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Il était une fois....interview avec Cataèdes - Contes/storytelling/folk/dark folk - French and English Text - Antiq Label
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"Le choix de la femme, mais de la femme vampirique et monstrueuse dans le bestiaire fantastique, s'est opéré parce qu'il est le dénominateur commun de ces deux histoires, qui demeurent riches d'autres thématiques"
Cataèdes c'est la rencontre de Dorminn et Quentin Foureau, la rencontre entre un musicien singulier aussi bien influencé par le folklore musical mondial que par les ténèbres du dark ambient ou du black metal et un conteur fascinant, qui, lui aussi, combine goût de transmission des légendes et ténèbres envahissantes...Ce projet si particulier, combinant contes et musique folk, médiévale et sombre, ne pouvait pas ne pas attirer le Scribe ! Après la chronique de l'album (voir en bas de page) voici l'interview des deux protagonistes. Encore merci à Hyver Mor d'Antiq pour avoir rendu possible cet entretien...
Bonjour Cataédes ! Tout d'abord, puisque vous nous emmenez dans le registre du conte, veuillez nous conter l'histoire de ce projet pas comme les autres...
Quentin : Bonjour Pierre, et merci pour cet entretien !
L'idée de Cataèdes commence en 2017 : j'étais de passage à Nantes, et je me suis retrouvé par hasard dans la cave de La Rumeur, où se tenait un concert de N.K.R.T. En observant Frater Stéphane composer sa musique avec ses pédales de loop, je me suis demandé quel résultat on pourrait obtenir sur ce matériel avec un conteur et un musicien : il suffirait que le conteur raconte pendant que le musicien enregistre, au fur et à mesure de l'histoire, de grandes plages musicales. On pourrait peut-être obtenir une double-narration très riche. Une fois rentré chez moi à Rennes où je vivais à l'époque, je suis allé voir Dorminn pour lui faire part de mon idée...
Dorminn : De mon côté j’avais découvert la création de musique live avec un looper plusieurs années auparavant à l’occasion d’un concert de Maryse. Ça m’avait beaucoup intrigué, et étant donné que je commençais à avoir une collection conséquente d’instruments traditionnels, je m’étais promis de fonder un jour un projet solo de musique rituelle folklorique avec un looper. J’ai acquis tout le matériel nécessaire à la création de boucles début 2017, et, coût du destin, quelques mois plus tard Quentin venait me parle de son expérience au concert d’N.K.R.T. Nous avons donc décidé de travailler ensemble sur une adaptation musicale de 4 contes asiatiques. À ce moment là ce n’était sensé être qu’une collaboration ponctuelle à l’occasion d’un ou deux spectacles. Nous n’avions même pas encore de nom de scène pour ce projet et le présentions simplement comme « Quentin Foureau & Dorminn ».
Quentin : Notre première date a eu lieu 6 mois plus tard à la taverne de La Jument Pavoisée à Rennes qui nous a donné l'occasion de proposer ce projet au public. C'était une soirée très puissante. Le public et nous-mêmes y avons pris tant de plaisir que nous ne voulions pas que cela reste une simple collaboration ponctuelle : durant un an, nous avons donc approfondi le concept, le contenu, la fluidité, et nous avons nommé cette formation « Cataèdes ».
Dorminn : Le nom est un néologisme évoquant les Aèdes, ces musiciens qui contaient les épopées des héros durant la Grèce antique, auxquels nous avons ajouté le préfixe « cata- », qui introduit quant à lui la notion de souterrain. Nous lions ainsi le fond (l’enfer, les forces telluriques, l’horreur) à la forme (la musique, le conte et les traditions).
Comment s'est opéré le choix des contes sur l'album ?
Quentin : Nous avions déjà une douzaine de pièces que nous produisions en concerts, et nous travaillions sur un album entièrement dédié aux mythes, contes et légendes d'Asie. Mais nous souhaitions tout de même proposer un premier enregistrement au public, sous la forme d'un EP. Et nous avons remarqué que deux de nos plus intenses pièces traitaient de la figure de la femme vampirique et dévorante.
Dorminn : J’ai également composé une pièce d’orgue (enregistré sur un véritable orgue dans une église) exclusive à cet album qui reprend les thèmes principaux des deux contes et fait une transition de l’un à l’autre.
Les Affæmmées est pour moi un bel hommage aux femmes, très présentes tout au long de la narration...Pourquoi ce choix ?
Quentin : Justement, parce que nous avons remarqué que deux de nos pièces racontaient de manière puissante et palpitante ces figures féminines. C'était un constat a posteriori, qui nous a donné l'idée du concept de cet EP. Mais l'hommage est plutôt donné aux figures vampiriques et monstrueuses, et non aux femmes en tant que femmes. « La Femme qui ne mangeait rien » est un conte traditionnel japonais dans lequel une Yama-Uba, créature du bestiaire des Yokai, tente de dévorer un vieux veuf solitaire dans la forêt. C'est un monstre à part entière, et même s'il possède une apparence de femme (le passage de la métamorphose est l'une des scènes que je préfère raconter, de l'ensemble de mon répertoire), il n'est pas de nature humaine. Pour « La Fille-Vampire », il s'agit bien d'une femme, mais qui a été vendue par son père par mégarde matérialiste : sa malédiction vient d'un accord qu'elle doit elle-même passer avec le Très-Bas pour avoir une chance, même infime, de trouver le Salut par la brèche de sa tombe, en revenant chaque nuit, jusqu'à ce que quelqu'un parvienne à la délivrer. Ici, lorsque je le conte, je tente de donner toute l'ampleur de la tension entre le matérialisme profane (voir profanateur) et la puissance de la conviction spirituelle lorsque le mal est fait. Je n'accentue pas du tout la dynamique facile de la jeune fille prisonnière sauvée par un jeune homme. Il s'agit plutôt pour moi d'un parcours initiatique (ce qui explique que ce conte emprunte aussi au registre du merveilleux) hautement coloré d'outre-tombe (par les diableries fantastiques d'antan, qui est mon registre de prédilection), et ce même dans sa version écrite au début du XXème siècle dans la Revue des Traditions Populaires.
Le choix de la femme, mais de la femme vampirique et monstrueuse dans le bestiaire fantastique, s'est opéré parce qu'il est le dénominateur commun de ces deux histoires, qui demeurent riches d'autres thématiques.
Quentin, peux tu nous parler un peu de ton parcours personnel ? Comment es-tu devenu conteur ?
Quentin : J'ai mené des études de Littérature (avec un mémoire de Littérature Générale et Comparée sur les transgressions sexuelles chez les personnages vampiriques de la fin du XXème siècle en littérature et au cinéma), et d'Histoire de l'Art. Au début de mes études, j'écrivais des nouvelles d'horreur et fantastiques. J'ai pu en publier quelques unes aux Éditions Luciférines, avec qui je travaille encore.
Mais en 2014, mon éditrice m'a demandé d'aller tenir un stand des éditions à un salon du livre et de l'imaginaire à Lannion. Je m'y suis donc rendu. Et le soir, la conteuse Sophie Pérès, qui était venue assurer des séances de contes pour enfants durant la convention, nous a proposé une séance de contes fantastiques et horrifiques pour adultes dans la cave du couvent des Ursulines...
J'y suis descendu. Je n'étais plus le même en remontant.
J'avais découvert une possibilité gigantesque de forger l'imaginaire, de vivre et faire vivre le fantastique, d'offrir toute la puissance de la peur et de rassembler des individus autour de forces ancestrales. J'en ai été délicieusement bousculé, je sentais que tout un monde s'ouvrait et que j'avais le devoir d'y pénétrer.
De retour à Rennes, je suis allé acheter et emprunter des livres de contes traditionnels (Dominic Camus, Claude Seignolle, Claude Lecouteux...) et je suis allé visiter une amie qui vivait dans une caravane près de l'Elaboratoire. Nous avions pour habitude de nous retrouver, elle pour dessiner, moi pour écrire. Mais ce jour-là, je lui ai montré les livres et je lui ai raconté mon expérience. Et son compagnon m'a dit que le samedi suivant, il allait recevoir l'un de ses amis conteurs pour un spectacle, que j'étais le bienvenu et qu'il me présenterait à lui pour en discuter.
Je suis donc venu le samedi suivant, j'ai assisté à la seconde moitié du spectacle (ils avaient commencé en avance, et j'étais arrivé en retard), puis le conter m'a été présenté. Il s'agissait de François Debas.
Une semaine plus tard, j'assistais à ma première veillée de contes chez lui. Deux mois plus tard, j'intégrais ses stages de formations, et je commençais à raconter devant des amis.
En 2016, je donnais mes premières représentations publiques dans des bars et des festivals locaux qui me faisaient confiance. En 2017, tout en ayant failli devenir professeur et en devenant bibliothécaire, je participais en tant que conteur à des événements de plus en plus conséquents et de plus en plus souvent, tout en commençant à travailler avec Dorminn avec la naissance de Cataèdes.
Et durant les deux dernières années, l'art du conte et sa transmission ayant pris de plus en plus de place dans mon quotidien jusqu'à devenir absolument primordiaux, j'ai décidé de leur consacrer ma vie entière. Je conte pour tous publics, avec des thématiques variées mais qui résonnent toujours dans ma mythologie personnelle, comme la peinture du XIXème siècle, la France ancestrale des provinces, les marécages, le bestiaire médiéval, les énergies des saisons, les mythes Inuits ou l’étiologie des animaux du monde... Ce qui fonctionne, à ma grande béatitude, très bien.
Et la rencontre avec Dorminn, ça s'est passé comment ?
Quentin : Nous nous sommes rencontrés en 2011 ou 2012, à Rennes. C'est l'une de mes plus anciennes amies qui nous a présenté. Nous avons d'abord beaucoup échangé sur le Black Metal, dont je suis aussi passionné, mais aussi sur les univers de l'Ambient et des musiques traditionnelles, avec des sujets mystiques et profonds.
Dorminn, j'avais déjà adoré ton album solo, que j'ai chroniqué dans le scribe...Comment t'y es-tu pris pour concevoir la musique des Affaemmées ?
Dorminn : Même si j’utilise globalement le même looper et les mêmes instruments dans mon projet solo Dorminn que dans le duo Cataèdes que je forme avec Quentin, la manière de composer est totalement différente. Dans Dorminn je mélange toutes mes influences de musiques folkloriques (je peux ainsi lier dans un même titre un instrument balinais avec un instrument congolais et un instrument médiéval) et y insuffle un esprit black metal avec une prépondérance des voix et des cris. Dans Cataèdes, je crée plutôt une sorte de bande sonore qui soutient les histoires. J’accompagne la narration à travers des thèmes et des ambiances qui illustrent l’origine géographique et temporelle des contes, les personnages, leurs psychologies et relations, les actes de l’histoire, les lieux traversés par les personnages etc. Une fois que nous avons sélectionné un conte ensemble, Quentin le réadapte, moi je vois comment je pourrais découper l’histoire pour ajouter des boucles et des instruments, puis je compose chaque partie. Lors des répétitions puis des enregistrements il y a beaucoup d’échanges et d’allers-retours entre moi et Quentin pour arriver à un résultat le plus transportant possible pour le public et qui nous correspond le plus. La démarche de composition varie peu d’un conte à l’autre, et est réfléchie avant tout pour le live.
Prévoyez vous, lorsque les conditions le permettront, un spectacle scénique mélangeant musique et théâtralité ?
Quentin : Qu'entends-tu exactement par « théâtralité » ? Si tu veux parler de transversalité des arts, nous sommes ouverts à d'autres pratiques pour leur proposer d'intégrer Cataèdes, comme la danse ATS et Tribal Fusion que la danseuse Dolorès nous a fait le plaisir de partager avec nous sur scène lors de deux représentations spéciales. Mais si tu parles de comédiens, de mimes ou de scénarisations qui tendraient vers l'opéra, nous n'en avons jamais discuté, mais je suis personnellement partant pour toute idée qui pourrait aller dans ce sens, en grand amoureux des dynamiques « Oeuvre d'Art Totale » et la transversalité des pratiques au service d'une création unique.
Dorminn : La seule limite pour moi c’est l’attention du spectateur. Il ne faut pas qu’il décroche de l’histoire contée par Quentin, autrement l’expérience de la veillée est altérée. C’est entre autre la raison pour laquelle dans Cataèdes je ne pars pas dans de grandes envolées sur mes instruments, et que je limite l’utilisation de la voix, pour ne pas trop dévier l’attention des spectateurs sur le conte. De la même manière, les interventions de danse de Dolorès se font sur des outro instrumentales où Quentin ne conte plus, sinon les spectateurs ne sauraient pas où donner de la tête.
Avez vous eu des inspirateurs pour ce projet ?
Quentin : Pour mon métier de conteur, mes maîtres spirituels sont Henri Gougaud, Michel Hindenoch et, par-dessus tout autre, Claude Seignolle. Pour Cataèdes en particulier, j'essaie d’insuffler plus de mystique et de lâcher-prise à ma pratique du conte, et j'ai beaucoup appris d'artistes comme Eklezjas'Tik Berzerk de Sektarism ou Frater Stéphane de N.K.R.T. Les figures de prêtres et de prophètes me sont, également, de grandes inspirations.
Dorminn : L’association conte – musique étant assez novatrice, je n’ai pas d’inspirateur à proprement parler (il y a bien des conteurs qui s’accompagnent ou sont accompagnés de musique, mais c’est généralement d’un unique instrument et la musique n’illustre pas la narration comme nous le faisons). Mes inspirations musicales sont nombreuses et variées. Il y a les musiques traditionnelles, folkloriques et sacrées du monde entier, particulièrement d’Orient et d’Asie, et plus particulièrement encore de Mongolie. Il y a aussi le black metal et le dark ambient. Mon inspiration majeure qui regroupe ces trois grandes branches de la musique est le one man band chinois Enmity (anciennement appelé Enemite).
Déjà des idées pour une suite ?
Quentin : J'ai mentionné plus haut un premier album entièrement consacré à l'Asie, et nous allons aussi préparer d'autres sorties thématiques, que ce soit sur des thèmes géographiques ou non.
Dorminn : En album concept géographique, on aimerait plus tard faire un album sur les pays froids, avec des contes que nous avons déjà sélectionné de Laponie, d’Islande, de Sibérie etc. Nous travaillons aussi actuellement sur un split lycanthropique avec un projet de black metal qui, comme Cataèdes, illustre des histoires par sa musique. Je n’en dis pas plus.
Dorminn, tu travailles sur un projet album solo ? Si oui peux tu nous en toucher un mot ?
Dorminn : En effet, j’ai fondé à la même période que Cataèdes mon projet solo éponyme Dorminn. J’ai sorti un premier album en septembre 2019 (en CD chez Antiq Records et bientôt en cassette chez WV Sorcerer), enregistré sur un vieux magnétophone à bande des années 70’. Je travaille actuellement sur le deuxième album qui sera plus long, plus varié et mieux produit que le premier, avec un concept sur l’ermitage. J’ai d’ailleurs réalisé deux cycles de retraites de 8 et 12 jours sans téléphone, sans internet, et sans montre afin de composer et enregistrer ce second album. Je continue également de faire régulièrement des concerts en solo.
Quels sont pour vous les plus beaux contes ? Lesquels aimeriez-vous mettre en musique ?
Quentin : Ayant plusieurs dizaines de contes à mon répertoire, et en ayant lu beaucoup plus, je n'arrive pas à choisir un ou plusieurs contes ! Mais les contes que je préfère sont ceux qui entremêlent les thématiques bestiales, telluriques, élémentaires, avec une haute portée mystique qui s'inscrit dans les corps et les chairs. Je suis fasciné par l'hybridation, la monstruosité, et tout particulièrement par la figure du loup-garou. J'aimerais beaucoup un jour, avec Cataèdes ou autrement, raconter « Le Gâloup » de Claude Seignolle en entier, ce qui prendrait sans doute plusieurs dizaines de minutes... Dès que la terre, les racines, les paysages et leurs puissances, Dieu et Diable, des bêtes et des hommes sont en jeu, je suis fasciné et passionné comme un moine.
Dorminn : Je lis quelques livres de contes (que je glane généralement lors de voyage à l’étranger) mais je suis évidemment moins pointu que Quentin sur le sujet. Lorsque lui ou moi lisons des contes, nous nous mettons très facilement et naturellement d’accords sur ceux qui ont une histoire et une ambiance qui correspondent à Cataèdes. Ces contes « Cataèdesques » s’imposent à nous avec évidence.
Vos artistes préférés, toutes disciplines confondues ?
Quentin : En Littérature française : Claude Seignolle, Georges Bernanos, Jean Giono, Maupassant, Émile Verhaeren.
En Littérature étrangère : Alessandro Baricco, « L’île du Docteur Moreau » de Wells, Andrus Kivirähk pour ses « Groseilles de Novembre », Borges, Poppy Z. Brite.
En Musique : le Black Metal de Satanic Warmaster, Forteresse, Arckanum, Summoning et Anorexia Nervosa, entre beaucoup d'autres (mes dernières découvertes de passion : Poems of the Elder, Thorncastle, Grima). Dark et Ritual Ambient : 777 Babalon, Menace Ruine, Profane Grace, et la Folk Ambient de Sturmpercht. Chansons traditionnelles : Glenmor, Serge Kerval, Louis Capart. Opéra et musique instrumentale : Wagner, Dvorak, le « Groupe des Cinq » russe, Lili Boulanger pour son « Pie Jesu » absolument déroutant.
Cinéma : A mon sens, il faut absolument surveiller de près la carrière de Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse), et j'invite tous les lecteurs à voir et revoir The Man From Earth, qui demeure malgré ses défauts le film qui me bouleverse le plus.
Peinture : Bouguereau, Goya, les Préraphaélites, Wiliam Blake, Carl Friedrich Lessing et le romantisme allemand.
Dorminn : En musique je dirais Krallice, Ruins of Beverast, et Cultes des Ghoules pour le metal, Enmity et Moëvöt pour le dark ambient, Violons Barbares et Khusungtun pour le folk. En art pictural je citerai Jérôme Bosch, Brueghel l’Ancien, William Turner, et en plus récent Gustav Klimt, Zdzisław Beksiński et Escher. Et enfin je voudrais mettre à l’honneur le jeu vidéo car j’ai été bouleversé à vie par les œuvres de Fumito Ueda (Ico, Shadow of the Colossus, The Last Guardian) et le deuxième volet de la saga Silent Hill.
Je vous laisse le mot de la fin...
Quentin : L'imaginaire oral des mythes, contes et légendes est précieux et fragile même dans son évidence : n'hésitez pas à aller voir et écouter des conteurs, et à raconter vous-mêmes, de la manière qui vous fera le plus de bien. Et lisez Claude Seignolle ! Merci à toi, Pierre, pour cet entretien.
Dorminn : J’invite les lecteurs et auditeurs qui ont pu apprécier Cataèdes sur album comme toi à venir nous voir en spectacle. C’est une expérience à part, et c’est vraiment là que Cataèdes prend toute sa dimension. On entend la voix du conteur directement de sa bouche vers nos oreilles, mais on voit également ses mimiques, son visage et son corps se contorsionner etc. Quant à la musique, on y découvre quantité d’instruments anciens et insolites. Merci à toi Pierre pour cette interview.
Merci !
antiqofficial.bandcamp.com/album/cata-des-les-aff-mm-es-contes-doutre-amante
www.webzinelescribedurock.com/2020/09/les-crocs-du-scribe-special-antiq-label.html
"The choice of the woman, but of the vampiric and monstrous woman in the fantasy bestiary, was made because it is the common denominator of these two stories, which remain rich in other themes"
Hello Cataédes! First of all, since you're taking us into the realm of storytelling, please tell us the story of this project like no other...
Quentin : Hello Pierre, and thank you for this interview!
The idea for Cataèdes began in 2017: I was passing through Nantes, and I found myself by chance in the cellar of La Rumeur, where a N.K.R.T. concert was being held. Watching Frater Stéphane composing his music with his loop pedals, I wondered what result could be obtained on this material with a storyteller and a musician: it would be enough for the storyteller to tell the story while the musician records, as the story unfolds, great musical tracks. Perhaps we could obtain a very rich double narrative. Once I got home in Rennes, where I was living at the time, I went to see Dorminn to tell him about my idea?
Dorminn: For my part I had discovered the creation of live music with a looper several years before on the occasion of a Maryse concert. I was very intrigued by it, and as I was starting to have a large collection of traditional instruments, I promised myself that one day I would start a solo project of ritual folk music with a looper. I acquired all the material necessary to create loops in early 2017, and, cost of fate, a few months later Quentin came to tell me about his experience at the N.K.R.T. concert. So we decided to work together on a musical adaptation of 4 Asian tales. At that time it was only supposed to be a one-off collaboration on the occasion of one or two shows. We didn't even have a stage name for this project yet and simply presented it as "Quentin Foureau & Dorminn".
Quentin: Our first date took place 6 months later at the tavern of La Jument Pavoisée in Rennes which gave us the opportunity to propose this project to the public. It was a very powerful evening. The public and ourselves enjoyed it so much that we didn't want it to remain a simple one-off collaboration: for a year, we therefore worked on the concept, the content, the fluidity, and we named this training course "Cataèdes".
Dorminn: The name is a neologism evoking the Aedes, those musicians who communicated the heroes' epics during ancient Greece, to which we added the prefix "cata-", which introduces the notion of the underground. We thus link the substance (hell, telluric forces, horror) to the form (music, tales and traditions).
How was the choice of stories on the album made?
Quentin: We already had a dozen pieces that we were producing in concerts, and we were working on an album entirely dedicated to the myths, tales and legends of Asia. But we still wanted to offer a first recording to the public, in the form of an EP. And we noticed that two of our most intense pieces were about the figure of the vampire and devouring woman.
Dorminn: I also composed an organ piece (recorded on a real organ in a church) exclusive to this album that takes up the main themes of the two tales and makes a transition from one to the other.
Les Affæmmées is for me a beautiful tribute to women, very present throughout the narration...Why this choice?
Quentin: Exactly, because we noticed that two of our pieces tell the story of these female figures in a powerful and exciting way. It was an a posteriori observation, which gave us the idea of the concept of this EP. But the homage is rather given to vampire and monstrous figures, and not to women as women. "The Woman who didn't eat anything" is a traditional Japanese tale in which a Yama-Uba, a creature from the Yokai bestiary, tries to devour a lonely old widower in the forest. He is a monster in his own right, and even if he looks like a woman (the passage of the metamorphosis is one of the scenes I prefer to tell, from my entire repertoire), he is not human in nature. For "The Vampire Daughter", it is indeed about a woman, but who has been sold by her father by materialistic mistake: her curse comes from an agreement she herself must make with the Most Low to have a chance, however small, of finding salvation through the breach of her grave, returning each night until someone manages to deliver her. Here, when I recount it, I try to give the full extent of the tension between profane materialism (see profaner) and the power of spiritual conviction when evil is done. I do not at all accentuate the easy dynamic of the young girl prisoner saved by a young man. Rather, for me it is an initiatory journey (which explains why this tale also borrows from the register of the marvellous) highly coloured from beyond the grave (by the fantastic diableries of yesteryear, which is my favourite register), even in its version written at the beginning of the 20th century in the Revue des Traditions Populaires.
The choice of the woman, but of the vampiric and monstrous woman in the fantasy bestiary, was made because it is the common denominator of these two stories, which remain rich in other themes.
Quentin, can you tell us a little about your personal background? How did you become a storyteller?
Quentin : I studied Literature (with a dissertation in General and Comparative Literature on sexual transgressions among vampire characters at the end of the 20th century in literature and cinema), and Art History. At the beginning of my studies, I wrote horror and fantasy short stories. I was able to publish some of them at Éditions Luciférines, with whom I still work.
But in 2014, my publisher asked me to go and run a publishing stand at a book and imagination fair in Lannion. So I went there. And in the evening, the storyteller Sophie Pérès, who had come to provide storytelling sessions for children during the convention, proposed a session of fantastic and horrific tales for adults in the cellar of the Ursulines' convent?
I went down there. I was no longer the same when I came back up.
I had discovered a gigantic possibility to forge the imagination, to live and make the fantastic come alive, to offer all the power of fear and to gather individuals around ancestral forces. I was deliciously jostled by it, I felt that a whole world was opening up and that it was my duty to enter it.
Back in Rennes, I went to buy and borrow traditional story books (Dominic Camus, Claude Seignolle, Claude Lecouteux...) and I went to visit a friend who lived in a caravan near the Elaboratoire. We used to get together, she to draw, me to write. But that day I showed her the books and told her about my experience. And her companion told me that the following Saturday he was going to receive one of his storytelling friends for a show, that I was welcome and that he would introduce me to him to discuss it.
So I came the following Saturday, I attended the second half of the show (they had started early, and I arrived late), and then the storyteller was introduced to me. It was François Debas.
A week later, I attended my first night of storytelling at his place. Two months later, I joined his training courses, and I began to tell stories in front of friends.
In 2016, I gave my first public performances in local bars and festivals that trusted me. In 2017, although I almost became a teacher and became a librarian, I participated as a storyteller in more and more events and more and more often, while starting to work with Dorminn with the birth of Cataèdes.
And during the last two years, the art of storytelling and its transmission having become more and more important in my daily life, I decided to dedicate my whole life to them. I tell tales for all audiences, with varied themes but which always resonate in my personal mythology, such as 19th century painting, the ancestral France of the provinces, the swamps, the medieval bestiary, the energies of the seasons, the Inuit myths or the etiology of the animals of the world... Which works, to my great bliss, very well.
How did the meeting with Dorminn go?
Quentin: We met in 2011 or 2012, in Rennes. It was one of my oldest friends who introduced us. We first exchanged a lot about Black Metal, which I'm also passionate about, but also about the worlds of Ambient and traditional music, with mystical and profound subjects.
Dorminn, I had already loved your solo album, which I reviewed in the scribe...How did you go about conceiving the music of Les Affaemmées?
Dorminn : Even if I use the same looper and the same instruments in my solo project Dorminn as in the duo Cataèdes that I form with Quentin, the way of composing is totally different. In Dorminn I mix all my influences of folk music (I can thus link in the same title a Balinese instrument with a Congolese instrument and a medieval instrument) and breathe in a black metal spirit with a preponderance of voices and screams. In Cataèdes, I rather create a kind of soundtrack that supports the stories. I accompany the narration through themes and atmospheres that illustrate the geographical and temporal origin of the tales, the characters, their psychologies and relationships, the acts of the story, the places through which the characters pass etc. Once we have selected a tale together, Quentin readapts it, I see how I could cut the story to add loops and instruments, then I compose each part. During the rehearsals and recordings there is a lot of exchange and back and forth between me and Quentin to arrive at a result that is as transporting as possible for the audience and that corresponds to us as much as possible. The approach to composition varies little from one story to another, and is thought out above all for the live performance.
Do you plan, when conditions permit, a stage show mixing music and theatricality?
Quentin: What exactly do you mean by "theatricality"? If you want to talk about the transversality of the arts, we are open to other practices to offer them to integrate Cataèdes, such as ATS dance and Tribal Fusion, which the dancer Dolorès had the pleasure of sharing with us on stage during two special performances. But if you're talking about actors, mimes or scriptwriting that would tend towards opera, we've never discussed it, but I'm personally open to any idea that could go in that direction, as a great lover of the dynamics of "Total Art Work" and the transversality of practices at the service of a unique creation.
Dorminn: The only limit for me is the attention of the spectator. He must not be distracted from the story told by Quentin, otherwise the experience of the vigil is altered. This is one of the reasons why in Cataèdes I don't take off on my instruments, and I limit the use of the voice, so as not to divert the viewer's attention too much from the story. In the same way, Dolores' dance interventions are done on outro instruments where Quentin no longer tells the tale, otherwise the spectators wouldn't know where to put their heads.
Did you have any inspiration for this project?
Quentin: For my job as a storyteller, my spiritual masters are Henri Gougaud, Michel Hindenoch and, above all others, Claude Seignolle. For Cataèdes in particular, I'm trying to inject more mysticism and let go of my storytelling practice, and I've learned a lot from artists like Eklezjas 'Tik Berzerk from Sektarism or Frater Stéphane from N.K.R.T. The figures of priests and prophets are also great inspirations for me.
Dorminn: As the storytelling-music association is quite innovative, I don't have an inspiration as such (there are many storytellers who accompany themselves or are accompanied by music, but this is usually with a single instrument and the music does not illustrate the narration as we do). My musical inspirations are many and varied. There is traditional, folk and sacred music from all over the world, especially from the East and Asia, and especially from Mongolia. There is also black metal and dark ambient. My major inspiration that brings together these three main branches of music is the Chinese one man band Enmity (formerly called Enemite).
Already have ideas for a sequel?
Quentin: I mentioned earlier a first album entirely devoted to Asia, and we're also going to prepare other thematic releases, whether on geographical themes or not.
Dorminn: As a geographical concept album, we would like to make an album on cold countries later, with stories we have already selected from Lapland, Iceland, Siberia etc. We are also currently working on a lycanthropic split with a black metal project that, like Cataèdes, illustrates stories through its music. I won't say any more.
Dorminn, are you working on a solo album project? If so, can you tell us about it ?
Dorminn : Indeed, I founded at the same period as Cataèdes my solo project of the same name Dorminn. I released a first album in September 2019 (on CD by Antiq Records and soon on cassette by WV Sorcerer), recorded on an old tape recorder from the 70's. I'm currently working on a new album, which I'm working on now. I am currently working on the second album which will be longer, more varied and better produced than the first, with a concept about the hermitage. I've done two retreat cycles of 8 and 12 days without phone, internet and watch in order to compose and record this second album. I also continue to do regular solo concerts.
What are for you the most beautiful tales? Which ones would you like to set to music?
Quentin: Having several dozen tales in my repertoire, and having read many more, I can't choose one or more tales! But the tales I prefer are those that intertwine bestial, telluric, elementary themes, with a high mystical scope that is inscribed in bodies and flesh. I am fascinated by hybridization, monstrosity, and especially by the figure of the werewolf. One day, with Cataèdes or otherwise, I would very much like to tell Claude Seignolle's " Le Gâloup " in its entirety, which would probably take several dozen minutes... As soon as the earth, the roots, the landscapes and their powers, God and Devil, animals and men are at stake, I am as fascinated and passionate as a monk.
Dorminn: I read a few storybooks (which I usually glean when I travel abroad) but I am obviously less sharp than Quentin on the subject. When he or I read tales, we very easily and naturally agree on which ones have a story and an atmosphere that correspond to Cataèdes. These 'Cataedesque' tales impose themselves on us with evidence.
Your favourite artists, all disciplines combined?
Quentin: In French Literature: Claude Seignolle, Georges Bernanos, Jean Giono, Maupassant, Émile Verhaeren.
In Foreign Literature: Alessandro Baricco, "L'île du Docteur Moreau" by Wells, Andrus Kivirähk for his "Groseilles de Novembre", Borges, Poppy Z. Brite.
In Music: Satanic Warmaster's Black Metal, Fortress, Arckanum, Summoning and Anorexia Nervosa, among many others (my latest passion discoveries: Poems of the Elder, Thorncastle, Grima). Dark and Ritual Ambient: 777 Babalon, Menace Ruin, Profane Grace, and the Folk Ambient of Sturmpercht. Traditional Songs: Glenmor, Serge Kerval, Louis Capart. Opera and instrumental music: Wagner, Dvorak, the Russian "Group of Five", Lili Boulanger for her absolutely confusing "Pie Jesu".
Cinema: In my opinion, it is absolutely necessary to keep a close eye on the career of Robert Eggers (The Witch, The Lighthouse), and I invite all readers to see and see again The Man From Earth, which remains, despite its flaws, the film that moves me the most.
Paintings: Bouguereau, Goya, the Pre-Raphaelites, Wiliam Blake, Carl Friedrich Lessing and German Romanticism.
Dorminn: In music I would say Krallice, Ruins of Beverast, and Cultes des Ghoules for metal, Enmity and Moëvöt for dark ambient, Violons Barbares and Khusungtun for folk. In pictorial art I would cite Jérôme Bosch, Brueghel the Elder, William Turner, and more recently Gustav Klimt, Zdzisław Beksiński and Escher. And finally I would like to highlight video games, as I have been forever moved by the works of Fumito Ueda (Ico, Shadow of the Colossus, The Last Guardian) and the second part of the Silent Hill saga.
I leave you the last word...
Quentin: The oral imagination of myths, tales and legends is precious and fragile even in its obviousness: don't hesitate to go and listen to storytellers, and tell them yourself, in the way that will do you the most good. And read Claude Seignolle! Thank you, Pierre, for this interview.
Dorminn: I invite readers and listeners who have enjoyed Cataèdes sur album like you to come and see us in performance. It's a special experience, and that's really where Cataèdes takes on its full dimension. You can hear the storyteller's voice directly from his mouth to your ears, but you can also see his facial expressions, his face and body contorting, etc. As for the music, we discover many old and unusual instruments. Thank you Pierre for this interview.
Thank you for this interview.
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