IL N'Y AURA PAS DE CELEBRATION
L'histoire Officielle de Paradise Lost
David E.Gehlke
Traduction d'Emilien Nohaïc
Préface de Karl Willets (Bolt Thrower, Mémoriam)
2021 Editions des Flammes Noires
25 €
Il n'y aura pas de célébration ? Pourtant cet ouvrage de l'américain David E.Gehlke sur les si britons Paradise Lost peut apparaître comme un juste hommage au courage artistique de la formation culte d'Halifax, à l'ouest du comté du Yorkshire anglais.
Un courage qui a pu sembler à une certaine époque, quasiment suicidaire. Le livre retrace, avec la complicité des membres du groupes, plus de trente ans de parcours, depuis 1988 et les premiers pas de cette bande de fans de death metal ayant un batteur qui n'arrive pas à jouer assez vite et créant donc un death metal lourd et sombre, devenu doom dans sa rythmique. Le death/doom à l'anglaise est né : les trois de Peaceville (trois groupes ayant signé sur le label anglais, Paradise Lost, My Dying bride et Anathema) en donneront chacun une version, mais chacun reconnaîtra chez Paradise Lost la figure incontournable et fondatrice de ce death/doom metal à l'anglaise, mélancolique et romantique, chargé d'imagerie et d'influences gothiques. Si Paradise Lost commencera sa carrière comme un groupe extrême (à l'époque de "Lost Paradise" et "Gothic" notamment) il évoluera rapidement vers une forme plus personnelle, assez inclassable (so british) de part l'attrait de Nick Holmes, Greg Mackintosh et les autres pour le rock gothique (Sisters Of Mercy, Fields Of The Nephilim ou Joy Division entre autres) et par un caractère farouchement indépendant. Ainsi, dès "Shades Of God", son 3ème album, le groupe quittera les plate-bandes du metal extrême pour s'ancrer dans un doom metal qui connaitra de nombreuses évolutions avant d'arriver à une consécration absolue, publique et artistique, avec les albums "Icon" et surtout "Draconian Times", perle insubmersible des anglais, en 1995. C'est alors que David E.Gehlke use de sa plume efficace pour nous plonger dans une période troublée de la carrière du groupe, qui commencera avec les orientations electro pop à la Depeche Mode du très bon "One Second" pour ensuite voir le combo se transformer en sorte de navire en perdition, au moment même de sa signature avec une major, pour des albums beaucoup moins réussis, et un goût pour la musique qui va en chutant. Il est toujours plaisant pour le simple lecteur de lire des histoires de groupes ou d'artistes avec ce côté "Rise & Fall" qui créé un suspense intense. Pourtant, on se doute que la vie de Paradise Lost entre 1999 et 2007 n'a pas du être qu'une partie de plaisir. Il faudra ensuite, avec l'album "In Requiem" en 2007, que les musiciens retrouvent la foi, ce qu'explique bien David E.Gehlke avec la création pour Mackintosh de Vallenfyre, projet brut de décoffrage qui va lui permettre d'exhumer ses vieux albums de crust et de death metal old school pour de nouveau trouver l'inspiration a travers le riff. Il en sera de même pour Nick Holmes avec Bloodbath, supergroupe de death metal au sein duquel ce dernier recommencera à growler, alors qu'il était convaincu de ne plus en être capable, et qu'il en avait perdu toute la saveur. En somme l'histoire d'un groupe de metal qui en a eu marre du metal au tournant du millénaire, comme beaucoup d'autres, mais qui y a survécu façon Rocky Balboa en remontant sur le ring des musiques saturées. Depuis lors leur carrière est repartie de plus belle, même si l'on ne peut pas s'empêcher de se dire que les anglais seraient peut être devenus les nouveaux Metallica s'ils avaient creusé le sillon de "Draconian Times". Mais peut être aussi que l'histoire aurait été moins humaine et moins belle, et que l'on n'aurait pas su à quel point ceux là sont sincères et authentiques. Un très grand groupe dans un très bon livre qui se dévore comme un thriller, avec sa préface signée par le grand Karl Willets de Bolt Thrower (et aujourd'hui Memoriam), spectateur des débuts du combo quand ces derniers jouaient sur les mêmes scènes que son groupe où que les autres héros anglais de leurs débuts, Carcass ou Napalm Death.
Avec Il N'y Aura Pas de Célébration, plongez dans l'histoire trépidante de Paradise Lost, que vous soyez fan ou pas du groupe, et régalez vous de ce beau livre (comme toujours avec les Flammes Noires) qu'on ne lâche pas avant la dernière page...
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