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The Devil's Cradle : Histoire du Black Metal finlandais, interview avec Sarah Rizzardi
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ENTRETIEN AVEC SARAH RIZZARDI PAR PIERRE AVRIL
TRADUCTRICE DE THE DEVIL'S CRADLE
Histoire Du Black Metal FINLANDAIS
EDITIONS DES FLAMMES NOIRES
Bonjour Sarah, peux tu nous présenter ton travail sur ce livre splendide « The Devil's Cradle » ? L'as-tu traduit de l'anglais ou du finlandais ?
Bonjour Pierre, et tout d’abord merci pour ton travail. Effectivement, je suis la traductrice de “The Devil’s Cradle”, qui reprend l’histoire du black finlandais, des premiers groupes jusqu’au milieu des années 2010. L’original est en finnois et il avait déjà été traduit en anglais. Malheureusement, je ne parle pas finnois, je suis donc partie de la langue de Shakespeare.
La traduction est-elle pour toi un loisir ou un métier ?
Alors, je travaille actuellement dans une agence de traduction comme gestionnaire de projets, mais je suis bel et bien traductrice de formation.
Quelle est ta relation avec le black metal ? Est-ce ta musique fétiche ?
Comme beaucoup d’entre nous, je suis tombée dans le metal assez jeune. J’avoue ne pas être entrée dans ce monde par le black ; j’y suis venue progressivement, à mesure que mes goûts se sont affinés. Plus j’écoutais de metal, plus je cherchais une musique “extrême”, et le black avec sa dimension ésotérique et sombre a naturellement fini par me prendre dans ses filets. Par ailleurs, j’ai passé mon collège et mon lycée dans un établissement catholique, autant dire que la voie était toute tracée. Aujourd’hui, le black occupe une bonne partie de ma playlist, qui bien sûr, varie un peu par phases. Après toutes ces années, il m’aide toujours à exprimer ce que les mots ne peuvent qu’approcher (ironique pour une traductrice, je sais).
Qu'est-ce qui te passionne particulièrement dans le black finlandais ?
J’apprécie particulièrement l’authenticité de la scène finlandaise. Les musiciens savent rester fidèles à eux-mêmes et à leur musique. Les Finlandais tiennent à leurs convictions, et ils sont prêts à le faire savoir et à les défendre dans leurs morceaux. Par ailleurs, et à ce propos je rejoins l’auteur, bon nombre de groupes finlandais apportent une touche vraiment particulière à leur musique, que l’on ne retrouve pas chez les Norvégiens par exemple (même si, attention, loin de moi l’idée de rabaisser ces derniers). Dans le livre, l’auteur parle d’une forme de mélancolie propre à la Finlande, et je suis assez d’accord. Étant moi-même assez encline à la mélancolie, nous étions faits pour nous entendre.
Si je te dis Beherit, Satanic Warmaster, Horna, et tous les groupes traités dans cet ouvrage, vers lesquels va ta préférence ?
Dilemme cornélien ! Pour n’en citer que trois, je dirais ...And Oceans, Darkwood My Betrothed et Thy Serpent, précisément pour la nostalgie dont je parlais plus haut, qui me touche particulièrement et que, à mon sens, l’on retrouve chez ces trois groupes.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un/une jeune qui voudrait se lancer dans la traduction ?
Pour commencer, je dirais qu’il faut persévérer. C’est un très beau métier mais qui, malgré ce qu’on peut en penser, demande du travail ; et le marché de la traduction à l’heure actuelle ne fera que le confirmer. Je poursuivrais en disant que le choix des langues de travail est important, et qu’outre l’aspect linguistique il est, à mon sens, capital de comprendre qu’une langue s’associe à une culture, à une histoire, etc. Ne choisissez pas une langue uniquement “parce qu’on la demande sur le marché”, choisissez une langue parce que tout ce qui s’y rapporte vous intéresse, et il sera beaucoup plus simple de la maîtriser. Pour continuer dans cette voie, je ne peux qu’encourager le voyage et la rencontre. Mon anglais s’est grandement amélioré après un Erasmus. Enfin, pour faire court car je pourrais continuer longtemps, je pense qu’il faut à tout prix garder un esprit ouvert et une curiosité bien aiguisée. À mon sens, il est difficile d’étudier les langues si l’on n’est pas prêt à élargir son champ de vision.
L'ouvrage aborde aussi des groupes pas très politiquement corrects comme Diaboli ou Goatmoon, ce qui me paraît normal dans la mesure où l'auteur ne pouvait pas les « zapper »...Est-ce compliqué de traduire des chapitres concernant ces groupes ?
Tout d’abord, merci de poser la question. Ce qui est compliqué dans ce genre de situations tu l’auras compris, ce n’est pas la traduction en elle-même car le processus reste identique, mais bien le fait de devoir retranscrire des propos qui heurtent nos valeurs personnelles. Je serai franche, j’ai effectivement dû prendre mon courage à deux mains et parfois faire des pauses après certains paragraphes particulièrement virulents. Néanmoins, que cela nous plaise ou non, la neutralité fait partie du travail du linguiste. Ce n’est donc pas à nous de décider si un passage doit être censuré ou non, et adoucir le propos reviendrait à rompre cette neutralité et à trahir le texte original. Par ailleurs, nous sommes formés à cas de figure, où il est capital de se rappeler que nous ne sommes que l’intermédiaire et non le locuteur. Je suis cela dit reconnaissante qu’Emilien ait pris le temps de préciser au début du livre que ni lui ni moi ne partagions ces points de vue, nous ne faisons que transmettre ceux de quelqu’un d’autre. J’ajouterai pour finir qu’il était prévisible étant donné la thématique que l’auteur aborderait la question du NSBM, j’avais donc pu me préparer en amont.
Emilien Nohaïc, le patron des Editions Des Flammes Noires, est également un traducteur de qualité. Comment êtes-vous rentrés en contact pour ce livre ?
Effectivement, nous venons tous les deux de la traduction, c’est pourtant notre amour du metal qui nous a rapprochés. En 2019, je vivais encore à Dublin et je me cherchais beaucoup. Je suis tombée sur une vidéo de Maxwell qui parlait d’une maison d’édition dédiée au metal et qui commençait à sortir de terre, les Flammes Noires. J’ai envoyé un message à Emilien en lui proposant mes services. Je ne reviendrai par sur l’année 2020 pour des raisons évidentes, d’autant que j’étais personnellement en plein déménagement pour un autre pays, etc. Mais au début de l’année 2021, Emilien m’a recontactée, me proposant plusieurs ouvrages pour traduction. Mon affinité personnelle avec le black m’a naturellement attirée vers The Devil’s Cradle, et la machine était lancée.
As-tu des projets en cours ou à venir ? Si oui peux tu nous en dire un moment ?
Pour l’instant j’envisage de devenir indépendante au moins à temps partiel pour pouvoir consacrer plus de temps à la traduction, et si possible à la traduction littéraire. Idéalement, j’aimerais traduire le futur Seigneur des Anneaux, je crains cependant que ça ne soit pas pour tout de suite mais qui sait ?
Le mot de la fin pour les lecteurs du Scribe du Rock ?
Tout d’abord merci à toi, ce n’est pas tous les jours que les traducteurs.ices peuvent parler de leur travail et ça m’a fait très plaisir de répondre à tes questions. Pour les lecteurs, je dirais simplement, restez fidèles à vous-mêmes, restez curieux, gardez l’esprit ouvert et continuez à faire vivre la scène metal ; et n’hésitez pas à faire un tour sur le site des Flammes Noires !
Merci Sarah !
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