens large ont le vent en poupe ces dernières années, lesquels t'ont marqué récemment ?
Celui qui a été le déclic reste Evolution of the Cult de Dayal Patterson. Mais tu as quantité de livres d’exception en la matière : Looking For Europe pour le dark folk, Swedish Death Metal de Ekeroth, le monstre de Tom G Warrior sur Hellhammer et Celtic Frost… et le livre de Necrobutcher qui est vraiment extra, on voit à quel point la période était dense, entre l’émergence de la musique extrême, la précarité de cette jeunesse, la fin de la Guerre Froide…
Derrière l'éditeur se cache un fou de musique ! Peux-tu nous parler des groupes qui t'ont le plus marqué à ce jour ?
Houla… J’écoute beaucoup de musique, pas que du metal et il y a pas mal de groupes qui résonnent particulièrement pour moi. En vrac : Tenhi, leur musique confine au sublime, entre noirceur, tristesse et légèreté, je ne peux qu’adhérer. Darkthrone parce que ce sont les maîtres du black metal et je pourrais écouter leurs albums en boucle. Manfred Man’s Earth Band pour l’album Angel Station qui offre un rock progressif divin. Je pense aussi que Radio Ethiopia et Horses de Patti Smith m’ont longtemps accompagné. Récemment, je me suis plongé dans le black islandais et c’est aussi difficile d’en sortir, entre Svartidauði, Misþyrming, Sinmara ou Sólstafir pour ne citer que les plus connus… En France aussi nous avons notre lot de groupes, naturellement, je pense à des groupes comme Mercyless, Ende, Hexecutor, Glaciation… la liste est bien longue.
Tu es traducteur à l'origine, qu'est ce qui t'a poussé vers ce travail ?
A l’origine je suis enseignant d’anglais ! Je me suis lancé dans la traduction en 2014 pour diversifier mon approche de la langue et arrondir les fins de mois. La traduction de livres n’a commencé qu’en 2016, alors que j’enseignais le français aux Etats-Unis.
En fait, ce sont une série d’opportunités qui se sont présentées et je me suis dit à chaque « allez, pourquoi pas, dans le pire des cas, ça ne prendra pas ». Tout ce qu’on teste ne marche pas, mais ce n’est pas grave, il y a toujours des enseignements à en tirer et je pense que c’est toujours plus intéressant de rater beaucoup de projets que l’on entreprend plutôt que de ne rien faire par peur de l’échec. Dans le pire des cas, ça fera un truc à raconter !
Bon, et sinon, penses-tu écrire un livre toi-même un de ces jours ?
Plus tard, pourquoi pas. Pour le moment il faut déjà que je pérennise et consolide suffisamment les Flammes Noires ! Chaque chose en son temps.
Je te laisse le mot de la fin pour les lecteurs :
Je citerai juste un grand homme qui a dit un jour, sur un ton faussement énervé : « LISEZ BANDE DE SALOPES ! »
Merci Émilien
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