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Interview avec YUGGOTH : death metal in the 90's ! + review de la démo Forgotten Lust (French + English Text)
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Cette interview restera pour moi quelque chose de tout a fait particulier et précieux. Déjà parce qu'elle m'a rappelé ma jeunesse, lorsque je chantais dans un petit groupe de rock/metal du nom de Modo Niger et que j'avais croisé la route de Yuggoth, groupe de death metal vraiment impressionnant sur scène. Je n'avais jamais vu un truc pareil même si j'étais déjà fan de Bathory, Slayer, Metallica, Darkthrone et j'en passe. Les mêmes Yuggoth dont la seule et unique démo a été rééditée il y a peu de temps par Herbert West Productions, avec une chronique que j'ai écrite et publiée ICI-MÊME et décidé de reproduire à la suite de l'interview. Je tiens a remercier Brun's, Adrien et Stéphane d'avoir pris le temps de se replonger dans cette tranche de vie et bien sûr Mickey de Herbert West Productions sans qui cela n'aurait pas été possible. Je vous souhaite un bon voyage dans le temps avec Yuggoth, direction 1993, et achetez leur démo si vous voulez entendre un pur groupe de death metal de cette époque qui aurait mérité une plus ample reconnaissance !
Bonjour Yuggoth ! Merci de prendre le temps de faire ce saut dans les années 90 pour nous faire part de vos souvenirs...Alors, pouvez vous nous raconter la naissance du groupe ?
Brun's : Salut Merci à toi pour ce voyage dans le temps. Eh bien, cette naissance s'est effectuée de la façon la plus simple du monde, des copains passionnés de metal et de skate qui se mettent à apprendre à jouer d un instrument de musique . J'ai toujours voulu me mettre à la guitare, mes parents n'étaien t pas contre, mais voulaient que je fasse du solfège et de la guitare classique, c'était pour eux le cursus habituel. Il en était absolument hors de question pour moi, je voulais tout de suite attaquer la guitare électrique et les décibels. Quand Adrien, a commencé à prendre des cours de guitare « électrifiée », j'ai eu plus de poids dans ma requête et ils ont cédé, lol Nous étions deux guitaristes, il nous manquait les autres. Au lycée, les metalleux trainaient ensemble et c'est là que j'ai fait la connaissance de Christophe. Il commençait la batterie. L idée de monter un groupe est vite arrivée sur le tapis. Il connaissait un gars qui commençait à apprendre la basse, Thomas. On répétait à Apt. Dans le clan des métalleux Aptésiens trainait un type qui soit disant, maitrisait le chant « death » . C'était ce qu'on voulait faire du Death metal. La sauce a vite pris
Adrien : Bruns et moi on s’est rencontrés en faisant du skate. On écoutait déjà Metallica, Slayer, Iron Maiden, et ensemble nous avons découvert les premiersgroupes de Death Metal qui commençaient à faire parler d’eux : Obituary, Morbid Angel, Carcass, Entombed, Paradise Lost… Mais aussi les Français : Loudblast, Massacra, Agressor…
On a commencé la guitare à peu près en même temps et on a très rapidement évoqué l’idée de monter un groupe ensemble. Bruns connaissait Christophe qui jouait de la batterie ; ils étaient dans le même lycée je crois. Notre toute premi ère répèt’ a eu lieu dans le garage des parents de Christophe. C’est à ce moment qu’on a fait la rencontre de Fred et Thomas. Je ne sais plus pourquoi ils étaient venus assister à la répèt‘. Je suppose qu‘ils devaient connaitre Christophe puisqu‘ils étaient du même coin. C’est pendant cette répèt‘ que Fred a proposé de prendre le micro. Ses growls nous ayant pas mal impressionné, il est devenu notre chanteur. Thomas quant à lui a pris le poste de bassiste. On a commencé par faire quelques reprises (Slayer, Asphyx, Cemetery, Metallica). Bruns avait une super oreille pour ça. Et puis on a très rapidement commencé nos premières compos. Bruns et moi étions les principaux compositeurs, mais Christophe, Fred et Thomas participaient largement aux arrangements des morceaux (et Fred écrivait les textes, bien sûr). On essayait de se retrouver le plus souvent possible le week end, pour répéter. On y passait toute l’après midi. Soit dans le garage des parents de Christophe, soit dans celui de mes parents.
Stéphane : Pour ma part j’ai découvert le groupe à travers Brun’s et Christophe qui étaient tous les deux dans le même lycée que moi sur Cavaillon. J’étais à l’époque dans une autre formation, Grindburn, et nous étions assez peu de « métalleux » dans le lycée donc forcément nous les plus jeunes nous nous sommes rapprochés naturellement de nos ainés les Yuggoth.
Je garde le souvenir de ce concert ou nos deux groupes (Modo Niger pour moi) se sont croisés sur scène au Grenier A Sons de Cavaillon ! Pouvez vous nous rafraîchir la mémoire sur cette date (en 1993) et ce que vous en avez gardé
Brun's : C'était un concert organisé par le collège, notre premier concert, bordel ! On était archi débutants, tout était à apprendre. On avait vu quelques concerts d autres groupes de metal, mais surtout en cassette vidéo lol. Il n'y avait que des formations d'élèves du collège. Deux de metal, Grindburn et Yuggoth et deux de rock , Modo Niger et Jehanne. Les balances étaient organisées la veille du concert. Je me souviens très bien avoir été terrorisé ce soir là. Les autres musiciens, l équipe d'ingénieurs du son, je n avais jamais vécu ça. L'électricité qui régnait dans l'air était incroyable !
J'ai toujours été un garçon timide et musicalement je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Même quand j ai joué au Hellfest avec Kalisia, je n'ai jamais ressenti un tel trac Alors que ce n'était que les balances, lol. Du coup on balance, tout se passe bien, mais rien dans mes retours. En descendant de scène, je dis à l'ingé son « c est normal que je n'avais rien dans mes retours ? » . Et là, il me regarde d un air glacial en crachant la fumée de sa clope et me dit « c'est normal, tu ne m'as rien demandé ». Le concert en lui même à été beaucoup plus plaisant, le public était super réactif (pas comme maintenant, bim !), l'entente entre les groupes était géniale. Un peu moins avec Jehanne qui étaient dans leur coin, beaucoup plus professionnels, mais ce qui n'a pas empêché leur chanteur beau gosse de chanter tout le concert la braguette ouverte !
Adrien : C’était notre premier concert. Pour être honnête, je ne sais plus vraiment comment on a eu le plan. Il y avait aussi Grindburn à l‘affiche (dont Stéphane, le guitariste, deviendrait plus tard le bassiste de Yuggoth à la place de Thomas). J’en garde un super souvenir. Quelque chose de très excitant pour des jeunes gars qui jouent pour la première fois dans une vraie salle de concert avec leur premier vrai groupe ! Mélange d’excitation et de stress. A ce moment on n’avait que deux ou trois compos originales, donc on avait étoffé notre set avec des reprises de Slayer et de Asphyx. Je me rappelle des potes qui étaient venus pogoter et faire du stage diving. Il y avait une ambiance assez dingue dans mon souvenir. Je me rappelle de l’enthousiasme de Grindburn, de la classe (si, si) de Modo Niger. De ces rencontres-là. Cette sensation de faire partie de quelque chose. C’était génial.
D’ailleurs j’ai toujours le petit article qu’on avait eu dans la Provence après.
Stéphane : Pour ce souvenir je pense me rapprocher de la version de Brun’s m ais en pire ! Premier concert pour nous et tout pareil, découverte des balances des ingénieurs sons etc. Nous étions excités comme des jeunes ados mais franchement pour ma part j’étais terrorisé et je pèse mes mots !!! Quand tu penses que Yuggoth étaient dans le même état et que pour nous ils étaient des dieux (ah ah) qui maitrisaient la musique comme des pros… Cependant nous avons passé deux jours de folie tous ensemble !
Forgotten Lust, votre démo, est aujourd'hui rééditée en tape par l'excellent label Herbert West Productions. Ça vous fait qu oi de voir ressurgir cet enregistrement du passé ?
Brun's : Bizarre et plaisir, lol. Il est immanquablement de fait que c'est le plaisir qui est à l'origine de tout ça. Je connais Mickey d Herbert West Productions depuis des années, des décennies, même. On discutait ensemble un soir et on était d'accord sur le fait que ces années ont été les plus belles de notre vie. On ne revivra plus jamais ces sentiments, cette jolie folie. Alors revoir cette démo ressus citée me plait beaucoup, d'autant plus qu il y a eu un réel travail de réédition, avec une nouvelle jaquette, des inédits
Adrien : Franchement c’est dingue ! Je me rappelle quand Mickey de Herbert West Productions m’a contacté pour me parler du projet… C’est vraiment la dernière chose à laquelle je m’attendais. Je me suis demandé s’il n’était pas tombé sur la tête. C’est vrai que depuis plusieurs années, des petits labels dénichent et rééditent des groupes obscurs dans différents genres. Alors quand on te propose ça pour ton groupe… Même si ça reste ultra underground et en tirage ultra limité… Sincèrement c’est très plaisant. Gratifiant même. C’est se dire que même à notre petit niveau, on s’est inscrit dans l’histoire d’un mouvement, le Death Metal. Et je remercie encore Mickey pour cette idée dingue.
Stéphane : C’est juste magique ! Merci à Mickey pour cette idée de foliiiieeeee. Dans l’époque où nous vivons ça fait extrêmement plaisir des initiatives comme celle ci. Vivement que l’on se retrouve tous pour fêter ça !
En réécoutant la démo, on se dit que le Vaucluse tenait alors un sacré groupe de death ! Qu'es t ce qui a fait que Yuggoth ne soit pas allé plus loin ?
Brun's : Effectivement on tenait quelque chose, mais nos évolutions personnelles et les traditionnelles divergences musicales ont petit à petit fractionné le groupe en deux. Fred et Adrien étaient d e plus en plus attirés par l'indus ou le goth et nous, nous voulions nous orienter vers un Death technique et mélodique. Le fossé se creusait de plus en plus au fur et à mesure des répètes et il a fallut se séparer. Je me souviens avoir été furieux, mais c'est ce qui a fait naitre Fairlight et toutes les belles choses qui sont arrivées par la suite. Peut être aurions nous pu mixer toutes nos influences et envies pour continuer l'aventure Yuggoth, mais nous étions très jeunes.
Adrien : Alors, d’abord, merci beaucoup pour le compliment. Ca fait toujours plaisir de savoir que notre musique peut encore plaire à des gens, même 27 ans plus tard. Quant à ce qui a fait que nous ne sommes pas allé plus loin… Les sempiternelles divergences musicales, essentiellement. Il ne faut pas oublier que nous étions très jeunes, aussi. Mais franchement aujourd’hui je préfère me rappeler les bonnes choses qu’on a faites avec Yuggoth.
Stéphane : Effectivement au sein du département Yuggoth était le groupe de death metal de référence, puis le groupe a eu deux visions musicales différentes. On a bien essayé un ptit moment de lier tout ça mais ça ne pouvait durer dans le temps. D’un côté certains membres voya ient le côté indus électro comme l’avenir quand l’autre moitié voulait se diriger vers du death metal mélodique et sy mphonique. De là est né Fairlight et de bien jolies choses ont vu le jour
Après Yuggoth, j'ai recroisé Brun's au sein de Fairlight. Fairlight...Il me semble que Malmonde, group e dans lequel Brun's et Christophe, batteur de Yuggoth, se sont retrouvés, est toujours actif ? Qu'est devenu Fred ? (NdS : le vocaliste de Yuggoth) et Stéphane (présent dans Yuggoth et Fairlight) ?
Brun's : Je croise régulièrement Christophe et Malmonde avait été mis en sommeil pour raisons familiales. Mais il me semble qu ils continuent à composer de temps en temps, qui sait. J'ai recroisé Fred par hasard il y a quelques années , on a un peu blagué. Je ne sais pas du tout ce qu'il devient. Quant à l'ami Steph, si tu veux te faire tatouer ou percer, il tient le salon de tatouage de Vaison la Romaine
Adrien : Brun's, Christophe et Stéphane ont effectivement monté Fairlight, après le split de Yu ggoth. J’étais d’ailleurs allé les voir en concert. J’ai toujours leur EP, Le Bal Des Eternels. C’était très bien. Quant à Fred et moi, nous avons monté un groupe qui s’appelait Baaltis (un duo à vrai dire : Fred au chant et au synthé et moi à la guitare). Nous voulions mélanger Black Metal, Indus et ambiances Goth… Nous avons composé et enregistré deux ou trois morceaux en vue de sortir une démo assez rapidement. Et puis nous en sommes finalement resté là. La démo n’est jamais sortie et nous nous sommes pe rdus de vue, pour différentes raisons. Après ça, pour ma part, j’ai complètement arrêté la musique pendant très longtemps. Mais comme c’est ma plus grande passion et que je ne peux pas vivre sans, je m’y suis remis il y a quelques années dans un groupe qui s’appelle The Dead Nags, et dans un registre plus heavy psych noise rock.
Stéphane : Pour ma part je reste en contact avec les moyens du bord avec Brun’s et Christophe (nous nous sommes revus autour d’un bon barbecue récemment) deux amis avec lequel j’ai passé de sacrés m oments qui ont forgé ma personnalité ! J’ai revu Fred dans une convention de tatouage à Toulouse, l’animal n’avait pas changé, fidèle à lui même et ça a été un plaisir de partager avec lui à nouveau. J’ai revu Patrice (clavier) l’année dernière à Miami comme çà spontanément dans la rue là pareil super moment de le revoir. Je n’ai pas revu physiquement Adrien depuis mais je pense que tous nous allons finir par nous revoir ! Pour ma part je tiens un salon deTatouage / Piercing sur Vaison la Romaine « Graphicaderme Vaison » et garde un petit pied dans la musique metal grâce à ma compagne qui est à l’origine musicienne de Metal.
Quand vous réécoutez la démo aujourd'hui, vous ressentez un peu de nostalgie ?
Brun's : Oh oui On m'avait rapporté il y a quelques mois qu'elle était dispo sur Youtube. Il y a des tas de bonnes choses sur cette démo et riffs et des ambiances novatrices pour l'époque. On avait vraiment cherché à faire original. On ressent aussi beaucoup nos influences de l époque. C'était une musique riche. Du chant death, du chant clair, du synthé, des riffs brutaux, des riffs planants, des solos mélodiques ou shred. Solos qui m'avaien t marqué lors de la réécoute, je n'avais que trois ans de guitare et il y avait du tapping, du sweeping et des descentes de gammes et un style de jeu que j'ai toujours, trente ans après lol. J'en serai toujours très fier
Adrien : Plus que de la nostalgie, je ressens surtout une certaine fierté. Nous avons composé ces morceaux, nous les avons répétés inlassablement, joués sur scène, enregistrés. Oui, franchement, je suis encore fier de ce que nous avons fait avec Yuggoth. Je crois pouvoir affirmer sans prétention que nous avions notre propre style, notre identité. Nous étions un bon groupe !
Et puis c’est génial de pouvoir réécouter nos deux dernières compos (avec Stéphane à la basse et Patrice au clavier) qui sont en bonus de la réédition.
Stéphane : Oui ça m’a replongé dans une époque ! Tout est remonté à la surface ! Nous étions jeunes, chevelus et tout était prétexte à faire la fête et échanger autour du metal et de la bonne humeur.
Avec le recul, connai ssant les difficultés que rencontraient les groupes de metal en Vaucluse à cette époque là, pensez vous que vous auriez pu aller plus loin ? Sortir un album ?
Brun's : Les difficultés n'étaient pas différentes des groupes d'aujourd'hui , sauf qu'à l'époque, pour enregistrer il fallait obligatoirement aller dans un studio. Maintenant, n'importe qui peut enregistrer un album chez lui, grâce à l'informatique, et le partager avec le monde entier en un clic de souris. Je schématise un peu, mais à l'époque, c'était le syst ème D. Forgotten Lust a été enregistré avec un magnéto 4 pistes. D'abord la batterie en live, et ensuite les autres instruments. Un gros travail pour l'ingé son, tout repasser sur 2 pistes pour en libérer 2, enregistrer etc. L'idée était de sortir une autre démo après, mais le groupe a malheureusement splitté. Oui, nous aurions pu aller plus loin et sortir des albums, mais bon c'est comme ça, je ne regrette rien, ça a été une première exp érience fabuleuse.
Adrien : Des difficultés, oui il y en avait. Mais je garde aussi le souvenir d’une certaine entraide et quelques initiatives. Je me souviens de Frédéric Maisonneuve qui avait monté l’Association des Thrashers du Vaucluse. Grace à eux, on a pu jouer avec Desdemona à Cavaillon encore. Il y avait Bruno du groupe Nothingness avec qui nous étions amis. Il y avait nos frangins de In Articulo Mortis. Les potes de Neverland. Et puis, comme tous les groupes metal underground de l‘époque, nous faisions pas mal de tape trading avec d’autres groupes ailleurs en France. Grace à notre démo nous avons réussi à être booké à l’affiche d’un festival Thrash/Death au Théâtre des Sources à Avignon ! Festival où nous avons joué en première partie de Supuration, qui était quand même dans le top 5 des groupes de death français de l‘époque ! Nous avions alors rencontré les mecs de Necromancia avec qui nous correspondions déjà depuis un moment et qui étaient également à l’affiche (et qui allaient devenir Anorexia Nervosa). Et nous avions pu discuter avec Stephane Buriez de Loudblast qui accompagnait les mecs de Supuration. Je crois me souvenir que des discussions avaient été entamées pour que Stephane Buriez produise notre démo suivante, que nous envisagions déjà sur CD…
Tout ça pour dire qu'au delà des difficultés, nous avions la motivation, nous faisions des rencontres, nous avions des soutiens… Est-ce que nous aurions pu aller plus loin, sortir un album ? Je vais être honnête, je me suis parfois posé la question et cette réédition m’y a un peu fait repenser. Mais, en fait, je ne suis pas sûr qu’il soit utile de s’appesantir sur ce qui ne s’est pas fait. Nous nous sommes arrêtés avant, c’est comme ça. Et comme je le disais plus haut, je préfère me souvenir des bonnes choses et être fier de ce que nous avons accompli à notre petit niveau.
Stéphane : Oui cela aurait était possible la preuve en est Fairlight et puis avec le bagou de Fred et son culot tout aurait était possible au sein de Yuggoth.
Pour la jeune génération : pouvez vous leur raconter ce que c'était que de faire du death metal au début des années 90 en Provence ?
Brun's : C'était génial Maintenant la plupart des gens ont déjà entendu ce genre de chant. A l'époque on te regardait vraiment bizarrement, bon, aujourd'hui aussi mais c'est passé dans les mœurs. Le death metal était ce qui se faisait de plus extrême dans la musique en général, metal compris. On nous a souvent pris pour des bêtes sauvages, mais on était habitué. Ce qui était génial, c'était la fraternité que nous avions tous. Je me souviens que nous étions allé voir un gros festival à Montpellier en 1993, on est arrivé dans l'après midi. Il y avait une vingtaine de thrashers devant la salle qui attendaient. Eh ben, on s'est tous serré la main et on a blagué et partagé des bières. Ca ne risque plus d'arriver maintenant. Et il y avait une grosse entraide entre les groupes, on se faisait jouer les uns les autres, on allait se voir en répète, on échangeait nos cassettes, on s écrivait des lettres qu'on allait poster et on se respectait. On dirait que c'était il y a des millénaires mais c'était hier !
Adrien : Ah ! C’était pas toujours évident, c‘est clair… Déjà, à l’époque, en Provence, le simple fait de se balader habillé en noir avec les cheveux longs et un t-shirt Dismember ou Pungent Stench… Alors en plus jouer une « musique de fada », forcément…Aujourd’hui quasiment toutes les villes moyennes ont un bar rock ou metal, où les gens peuvent se retrouver et se rencontrer, mais à l’époque… laisse tomber. Ceci dit, comme nous n’étions qu’une poignée dans notre coin, on se reconnaissait rapidement (au look, aux t-shirts) alors forcément on se connaissait tous ou presque. Et pour ce qui est de jouer dans groupe de death : Je me souviens par exemple de l’incompréhension de la plupart des ingés son aux concerts. Les mecs n’avaient clairement pas l’habitude de mixer des guitares sursaturées et un type qui grogne dans un micro…Quant à envisager d’aller dans un studio pour enregistrer notre musique… Déjà, je ne suis pas sûr qu’il y en avait beaucoup dans le coin à l ‘époque. Si c’était le cas, nous ne les connaissions pas. Et puis, nous n’avions pas les moyens. Je crois que c’est Fred qui connaissait Jean Louis, le mec qui a enregistré notre démo. Et ça c’est fait de manière très Do It Yourself finalement. Je me rappelle qu’on a commencé par enregistrer live dans le garage des parents de Christophe. Cette session nous a permis de garder la piste de batterie. Puis nous sommes allés chez Jean louis pour faire les overdubs de guitares, basse et chant. Le mec avait chez lui une sorte de home studio avec petit magnéto cassette à pistes (bien avant que les home studios se démocratisent sous la forme d’un ordinateur et d’une carte son). Donc, oui pour revenir à ta question, c’était pas toujours évident, mais on se débrouillait. Et on pouvait compter sur une certaine unité ; en tant que groupe et en tant que fans de met al.
Stéphane : On a défriché mais ça en valait la peine, chaque moment était monstrueux ! Chaque répétition, chaque concert était un moment de partage et de folie. Tout était nouveau et on vivait cela à fond de fond ! Nous étions regardés comme des bêtes de foire quand on jouait dans un concert rock mais au final qu’est ce que cela nous amusait !
Vos groupes fétiches (des années 80 a aujourd'hui) ?
Brun's : Il y en a tellement ! Les traditionnels Iron Maiden, Metallica, Slayer de nos débuts, et puis Loudblast, Supuration, Sodom , Childre n of Bodom, Death, Carcass, Obituary, Asphyx, Overkill, Motorhead, Saxon, Wasp, Morbid Angel, et j'en passe, il y en a tellement. Je continue à acheter des disques comme un dinosaure et je suis content de l engouement du vinyle qui me permet de retrouver de beaux objets à écouter avec une bonne bière !
Adrien : Il me faudrait une interview uniquement centrée sur cette question pour te répondre pleinement… Alors pour rester dans le stricte cadre metal et des groupes en relations avec l'époque : Metallica, Iron Maiden, Entombed, Dismem ber, Paradise Lost, Carcass, Obituary, My Dying Bride
Stéphane : Slayer depuis toujours ! Death, Obituary et sinon Amorphis, Therion depuis ces années là et Loudblast pour les frenchies
A vous le mot de la fin pour les lecteurs
Brun's : Un grand merci à toi pour l'interview et à Mickey pour cette joyeuse exhumation ! Espérons que le contexte sanitaire aille vite mieux pour continuer à jouer en groupe et aller voir des lives .
Adrien : Merci à tous les membres de Yuggoth pour cette aventure. Merci à Mickey de Herbert West Productions pour cette réédition. Merci à toi pour cette interview et pour le bon souvenir que j’ai toujours gardé de Modo Niger. Merci à ceux qui lisent cette interview, et auront éventuellement la curiosité d’écouter ce que nous avons fait (s’ils ne nous connaissaient pas déjà).
Continuez d’écouter de la musique, c’est une des meilleures choses au monde. Et soutenez le support m usical, que ce soit sur cd, sur vinyle, ou sur cassette
Portez-vous bien et keep on rockin’ in the free world !
Stéphane : Non le metal n’est pas mort l’important c’est de prendre du plaisir ! Rien ne remplace ces moments en répet où chacun montre ce qu’il a créé où on joue puis où on fête tout ça entre potes. Comme dirait Alain qui a enregistré un titre de Fairlight par la suite « c’est ça la vrai vie »
Merci à toi pour l'interview . Et the Mickey Longo Maï….
MERCI YUGGOTH
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